Jean 13, 36

Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. »

Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. »
Saint Thomas d'Aquin
Concernant cette première partie, il montre deux choses : il expose d'abord le désir de Pierre, ensuite il montre sa hardiesse [n° 1843].

Dans cette première partie, il commence par présenter Pierre manifestant son désir puis le retard avec lequel il le réalise [n° 1842].

1841. Le désir de Pierre se manifeste dans la vivacité de cette interrogation quand il dit : SEIGNEUR, OÙ VAS-TU ? En effet il avait appris du Seigneur qu'il serait avec eux pour peu de temps encore : aussi est-il inquiet de ce que le Christ s'éloigne d'eux, et c'est pourquoi il interroge : OÙ VAS-TU ? Chrysostome dit à ce propos : « Vraiment l'amour de Pierre est grand et plus véhément que le feu lui-même dont aucun interdit ne peut entraver l'ardent élan. » C'est pourquoi, alors même que le Christ avait dit : Où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, Pierre voulait le suivre ; aussi lui demandait-il où il allait, comme l'une des jeunes filles du Cantique qui cherche [le bien-aimé] - Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes, où est-il parti que nous le cherchions avec toi ?

1842. Le retard de la réalisation de ce désir est dû au fait que, pour le moment, il se trouve empêché de suivre le Christ. Et c'est ce que le Christ lui-même dit : OÙ MOI JE VAIS, TU NE PEUX PAS ME SUIVRE À PRÉSENT ; MAIS TU ME SUIVRAS PLUS TARD, comme s'il disait : Tu es encore imparfait et c'est pourquoi tu ne peux me suivre à présent ; mais plus tard, quand tu seras parfait, tu me suivras. C'est aussi ce qu'il dit plus loin : En vérité je te le dis, quand tu étais plus jeune - ce qui signifie « imparfait » - tu mettais toi-même ta ceinture ; quand tu seras vieux - et que tu auras atteint le sommet de la perfection - tu étendras tes mains (...)

1843. Par ces paroles l'Évangéliste montre la hardiesse de Pierre. Pierre avait bien saisi que le Seigneur avait dit ces paroles comme en se défiant de la perfection de son amour. Or l'amour est parfait lorsque quelqu'un s'expose lui-même à la mort pour ses amis - Personne n'a de plus grand amour que celui qui livre son âme pour ses amis. Et donc, parce que Pierre était prêt à mourir pour le Christ, il se montrait parfait dans son amour en disant : JE LIVRERAIS MON ÂME POUR TOI, c'est-à-dire : je suis prêt à mourir pour toi. Il disait cela comme il lui semblait et non avec un esprit faux. Cependant l'homme ne peut savoir la force de son amour (affectus), surtout devant l'imminence d'un danger - Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je ne suis pas justifié pour autant.
Louis-Claude Fillion
S. Pierre, si ardent et si aimant, est demeuré tout absorbé par les douloureuses paroles du v. 33, qui annonçaient le prochain départ de Jésus. Il oublie le reste, et se permet d'interrompre pour obtenir un éclaircissement : Seigneur, où allez- vous ? Un autre « Seigneur, où allez-vous ? » de S. Pierre revient à la pensée quand on lit ce passage. Sur cet incident si délicat, qui se serait passé à Rome quelques heures avant la mort de S. Pierre, quand il essayait d'échapper au supplice par la fuite, voyez Tillemont, Mémoires, t. 1, p. 187 et 555 ; Hilgenfeld, Nov. Testam. extra canonem, t. 4, p. 72. - Jésus répondit. Quoique la question eût été inspirée par un généreux amour, Jésus refuse d'y répondre directement ; il renvoie S. Pierre à l'avenir, par lequel il ne tardera pas d'être instruit. - Là où je vais tu ne peux me suivre. Les mots « je » et « maintenant » sont l'un et l'autre pleins d'emphase. Au v. 33, c'était la même pensée et presque les mêmes termes, appliqués à tous les apôtres. - Tu me suivras plus tard. « Plus tard » est opposé à « maintenant » : quand S. Pierre aura rempli sa mission ici-bas. Jésus fait sans doute allusion dès cet endroit au crucifiement du prince des apôtres. Voyez 21, 18, 19 et le commentaire.