Jean 1, 9

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Origène
Ou bien encore, nous ne devons pas entendre ces paroles: «Qui éclaire tout homme venant en ce monde», de ceux qui entrent dans le monde avec un corps formé d'après les principes secrets qui président à la génération, mais de ceux qui entrent dans le monde invisible par la régénération spirituelle de la grâce conférée par le baptême. Voilà pourquoi cette lumière éclaire ceux qui entrent dans le monde des vertus, et non pas ceux qui se précipitent dans le monde des vices.
Saint Jean Chrysostome
Où sont aussi ceux qui prétendent que Jésus-Christ n'est pas le vrai Dieu? alors qu'il est appelé ici la vraie lumière. Mais s'il éclaire tout homme venant en ce monde, comment se fait-il qu'un si grand nombre soient demeurés dans les ténèbres? Car tous n'ont pas connu le culte qui est dû à Jésus-Christ. Il éclaire tout homme, autant qu'il dépend de lui. Mais s'il en est qui ont fermé volontairement les yeux de leur âme pour ne point recevoir les rayons de cette divine lumière, les ténèbres dans lesquelles ils demeurent plongés, ne viennent pas de la nature de la lumière, mais de la malice de ceux qui se privent volontairement du don de la grâce. Car la grâce a été répandue sur tous les hommes et ceux qui ont refusé de la recevoir, ne doivent imputer qu'à eux-mêmes leur aveuglement.

Ou bien encore, l'Évangéliste venait de dire que Jean-Baptiste avait été envoyé et était venu pour rendre témoignage à la lumière. Or, ce témoignage d'un homme envoyé tout récemment pouvait faire croire à l'origine récente aussi de celui à qui il rendait témoignage; il élève donc aussitôt nos pensées vers cette existence antérieure à tout commencement, et qui ne doit jamais avoir de fin: «Celui-là était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde.»
Saint Augustin
Nous voyons ici quelle est cette lumière à laquelle Jean-Baptiste rend témoignage: «Celui-là était la vraie lumière».

Pourquoi saint Jean ajoute-t-il le mot vraie? C'est qu'on donne aussi à l'homme qui est éclairé le nom de lumière, mais la vraie lumière est celle qui éclaire elle-même. Nos yeux aussi sont appelés des lumières, et cependant c'est en vain que ces lumières sont ouvertes, si pour les éclairer, on n'allume une lampe pendant la nuit, où si dans le jour le soleil ne répand sur eux ses clartés. Aussi l'Évangéliste ajoute: «Qui éclaire tout homme». Si elle éclaire tout homme, elle éclaire donc Jean lui-même. Elle éclairait donc celui qu'elle avait choisi pour lui rendre témoignage. Il arrive souvent que le soleil nous fait connaître son lever par la lumière qu'il fait rayonner sur les corps, et cependant nous ne pouvons le voir de nos yeux. Ainsi ceux qui ont les yeux trop malades ou trop faibles pour voir le soleil, peuvent cependant les arrêter sur un mur qui réfléchit sa lumière, sur une montagne, sur un arbre ou sur tout autre objet semblable. Il en était de même de ceux au milieu desquels Jésus-Christ était venu, et qui étaient encore beaucoup moins capables de le voir. Il a donc éclairé Jean de ses rayons, et Jean, qui confessait hautement la source d'où lui venait cette lumière, fit connaître ainsi celui qui l'éclairait. Il ajoute: «Venant en ce monde», c'est qu'en effet, si l'homme ne venait pas en ce monde, il n'aurait pas besoin d'être éclairé, mais il faut qu'il soit éclairé, parce qu'il a quitté l'endroit où il aurait joui toujours de cette divine lumière.

Ces paroles: «Qui éclaire tout homme», veulent dire non pas que tous les hommes sans exception sont éclairés, mais que personne ne peut l'être que par cette lumière.
Saint Bède le Vénérable
Il nous éclaire, soit en nous donnant la raison, soit en répandant en nous sa divine sagesse; car nous ne pouvons-nous donner la sagesse, pas plus que nous n'avons pu nous donner l'existence.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Que le manichéen rougisse d'oser dire que nous sommes l'oeuvre d'un Créateur mauvais et ténébreux; car jamais nous ne pourrions être éclairés si nous n'étions les créatures de la vraie lumière.

Ou bien encore, cette lumière qui nous est donnée de Dieu, c'est l'intelligence dont il nous a doués pour nous diriger ici-bas, intelligence qui s'appelle aussi la raison naturelle, mais un grand nombre, par le mauvais usage de la raison, se sont jetés eux-mêmes dans les ténèbres.
Louis-Claude Fillion
C’était la vraie lumière. Nous revenons au Verbe-lumière et à son action sur les hommes. Cf. versets 4 et 5. « Était » (toujours ce majestueux imparfait) a « Verbe » pour sujet sous-entendu ; « lumière » est ici un attribut. Les adjectifs vrai et parfait reviennent souvent dans le quatrième évangile et dans les autres écrits de S. Jean ; ils expriment des nuances délicates. Le premier est le contraire de menteur, trompeur ; le second caractérise un être qui correspond à son idéal, qui est par conséquent complet et parfait. Telle est la lumière du Verbe. Cf. 6, 32, « le vrai pain venu du ciel » ; 15, 1, « moi, je suis la vraie vigne ». - Qui éclaire. Le présent après l’imparfait, comme aux versets 4 et 5 ; construction très expressive. L’objet des divines illuminations du Verbe est marqué par les mots « tout homme ». L’absence d’article dans le grec et l’emploi du singulier accentuent davantage la pensée : « pour que personne ne soit exclu », Bengel. Et non seulement personne n’est exclu, mais chaque homme est compris dans cette formule d’une manière individuelle. La plupart des versions anciennes (en particulier l’Itala, la Vulgate, le syriaque, le copte) rattachent à « homme », le qualificatif « venant en ce monde », qui est ambigu dans le texte grec et peut dépendre aussi de « lumière » : de même le plus grand nombre des commentateurs. C’est une locution générale calquée sur le mot hébreu des Rabbins (venir au monde, c’est-à-dire « naître » ), et destinée encore à placer tous les hommes sans exception sous les rayons illuminateurs du Verbe. Quelques interprètes récents préfèrent néanmoins l’autre liaison, et traduisent : Il était la vraie lumière.., laquelle venait (alors) en ce monde. Leur interprétation ajoute, il est vrai, une heureuse idée au texte, en préparant l’apparition historique du Verbe (vers. 10 et 11) ; mais elle a contre elle le texte même, qui favorise le premier sentiment par la place donnée à « venant » Ce participe n’aurait pas été si éloigné du substantif grec s’il eût dû le déterminer. Nous n’avons pas à entrer ici dans les discussions que les défenseurs de l’ontologisme ont suscitées à propos de ce verset. Qu’il suffise de dire que leur théorie n’y trouve aucune base, non plus qu’aucun autre système philosophique. Voyez Corluy, Comm. in evang. Joannis, p. 48 de la 2è édit. ; Haneberg, Schegg, Evang. Nach Johannes, t. 1, p. 86.
Catéchisme de l'Église catholique
" Ce bain est appelé illumination, parce que ceux qui reçoivent cet enseignement [catéchétique] ont l’esprit illuminé ... " (S. Justin, apol. 1, 61, 12). Ayant reçu dans le Baptême le Verbe, " la lumière véritable qui illumine tout homme " (Jn 1, 9), le baptisé, " après avoir été illuminé " (He 10, 32) est devenu " fils de lumière " (1 Th 5, 5), et " lumière " lui-même (Ep 5, 8) :
Pape Saint Jean-Paul II
Appelés au salut par la foi en Jésus Christ, « lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9), les hommes deviennent « lumière dans le Seigneur » et « enfants de la lumière » (Ep 5, 8), et ils se sanctifient par « l'obéissance à la vérité » (1 P 1, 22).