Jean 13, 29

Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres.

Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres.
Louis-Claude Fillion
Petit commentaire intéressant du v. 28. Loin de soupçonner la réalité, les onze autres apôtres tirent deux hypothèses qui en étaient éloignées de cent lieues : 1° Judas étant l'économe de la société (il avait la caisse Cf. 12, 6), ils supposèrent que leur Maître avait voulu lui dire : Achète ce qui nous est nécessaire... Le lendemain, 15 nisan, étant le grand jour de la fête pascale, plus d'une emplette était nécessaire pour la célébrer dignement. Explication toute naturelle ; et pourtant, ainsi que nous l'avons dit ailleurs (Évang. selon S. Matth., p. 500), on a trouvé, dans cette supposition faite par les disciples, l'une des plus fortes objections contre l'identité de la cène du quatrième évangile avec celle que racontent les synoptiques. Nous renvoyons à notre réfutation antérieure, ainsi qu'à Ex. 12, 16, et à Luc. 23, 56, deux passages qui montrent que certains achats et certaines occupations étaient compatibles avec le repos de la Pâque. - Ou qu’il lui commandait de donner... Le langage devient tout à coup indirect, comme en d'autres circonstances nombreuses. L'aumône à laquelle pensaient en ce moment les apôtres n'aurait pas eu le caractère général de celle qui a été mentionnée plus haut, 12, 5 et ss ; son but eut été très particulier et propre à la Pâque, conformément aux prescriptions mosaïques qui recommandent fortement de ne pas oublier les pauvres en cette fête. Cf. Deut. 16, 10-12. Aujourd'hui, à l'occasion de la Pâque, les indigents israélites reçoivent encore de leurs coreligionnaires des invitations, ou des dons généreux qui les aident à fêter ce grand jour. Voyez Stauben, Scènes de la vie juive en Alsace, p. 107 et s. On agissait d'ailleurs ainsi pour toutes les solennités principales. Cf. Neh. 8, 10, 12.