Jean 1, 11
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Autre insuccès du Verbe, encore plus douloureux parce qu’il paraissait alors impossible. Les versets 9 à 11
forment comme trois cercles concentriques, qui vont se rapprochant progressivement de leur centre commun.
Au verset 9, le Logos brille suspendu au firmament moral et illumine divinement tous les hommes ; au verset
10, le voilà en communications plus intimes avec le monde, mais le monde ne s’inquiète pas de lui ; au
verset 11, nous le voyons rejeté même d’Israël, son peuple de prédilection. En effet, ce sont certainement les
Juifs qui sont désignés par les expressions chez lui. Plusieurs passages de la Bible nous les montrent comme
la nation choisie de Dieu, qui lui appartenait en propre ( en hébreu littéralement : le peuple de la propriété).
La Palestine est la « terre d’Emmanuel ». Aussi, les relations du Logos avec Israël sont-elles marquées non
par « était », mais par un verbe plus concret, vient. Il est venu dans la Terre-Sainte comme « chez lui », pour avoir avec « les siens » d’étroites et amicales communications. - Le résultat de sa venue est exprimé sur un
ton plus profondément élégiaque et douloureux que jamais : et les siens ne l'ont pas reçu. Les ténèbres
n’avaient pas saisi la lumière (verset 5), le monde n’avait pas connu le Verbe (verset 10) ; maintenant nous
avons une expression plus forte, qui correspond à une culpabilité plus grande des Juifs : ils ont opiniâtrement
et volontairement refusé de recevoir leur Maître, leur Messie-Roi. Voyez, dans le grec, le verbe composé qui
est ici plein de solennité. Il signifie proprement « recevoir chez soi », et convient très bien pour décrire
l’accueil que les Juifs auraient dû faire au Verbe comme nation. Et pourtant, quelle délicatesse dans cette
énergie même ! car Israël fut loin de s’en tenir à une incrédulité négative envers N.-S. Jésus-Christ .
Comparez Is. 53, 1-6, où les Hébreux confessent tristement leur conduite indigne.
La fuite en Égypte et le massacre des innocents (cf. Mt 2, 13-18) manifestent l’opposition des ténèbres à la lumière : " Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu " (Jn 1, 11). Toute la vie du Christ sera sous le signe de la persécution. Les siens la partagent avec lui (cf. Jn 15, 20). Sa montée d’Égypte (cf. Mt 2, 15) rappelle l’Exode (cf. Os 11, 1) et présente Jésus comme le libérateur définitif.
34. Selon l’Évangile, Jésus est venu chez les siens (cf. Jn 1, 11). Il ne nous traite pas comme des étrangers, par conséquent nous sommes les siens. Il nous considère comme un bien propre sur lequel il veille avec soin, avec affection. Il nous traite comme les siens. Cela ne signifie pas que nous serions ses esclaves, et lui-même le dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs » (Jn 15, 15). Il nous propose l’appartenance réciproque des amis. Il est venu, Il a franchi toutes les distances, Il s’est fait proche de nous dans les choses les plus simples et les plus quotidiennes de l’existence. L’autre nom qu’il porte, “Emmanuel”, signifie en effet “Dieu avec nous”, Dieu proche de notre vie, vivant parmi nous. Le Fils de Dieu s’est incarné et s’est « anéanti lui-même, prenant la condition d’esclave » (Ph 2, 7).