Jean 1, 41

Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.

Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
Origène
Peut-être n'est-ce pas sans raison qu'après le sixième témoignage, Jean-Baptiste cesse de parler de Jésus à ses disciples, et c'est Jésus lui-même qui se rend pour ainsi dire un septième témoignage en leur demandant: «Que cherchez-vous ?»

Après avoir été convaincus et amenés à Jésus par le témoignage de Jean, les deux disciples, par cette question, reconnaissent Jésus pour leur docteur, et expriment le désir de voir l'habitation du Fils de Dieu.

Ou bien encore, par cette parole: «Venez», il les invite à la vie active, et par cette autre: «Voyez», à la vie contemplative.
Saint Jean Chrysostome
Remarquez que lorsque Jean-Baptiste se contentait de dire:«Celui qui vient après moi, est avant moi, et je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa chaussure», il n'a pris ni gagné personne; mais aussitôt qu'il parle de son incarnation et par là même de ses humiliations, en disant: «Voici l'Agneau de Dieu», ses disciples se mettent aussitôt à la suite de Jésus. Il en est un très grand nombre qui se sentent moins attirés à Dieu par les considérations élevées sur sa nature divine, que par l'exposé de sa bonté, de sa miséricorde et de ce qu'il a fait pour le salut des hommes. Remarquez que tandis que Jean-Baptiste prononce ces paroles: «Voici l'Agneau de Dieu», Jésus ne dit rien. En effet, d'après les usages reçus, l'époux reste dans le silence, d'autres lui amènent l'épouse, et la lui remettent entre les mains; mais aussitôt qu'il l'a prise pour épouse, il lui témoigne tant d'affection, qu'elle ne se souvient plus de ceux qui l'ont conduite à son époux. Ainsi lorsque Jésus-Christ vient pour épouser l'Eglise, il ne dit rien non plus, Jean-Baptiste, son ami, s'approche seul, lui présente la main droite de son épouse, lorsque par ses discours il remet comme entre ses mains les âmes des hommes. Jésus les accueille et leur témoigne aussi tant d'amour qu'elles ne retournent plus à Jean-Baptiste. Remarquons encore que dans la célébration des noces, ce n'est pas la jeune fille qui va au-devant de son époux, c'est lui-même qui vient la trouver (quand ce serait un fils de roi qui épouserait une humble servante); Notre-Seigneur Jésus-Christ a fait de même; la nature humaine n'est point montée dans les cieux, c'est le Fils de Dieu qui est venu la trouver et qui l'a conduite dans la maison paternelle. Il y eut sans doute d'autres disciples de Jean, qui non seulement ne suivirent point Jésus-Christ, mais qui nourrirent contre lui des sentiments d'envie, et se montrèrent jaloux de sa gloire. Mais ceux dont les dispositions étaient meilleures s'attachèrent à Jésus aussitôt qu'ils l'eurent connu, non par mépris de leur premier maître, mais par la persuasion où ils étaient d'après les enseignements du Précurseur, que Jésus-Christ les baptiserait dans l'Esprit saint. Considérez dans ces disciples un saint empressement mêlé d'une sage réserve. En se mettant à la suite de Jésus, ils ne se hâtent pas de l'interroger sur les grandes vérités du salut, et ce n'est pas en public, mais en particulier, qu'ils cherchent à lui parler: «Alors Jésus s'étant retourné, et les voyant qui le suivaient, leur dit: Que cherchez-vous ?» Ces paroles nous apprennent que lorsque nous commençons sincèrement à vouloir le bien, Dieu nous prodigue les occasions de salut. Jésus interroge ses disciples, non pour en apprendre quelque chose, mais pour se les rendre plus familiers, leur inspirer une plus grande confiance, et leur montrer qu'ils sont vraiment dignes de ses divins enseignements.

Ces deux disciples font paraître leur amour pour Jésus-Christ, non seulement par leur empressement à le suivre, mais par la question qu'ils lui adressent: «Et ils demandèrent: Maître, où habitez-vous ?» Jésus ne leur a encore rien appris, et ils lui donnent le nom de Maître pour se ranger d'eux-mêmes au nombre de ses disciples, et lui faire connaître la raison qui les a déterminés à s'attacher à lui.

Jésus ne leur indique ni la maison ni le lieu qu'il habitait, mais il les attire à sa suite, et leur montre ainsi qu'il les accepte pour ses disciples. Il ne leur dit pas: «Il n'est pas temps encore, demain vous apprendrez ce que vous désirez savoir, mais il leur parle comme à des amis et à des familiers qui auraient depuis longtemps déjà vécu avec lui. Mais comment concilier ce que le Sauveur dit ailleurs: «Le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête» (Mt 8,20 Lc 9) avec ce qu'il dit ici: «Venez et voyez quelle est ma demeure ?» Ces paroles: «Le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête», veulent simplement dire qu'il n'avait pas de demeure en propre, et non pas qu'il n'habitait pas dans une maison. Voilà pourquoi l'Évangéliste ajoute: «Ils vinrent et virent où il demeurait, et ils restèrent près de lui ce jour-là. Il ne dit pas le motif qui les retint près de lui, il est évident que c'était pour entendre ses divines leçons.

Ces disciples montraient un grand zèle pour s'instruire, puisqu'ils n'étaient point arrêtés par l'heure avancée qui touchait presque au coucher du soleil. La plupart des hommes, esclaves des besoins de la chair, ne peuvent dans le temps qui suit le repas appliquer leur esprit aux choses nécessaires, parce que leur corps est appesanti par la nourriture. Mais tel n'était pas Jean-Baptiste, qui avait formé ces disciples, et il pratiquait le soir une sobriété beaucoup plus grande que n'est la nôtre le matin.

Pourquoi l'Évangéliste ne nous fait-il pas connaître le nom de l'autre disciple? Il en est qui donnent pour raison que saint Jean était lui-même ce disciple; d'autres, que ce disciple n'était pas autrement important à connaître. Il n'y avait donc aucune utilité à nous apprendre son nom. L'Évangéliste ne nous a pas donné non plus le nom des soixante-douze disciples.
Saint Augustin
La dixième heure est encore ici le symbole de la loi qui a été donnée en dix préceptes. Le temps était venu d'accomplir par l'amour cette loi que les Juifs ne pouvaient accomplir par la crainte; aussi est-ce à la dixième heure que Notre-Seigneur s'entend donner le nom de Maître; car il n'y a de véritable maître de la loi, que celui qui en est l'auteur.

Quel heureux jour pour ces disciples, quelle heureuse nuit ! Construisons donc nous-mêmes aussi dans notre coeur, et élevons une maison où Jésus vienne habiter et où il nous instruise.
Alcuin d'York
On peut dire encore que ces deux disciples étaient André et Philippe.

Les disciples de Jean ayant entendu le témoignage qu'il rendait à Jésus, qu'il était l'Agneau de Dieu, se montrèrent dociles à ses conseils et suivirent Jésus: «Les deux disciples l'entendirent parler ainsi, et suivirent Jésus».

Ces deux disciples suivaient donc Jésus par derrière, dans l'intention de le voir, mais sans pouvoir y parvenir. Aussi, que fait Jésus? il se retourne, et descend, pour ainsi dire, des hauteurs de sa majesté, afin que ses disciples puissent contempler sa face adorable.

Car ce n'est pas en passant qu'ils veulent profiter de ses divins enseignements, ils lui demandent où il demeure, afin de pouvoir se pénétrer de ses paroles dans le secret, visiter plus souvent le Sauveur, et en recevoir une instruction plus parfaite. Dans le sens mystique, ils demandent à Jésus-Christ dans quelles âmes il daigne habiter, afin qu'en imitant leurs exemples, ils puissent mériter la même faveur. Ou bien encore, ils virent Jésus marcher, et lui demandent aussitôt où il demeure; et il nous enseigne par là, lorsque nous méditons intérieurement sur l'incarnation du Fils de Dieu, à le prier avec instance et ferveur de nous faire connaître le lieu de son éternelle demeure. Jésus approuve la légitimité de leur demande, et leur ouvre volontiers ses secrets: «Et il leur dit: Venez et voyez». C'est-à-dire: Ce n'est point par des paroles, mais par des oeuvres, que vous pouvez apprendre quelle est mon habitation. Venez donc par la foi et par les oeuvres, et vous verrez par l'intelligence qui vous sera donnée.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Considérez ici que Notre-Seigneur se tourne vers ceux qui le suivent, et abaisse sur eux ses regards; c'est qu'en effet, si vous ne marchez à sa suite par la pratique des bonnes oeuvres, vous ne parviendrez jamais à voir sa face adorable, ni à entrer dans sa maison.

Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste nous indique quelle heure il était alors: «Or, il était environ, la dixième heure»; il voulait apprendre aux docteurs comme aux disciples, qu'on ne doit point négliger le soin de la doctrine sous prétexte de l'heure avancée.
Louis-Claude Fillion
Il trouva d’abord. Quelque leçon que l’on adopte dans le texte grec, il résulte assez clairement de cette locution que l’autre disciple avait aussi un frère, et qu’il s’était mis de même à le chercher pour le conduire à Jésus, mais qu’il ne réussit qu’un peu plus tard à le trouver. Telle est l’interprétation la plus rationnelle ; elle est d’ailleurs la plus commune. Il est moins bien de dire avec Klofutar, A. Maier, de Wette, Alford, L. Abbott, que les recherches simultanées de saint André et de saint Jean se rapportaient uniquement à Simon-Pierre. Quant à la traduction du professeur américain Jacobus, « La première chose que fit celui-ci fut de trouver son frère », elle est tout à fait insoutenable. Voilà donc les premiers disciples de Jésus qui travaillent déjà à lui gagner des cœurs ; ils préludent ainsi à leur rôle d’apôtres. - Nous avons trouvé le Messie : André parle du Messie comme d’une personne vivement désirée, longtemps et impatiemment attendue. Mais voici que l’espérance d’Israël est enfin réalisée ! Le quatrième évangile est seul à employer le nom de Μεσσἰας, calqué, comme l’on sait, sur l’hébreu « Maschiach », ou, mieux encore, sur la forme araméenne « Meschicha ». Encore n’en fait-il usage que deux fois (ici et 4, 25), ayant soin de le traduire aussitôt pour ses lecteurs : ce qui signifie le Christ. Messie est donc un mot hébreu ; Christ un mot grec, mis en honneur par la traduction des Septante. La signification est la même de part et d’autre : l’oint de Dieu, par excellence. Voyez l’Evang. selon saint Matth., page 38.