Jean 14, 8
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
1882. Ici, le Seigneur dissipe le doute qui s'élève chez son disciple, et l'Évangéliste nous montre premièrement l'opinion de celui qui doute ; puis il montre comment le Christ chasse ce doute [n° 1884].
L'opinion de celui qui doute.
1883. Il faut savoir qu'auparavant le Seigneur avait promis aux disciples une chose à venir : la connaissance parfaite de Dieu, lorsqu'il a dit : Et dorénavant, vous le connaîtrez ; et une autre chose passée : le fait qu'ils l'ont vu. Et Philippe, en entendant cela, croyait qu'il avait vu le Père ; mais il réclame la connaissance en disant : SEIGNEUR, MONTRE-NOUS LE PÈRE - demande qui ne se rapporte pas à la vision mais à la connaissance -, ET CELA NOUS SUFFIT. Cela n'est pas étonnant, puisque la vision du Père est la fin de tous nos désirs et de toutes nos actions, de sorte qu'il n'y a rien de plus à rechercher - Tu me rempliras de joie par ton visage, c'est-à-dire par la vision de ton visage. - C'est lui qui remplit de biens ton désir.
Le Christ chasse ce doute.
1884. En premier lieu est exposé le rejet du doute, puis est ajoutée la manifestation de ce qui a été dit [n° 1892].
Le Seigneur commence par reprocher [au disciple] sa lenteur, puis il établit la vérité [n° 1887]. Enfin, il blâme sa demande [n° 1890].
1885. Autrement dit : du fait de l'intimité prolongée dans laquelle j'ai vécu pendant si longtemps avec vous, vous auriez dû me connaître. Et si vous m'aviez connu, vous connaîtriez aussi le Père. Du fait donc que tu ne connais pas le Père, tu laisses entendre que tu ne me connais pas : et en cela tu dois être blâmé pour ta lenteur - Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? - Alors qu'avec le temps vous devriez être devenus des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers éléments de la parole de Dieu.
1886. Mais là un doute se présente : plus haut le Seigneur a dit aux disciples qu'ils le connaissaient, quand il a dit : Vous savez le chemin, or ici il semble dire le contraire en disant : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS.
Mais il faut dire, selon Augustin, que parmi les disciples il y en avait qui connaissaient le Christ aussi en tant qu'il était le Verbe de Dieu, et parmi eux, Pierre, qui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ; et il y en avait d'autres qui ne le connaissaient pas vraiment, parmi lesquels Philippe. À l'égard des premiers, le Seigneur dit donc : ET OÙ MOI JE VAIS, VOUS LE SAVEZ, mais à l'égard des seconds il dit : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS.
On peut dire autrement. Le Christ pouvait être connu de deux manières : selon sa nature humaine, et de cette manière tous le connaissaient ; quant à cela il dit : ET OÙ MOI JE VAIS, VOUS LE SAVEZ. Et selon sa nature divine, et de cette manière-là ils ne le connaissaient pas encore parfaitement ; c'est pour cela qu'il dit : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS. C'est évident d'après ce qu'il ajoute : PHILIPPE, QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, comme pour dire : si vous me connaissiez, vous connaîtriez le Père ; et ainsi tu ne dirais pas : MONTRE-NOUS LE PÈRE, puisque tu l'aurais déjà vu, m'ayant vu - Si vous me connaissiez, vous connaîtriez peut-être aussi mon Père.
1887. Mais Sabellius a pris là un appui pour son erreur, en disant : pourquoi a-t-il dit : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, sinon parce que lui-même est à la fois le Père et le Fils ?
À cela Hilaire ! répond : s'il en était ainsi, le Seigneur aurait dit : QUI ME VOIT, VOIT LE PÈRE sans aucune conjonction apposée ; mais puisqu'il a ajouté une conjonction, en disant : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, il montre la distinction. Et selon Augustin, c'est comme si quelqu'un disait en parlant de deux réalités semblables : « Si tu as vu celle-ci, tu as vu aussi celle-là. » Or dans le Fils il y a une similitude du Père absolument parfaite ; c'est pourquoi il dit : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE. Mais dans le Fils il y a une similitude encore plus grande que dans les hommes, parce qu'en eux la similitude ne peut jamais être selon la même forme ou la même qualité numériquement, mais seulement selon l'espèce ; alors que, dans le Fils, il y a numériquement la même nature que celle qui est dans le Père ; et voilà pourquoi le Père est vu davantage dans la vision du Fils que dans celle de n'importe quel homme, si semblables qu'ils paraissent.
1888. Il faut noter qu'à partir des paroles qui sont dites ici est exclue l'erreur d'Arius quant à deux aspects. Premièrement quant au fait qu'il nie la consubstantialité. En effet, il est impossible que dans la vision d'une substance créée puisse être vue une substance incréée, de même que par la connaissance d'une substance d'un genre donné on ne peut avoir la connaissance d'une substance d'un autre genre. Il est donc manifeste que le Fils n'est pas une substance créée, mais qu'il est consubstantiel au Père : autrement celui qui voit le Fils ne verrait pas le Père.
Deuxièmement, par rapport à ce que les ariens disent sur ce passage de la première épître à Timothée : Au roi des siècles, immortel, invisible, au seul Dieu, à savoir que seul le Père est invisible, tandis que le Fils dans sa nature aurait été vu souvent : si cela était, il s'ensuivrait aussi que le Père aurait été vu fréquemment, puisque celui qui voit le Fils voit aussi le Père. Donc, puisque le Père est invisible selon sa nature, il est impossible que le Fils ait été vu dans sa nature.
1889. Mais on peut objecter : pourquoi le Seigneur a-t-il blâmé Philippe qui, voyant le Fils, demandait à voir le Père, alors que n'est pas blâmable celui qui, voyant une représentation, voudrait voir la réalité représentée ?
À cela Chrysostome répond en disant que Philippe, entendant parler de la vision du Père et de sa connaissance, voulait voir le Père lui-même avec ses yeux de chair, de la même manière qu'il pensait aussi avoir vu le Fils lui-même ; et c'est pourquoi le Seigneur a désapprouvé cela en lui montrant que ce n'est pas le Fils lui-même dans sa nature qu'il a vu avec son œil de chair. Augustin, quant à lui, dit que le Seigneur n'a pas désapprouvé la demande mais l'esprit de celui qui demandait. Car Philippe dit : MONTRE-NOUS LE PÈRE, ET CELA NOUS SUFFIT, comme pour dire : « Nous, nous te connaissons, mais cela ne suffit pas. » Et ainsi croyait-il que la satisfaction parfaite n'était pas dans la connaissance du Fils mais dans la connaissance du Père. Et par là il semblait juger que le Fils était moindre que le Père. Et c'est cela que le Seigneur a reproché, en disant : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, montrant par là qu'il y a dans la connaissance du Fils la même satisfaction que dans la connaissance du Père.
1890. Voilà pourquoi ensuite lorsqu'il dit : COMMENT DIS-TU, TOI – « MONTRE-NOUS LE PÈRE » ?, il blâme sa demande d'abord en elle-même, puis dans sa racine.
Il blâme sa demande en disant : COMMENT DIS-TU, TOI – « MONTRE-NOUS LE PÈRE » ?, puisque le Père est vu dans le Fils. Philippe pouvait dire assurément : Moi qui ai parlé légèrement, que puis-je répondre ? Je mettrai ma main sur ma bouche .
Il blâme cette demande dans sa racine quand il dit : NE CROIS-TU PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ?, comme s'il disait : Tu veux avoir le Père, croyant avoir en lui l'absolu ; mais si tu crois ainsi, TU NE CROIS PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOL Car si tu croyais cela, tu espérerais avoir en moi le même absolu que dans le Père.
1891. Or ce qu'il dit : MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET LE PÈRE EST EN MOI, est dit à cause de l'unité d'essence - Moi et le Père, nous sommes un.
Il faut savoir en effet que l'essence se rapporte autrement à la personne dans les Personnes divines et dans les hommes. Car chez les hommes, l'essence de Socrate n'est pas Socrate, parce que Socrate est quelque chose de composé ; mais dans les Personnes divines, l'essence est identique à la personne selon la réalité, et ainsi l'essence du Père est le Père et l'essence du Fils, le Fils. Donc partout où est l'essence du Père, le Père lui-même est ; et partout où est l'essence du Fils, le Fils lui-même est. Or l'essence du Père est dans le Fils et l'essence du Fils est dans le Père. Donc le Fils est dans le Père et le Père dans le Fils. Et c'est ainsi qu'Hilaire l'explique.
L'opinion de celui qui doute.
1883. Il faut savoir qu'auparavant le Seigneur avait promis aux disciples une chose à venir : la connaissance parfaite de Dieu, lorsqu'il a dit : Et dorénavant, vous le connaîtrez ; et une autre chose passée : le fait qu'ils l'ont vu. Et Philippe, en entendant cela, croyait qu'il avait vu le Père ; mais il réclame la connaissance en disant : SEIGNEUR, MONTRE-NOUS LE PÈRE - demande qui ne se rapporte pas à la vision mais à la connaissance -, ET CELA NOUS SUFFIT. Cela n'est pas étonnant, puisque la vision du Père est la fin de tous nos désirs et de toutes nos actions, de sorte qu'il n'y a rien de plus à rechercher - Tu me rempliras de joie par ton visage, c'est-à-dire par la vision de ton visage. - C'est lui qui remplit de biens ton désir.
Le Christ chasse ce doute.
1884. En premier lieu est exposé le rejet du doute, puis est ajoutée la manifestation de ce qui a été dit [n° 1892].
Le Seigneur commence par reprocher [au disciple] sa lenteur, puis il établit la vérité [n° 1887]. Enfin, il blâme sa demande [n° 1890].
1885. Autrement dit : du fait de l'intimité prolongée dans laquelle j'ai vécu pendant si longtemps avec vous, vous auriez dû me connaître. Et si vous m'aviez connu, vous connaîtriez aussi le Père. Du fait donc que tu ne connais pas le Père, tu laisses entendre que tu ne me connais pas : et en cela tu dois être blâmé pour ta lenteur - Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? - Alors qu'avec le temps vous devriez être devenus des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers éléments de la parole de Dieu.
1886. Mais là un doute se présente : plus haut le Seigneur a dit aux disciples qu'ils le connaissaient, quand il a dit : Vous savez le chemin, or ici il semble dire le contraire en disant : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS.
Mais il faut dire, selon Augustin, que parmi les disciples il y en avait qui connaissaient le Christ aussi en tant qu'il était le Verbe de Dieu, et parmi eux, Pierre, qui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ; et il y en avait d'autres qui ne le connaissaient pas vraiment, parmi lesquels Philippe. À l'égard des premiers, le Seigneur dit donc : ET OÙ MOI JE VAIS, VOUS LE SAVEZ, mais à l'égard des seconds il dit : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS.
On peut dire autrement. Le Christ pouvait être connu de deux manières : selon sa nature humaine, et de cette manière tous le connaissaient ; quant à cela il dit : ET OÙ MOI JE VAIS, VOUS LE SAVEZ. Et selon sa nature divine, et de cette manière-là ils ne le connaissaient pas encore parfaitement ; c'est pour cela qu'il dit : VOUS NE ME CONNAISSEZ PAS. C'est évident d'après ce qu'il ajoute : PHILIPPE, QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, comme pour dire : si vous me connaissiez, vous connaîtriez le Père ; et ainsi tu ne dirais pas : MONTRE-NOUS LE PÈRE, puisque tu l'aurais déjà vu, m'ayant vu - Si vous me connaissiez, vous connaîtriez peut-être aussi mon Père.
1887. Mais Sabellius a pris là un appui pour son erreur, en disant : pourquoi a-t-il dit : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, sinon parce que lui-même est à la fois le Père et le Fils ?
À cela Hilaire ! répond : s'il en était ainsi, le Seigneur aurait dit : QUI ME VOIT, VOIT LE PÈRE sans aucune conjonction apposée ; mais puisqu'il a ajouté une conjonction, en disant : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, il montre la distinction. Et selon Augustin, c'est comme si quelqu'un disait en parlant de deux réalités semblables : « Si tu as vu celle-ci, tu as vu aussi celle-là. » Or dans le Fils il y a une similitude du Père absolument parfaite ; c'est pourquoi il dit : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE. Mais dans le Fils il y a une similitude encore plus grande que dans les hommes, parce qu'en eux la similitude ne peut jamais être selon la même forme ou la même qualité numériquement, mais seulement selon l'espèce ; alors que, dans le Fils, il y a numériquement la même nature que celle qui est dans le Père ; et voilà pourquoi le Père est vu davantage dans la vision du Fils que dans celle de n'importe quel homme, si semblables qu'ils paraissent.
1888. Il faut noter qu'à partir des paroles qui sont dites ici est exclue l'erreur d'Arius quant à deux aspects. Premièrement quant au fait qu'il nie la consubstantialité. En effet, il est impossible que dans la vision d'une substance créée puisse être vue une substance incréée, de même que par la connaissance d'une substance d'un genre donné on ne peut avoir la connaissance d'une substance d'un autre genre. Il est donc manifeste que le Fils n'est pas une substance créée, mais qu'il est consubstantiel au Père : autrement celui qui voit le Fils ne verrait pas le Père.
Deuxièmement, par rapport à ce que les ariens disent sur ce passage de la première épître à Timothée : Au roi des siècles, immortel, invisible, au seul Dieu, à savoir que seul le Père est invisible, tandis que le Fils dans sa nature aurait été vu souvent : si cela était, il s'ensuivrait aussi que le Père aurait été vu fréquemment, puisque celui qui voit le Fils voit aussi le Père. Donc, puisque le Père est invisible selon sa nature, il est impossible que le Fils ait été vu dans sa nature.
1889. Mais on peut objecter : pourquoi le Seigneur a-t-il blâmé Philippe qui, voyant le Fils, demandait à voir le Père, alors que n'est pas blâmable celui qui, voyant une représentation, voudrait voir la réalité représentée ?
À cela Chrysostome répond en disant que Philippe, entendant parler de la vision du Père et de sa connaissance, voulait voir le Père lui-même avec ses yeux de chair, de la même manière qu'il pensait aussi avoir vu le Fils lui-même ; et c'est pourquoi le Seigneur a désapprouvé cela en lui montrant que ce n'est pas le Fils lui-même dans sa nature qu'il a vu avec son œil de chair. Augustin, quant à lui, dit que le Seigneur n'a pas désapprouvé la demande mais l'esprit de celui qui demandait. Car Philippe dit : MONTRE-NOUS LE PÈRE, ET CELA NOUS SUFFIT, comme pour dire : « Nous, nous te connaissons, mais cela ne suffit pas. » Et ainsi croyait-il que la satisfaction parfaite n'était pas dans la connaissance du Fils mais dans la connaissance du Père. Et par là il semblait juger que le Fils était moindre que le Père. Et c'est cela que le Seigneur a reproché, en disant : QUI ME VOIT, VOIT AUSSI LE PÈRE, montrant par là qu'il y a dans la connaissance du Fils la même satisfaction que dans la connaissance du Père.
1890. Voilà pourquoi ensuite lorsqu'il dit : COMMENT DIS-TU, TOI – « MONTRE-NOUS LE PÈRE » ?, il blâme sa demande d'abord en elle-même, puis dans sa racine.
Il blâme sa demande en disant : COMMENT DIS-TU, TOI – « MONTRE-NOUS LE PÈRE » ?, puisque le Père est vu dans le Fils. Philippe pouvait dire assurément : Moi qui ai parlé légèrement, que puis-je répondre ? Je mettrai ma main sur ma bouche .
Il blâme cette demande dans sa racine quand il dit : NE CROIS-TU PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ?, comme s'il disait : Tu veux avoir le Père, croyant avoir en lui l'absolu ; mais si tu crois ainsi, TU NE CROIS PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOL Car si tu croyais cela, tu espérerais avoir en moi le même absolu que dans le Père.
1891. Or ce qu'il dit : MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET LE PÈRE EST EN MOI, est dit à cause de l'unité d'essence - Moi et le Père, nous sommes un.
Il faut savoir en effet que l'essence se rapporte autrement à la personne dans les Personnes divines et dans les hommes. Car chez les hommes, l'essence de Socrate n'est pas Socrate, parce que Socrate est quelque chose de composé ; mais dans les Personnes divines, l'essence est identique à la personne selon la réalité, et ainsi l'essence du Père est le Père et l'essence du Fils, le Fils. Donc partout où est l'essence du Père, le Père lui-même est ; et partout où est l'essence du Fils, le Fils lui-même est. Or l'essence du Père est dans le Fils et l'essence du Fils est dans le Père. Donc le Fils est dans le Père et le Père dans le Fils. Et c'est ainsi qu'Hilaire l'explique.
S.
Philippe interrompt à son tour et de la même façon naïve que S. Thomas, v. 5. C'est la quatrième fois qu'il
apparaît dans l'évangile selon S. Jean. Cf. 1, 44-49 ; 6, 5-7 ; 12, 22. Homme pratique, 6, 5 et ss., qui aimait à
se rendre compte des choses par ses propres yeux, 1, 45. - Montrez-nous le Père. Les dernières paroles de son
Maître l'ont frappé (« et vous l’avez déjà vu »). Mais il leur a donné une interprétation sensible et bornée, au
lieu du sens idéal et supérieur qu'elles présentaient. Or, il ne se souvient nullement d'avoir vu le Père. Si
Jésus daignait le leur montrer ! Il avait sans doute à l'esprit, en proférant cette audacieuse requête, les
théophanies de l'Ancien Testament, et il aurait souhaité, pour lui et les autres apôtres, quelque manifestation
semblable. - Et cela nous suffit. Ils se tiendront alors pour satisfaits, et ils croiront pleinement à tout. Ce trait
final n'est pas ce qu'il y a de moins étrange dans la demande.
LA FOI ET LA RAISON sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. C'est Dieu qui a mis au cœur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18; Ps 27 [26], 8-9; 63 [62], 2-3; Jn 14, 8; 1 Jn 3, 2).