Jean 1, 43
Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il trouve Philippe, et lui dit : « Suis-moi. »
Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il trouve Philippe, et lui dit : « Suis-moi. »
André ne garda pas pour lui seul ce qu'il venait d'apprendre de Jésus, il s'empresse de courir vers son frère pour lui faire part des grâces qu'il vient de recevoir: «Or, il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: Nous avons trouvé le Messie (c'est-à-dire le Christ) ». - Bède. (hom. pour la vig. de S. And). Oui, c'est bien avoir trouvé le Seigneur, que d'être embrasé pour lui d'un amour véritable, et plein de zèle pour le salut de ses frères.
L'Évangéliste ne nous a pas rapporté l'entretien de Jésus-Christ avec ces deux disciples, mais il nous est permis de conjecturer quel en fut l'objet, par ce qu'André dit à son frère, et ce peu de paroles nous en donne comme l'abrégé. Nous y trouvons, en effet, la puissance du Maître qui avait porté la persuasion dans leurs âmes, et la vivacité des désirs dont leur coeur était depuis longtemps animé. En effet, cette parole: «Nous avons trouvé», exprime le travail de l'enfantement d'une âme qui soupirait ardemment après la présence du Messie, et qui tressaille de joie d'avoir enfin trouvé l'objet de ses désirs.
Aussi André ne l'appelle-t-il pas simplement Messie, mais le Messie avec l'article. Remarquez comme tout d'abord Pierre avait un esprit docile, il accourt aussitôt sans tarder, sans hésiter: «Et il l'amena à Jésus». N'accusons pas et ne condamnons pas cette promptitude qui, sans plus d'informations, le fait ajouter foi aux paroles de son frère. On peut supposer raisonnablement qu'André prit soin de lui développer la grande vérité qu'il lui annonçait; mais c'est la coutume des Évangélistes d'omettre un grand nombre de choses pour abréger leur récit. D'ailleurs, il n'est pas dit que Pierre crut immédiatement, mais que son frère l'amena à Jésus et le lui confia pour qu'il apprit de lui toutes les vérités nécessaires. Or, le Seigneur commence à lui révéler lui-même les secrets de sa divinité, et à confirmer cette révélation par les prédictions qu'il fait de l'avenir. En effet, les prophéties sont une preuve non moins forte que les miracles, elles sont même plus particulièrement l'oeuvre de Dieu, que les démons ne peuvent imiter. Dans les miracles, l'illusion est possible, et on peut être trompé par l'apparence. Mais il n'appartient qu'à la nature divine et incorruptible de prédire l'avenir d'une manière certaine. C'est ce que fait ici Jésus: «Et Jésus, l'ayant regardé, lui dit: Vous êtes Simon, fils de Jonas, vous serez appelé Céphas, c'est-à-dire Pierre».
Jésus a changé encore le nom de cet Apôtre, comme preuve qu'il était l'auteur de l'Ancien Testament, et que c'était lui-même qui avait changé les noms des patriarches, et appelé Abram, Abraham; Sarai, Sara (Gn 17), et Jacob, Israël. (Gn 32) Pour plusieurs, il leur a donné leurs noms dès leur naissance, par exemple à Isaac (Gn 17), et à Samson. (Jg 13) Pour d'autres, au contraire, il a changé les noms que leurs parents leur avaient donnés, c'est ce qu'il a fait ici pour Pierre, et plus tard pour les fils de Zébédée (Mc 3). Ceux dont la vertu devait jeter un vif éclat dès leurs premières années, ont reçu alors leur nom, tandis que ceux dont le mérite et la vertu ne devaient se produire que plus tard, n'ont reçu aussi que plus tard le nom que Dieu leur destinait.
Le mot Messie en hébreu, Christ en grec, veut dire oint en latin; car le mot chrisma signifie onction. Tous les chrétiens reçoivent l'onction, d'après ces paroles: «Votre Dieu vous a sacré d'une onction de joie, qui vous élève au-dessus de tous ceux qui doivent la partager;» (Ps 44) tous les saints, en effet, entrent en participation des dons du Christ, mais le Christ lui-même est le saint par excellence, et a reçu par lui-même une onction plus parfaite.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que le Seigneur ait dit de qui Simon était fils. Il savait, en effet, le nom de tous les saints qu'il avait prédestinés avant la création du monde. Mais ce qui est vraiment extraordinaire, c'est qu'il ait changé son nom et l'ait appelé Pierre au lieu de Simon. Le nom de Pierre vient du mot petra, pierre, et la pierre, c'est l'Eglise, donc le nom de Pierre est la figure de l'Eglise. Le Seigneur veut exciter ici votre attention. Si Pierre avait porté ce nom auparavant, vous n'auriez pas aussi bien remarqué le mystère qu'il renferme, et vous auriez pu croire que ce nom vient du hasard plutôt que d'une disposition providentielle. C'est pour cela que Dieu a voulu qu'il portât auparavant un autre nom, pour faire ressortir plus vivement dans le nom qui lui fut substitué la force du mystère qu'il renfermait.
Saint Jean raconte ici que c'est sur les bords du Jourdain (avant que Jésus se rendit en Galilée), que, sur le témoignage de Jean-Baptiste, deux de ses disciples, dont l'un, qui s'appelait André, amena son frère Simon à Jésus, se mirent à la suite du Sauveur, et que ce fut alors que Simon reçut le nom de Pierre. Or, il y a ce semble une assez grave contradiction entre ce récit et celui des autres évangélistes, d'après lesquels Jésus rencontra André et Simon qui prêchaient dans la Galilée, et les appela alors pour en faire ses disciples. Cette contradiction disparaît, en admettant que ces deux frères ne s'attachèrent pas au Sauveur inséparablement et d'une manière définitive, lorsqu'ils le rencontrèrent sur les bords du Jourdain. Ils connurent seulement alors qui il était, et ils retournèrent à leurs occupations. Que personne cependant n'aille penser que Pierre ne reçut son nom que dans la circonstance solennelle où Jésus lui dit: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise» (Mt 16,18). Il reçut ce nom, lorsque le Sauveur lui dit: «Tu t'appelleras Céphas, c'est-à-dire, Pierre» (Jn 1,42).
Jésus le considère non seulement des yeux du corps, mais c'est du regard éternel de sa divinité, qu'il voit la simplicité de son coeur et l'élévation de son âme qui devaient lui mériter d'être placé un jour à la tête de toute l'Eglise. Il ne faut pas chercher une autre signification du mot Pierre dans l'hébreu ou dans le syriaque; car le mot Pierre a en grec et en latin la même signification que le mot Céphas en syriaque, et dans les deux langues, ce nom dérive du mot Pierre. Or, cet Apôtre est appelé Pierre, à cause de la fermeté de la foi avec laquelle il s'attacha à cette pierre, dont l'Apôtre a dit: «Or, la pierre était Jésus-Christ», (1Co 10,4) qui délivre des embûches de l'ennemi ceux qui espèrent en lui, et qui répand sur eux, comme un fleuve, l'abondance de ses grâces spirituelles.
On peut dire encore que Jésus ne lui donne pas ici le nom de Pierre, mais qu'il ne fait que présager qu'il lui sera donné plus tard, lorsqu'il lui dira: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise» (Mt 16,18). Mais au moment même de changer son nom, Jésus voulut faire ressortir la signification mystérieuse du nom même qu'il avait reçu de ses parents. En effet Simon veut dire, qui est obéissant, Joanna, signifie grâce, et Jona, colombe. Le Sauveur semble donc lui dire: Vous êtes docile et obéissant, vous êtes le fils de la grâce ou le fils de la colombe, c'est-à-dire, de l'Esprit saint, car c'est l'Esprit saint qui vous a inspiré cette humilité, qui vous fait venir à moi sur la parole d'André votre frère; vous n'avez pas dédaigné, vous son aîné, de suivre celui qui était plus jeune que vous, car le mérite de la foi l'emporte sur les prérogatives de l'âge.
Le lendemain : Remarquez de nouveau cette indication très précise des dates. Nous avons ainsi quatre jours consécutifs : versets 19, 29, 35 et 43. De pareils détails ne s’inventent guère ; ils
contribuent donc pour leur part à prouver l’authenticité du récit. - Le passé simple voulut exprime, comme on
l’a fort bien dit, « une volonté réalisée » : l’évangéliste nous transporte par conséquent à l’heure même où
Jésus se mettait en route pour regagner sa chère Galilée. - Aller, sortir du lieu qui lui avait servi de domicile
temporaire en Judée. - Il rencontra (en grec au présent). Rencontre toute providentielle et bienheureuse pour
S. Philippe. L’analogie du contexte semblerait même indiquer que le bon pasteur avait daigné chercher cette
nouvelle brebis. Cf. versets 41 et 45. - Suis-moi. Il y a dans ces deux mots autre chose qu’une invitation à
faire en compagnie de Notre-Seigneur le voyage de Judée en Galilée. C’est la formule dont Jésus se servait
habituellement pour attacher à sa personne, en qualité de disciples intimes, ceux auxquels il s’adressait. Cf.
Matth. 8, 22 ; 9, 2 ; 19, 21 ; Marc. 2, 14 ; 10, 21 ; Luc. 5, 27 ; 9, 59, etc. S. André, S. Jean et S. Pierre étaient
allés eux-mêmes trouver Notre-Seigneur ; mais voici que Jésus fait maintenant les premières avances.
Si, par la foi, Marie est devenue la mère du Fils qui lui a été donné par le Père avec la puissance de l'Esprit Saint, gardant l'intégrité de sa virginité, dans la même foi elle a découvert et accueilli l'autre dimension de la maternité, révélée par Jésus au cours de sa mission messianique. On peut dire que cette dimension de la maternité appartenait à Marie dès le commencement, c'est-à-dire dès le moment de la conception et de la naissance de son Fils. Dès lors, elle était «celle qui a cru». Mais à mesure que se clarifiait à ses yeux et en son esprit la mission de son Fils, elle-même, comme Mère, s'ouvrait toujours plus à cette «nouveauté» de la maternité qui devait constituer son «rôle» aux côtés de son Fils. N'avait-elle pas dit dès le commencement: «Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38)? Dans la foi, Marie continuait à entendre et à méditer cette parole par laquelle la révélation que le Dieu vivant fait de lui-même devenait toujours plus transparente, d'une manière «qui surpasse toute connaissance» (Ep 3, 19). Mère, Marie devenait ainsi en un sens le premier «disciple» de son Fils, la première à qui il semblait dire: «Suis-moi!», avant même d'adresser cet appel aux Apôtres ou à quiconque (cf. Jn 1, 43).