Jean 1, 16
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;
Dans les trois
derniers versets du prologue (16-18) l’évangéliste confirme la noble assertion de Jean-Baptiste par
l’expérience de tous les croyants. C’est à tort qu’on a quelquefois regardé ce passage comme la continuation
des paroles du Précurseur : les mots « Et nous avons tous reçu » ne sauraient convenir à son temps spécial. -
De sa plénitude… Le narrateur, revenant sur les mots « plein de grâce et vérité » du verset 14, en confirme
la vérité par un ensemble de faits magnifique. Le Verbe incarné, répète-t-il d’abord, possède réellement une
plénitude de tous biens. « Donner, pour lui, veut-il dire, ce n'est point partager, il est lui-même le principe et
la source de tous les biens ; il est la vie même, la lumière même, la vérité même ; il ne retient pas en
lui-même ses trésors, mais il les répand sur tous les autres ; et après qu'il les a répandus, il demeure plein ;
après qu'il a donné, aux autres, il n'à rien de moins ; mais il prodigue ses biens, toujours il les répand, et en
les répandant avec profusion sur les autres, il demeure dans la même perfection, dans la même plénitude », S.
Jean Chrysostôme Hom. 14 in h.l. Cf. Eph. 1, 23 ; Col. 1, 19 ; 2, 9. - Tous : avec emphase. Ce ne sont pas
seulement les apôtres et les disciples (verset 14) qui ont puisé à cette source abondante, intarissable, mais
tous les fidèles. Et cette consolante parole est aussi vraie qu’à l’époque de S. Jean. Les grâces du Verbe ont
débordé sur dix-huit siècles, et ses trésors sont pleins comme au premier jour. - Et grâce pour grâce. Ces
mots ont reçu d’assez nombreuses interprétations : qu’il suffise de citer les principales. 1° La grâce de
l’évangile substituée à la grâce de l’Ancien Testament (S. Jean Chrysost., S. Cyrille, S. Léonce,
Théophylacte, Euthymius, etc.). Cette explication est peu en harmonie avec le verset 17, qui fait de la grâce un apanage de la nouvelle Alliance. 2° La grâce de la gloire dans le ciel, après la grâce de la foi sur cette terre
(S. Augustin). Cela semble un peu recherché. 3° Grâce pour grâce ; c’est-à-dire, une série nouvelle de grâces
en récompense de celles qu’on aura fidèlement mises à profit. 4° Grâce sur grâce, grâces qui débordent l’une
après l’autre des trésors du Verbe. Cette dernière interprétation a nos préférences.
Ce qui a été dit précédemment sur le dialogue œcuménique mené depuis la conclusion du Concile conduit à rendre grâce à l'Esprit de vérité promis par le Christ Seigneur aux Apôtres et à l'Église (cf. Jn 14, 26). Pour la première fois dans l'histoire, l'action en faveur de l'unité des chrétiens a atteint de telles proportions et s'est étendue de manière aussi large. C'est déjà un don immense que Dieu a accordé et qui mérite toute notre gratitude. De la plénitude du Christ, nous recevons « grâce pour grâce » (Jn 1, 16). Reconnaître ce que Dieu nous a déjà accordé est la condition qui nous prédispose à recevoir des dons encore nécessaires, pour porter jusqu'à son achèvement l'action œcuménique en faveur de l'unité.