Jean 11, 39
Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Ôtez la pierre. Commandement énergique
dans sa brièveté : déjà l’on entend le maître de la vie. « Les esprits et les yeux de tous étant suspendus », dit à
bon droit Tittmann, parlant de l’assistance. - Marthe, la sœur du mort... Les mots ajoutés au nom de Marthe
ne sont point ici une vaine formule : c’est plutôt un trait d’une grande délicatesse, destiné à préparer et à
expliquer l’opposition momentanée que fit « la sœur du mort » à l’enlèvement de la pierre. Une sœur devait
éprouver un sentiment particulier de répugnance et de peine à voir elle-même, et à laisser contempler par de
nombreux témoins, le sceau hideux de la mort imprimé sur la face de son frère. Elle prévoit même plus que
cela, comme l’exprime son vivant langage. Mais il est encore bien caractéristique que cette réflexion vienne
tout d’abord à la pensée de Marthe et non à celle de Marie. - Seigneur : terme de respect, pour demander en
quelque sorte la permission de s’opposer à l’ordre de Jésus. - Il sent déjà mauvais. Marthe expose dans toute
son horreur ce qui lui paraît être, vu la circonstance, un fait trop réel ; car, ajoute-t-elle, il y a quatre jours... Il
n’est pas sans intérêt de noter ici une étrange tradition juive (citée par Lightfoot) : « C’est surtout le troisième
jour que le deuil atteint son maximum. En effet, durant trois jours l’esprit (du mort) erre autour du tombeau,
attendant pour voir s’il pourra se réunir au corps. Mais quand il s’aperçoit que l’aspect du visage est changé,
il s’éloigne et abandonne le cadavre à son sort. Or après trois jours, l’aspect du visage est changé. » D’après
quelques anciens auteurs, par les mots Il sent déjà mauvais, Marthe n’aurait pas seulement énoncé une
présomption, du reste bien légitime, mais le résultat d’une expérience que chacun pouvait faire. (« Ils
sentaient l’infection », dit S. Ambroise, De Fide resurrect., 2, 80. « Une maladie infectieuse exhalait une
odeur putride », Sedulius… Cf. Prudentius, Apotheosis, 759-766 ; S. Augustin, Traité 49 sur S. Jean, etc. La
lettre apocryphe de Pilate à l’empereur Tibère (ap. Thilo, Codex apocryph. N. T. p. 807) relève aussi cette
circonstance, avec des développements dont la crudité en montre le caractère légendaire. Le corps avait été
sans doute embaumé selon la coutume, mais d’après la méthode juive, qui consistait simplement à parfumer
le mort avec une huile précieuse et à l’entourer d’aromates, ce qui ne retardait la corruption que pour un
temps. Cf. Keil, Biblische Archaeologie, p. 571.
La mort du Christ a été une vraie mort en tant qu’elle a mis fin à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l’union que la Personne du Fils a gardé avec son Corps, il n’est pas devenu une dépouille mortelle comme les autres car " il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir (de la mort) " (Ac 2, 24). C’est pourquoi " la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 51, 3). Du Christ on peut dire à la fois : " Il a été retranché de la terre des vivants " (Is 53, 8) ; et : " Ma chair reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas mon âme aux enfers et ne laisseras pas ton saint voir la corruption " (Ac 2, 26-27 ; cf. Ps 16, 9-10). La Résurrection de Jésus " le troisième jour " (1 Co 15, 4 ; Lc 24, 46 ; cf. Mt 12, 40 ; Jon 2, 1 ; Os 6, 2) en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11, 39).