Matthieu 6, 34
Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.
Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.
Tout cet enseignement peut aussi se réduire à cette doctrine céleste : Dieu nous défend de nous inquiéter de l'avenir. Et en effet la malice de notre vie, les péchés qui marquent chacun de nos jours n'offrent-ils pas à notre méditation et à tous nos efforts une ample matière d'expiation ? Délivrés alors de tout souci, l'avenir est inquiet pour lui-même, alors que la providence de Dieu nous prépare le fruit des clartés éternelles.
Rien ne cause, en effet, autant de douleur à l'âme que les inquiétudes et les soucis. « Le lendemain sera inquiet pour lui-même. » Notre-Seigneur veut se rendre plus intelligible, il personnifie donc le temps et adopte un langage reçu pour se faire comprendre d'un peuple sans instruction. Pour les impressionner davantage, ce sont les jours eux-mêmes qu'il met en place des soins superflus. Est-ce que chaque jour n'a pas son fardeau suffisant, c'est-à-dire les préoccupations qui lui sont propres ? Pourquoi donc le surcharger des sollicitudes du lendemain ?
Ou bien l'expression aujourd'hui signifie le nécessaire de la vie présente, et le mot demain, le superflu. « N'ayez donc aucune sollicitude pour le lendemain, » c'est-à-dire ne cherchez pas à vous procurer au delà de ce qui est nécessaire à votre nourriture de chaque jour ; ce qui est superflu, c'est-à-dire le lendemain, aura souci de lui-même. C'est là le sens de ces paroles : « Le lendemain aura soin de lui-même, » paroles qui veulent dire : « Lorsque vous aurez amassé le superflu, il prendra soin de lui-même, » c'est-à-dire : « Sans que vous en jouissiez, il trouvera des maîtres qui en prendront soin. Pourquoi donc vous tourmenter de ce qui duit devenir la propriété des autres ? A chaque jour suffit son mal ; vous avez assez de vos travaux, de vos préoccupations pour le nécessaire, ne vous inquiétez pas du superflu. »
Si vraiment nous donnons la première place aux réalités spirituelles, nous n'aurons pas à nous préoccuper des biens matériels, car Dieu, dans sa bonté, nous les procurera en abondance. Si, au contraire, nous veillons uniquement à nos intérêts temporels sans prendre soin de notre vie spirituelle, le souci constant des choses terrestres nous conduira à négliger notre âme. Nous perdrons alors les biens spirituels et n'en retirerons aucun avantage matériel.
Ne renversons donc pas, je vous en prie, l'ordre des choses. Connaissant la bonté de notre Maître, nous lui ferons confiance en tout et ne nous laisserons pas accabler par les soucis de cette vie. Sans aucun doute, celui qui, par son amour, nous a amenés du néant à l'être nous fera encore plus sûrement bénéficier à l'avenir de toute sa providence. Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela (Mt 6,32) avant même que vous l'ayez demandé (Mt 6,8).
Jésus veut donc que nous soyons libres de tout souci temporel et que nous nous consacrions totalement aux oeuvres spirituelles. "Cherchez donc, nous dit-il, les biens spirituels et je pourvoirai moi-même amplement à tous vos besoins matériels. <> Regardez les oiseaux du ciel, ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit (Mt 6,26).
Autrement dit: "Si je prends un tel soin des oiseaux sans raison et que je leur procure tout ce dont ils ont besoin, sans semailles ni labour, je veillerai d'autant mieux sur vous, qui êtes doués de raison, pourvu que vous choisissiez de préférer le spirituel au charnel. Puisque je les ai créés pour vous, ainsi que tous les autres êtres, et que j'en prends tant de soin, de quelle sollicitude ne vous jugerai-je pas dignes, vous pour qui j'ai fait tout cela?"
Mettons donc notre confiance, je vous en prie, en la promesse de Dieu et dirigeons toutes nos pensées vers les désirs spirituels. Considérons tout le reste comme secondaire par rapport à la jouissance des biens futurs.
Puissions-nous tous les obtenir par la grâce et l'amour de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soient, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Ne renversons donc pas, je vous en prie, l'ordre des choses. Connaissant la bonté de notre Maître, nous lui ferons confiance en tout et ne nous laisserons pas accabler par les soucis de cette vie. Sans aucun doute, celui qui, par son amour, nous a amenés du néant à l'être nous fera encore plus sûrement bénéficier à l'avenir de toute sa providence. Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela (Mt 6,32) avant même que vous l'ayez demandé (Mt 6,8).
Jésus veut donc que nous soyons libres de tout souci temporel et que nous nous consacrions totalement aux oeuvres spirituelles. "Cherchez donc, nous dit-il, les biens spirituels et je pourvoirai moi-même amplement à tous vos besoins matériels. <> Regardez les oiseaux du ciel, ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit (Mt 6,26).
Autrement dit: "Si je prends un tel soin des oiseaux sans raison et que je leur procure tout ce dont ils ont besoin, sans semailles ni labour, je veillerai d'autant mieux sur vous, qui êtes doués de raison, pourvu que vous choisissiez de préférer le spirituel au charnel. Puisque je les ai créés pour vous, ainsi que tous les autres êtres, et que j'en prends tant de soin, de quelle sollicitude ne vous jugerai-je pas dignes, vous pour qui j'ai fait tout cela?"
Mettons donc notre confiance, je vous en prie, en la promesse de Dieu et dirigeons toutes nos pensées vers les désirs spirituels. Considérons tout le reste comme secondaire par rapport à la jouissance des biens futurs.
Puissions-nous tous les obtenir par la grâce et l'amour de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soient, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Demain, dans la sainte Écriture, signifie l'avenir, comme dans ces paroles de Jacob : « Demain mon équité me rendra témoignage, » et la pythonisse, parlant a Saül dans la personne de Samuel qu'elle avait évoqué, lui dit : « Demain tu seras avec moi. » En nous défendant la préoccupation de l'avenir, Dieu nous permet de nous occuper du présent. Cette pensée nous suffit, laissons à Dieu le soin d'un avenir plein d'incertitude ; c'est ce que signifient ces paroles : « Le jour de demain sera inquiet pour lui-même, » c'est-à-dire apportera avec lui sa part de sollicitude. « A chaque jour suffit son mal, » Le mot mal n'exprime pas ici une idée contraire à celle de vertu, mais la peine, l'affliction, les infortunes de la vie présente.
Ou bien encore le mot demain ne s'emploie que dans le temps, là où le passé fait place à l'avenir. Quand donc nous faisons le bien, pensons non pas au temps, mais à l'éternité. « Le lendemain aura soin de lui-même, » en d'autres termes : Lorsqu'il le faudra, que la nécessité s'en fera sentir, prenez la nourriture et autres choses semblables. « A chaque jour suffit son mal, » c'est-à-dire il suffit que vous preniez ce que demande le besoin. Il appelle ce besoin malice, parce qu'il est pour nous une peine, et qu'il fait partie de la mortalité que nous avons méritée par le péché. N'allez pas rendre plus accablante cette peine des nécessités de la vie ; vous la subissez, mais n'en faîtes pas le motif pour lequel vous servez Dieu. Il faut nous garder ici, lorsque nous voyons un serviteur de Dieu qui cherche à se procurer le nécessaire pour lui, ou pour ceux dont le soin lui est confié, de l'accuser de désobéissance au commandement du Seigneur. Est-ce que le Sauveur lui-même, qui était servi par les anges, ne s'est pas soumis, pour notre exemple, à la nécessité d'avoir une bourse ? Et ne lisons-nous pas dans les Actes des Apôtres que pour échapper au danger d'une famine imminente, on fit les provisions nécessaires pour l'avenir ? Ce que le Seigneur condamne, ce n'est donc pas qu'on cherche à se donner le nécessaire par les voies ordinaires, mais qu'on ne s'attache à Dieu que pour se le procurer.
La Glose
Le Sauveur vient de défendre la sollicitude pour le présent, il nous défend maintenant pour l'avenir, les vaines inquiétudes qui viennent du vice de notre coeur. « Ne soyez pas inquiets pour le lendemain, nous dit-il. »
960. NE VOUS INQUIÉTEZ DONC PAS DU LENDEMAIN. Mais cela n’est pas évident, car personne n’est tenu à une plus grande perfection que le Christ et les apôtres. Or, le Christ a eu de petites retraites et les apôtres se réunissaient. Augustin interprète ainsi LENDEMAIN, à savoir, l’avenir : en pensant trop aux choses temporelles, c’est-à-dire en y mettant sa fin, ou encore en accumulant les choses superflues. Ou bien, selon Jérôme, NE VOUS INQUIÉTEZ PAS DU LENDEMAIN est vrai pour ce qui relève de Dieu, alors que nous aurons fait ce qui est en notre pouvoir. En effet, nous ne devons pas éviter de travailler, alors que nous craignons la pluie et les choses de ce genre qui relèvent de Dieu. Ou bien [on peut l’interpréter encore] de cette manière : n’ayez pas pour le présent l’inquiétude que vous devez avoir pour l’avenir, comme il ne convient pas de s’occuper des vendanges à l’époque des moissons. Pourquoi ? À CHAQUE JOUR SUFFIT SA PEINE, c’est-à-dire les tribulations et les angoisses que l’homme a au cours de la journée doivent lui suffire, et il ne doit pas y ajouter celles qu’il doit avoir pour l’avenir, etc.
Ne vous inquiétez donc pas... Jésus répète ces mots pour la
troisième fois, Cf. vv. 25 et 31, afin d’en faire pénétrer plus avant l’esprit dans l’âme de ses disciples. - Du
lendemain ; touchant l’avenir dont chaque lendemain fait partie. - Car le lendemain... « Il parle du jour,
chose inanimée, en figure, comme s’il pouvait en avoir du souci », S. Jean Chrysost. in h.l. Chaque jour
apporte à l’homme son contingent de peines et de soucis ; les anticiper, c’est les doubler : une telle conduite
serait-elle raisonnable ? - A chaque jour suffit sa peine : sa malice, c’est-à-dire ses ennuis multiples. Il est
vrai qu’à côté le chrétien trouve des secours suffisants pour les supporter patiemment, mais ces secours ne
sont accordés qu’au fur et à mesure qu’ils sont nécessaires ; on n’en est pas muni dès la veille. Demain
seulement on aura grâce d’état pour souffrir les maux de demain. Quelle différence entre cette philosophie
messianique et l’insouciance païenne ! « Jouis du présent, et pense le moins possible à ce qui viendra après »,
Horat. « L’âme qui est heureuse actuellement déteste penser à ce qui arrivera après », id. La pensée suivante
de Sénèque se rapprocherait davantage de celle du divin Maître : « Même si le malheur doit arriver dans le
futur, en quoi le devancer soulagera-t-il notre souffrance ? Tu souffriras assez tôt quand il viendra.
Entre-temps, entretiens-toi de choses agréables », Epist. 13.
" Aujourd’hui " est aussi une expression de confiance. Le Seigneur nous l’apprend (cf. Mt 6, 34 ; Ex 16, 19) ; notre présomption ne pouvait l’inventer. Puisqu’il s’agit surtout de sa Parole et du Corps de son Fils, cet " aujourd’hui " n’est pas seulement celui de notre temps mortel : il est l’Aujourd’hui de Dieu :
« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Lc 7, 22). Par ces paroles du prophète Isaïe (35, 5-6; 61, 1), Jésus explique le sens de sa mission: ainsi, ceux qui souffrent d'une forme de handicap dans leur existence entendent de lui la bonne nouvelle de la sollicitude de Dieu pour eux et ils ont la confirmation que leur vie aussi est un don jalousement gardé dans les mains du Père (cf. Mt 6, 25-34).