Jean 11, 1

Il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur.

Il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur.
Louis-Claude Fillion
Il y avait... Cette particule sert de transition au nouvel épisode. On va introduire tout d’abord le héros du prodige. - Un homme malade. Ce trait est mis en avant, comme ayant une grande importance pour la suite du récit. On ne dit rien du genre particulier de la maladie ; il est évident qu’elle était grave, d’après le contexte. Cf. aussi Act. 9, 37 ; Phil. 2, 26, 27. La touchante simplicité de ce début est à noter. - Lazare. C’est tout à fait le même nom que celui du pauvre rendu célèbre par une des plus belles paraboles de Jésus ; voyez Luc. 16, 20 et le commentaire. Il est encore assez souvent porté par les Juifs (mot hébreu, Lazar, abréviation de אלעזר Elazar, ou Eléazar, « Dieu secourt »). Sur l’identification invraisemblable de Lazare avec le jeune homme revêtu du « sindôn », Marc. 14, 51, voyez notre explication de l’Evang. selon S. Marc, p. 203. - De Béthanie, ἀπὸ Βηθανίας. Béthanie, ou, comme on l’appelle en arabe, El-Azariyeh (le pays de Lazare), est aujourd’hui un village d’aspect assez misérable, dont les trente ou quarante maisons massives et grossières, bâties avec les pierres de constructions plus anciennes, sont habitées par des musulmans fanatiques. Néanmoins, situé dans une petite vallée isolée et tranquille sur le versant oriental du mont des Oliviers, entouré d’amandiers, de figuiers, d’oliviers, de caroubiers, il ne manque ni d’agréments, ni de pittoresque. Une ruine considérable le domine : c’est « le château de Lazare » d’après la légende populaire ; vraisemblablement, la tour qui servait à fortifier le couvent construit autrefois à côté du tombeau de S. Lazare. Voyez V. Guérin, Description de la Palestine, La Judée, t. 1, p. 170 ; Schegg, Gedenkbuch einer Pilgerreise nach dem h. Lande, t. 1, p. 357 et ss. ; Furrer, Wanderungen nach Palaestina, Zurich, 1865, p. 147. - Le village… (en latin, castellum). Dans la tradition latine comme dans le texte grec, il y a un changement subit de prépositions (de au lieu de a). Faut-il conclure de là, avec divers interprètes, que Béthanie était le domicile actuel de Lazare et de ses sœurs, tandis que le « castellum » innommé eût été leur lieu d’origine ? Il nous semble qu’une telle déduction serait exagérée. Cf. 1, 44, où les prépositions varient de la même manière (dans le grec), quoiqu’il ne soit certainement question que d’une seule et même localité. Ces changements ne sont d’ailleurs pas rares chez les classiques. Les mots « de castello… » sont donc un simple déterminatif de Béthanie, et ils ont pour but de distinguer la patrie de Lazare de la bourgade du même nom située dans la Palestine trans-jordanienne. Cf. 1, 28 ; 10, 40. « castellum » est une expression élastique, qui peut désigner selon les circonstances une ville ou un village. Cf. 7, 42, où elle est employée à propos de Bethléem, et Luc, 10, 38. - De Marie et de Marthe sa sœur. Marie est nommée la première, comme étant la plus connue par suite de sa célèbre onction. Cf. verset 2 et 12, 3. Marthe était probablement l’aînée des deux sœurs ; on le suppose d’ordinaire d’après les versets 5, 19, et d’après Luc. 10, 38 et ss. Il résulte de plusieurs détails de ce récit (verset 38, le tombeau taillé dans le roc ; versets 31 et 45, les visiteurs de distinction qui viennent consoler Marthe et Marie ; comparez 12, 2 et 3, l’onction) que la famille était riche et considérée.