Matthieu 6, 15
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes.
Vous n'aurez aucune excuse à présenter au jour du jugement, car vous serez jugé d'après vos propres principes, et vous ne subirez que ce que vous aurez fait éprouver aux autres.
Notre-Seigneur vous rappelle le souvenir des cieux et de son Père, pour exciter en vous une noble émulation, car rien ne vous rend plus semblable à Dieu que de pardonner à ceux qui vous ont offensé. Mais il y a souveraine inconvenance à ce que le fils d'un tel Père se montre cruel, et qu'étant appelé à posséder un jour le ciel, il conserve des sentiments terrestres et tout humains.
Il ne nous fait pas dire : « Que Dieu nous remette le premier nos dettes et nous les remettrons ensuite à nos débiteurs, » car le Seigneur sait que les hommes sont sujets au mensonge, et qu'après avoir obtenu la rémission de leurs péchés, ils ne pardonneraient pas à ceux qui les ont offensés ; il exige donc que nous accordions d'abord ce pardon, avant de le solliciter par nous-mêmes.
Si ces paroles de l'Écriture sainte : « Je l'ai dit, vous êtes des dieux, mais cependant vous mourrez comme des hommes ; » (Ps 81, 6 ; cf. Jn 10, 31) sont adressées à ceux qui par leurs péchés sont tombés du rang des Dieux à celui des hommes : on peut bien donner le nom d'hommes à ceux à qui les péchés sont pardonnés.
Remarquons ici que de toutes les maximes qui composent la prière que le Seigneur nous a dictée, il a cru devoir insister principalement sur celle qui a pour objet la rémission des péchés. C'est par là qu'il veut nous former à la miséricorde comme à l'unique moyen d'échapper à nos misères.
Celui qui ne pardonne pas du fond du coeur à son frère qui l'en supplie et qui se repent de sa faute, ne doit espérer en aucune manière le pardon de ses propres péchés. « Si vous ne pardonnez point aux hommes » dit le Sauveur, « votre Père céleste ne vous pardonnera point non plus vos péchés. »
Le mot « Ainsi soit-il » qui termine cette prière nous apprend que Dieu accordera infailliblement tout ce que lui demanderont dans la forme prescrite ceux qui rempliront l'engagement et la condition qu'il exige ; et c'est pour cela qu'il ajoute : « Si vous remettez aux hommes leurs péchés contre vous » etc.
A la suite du « Pater » qu’on a justement défini « la prière
universelle non du juif, non du chrétien, non du catholique mais de l’homme », Bougaud, Jésus-Christ, 2ème
partie, ch. 2, nous trouvons deux versets qui s’y rattachent étroitement, attendu qu’ils en commentent la
cinquième demande. Après avoir conjuré Dieu de nous pardonner nos offenses, nous avions ajouté pour le
déterminer à nous accorder cette grande faveur « comme nous les remettons nous-mêmes à ceux qui nous
doivent » ; c’est sur cette condition que Jésus-Christ revient pour en expliquer l’insertion dans sa formule de
prière. A deux reprises consécutives, d’abord sous une forme affirmative au v. 14, puis en termes négatifs au
v. 15, il pose en principe comme un axiome indiscutable, que le pardon généreusement accordé par nous à
ceux d’entre nos frères qui peuvent nous avoir offensés est la condition « sine qua non » de la rémission de
nos propres péchés ; condition très équitable assurément, car comment mériterions-nous que Dieu oubliât ,
nos fautes si graves et si nombreuses, dans le cas où nous refuserions nous-mêmes d’oublier les offenses
relativement peu considérables du prochain à notre égard ? Voir plus loin, 18, 25 et ss., la belle parabole dans
laquelle Jésus inculque plus au long cette condition indispensable ; Cf. encore Marc. 11, 25 ; Eccli. 28, 3. 4.
5. - Leurs offenses, en grec, « lapsus, offensas ». - Pardonnera...; naturellement, pourvu que les autres
conditions soient remplies. - Ne vous pardonnera pas..., même « tout bien considéré », une chose essentielle
faisant défaut. - Ce raisonnement du Sauveur est si concluant, qu’au temps de S. Jean Chrysostôme, des
chrétiens animés de sentiments de haine et de vengeance contre leur prochain préféraient, en récitant le
« Notre Père », omettre la cinquième demande plutôt que de prononcer leur propre condamnation.