Jean 11, 38
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus, frémissant donc de nouveau : même expression
qu’au verset 33, avec la petite variante en lui-même au lieu de en son esprit. Cette fois, au motif indiqué plus
haut pour le frémissement d’indignation, vinrent s’ajouter les murmures des Juifs (donc), qui dénotaient une
haine implacable, interprétant à faux les sentiments les plus délicats. Dans ce chapitre, où la divinité de N.-S.
Jésus-Christ est manifesté avec tant d’éclat, les sentiments humains du Sauveur ne sont pas moins
clairement marqués : l’amitié, verset 5, la sympathie et les larmes, verset 35, la colère, versets 33 et 38.
Comparez les passages suivants du quatrième évangile, où nous rencontrons la description de sentiments
analogues : 4, 6 (la fatigue) ; 4, 7 ; 19, 28 (la soif) ; 13, 2, 23 ; 19, 26 ; 20, 2 ; 21, 7, 20 (l’affection). - Au
tombeau (en grec, littéralement : un souvenir, un mémorial. Cf. verset 31). Ce monument funèbre qui,
d’après l’ensemble du récit, était une propriété de famille, est ensuite rapidement décrit, pour que le lecteur puisse bien suivre toute la scène du miracle. - C’était une grotte. Le mot grec σπήλαιον désigne
expressément un caveau creusé par la main des hommes. Ces grottes artificielles, servant de tombeaux aux
riches, abondaient aux environs de Jérusalem (voyez le beau plan de Zimmermann et Socin, Leipzig 1881, et
notre Atlas archéologique de la Bible, pl. 21, lig. 5, 6 ; pl. 23, fig. 1 et 2). On y pénétrait de plain pied, par un
ouverture horizontale (Atlas archéologiq., pl. 21, fig. 6, 7, 8 ; pl. 23, fig. 4), tantôt par un escalier aménagé
verticalement (ibid., pl. 24, fig. 2). Cf. Robinson, Palaestina, t. 3, p. 175 ; du même, Neue Forschungen, p.
327. - Et une pierre était placée par-dessus : ce qui pouvait avoir lieu de deux manières, selon que l’entrée
du sépulcre était placée en haut ou de côté ; l’expression ne détermine rien là-dessus. La pierre était
d’ordinaire très grosse (Cf. Marc. 16, 4), et elle avait pour but d’empêcher les voleurs nocturnes de
dépouiller les cadavres, et les animaux sauvages de les dévorer. Derrière elle, on trouvait le plus souvent une
grande salle, dont les parois étaient munies de fours latéraux pour recevoir les corps (voyez notre Atlas
archéologique, pl. 20, fig. 5 ; pl. 24, fig. 3). Quand la famille était nombreuse, il y avait parfois plusieurs
salles consécutives, qui communiquaient entre elles par des corridors souterrains (ibid.). - On vénère
aujourd’hui encore à Béthanie le tombeau de S. Lazare, de même qu’on l’a vénéré à travers tous les siècles
du Christianisme. Le pèlerin de Bordeaux le mentionne en 333, S. Jérôme au siècle suivant (Cf.
Onomasticon, au mot Bethania). Sur son état actuel, voyez Baedeker, Palaestina und Syrien, 1875, p. 270 ;
Robinson, Palaestina, t. 2, p. 311 ; Fr. Liévin de Hamme, Guide-indicateur, t. 2, p. 184-186 ; etc.
C’était une grotte. « Le tombeau de saint Lazare fut vénéré dès les premiers temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L’entrée est obscure et difficile. [On y descend par] vingt-trois marches toutes usées. Le tombeau est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous depuis longtemps, de sorte qu’on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, excepté la partie avoisinant l’entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce changement est cause que nous trouvons aujourd’hui ce monument revêtu d’une maçonnerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, presque de même grandeur, d’à peu près trois mètres de long sur autant de large, et revêtues d’une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se trouvait Notre-Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l’est, on remarque une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à l’entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de saint Lazare, nous ne savons plus si elle avait la forme de four à cercueil, d’auge ou de banc ; mais si l’on considère la forme carrée de la chambre, il paraît probable que cette couche était un banc surmonté d’un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux autres, ainsi qu’on en voit d’ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant son banc, tandis que celle où se trouve la porte d’entrée reste libre. » (LIEVIN DE HAMME.) ― Une pierre était posée dessus. « Selon l’usage, une pierre fermait l’entrée de la grotte ; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre sépulcrale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc où était le corps de Lazare. Il y avait donc deux pierres à ôter : l’une qui permettait d’entrer dans la grotte, dans le monument ; l’autre, la véritable pierre tombale, dont l’encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. L’Evangéliste n’a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait Lazare. Jésus avait dû descendre d’abord dans le monument par un escalier profond taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait été mis. » (J.-H. MICHON.)
Jésus est apparu aux yeux des Juifs et de leurs chefs spirituels comme un " rabbi " (cf. Jn 11, 38 ; 3, 2 ; Mt 22, 23-24. 34-36). Il a souvent argumenté dans le cadre de l’interprétation rabbinique de la Loi (cf. Mt 12, 5 ; 9, 12 ; Mc 2, 23– 27 ; Lc 6, 6-9 ; Jn 7, 22-23). Mais en même temps, Jésus ne pouvait que heurter les docteurs de la Loi car il ne se contentait pas de proposer son interprétation parmi les leurs, " il enseignait comme quelqu’un qui a autorité et non pas comme les scribes " (Mt 7, 28-29). En lui, c’est la même Parole de Dieu qui avait retenti au Sinaï pour donner à Moïse la Loi écrite qui se fait entendre de nouveau sur la Montagne des Béatitudes (cf. Mt 5, 1). Elle n’abolit pas la Loi mais l’accomplit en fournissant de manière divine son interprétation ultime : " Vous avez appris qu’il a été dit aux ancêtres (...) moi je vous dis " (Mt 5, 33-34). Avec cette même autorité divine, il désavoue certaines " traditions humaines " (Mc 7, 8) des Pharisiens qui " annulent la Parole de Dieu " (Mc 7, 13).