Jean 13, 10
Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »
Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »
1760. Ici l'Évangéliste montre que cet exemple convient. Il cite d'abord les paroles de Pierre, puis la réponse du Christ [n° 1763].
1761. Dans les paroles de Pierre se révèle son amour très fervent envers le Christ. Car, plus haut, quand le Seigneur lui avait dit : CE QUE MOI JE FAIS, TU NE LE SAIS PAS
À PRÉSENT, il lui avait fait comprendre que cet acte serait utile. Cependant Pierre, ayant négligé l'utilité de ce geste, ne pouvait pas être amené à recevoir le lavement des pieds. Mais quand le Seigneur le menaça de se trouver séparé de lui en disant : TU N'AURAS PAS DE PART AVEC MOI, il s'offrit pour recevoir non seulement cette ablution, mais d'autres encore, en disant : SEIGNEUR, NON SEULEMENT MES PIEDS, MAIS ENCORE LES MAINS ET LA TÊTE. Dans cette réponse en effet, effrayé, il s'offre tout entier pour être lavé, troublé par l'amour et la crainte. Comme on le lit dans L'itinéraire de Clément, Pierre était si sensible à la présence corporelle du Christ, présence qu'il avait aimée avec une très grande ferveur, qu'après l'Ascension du Christ, lorsqu'il se souvenait de sa présence très douce et de sa manière si sainte de vivre, il se répandait tout entier en larmes, si bien que ses joues semblaient enflammées.
1762. Il faut savoir que dans l'homme il y a trois choses : la tête, qui est le sommet ; les pieds, qui se trouvent en bas ; les mains, qui sont au milieu. Et de même à l'intérieur de l'homme, à savoir dans l'âme, il y a la tête, c'est-à-dire la raison supérieure par laquelle l'âme est fixée en Dieu - La tête de la femme, c'est l'homme, c'est-à-dire la raison supérieure ; les mains, c'est-à-dire la raison inférieure, qui vaque aux œuvres actives ; et les pieds qui sont la sensibilité. Mais le Seigneur savait ses disciples purs quant à la tête parce qu'ils étaient unis à Dieu par la foi et la charité, et quant aux mains parce que leurs œuvres étaient saintes. Mais quant aux pieds, ils avaient quelques affections pour les choses terrestres qui provenaient de leur sensibilité. Pierre, craignant la menace du Christ, consentit non seulement à l'ablution des pieds, mais aussi des mains et de la tête, en disant : SEIGNEUR, NON SEULEMENT MES PIEDS, MAIS ENCORE LES MAINS ET LA TÊTE. Comme s'il disait : Je ne sais pas si j'ai besoin de l'ablution des mains et de la tête — A la vérité, ma conscience ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant ; et c'est pourquoi je suis prêt à laver NON SEULEMENT MES PIEDS, c'est-à-dire les affections inférieures - J'ai lavé mes pieds -, MAIS ENCORE LES MAINS, c'est-à-dire les œuvres -Je laverai mes mains parmi les innocents -, ET LA TÊTE, c'est-à-dire la raison supérieure - Lave ton visage.
1763. La réponse du Seigneur est ensuite exposée. D'abord il donne un exemple général, ensuite il l'adapte à son propos [n° 1766]. Enfin, l'Évangéliste explique les paroles du Christ [n° 1767].
1764. Le Seigneur dit donc d'abord : CELUI QUI S'EST BAIGNÉ N'A BESOIN QUE DE SE LAVER LES PIEDS ; IL EST PUR TOUT ENTIER, sous-entendu excepté les pieds par lesquels il touche la terre. Par cela il est donné à entendre que les Apôtres avaient déjà été baptisés. Il dit en effet : CELUI QUI S'EST BAIGNÉ N'A BESOIN QUE DE SE LAVER LES PIEDS, et plus tard il ajoute : VOUS AUSSI, VOUS ÊTES PURS, parce qu'ils avaient été baptisés.
1765. Certains disent qu'ils avaient été baptisés seulement du baptême de Jean. Mais cela ne semble pas vrai, parce qu'ainsi ils n'auraient pas été lavés car le baptême de Jean ne purifiait pas intérieurement de la faute. Et c'est pourquoi il faut dire qu'ils avaient été baptisés du baptême du Christ, selon saint Augustin . Et si tu objectes que le Christ ne baptisait pas, mais ses disciples, comme on le dit plus haut, je dis qu'il ne baptisait pas les foules ; mais ses disciples, eux qui lui étaient intimes et familiers, il les a baptisés.
Mais puisque le baptême enlève même la saleté des pieds, il semble que celui qui a été lavé, c'est-à-dire baptisé, n'a pas besoin de se laver les pieds. À cela il faut répondre que, si aussitôt après leur baptême ils sortaient de ce monde, ils n'auraient de toutes façons pas besoin de cette ablution, parce qu'étant purs tout entiers, ils s'envoleraient aussitôt. Par contre, ceux qui, après leur baptême, vivent dans cette vie mortelle, ne peuvent s'élever à un si grand sommet de perfection sans que surgissent encore des mouvements désordonnés de la sensibilité liés à des affections terrestres. Et c'est pourquoi, pour pouvoir s'envoler, il faut qu'ils lavent leurs pieds soit par le martyre qui est un baptême de sang, soit par la conversion qui est un baptême de feu.
1766. Le Seigneur adapte ensuite l'exemple général à son propos. Mais s'ils étaient purs, pourquoi le Seigneur les lavait-il à nouveau ? À cela Augustinrépond qu'ils étaient purs quant aux mains et à la tête, mais qu'ils manquaient [de pureté] quant aux pieds.
Chrysostome, lui, dit qu'ils étaient purs mais pas d'une manière absolue, parce qu'ils n'étaient pas encore purifiés de l'impureté originelle : puisque le Christ n'avait pas encore souffert, le prix de notre rédemption n'avait pas encore été payé. Mais ils étaient purs relativement, à savoir purs des erreurs des Juifs.
Origène dit qu'ils étaient purs, mais qu'il fallait encore une purification plus grande parce que la raison doit toujours chercher à égaler les meilleurs charismes, toujours s'élever jusqu'aux plus hautes vertus, et s'efforcer de resplendir de l'éclat de la justice - Celui qui est saint, qu'il se sanctifie encore . MAIS NON PAS TOUS : parce que l'un d'eux avait à la fois la tête et les mains impures.
1767. C'est pourquoi l’Évangéliste poursuit en expliquant les paroles du Seigneur : IL SAVAIT EN EFFET QUI DONC ÉTAIT CELUI QUI LE LIVRERAIT ; autrement dit : s'il a dit VOUS N'ÊTES PAS TOUS PURS, c'est parce qu'il connaissait l'impureté de Judas, le traître.
En effet, deux choses purifient l'homme : l'aumône et la miséricorde envers les pauvres - Faites l'aumône, et voici que tout sera pur pour vous -, et l'amour de Dieu - Ses nombreux péchés lui ont été remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. - La charité couvre toutes les fautes*. Or ces deux choses manquaient à Judas : la miséricorde certes, parce qu'il était voleur et que, ayant la bourse, il dérobait les aumônes des pauvres’, et de même l'amour envers le Christ, parce que déjà le diable avait jeté dans son cœur l'intention de le livrer aux chefs des prêtres pour qu'ils le crucifient.
C. LE CHRIST NOUS INVITE A IMITER SON EXEMPLE
1768. Après avoir montré que son geste d'humilité est nécessaire, le Seigneur invite à l'imiter. Et d'abord l'Évangéliste annonce les circonstances de cette exhortation, en dévoilant son ordre. Puis il manifeste la condition de celui qui les exhorte [n° 1770]. Enfin il nous donne l'exhortation elle-même [n° 1772].
1761. Dans les paroles de Pierre se révèle son amour très fervent envers le Christ. Car, plus haut, quand le Seigneur lui avait dit : CE QUE MOI JE FAIS, TU NE LE SAIS PAS
À PRÉSENT, il lui avait fait comprendre que cet acte serait utile. Cependant Pierre, ayant négligé l'utilité de ce geste, ne pouvait pas être amené à recevoir le lavement des pieds. Mais quand le Seigneur le menaça de se trouver séparé de lui en disant : TU N'AURAS PAS DE PART AVEC MOI, il s'offrit pour recevoir non seulement cette ablution, mais d'autres encore, en disant : SEIGNEUR, NON SEULEMENT MES PIEDS, MAIS ENCORE LES MAINS ET LA TÊTE. Dans cette réponse en effet, effrayé, il s'offre tout entier pour être lavé, troublé par l'amour et la crainte. Comme on le lit dans L'itinéraire de Clément, Pierre était si sensible à la présence corporelle du Christ, présence qu'il avait aimée avec une très grande ferveur, qu'après l'Ascension du Christ, lorsqu'il se souvenait de sa présence très douce et de sa manière si sainte de vivre, il se répandait tout entier en larmes, si bien que ses joues semblaient enflammées.
1762. Il faut savoir que dans l'homme il y a trois choses : la tête, qui est le sommet ; les pieds, qui se trouvent en bas ; les mains, qui sont au milieu. Et de même à l'intérieur de l'homme, à savoir dans l'âme, il y a la tête, c'est-à-dire la raison supérieure par laquelle l'âme est fixée en Dieu - La tête de la femme, c'est l'homme, c'est-à-dire la raison supérieure ; les mains, c'est-à-dire la raison inférieure, qui vaque aux œuvres actives ; et les pieds qui sont la sensibilité. Mais le Seigneur savait ses disciples purs quant à la tête parce qu'ils étaient unis à Dieu par la foi et la charité, et quant aux mains parce que leurs œuvres étaient saintes. Mais quant aux pieds, ils avaient quelques affections pour les choses terrestres qui provenaient de leur sensibilité. Pierre, craignant la menace du Christ, consentit non seulement à l'ablution des pieds, mais aussi des mains et de la tête, en disant : SEIGNEUR, NON SEULEMENT MES PIEDS, MAIS ENCORE LES MAINS ET LA TÊTE. Comme s'il disait : Je ne sais pas si j'ai besoin de l'ablution des mains et de la tête — A la vérité, ma conscience ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant ; et c'est pourquoi je suis prêt à laver NON SEULEMENT MES PIEDS, c'est-à-dire les affections inférieures - J'ai lavé mes pieds -, MAIS ENCORE LES MAINS, c'est-à-dire les œuvres -Je laverai mes mains parmi les innocents -, ET LA TÊTE, c'est-à-dire la raison supérieure - Lave ton visage.
1763. La réponse du Seigneur est ensuite exposée. D'abord il donne un exemple général, ensuite il l'adapte à son propos [n° 1766]. Enfin, l'Évangéliste explique les paroles du Christ [n° 1767].
1764. Le Seigneur dit donc d'abord : CELUI QUI S'EST BAIGNÉ N'A BESOIN QUE DE SE LAVER LES PIEDS ; IL EST PUR TOUT ENTIER, sous-entendu excepté les pieds par lesquels il touche la terre. Par cela il est donné à entendre que les Apôtres avaient déjà été baptisés. Il dit en effet : CELUI QUI S'EST BAIGNÉ N'A BESOIN QUE DE SE LAVER LES PIEDS, et plus tard il ajoute : VOUS AUSSI, VOUS ÊTES PURS, parce qu'ils avaient été baptisés.
1765. Certains disent qu'ils avaient été baptisés seulement du baptême de Jean. Mais cela ne semble pas vrai, parce qu'ainsi ils n'auraient pas été lavés car le baptême de Jean ne purifiait pas intérieurement de la faute. Et c'est pourquoi il faut dire qu'ils avaient été baptisés du baptême du Christ, selon saint Augustin . Et si tu objectes que le Christ ne baptisait pas, mais ses disciples, comme on le dit plus haut, je dis qu'il ne baptisait pas les foules ; mais ses disciples, eux qui lui étaient intimes et familiers, il les a baptisés.
Mais puisque le baptême enlève même la saleté des pieds, il semble que celui qui a été lavé, c'est-à-dire baptisé, n'a pas besoin de se laver les pieds. À cela il faut répondre que, si aussitôt après leur baptême ils sortaient de ce monde, ils n'auraient de toutes façons pas besoin de cette ablution, parce qu'étant purs tout entiers, ils s'envoleraient aussitôt. Par contre, ceux qui, après leur baptême, vivent dans cette vie mortelle, ne peuvent s'élever à un si grand sommet de perfection sans que surgissent encore des mouvements désordonnés de la sensibilité liés à des affections terrestres. Et c'est pourquoi, pour pouvoir s'envoler, il faut qu'ils lavent leurs pieds soit par le martyre qui est un baptême de sang, soit par la conversion qui est un baptême de feu.
1766. Le Seigneur adapte ensuite l'exemple général à son propos. Mais s'ils étaient purs, pourquoi le Seigneur les lavait-il à nouveau ? À cela Augustinrépond qu'ils étaient purs quant aux mains et à la tête, mais qu'ils manquaient [de pureté] quant aux pieds.
Chrysostome, lui, dit qu'ils étaient purs mais pas d'une manière absolue, parce qu'ils n'étaient pas encore purifiés de l'impureté originelle : puisque le Christ n'avait pas encore souffert, le prix de notre rédemption n'avait pas encore été payé. Mais ils étaient purs relativement, à savoir purs des erreurs des Juifs.
Origène dit qu'ils étaient purs, mais qu'il fallait encore une purification plus grande parce que la raison doit toujours chercher à égaler les meilleurs charismes, toujours s'élever jusqu'aux plus hautes vertus, et s'efforcer de resplendir de l'éclat de la justice - Celui qui est saint, qu'il se sanctifie encore . MAIS NON PAS TOUS : parce que l'un d'eux avait à la fois la tête et les mains impures.
1767. C'est pourquoi l’Évangéliste poursuit en expliquant les paroles du Seigneur : IL SAVAIT EN EFFET QUI DONC ÉTAIT CELUI QUI LE LIVRERAIT ; autrement dit : s'il a dit VOUS N'ÊTES PAS TOUS PURS, c'est parce qu'il connaissait l'impureté de Judas, le traître.
En effet, deux choses purifient l'homme : l'aumône et la miséricorde envers les pauvres - Faites l'aumône, et voici que tout sera pur pour vous -, et l'amour de Dieu - Ses nombreux péchés lui ont été remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. - La charité couvre toutes les fautes*. Or ces deux choses manquaient à Judas : la miséricorde certes, parce qu'il était voleur et que, ayant la bourse, il dérobait les aumônes des pauvres’, et de même l'amour envers le Christ, parce que déjà le diable avait jeté dans son cœur l'intention de le livrer aux chefs des prêtres pour qu'ils le crucifient.
C. LE CHRIST NOUS INVITE A IMITER SON EXEMPLE
1768. Après avoir montré que son geste d'humilité est nécessaire, le Seigneur invite à l'imiter. Et d'abord l'Évangéliste annonce les circonstances de cette exhortation, en dévoilant son ordre. Puis il manifeste la condition de celui qui les exhorte [n° 1770]. Enfin il nous donne l'exhortation elle-même [n° 1772].
Α son tour, Jésus refuse
d'accepter. Α quoi bon, dit-il, une ablution si complète, lorsqu'on en a fait de toutes récentes ? Dans ce cas, il
suffit de se laver les pieds. Pour bien comprendre la pensée du Sauveur, il faut se rappeler que les anciens, et
les Juifs surtout, prenaient des bains fréquents et qu'ils se lavaient les mains plus fréquemment encore, tandis
qu'ils marchaient chaussés de simples sandales, lesquelles ne garantissaient qu'imparfaitement les pieds de la
boue et de la poussière du chemin. Or l'expression celui qui s’est baigné désigne un lavage de tout le corps,
tandis que le verbe employé ensuite se laver les pieds indique seulement une lotion partielle, un bain de
pieds. Voyez Cramer, Biblisch-theolog. Wœrterbuch der neutestamenti. Græcitæt, 3° édit., ρ. 520, et Trench,
Synonymes du Ν. Τ., p. 184 et ss. de la trad. française. Le latin manquait de mots pour établir cette nuance
délicate. - Car il est pur tout entier : à part les pieds, toutefois, comme il vient d'être dit ; et c'est précisément
pour cela que Jésus désirait les laver. Α coup sûr, le divin Maître tenait ici un langage symbolique ; toute la
scène, du reste, ainsi que le contexte et la tradition nous l'enseignent, était une figure dans la pensée de N.-S.
Jésus-Christ. Il voulait marquer d'une manière expressive, spécialement en vue de la sainte Eucharistie, qu'il
allait instituer et distribuer aux siens, la nécessité d'une constante purification morale, destinée à laver les
fautes légères, alors même qu'on a le bonheur d'être en état de grâce. S. Augustin fait une belle application de
ce passage à tous les chrétiens (Traité 56 sur S. Jean, 4) : « Bien que l’homme soit lavé tout entier dans le
baptême... quand ensuite il vit au milieu des affaires humaines, il est obligé de marcher sur la terre. Alors les
affections terrestres sans lesquelles il est impossible de vivre en cette vie mortelle sont comme les pieds par
lesquels les choses humaines entrent en contact avec nous, et elles nous touchent... Chaque jour celui qui
intercède pour nous nous lave les pieds ; et chaque jour nous avouons que nous avons besoin de nous laver
les pieds, c’est-à-dire de redresser même nos démarches spirituelles, puisque dans l’oraison dominicale nous
disons : Pardonnez-nous nos offenses ». - Et vous, vous êtes purs. Jésus applique aux apôtres sa locution
proverbiale. Vous êtes, vous, sans grave souillure ; il suffit de laver vos pieds, c'est-à-dire de vous purifier de
transgressions légères. - Mais non pas tous. Restriction douloureuse, que l'évangéliste lui-même commentera
au verset suivant. C'était un avertissement donné par Jésus au traître à mots couverts (Fouard). Cf. 6, 71. Les
onze apôtres demeurés fidèles durent à peine y faire attention sur l’heure ; mais ils en furent frappés après
l'accomplissement.