Jean 13, 18
Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon.
Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon.
Les phrases deviennent plus courtes dans ce verset, comme si elles étaient entrecoupées par suite d'une vive
émotion. C'est que Jésus se rappelle de nouveau (comp. le v. 10) et va mentionner plus au long l'odieuse
présence du traître parmi les Douze. - Je ne parle pas de vous touts : ces mots se rattachent à la promesse du
v. 17 : « Vous serez heureux ». Ce n'est pas à vous tous que s'applique ma Béatitude. - Je connais ceux que
j’ai choisis. En grec, Οἶδ : je les connais à fond. Cf. vv. 1 et 3. Ceux que j'ai choisis entre tous. Voyez 6, 70,
et 15, 16. Le choix de Jésus n'a donc pas été inconscient, mais extrêmement lucide ; dès le début il
connaissait Judas : les événements ne l'ont ni trompé ni surpris. - Mais il faut que l’écriture s’accomplisse...
Ellipse comme plus bas, 15, 25 ; comp. Marc. 14, 49, etc. Rangé au nombre des apôtres, Judas restait
entièrement libre, et les avertissements affectueux ne lui manquèrent pas. Néanmoins, par sa trahison il
devait réaliser les plans divins, signalés tout au long dans l’Écriture. - Celui qui mange du pain... Ce passage
est emprunté au Ρs. 40. (hébr. 41), 10 ; Jésus en fait une citation libre, qui diffère toutefois de l'hébreu et des Septante. L'expression « manger du pain avec quelqu’un » est tout orientale et biblique, pour désigner un
commensal habituel, un ami très intime. Elle exprime un fait réel dans le cas présent, puisque Judas était
assis à la table de Jésus et mangeait avec lui. La locution lèvera son talon contre moi (littéralement, d'après
l'hébreu : Il a élevé bien haut son talon contre moi), exprime un violent coup de pied, ou la ruade d'un cheval.
Le contraste entre les deux circonstances mentionnées ne saurait être plus frappant : l'amour généreux et la
haine brutale. Ainsi qu’on l'apprend dans les bons commentaires du psautier (voyez en particulier, parmi les
plus récents, ceux de ΜM. Delitzsch, Rοhling, Lecêtre), ce douloureux passage n'est messianique que d'une
manière indirecte et typique. C'est-à-dire qu'avant de se réaliser finalement et intégralement dans l'infâme
conduite de Judas envers N.-S Jésus-Christ, il avait eu un premier accomplissement historique, quoique d'une
façon transitoire et incomplète. David faisait surtout allusion au lâche et cruel abandon où le laissa son ami
intime Achitophel, lorsque éclata la révolte d'Absalom (Cf. 2 Reg. 15, 31- 17, 23) ; mais, dans la pensée de
l’Esprit saint, sa description lugubre allait bien au-delà des temps actuels, et concernait la passion du Messie.
Voyez Hoffmann, Weissagung und Erfüllung, t. 2, p. 122. Notez que la désignation du traître est voilée
comme précédemment (v. 10) ; mais elle ne tardera pas à devenir plus claire pour quelques-uns des apôtres
(vv. 23-27).