Matthieu 8, 9
Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
Et maintenant encore lorsque de saints et vertueux prêtres entrent dans votre maison, le Seigneur y entre avec eux, et c'est lui-même que vous devez considérer dans leur personne. Et encore lorsque vous mangez le corps du Seigneur et que vous buvez son sang, c'est également le Seigneur qui entre sous votre toit ; humiliez-vous donc en sa présence, et dites : « Seigneur, je ne suis pas digne, » etc. Car lorsqu'il entre dans une âme qui est indigne de le recevoir, il n'y entre que pour sa condamnation.
Au sens spirituel on doit regarder les Gentils comme des malades en ce monde, anéantis sous le poids des maladies suites de leurs péchés, à qui leurs membres languissants et sans vigueur ne permettent ni de se soutenir ni de marcher. Le mystère de leur guérison s'accomplit dans le serviteur du centurion, qui, comme nous l'avons dit suffisamment, est le chef des nations qui devaient embrasser la foi. Quel est ce chef ? Le cantique de Moïse dans le Deutéronome nous l'apprend par ces paroles : « Il a marqué les bornes des nations d'après le nombre des anges de Dieu. (Dt 32, 8)
Le centurion dit qu'une seule parole peut guérir son serviteur, parce que le salut des nations dépend tout entier de la foi, et que la vie de tous les hommes est dans l'accomplissement des préceptes du Seigneur ; aussi ajoute-t-il : « Car quoique je ne sois moi-même qu'un homme soumis au pouvoir, ayant des soldats sous moi, je dis à l'un : allez, et il va ; et à l'autre : venez, et il vient ; et à mon serviteur : faites cela, et il le fait, »
Notre-Seigneur, après avoir enseigné ses disciples sur la montagne, et guéri ce lépreux lorsqu'il fut descendu dans la plaine, vient à Capharnaüm pour y accomplir un mystère, celui de la guérison des Gentils, qui vient après celle des Juifs.
Il fut le premier fruit de la foi chez les Gentils, et en comparaison de sa foi, celle des Juifs ne fut qu'incrédulité. Il n'avait pas entendu les enseignements du Sauveur, il n'avait pas été témoin de la guérison du lépreux, mais à peine l'eut-il apprise que sa foi alla bien au delà de ce qu'on lui racontait. Il était en cela la figure de ces nations qui devaient croire dans la suite sans avoir lu ni la loi ni les prophéties qui annonçaient le Christ, et sans l'avoir vu lui-même opérer des prodiges. Il s'approche donc de lui et lui fait cette prière : « Seigneur, mon serviteur est couché et malade de paralysie dans ma maison, et il souffre extrêmement. » Voyez la bonté du centurion qui se hâte plein de sollicitude pour la santé de son serviteur. Ce n'est pas un intérêt d'argent, c'est sa vie même que la mort de son serviteur semble devoir compromettre. Il ne fait aucune différence entre le maître et le serviteur ; car quoiqu'ils n'aient ni la même dignité, ni le même rang dans le monde, ils ont une même nature. Mais voyez aussi la foi de ce centurion, qui ne dit pas : « Venez et sauvez-le, » car tout en étant pour lors dans cet endroit, le Seigneur était présent en tout lieu ; admirez en même temps sa sagesse, car il ne lui dit pas : « Sauvez-le sans quitter d'ici. » Il savait en effet que sa puissance peut tout, que sa sagesse comprend tout, et que sa miséricorde est toujours prête à nous exaucer. Il se contente donc de lui exposer l'infirmité de son serviteur en lui disant : « Et il souffre extrêmement, » et il laisse le choix du remède à sa puissance miséricordieuse. On voit par là qu'il aimait son serviteur, car on s'imagine toujours que celui qu'on aime, quelque légère que soit son indisposition, est plus mal qu'il ne l'est en réalité.
Il en est qui prétendent qu'en parlant de la sorte le centurion donne la raison pour laquelle il n'a point amené son serviteur, car il n'était pas possible de transporter un homme brisé par ses souffrances et presque au dernier soupir. Pour moi je vois dans ces paroles l'indice d'une grande foi : le centurion savait qu'une parole seule suffirait pour guérir ce paralytique, et il regardait comme inutile de l'amener à Jésus.
Jésus fait ici ce qu'il n'a jamais fait jusqu'à présent. Partout ailleurs nous le voyons suivre la volonté de ceux qui s'adressent à lui ; ici il la prévient ; il promet au centurion non-seulement de guérir, mais d'aller visiter lui-même son serviteur, voulant ainsi nous faire connaître la foi du centurion.
En effet, si le Sauveur ne lui avait pas dit : « J'irai et je le guérirai, » jamais le centurion n'eût répondu : « Je ne suis pas digne. » C'est aussi parce qu'il le prie pour son serviteur, que Notre-Seigneur promet d'aller le visiter, et il nous apprend ainsi à ne pas cultiver l'amitié des grands en méprisant les petits, mais à honorer également les pauvres et les riches. Nous trouvons admirable la foi du centurion qui crut que son serviteur paralytique pouvait être guéri par le Sauveur ; son humilité n'est pas moins éclatante lorsqu'il se reconnaît indigne que le Seigneur entre dans sa maison. Et le centurion lui répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit. »
Il savait qu'autour de lui se tenaient invisiblement rangés les anges pour le servir, pour accomplir chacun de ses ordres, et qu'à leur défaut, les maladies disparaissent devant ses paroles pleines de vie.
Le centurion, sous l'inspiration de l'Esprit saint, retrace ici le mystère des relations du Père et du Fils, comme s'il disait : « Quoique je sois placé sous la puissance d'un autre, j'ai cependant le pouvoir de commander à ceux qui sont sous moi : et vous aussi, quoique soumis à votre Père en tant qu'homme, vous avez cependant le pouvoir de commander aux anges. » Sabellius, qui ne veut pas faire de distinction entre le Père et le Fils, voudrait nous donner cette explication : « Si moi, qui suis placé sous la puissance d'un autre, je puis cependant commander ; à plus forte raison, vous qui n'êtes sous la puissance de personne. » Mais le texte lui-même est contraire à cette interprétation : car le centurion ne dit pas : « Si moi qui suis un homme soumis à l'autorité, » mais : « car moi qui suis un homme soumis à la puissance d'un autre, » paroles qui prouvent qu'il a voulu faire un raisonnement non pas de disparité, mais bien de similitude entre Jésus-Christ et lui.
Il n'y a point non plus de contradiction à dire d'un côté que cet homme a élevé une synagogue et de l'autre qu'il n'était pas israélite, car il peut très bien se faire que sans être Juif il eût construit une synagogue et qu'il aimât la nation juive.
Quelques interprètes pensent que ce n'est pas le même personnage dont il est question dans ces deux récits, et cette opinion ne manque pas de probabilité. En effet, les Juifs parlant de l'un, disent à Jésus : Il a construit notre Synagogue, et il aime notre nation, » tandis que le Sauveur lui-même a fait de l'autre cet éloge : « Je n'ai pas trouvé autant de foi dans Israël, » paroles qui feraient supposer qu'il était Juif. Pour moi, je pense que c'est le même dont parlent les deux Évangélistes. (cf. Jn 4, 43-54) Lorsque saint Luc raconte qu'il envoya prier Jésus de venir, il a voulu faire ressortir les bonnes dispositions des Juifs pour cet officier : car il est probable que le centurion voulant lui-même faire cette démarche en fut empêché par les Juifs qui s'empressèrent de lui dire : Nous irons nous-mêmes, et nous vous l'amènerons. Mais lorsqu'il fut débarrassé de leurs instances il envoya dire au Sauveur : « Ne pensez pas que c'est par indifférence que je ne suis pas venu en personne, c'est que je me jugeais indigne de vous recevoir dans ma maison. » Que saint Matthieu lui fasse tenir ce langage à lui-même sans l'intermédiaire de ses amis, il n'y a pas de contradiction, les deux Évangélistes expriment le vif désir de cet homme, et l'idée juste qu'il se faisait du Christ. On peut encore admettre qu'après avoir envoyé ses amis, il vint en personne exprimer les mêmes sentiments. Si saint Luc omet un détail, et saint Matthieu un autre, ils ne sont pas pour cela en contradiction, mais ils complètent réciproquement leurs récits.
Notre-Seigneur voyant la foi, l'humilité et la prudence du centurion, promit aussitôt d'aller lui-même guérir son serviteur. Et Jésus lui dit : « J'irai et je le guérirai. »
Le centurion nous fait voir la sagesse qui l'anime en pénétrant au delà de l'enveloppe du corps pour voir la divinité qu'elle recouvrait ; c'est pour cela qu'il ajoute : « Mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. »
Ce centurion était Gentil d'origine, car déjà la Judée était occupée par les armées romaines.
En proclamant son indignité, il s'est rendu digne de voir entrer non pas dans sa maison, mais dans son coeur, le Christ Verbe de Dieu. Il n'eût point tenu un tel langage, s'il n'avait déjà porté dans son coeur celui qu'il craignait de voir entrer dans sa maison, et son bonheur eût été beaucoup moins grand si Jésus fût entré dans sa maison sans entrer dans son âme.
Si moi qui suis soumis à l'autorité d'un autre, j'ai le pouvoir de commander, que ne pouvez-vous pas, vous de qui relèvent toutes les puissances ?
Le récit de saint Matthieu paraît ici en opposition avec celui de saint Luc (Lc 7), où nous lisons : « Le centurion, ayant entendu parler de Jésus, lui envoya quelques-uns des anciens d'entre les Juifs, le priant de venir et de guérir son serviteur ; » et plus loin : « comme il était peu éloigné de la maison, le centurion lui envoya ses amis pour lui dire : « Seigneur, ne vous donnez pas cette peine, car je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison. »
Saint Matthieu ne nous a pas raconté la démarche que le centurion avait faite près de Jésus par l'intermédiaire d'autres personnes, parce que son dessein était de faire ressortir sa foi (qui donne accès auprès de Dieu) et dont le Sauveur a fait ce magnifique éloge : « Je n'ai pas trouvé même dans Israël une si grande foi. » Saint Luc au contraire raconte le fait dans tous ses détails pour nous faire comprendre de quelle manière cet homme vint trouver Jésus selon le récit de saint Matthieu, qui n'a pu nous tromper.
Dans le sens mystique, ce toit, cette demeure, c'est le corps qui sert d'enveloppe à l'âme et qui par un dessein du ciel couvre à tous les regards la liberté de l'âme. Or Dieu ne dédaigne pas de faire sa demeure dans notre chair mortelle, ni d'entrer sous le toit de notre corps.
Ou bien le centurion figure les premiers qui crurent parmi les nations et qui pratiquèrent les vertus chrétiennes dans la perfection. Car on appelle centurion celui qui commande à cent hommes, et le nombre cent est un nombre parfait. C'est donc avec raison que le centurion prie pour son serviteur, de même que les prémices des nations prièrent le Seigneur pour le salut de toute la Gentilité.
Il accumule avec douleur tous ces mots : gisant, paralytique, souffrant, pour exprimer les angoisses de son âme et émouvoir le Seigneur. C'est ainsi que tous les maîtres doivent compatir aux souffrances de leurs serviteurs et en prendre soin.
La conscience qu'il avait de sa vie païenne lui fit craindre que cette condescendance du Seigneur ne fût pour lui plutôt un fardeau qu'un secours ; car s'il croyait en lui, il n'avait cependant pas encore été renouvelé par les sacrements.
La Glose
Vous pouvez, par le ministère des anges et sans vous rendre présent, dire à la maladie de se retirer et elle se retirera ; à la santé de venir, et elle viendra.
Capharnaüm, dont le nom signifie la terre de l'abondance ou le champ de la consolation, figure l'Église formée par la réunion des Gentils. C'est elle qui est remplie de cette abondance spirituelle dont il est dit(Ps 62) : « Que mon âme soit remplie et comme rassasiée et comme engraissée ; » elle qui au milieu des tribulations de cette vie reçoit les consolations célestes dont parle le même roi-prophète : « Vos consolations ont réjoui mon âme. » (Ps 93.) C'est pour cela que l'Évangéliste nous dit : « Lorsqu'il fut entré à Capharnaüm, le centurion s'approcha de lui. »
On peut voir dans les serviteurs du centurion les vertus naturelles qui brillaient dans un grand nombre de Gentils, ou bien les pensées bonnes et les pensées mauvaises. Aux unes nous devons dire : retirez-vous, et elles se retireront ; aux autres : venez, et elles viendront ; nous devons également commander à notre serviteur, c'est-à-dire à notre corps, de se soumettre à la volonté de Dieu.
1049. Ensuite, [le centurion] apporte une comparaison, et il démontre a minori. Et, en premier lieu, il décrit l’ordre ; en second lieu, la puissance, lorsqu’il dit : CAR MOI JE NE SUIS QU’UN SUBALTERNE, etc. [8, 9]. L’ordre est abordé, car certains sont supérieurs au point de ne pas avoir de supérieur par rapport à eux ; certains sont supérieurs, en ayant toutefois un supérieur ; certains sont inférieurs, qui n’ont pas d’inférieurs par rapport à eux. Certains ont donc une position intermédiaire, et ce [centurion] faisait partie de ceux-là, car il était subordonné à un tribun, mais il avait sous lui des soldats. En effet, il avait sous lui des gens dont il était le dirigeant, et ceux-ci étaient des soldats. C’est pourquoi il dit : JE DIS À L’UN : «VA !», ET IL VA ; ET À UN AUTRE : «VIENS !», ET IL VIENT, ce par quoi il fait pour nous l’éloge de l’obéissance, He 13, 17 : Obéissez à vos supérieurs et soyez-leur soumis. De même, il avait des serviteurs auxquels il fournissait la nourriture, Si 33, 25 : La nourriture, le bâton et la charge pour l’âne ; le pain, la correction et le travail pour le serviteur. ET [JE DIS] À MON SERVITEUR : «FAIS CECI», ET IL LE FAIT. Ainsi donc, il veut raisonner a minori, car «si moi, qui possède un pouvoir, je peux faire ces choses, combien plus le Seigneur des puissances, etc.!» [Dt 10, 17].
1050. Mais il faut voir que les créatures raisonnables sont libres et ressemblent à des soldats, Jb 25, 3 : Peut-on dénombrer ses soldats ? C’est pourquoi il est appelé le Seigneur des armées [1 Sm 15, 2 ; Is 2, 12 ; 6, 3 ; Jr 7, 3 ; 10, 16…]. Mais la créature non raisonnable a une soumission servile parce qu’elle n’a pas la faculté du libre arbitre. [Le centurion] veut donc dire : «Puisque la nature t’obéit, parle à la nature et elle t’obéira, parce que ton discours est plein de jugement.» Il faut voir que ce double pouvoir se trouve dans l’âme. En effet, l’âme préside au corps, et la raison à l’irascible et au concupiscible. La première est une puissance souveraine, car le corps se meut sur l’ordre de l’âme. La seconde préside aux autres choses par une certaine puissance souveraine ou royale de commandement ; [ces autres] gardent ainsi quelque chose du mouvement [que la nature imprime]. Et elles ressemblent ainsi à des soldats, Jc 4, 1 : D’où viennent les batailles et les conflits en vous ? N’est-ce pas des désirs qui combattent dans vos membres ? 1 P 2, 11 : Je vous exhorte à vous abstenir des désirs charnels qui combattent l’âme. Nous devons donc dire : «VA», [en nous adressant] aux mauvaises mœurs ; et : «VIENS», [en nous adressant] aux bonnes mœurs, et à ce SERVITEUR : «FAIS CELA.» Nous devons donc appliquer le corps au travail, de sorte que, de même que nous avons laissé nos membres servir l’impureté en toute iniquité, de même maintenant nous laissions nos membres servir la justice en vue de la sainteté, comme on le lit en Rm 6, 19.
1050. Mais il faut voir que les créatures raisonnables sont libres et ressemblent à des soldats, Jb 25, 3 : Peut-on dénombrer ses soldats ? C’est pourquoi il est appelé le Seigneur des armées [1 Sm 15, 2 ; Is 2, 12 ; 6, 3 ; Jr 7, 3 ; 10, 16…]. Mais la créature non raisonnable a une soumission servile parce qu’elle n’a pas la faculté du libre arbitre. [Le centurion] veut donc dire : «Puisque la nature t’obéit, parle à la nature et elle t’obéira, parce que ton discours est plein de jugement.» Il faut voir que ce double pouvoir se trouve dans l’âme. En effet, l’âme préside au corps, et la raison à l’irascible et au concupiscible. La première est une puissance souveraine, car le corps se meut sur l’ordre de l’âme. La seconde préside aux autres choses par une certaine puissance souveraine ou royale de commandement ; [ces autres] gardent ainsi quelque chose du mouvement [que la nature imprime]. Et elles ressemblent ainsi à des soldats, Jc 4, 1 : D’où viennent les batailles et les conflits en vous ? N’est-ce pas des désirs qui combattent dans vos membres ? 1 P 2, 11 : Je vous exhorte à vous abstenir des désirs charnels qui combattent l’âme. Nous devons donc dire : «VA», [en nous adressant] aux mauvaises mœurs ; et : «VIENS», [en nous adressant] aux bonnes mœurs, et à ce SERVITEUR : «FAIS CELA.» Nous devons donc appliquer le corps au travail, de sorte que, de même que nous avons laissé nos membres servir l’impureté en toute iniquité, de même maintenant nous laissions nos membres servir la justice en vue de la sainteté, comme on le lit en Rm 6, 19.
Aux paroles qui précèdent il ajoute, pour prouver qu’un seul mot de Jésus, prononcé à distance,
peut produire l’heureux effet qu’il désire, un raisonnement tout militaire qui donne à cette scène un cachet
parfait d’authenticité. « La sagesse du fidèle resplendit d’un bel éclat dans la rudesse militaire », Bengel. -
Soumis à la puissance d'un autre. Beau trait d’humilité que S. Bernard relève dans les termes suivants : « O,
que de prudence dans cette âme ! Que d'humilité dans ce cœur ! Avant de dire qu'il commande à des soldats,
pour étouffer les sentiments de la fierté, il avoue qu'il est lui-même subalterne, ou plutôt il met sa soumission
la première, parce qu'il estime plus l'obéissance que le commandement », Lettre 392. Le centurion argumente
« du plus petit au plus grand ». Moi, je ne suis qu’un officier subalterne, et pourtant ma parole est toute
puissante sur mes subordonnés ; elle produit des merveilles d’obéissance : à plus forte raison la vôtre,
puisque vous êtes l'empereur spirituel, le vrai Général en chef de toutes les armées célestes. Il compare ainsi
la situation de Jésus-Christ, par rapport au monde invisible et aux forces mystérieuses de la nature, à sa
propre situation. Les maladies sont des soldats qui doivent obéir au commandement du Chef suprême. Peut-
être son imagination, encore imbue de superstitions païennes, les lui représentait-elle sous la forme de
mauvais génies qui devaient s’enfuir au plus vite sur mot du Sauveur. Quoi qu’il en soit, il a parfaitement
démontré que la présence personnelle du divin Médecin n’est pas indispensable.