Jean 13, 2
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,
L'évangéliste fait ressortir davantage encore, par une saisissante
et douloureuse antithèse, la vivacité des sentiments du Sauveur. Il met en opposition Jésus et le démon, Judas
et les disciples de Notre-Seigneur, la haine la plus monstrueuse et le plus généreux amour. - Après le dîner
est une nouvelle note chronologique, plus précise que « avant la fête de la Pâque » du verset 1. D'après le
sentiment que nous avons adopté, il s'agit de la cène légale, du festin officiel et sacré que l'on célébrait la
veille de la Pâque, au soir du 14 nisan. Le texte grec flotte entre les leçons « après le dîner » (Α, D, Itala,
Vulg.) et « pendant le repas » (א, Β, L, Origène). La divergence est au reste sans importance notable, quelle
qu'ait été la forme primitive du texte. Comme le faisait remarquer S. Augustin, « Nous ne devons pas
entendre l’expression à la fin du repas, comme si le repas était déjà terminé et qu’on était déjà passé à autre
chose. Car on mangeait encore quand le Seigneur se leva de table ». Comp. le v. 26 et la note qui lui
correspond : voyez aussi l'Évangile selon S. Matth., p. 504 et 506. La dernière cène était donc commencée,
mais pas encore achevée. MM. Beelen et Patrizi pensent à tort que le lavement des pieds n'eut lieu qu'après
l'institution de la sainte Eucharistie ; au contraire, d'après l'opinion commune qui s'appuie à bon droit sur les
paroles mêmes, de N.-S. Jésus-Christ (voyez la suite du récit et des notes), cette cérémonie devait servir de
préparatif à la communion des apôtres. Quant à l'omission de cette institution divine dans le quatrième
évangile, omission assurément bien extraordinaire au premier regard, voyez la Préface, § 3. Il n'y a là en
réalité rien qui ne soit très conforme au dessein de S. Jean. Son plan général était de compléter les récits
antérieurs, et, par contre, de laisser ordinairement dans l'ombre les faits suffisamment racontés par les
synoptiques. D'après Strauss, l'auteur de l'évangile dit de S. Jean n'aurait pas connu l'Eucharistie. Assertion qui touche à l'absurde, puisque S. Paul, dans une lettre universellement reconnue comme authentique, 1 Cor.
11, narre lui-même tout au long la cène eucharistique, et puisque les Actes, également antérieurs au
quatrième évangile, nous donnent la célébration des saints mystères comme une pratique universelle de
l’Église. - Le diable. S. Jean commence par désigner l'instigateur premier et principal du déicide : un crime
si horrible ne pouvait provenir que de Satan. Voyez le verset 27 et comp. Luc. 22, 3. - Ayant déjà mis (plus
énergiquement encore dans le grec, ayant jeté, lancé) dans le cœur. Α coup sûr il ne s'agit pas du cœur du
démon, comme le veulent plusieurs exégètes contemporains, mais du cœur de Judas. La locution « mettre
dans le cœur » semble dire un peu plus que « mettre dans l'esprit « ; elle indiquerait l'acquiescement libre du
traître à la suggestion de Satan (Olshausen). Voyez, 6, 65, la première indication de la trahison de Judas
(déjà). - Judas Iscariote, fils de Simon. L'apôtre infidèle est distingué de S. Jude par son nom patronymique
et par l'indication de son pays d'origine (Iscariotœ). Voyez, sur ce dernier point, l'Évangile selon S. Matthieu,
ρ. 195.