Jean 13, 23
Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
Ici se place dans notre évangile un épisode dramatique, auquel rien ne correspond chez
les synoptiques. Pour le rendre parfaitement intelligible, et lui rendre ce que nos coutumes occidentales lui
ont fait perdre de sa vie, il sera bon de réunir en cet endroit, en les complétant sur quelques points, les notes
que nous avons répandues çà et là touchant l'attitude et le placement des convives à table au temps de N.-S.
Jésus-Christ. Le diagramme ci-joint facilitera notre description ; nous nous permettons de renvoyer
également le lecteur à notre Atlas archéologique de la Bible, Pl. 18, fig. 9, 10, 11, 12.
Li
Lit médian
Lit le plus bas
t le plus élevé
Le plus bas
median
Le plus élevé
6 5 4
Le plus élevé 7 3 Le plus bas
médian 8 2 médian
Le plus bas 9 1 Le plus
élevé
Les convives étaient à demi-couchés, d'ordinaire au nombre de trois, sur des divans qui recevaient, ensuite de
cette circonstance, le nom de « lectus tricliniares » ; mais, au besoin, un lit pouvait contenir quatre et même
cinq personnes. Ces divans étaient assez bas, et munis de coussins sur lesquels on appuyait le coude gauche,
qui supportait la tête. On les disposait à peu près en fer à cheval, de manière à former les trois côtés d'un
carré, le quatrième restant libre pour le service. Chaque « lectus tricliniares » avait sa dénomination :
« summus » (le plus élevé) à droite, « medius » (médian) au centre, « imus » (le plus bas) à gauche. Des
épithètes identiques caractérisaient les convives couchés sur un même divan. Ces noms provenaient du degré
d'honneur attaché soit aux lits, soit aux places. Au milieu du fer à cheval était la table, petite et peu élevée.
D'après la coutume juive (voyez le traité talmudique Beracoth, fol. 46, 2, et Lightfoot, Horæ hebr. et talm. in
Joan., h.l.), l'hôte se tenait « medius in summo », par conséquent au numéro 2 du diagramme. Derrière lui, ou
au-dessus de lui, comme on disait, était la place d'honneur, « summus in summo » (n° 1) ; devant lui, ou
au-dessous de lui, se trouvait la troisième place, « imus in summo ». D'après l'attitude reçue, tout convive
placé à un rang inférieur sur un divan pouvait aisément appuyer sa tête contre la poitrine de celui qui le
précédait immédiatement. Aussi, pour ce motif, la troisième place était-elle réservée habituellement à un ami
intime. - Telle était précisément, dans le cas actuel, la position du disciple privilégié du Sauveur : il était
couché sur la poitrine de Jésus (l'imparfait de la durée) ; sur cette expression, comp. 1, 18 ; Luc. 16, 22. -
Celui que Jésus aimait. Notez ici, comme en d'autres passages analogues, la douce et aimable répétition de
ce nom sacré. Quant à cet heureux apôtre que Jésus chérissait entre tous, indépendamment de la tradition, qui
est unanime pour le désigner, la façon délicate dont il est parlé de lui indiquerait, à elle seule, qu'il n'est autre
que l'évangéliste lui-même. Voyez la Préface, § 1. Même à l'âge avancé où il composa son récit, ce souvenir
de la familiarité de son bon Maître était si vivant à son cœur et lui présentait tant de charmes, que trois fois
encore il y fera clairement allusion. 19, 26 ; 20, 2 ; 21, 7, 20.
Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au-dessous des autres, en sorte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus, devait avoir la tête sur le sein du Sauveur.