Jean 16, 5

Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ?”

Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ?”
Saint Jean Chrysostome
Ou peut dire encore qu'il leur avait prédit les persécutions qu'ils devaient endurer, mais non pas que leur mort serait regardée comme une oeuvre agréable à Dieu, ce qui devait être pour eux un sujet d'étonnement extraordinaire; ou bien encore, il leur annonça dès le commencement, ce qu'ils devaient souffrir de la part des Gentils, et leur prédit ici les persécutions que leur préparaient les Juifs.

Ils avaient déjà pris de concert la résolution de chasser de la synagogue quiconque confesserait Jésus-Christ.

Jésus leur donne ensuite un nouveau motif de consolation: «Et ils vous traiteront de la sorte, parce qu'ils ne connaissent ni mon Père, ni moi», c'est-à-dire, qu'il vous suffise comme consolation de penser que vous souffrez pour moi et pour mon Père.

Un autre motif pour lequel il leur annonce ces épreuves à l'avance; c'est afin de bien les convaincre que l'avenir lui était présent, comme il le déclare par ces paroles: «Afin que lorsqu'on sera venue l'heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites. Il ne veut pas non plus qu'ils pussent dire qu'il n'avait cherché qu'à les flatter et à leur dire des choses agréables. Mais pourquoi ne leur a-t-il pas fait tout d'abord ces prédictions? En voici la raison: «Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j'étais avec vous», c'est-à-dire, vous étiez sous ma garde, vous pouviez m'interroger quand vous vouliez; tous les efforts de vos ennemis se concentraient sur moi; il était donc inutile de vous en parler tout d'abord, mais au moins si je ne l'ai pas fait, ce n'est pas que j'ignorais que ces épreuves dussent arriver.
Saint Augustin
Après avoir promis à ses disciples l'Esprit saint, qui devait faire d'eux autant de témoins de la vérité, le Sauveur ajoute: «Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés». Et en effet, lorsque la charité de Dieu est répandue dans nos coeurs par l'Esprit saint qui nous a été donné ( Rm 5), une paix abondante se répand en même temps dans l'âme de ceux qui aiment la loi de Dieu, et il n'y a point pour eux de scandale ( Ps 118, 165). Il leur prédit ensuite les épreuves qui les attendent: «Ils vous chasseront des synagogues».

Il leur apprend ensuite que la cause pour laquelle il leur a prédit ces épreuves, c'est de prévenir le trouble qu'auraient jeté dans leurs coeurs non préparés des maux qu'ils n'avaient pas prévus, bien qu'ils dussent être de courte durée: «Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu'un sera venue l'heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites». Cette heure, c'était l'heure des ténèbres, l'heure de la nuit, mais la nuit des Juifs n'a pu obscurcir de ses ténèbres les clartés du jour de Jésus-Christ qui en était séparé.

Mais quel grand mal pour les Apôtres d'être chassés des synagogues des Juifs, puisqu'ils devaient en sortir d'eux-mêmes, alors que personne ne les chasserait dehors? Il a donc voulu leur apprendre par-là que les Juifs ne devaient point recevoir Jésus-Christ, dont les disciples ne devaient point se séparer. Si, en effet, ils avaient voulu le reconnaître, comme il n'y avait point d'autre peuple de Dieu que la race d'Abraham, les Eglises de Jésus-Christ n'auraient pas été différentes des synagogues des Juifs. Mais ils ont refusé de recevoir Jésus-Christ, et la conséquence naturelle, c'est que restant eux-mêmes en dehors de Jésus-Christ, ils devaient chasser de leurs synagogues ceux qui ne consentaient pas à quitter Jésus-Christ. Le Sauveur ajoute, encore: «Et l'heure vient où quiconque vous fera mourir, croira faire une chose agréable à Dieu», paroles qui ont pour objet de consoler ceux qui seraient chassés des synagogues des Juifs. Est-ce donc que cette expulsion de la synagogue devait les affliger à ce point, qu'ils auraient mieux aimé mourir que de n'en plus faire partie? Non, sans doute, une crainte semblable ne pouvait trouver place dans le coeur de ceux qui cherchaient, non la gloire des hommes, mais la gloire de Dieu. Voici donc le sens de ces paroles: «Ils vous chasseront des synagogues, mais ne craignez pas votre isolement; vous serez exclus de leurs réunions, il est vrai, mais vous en rassemblerez un si grand nombre en mon nom, que les Juifs, craignant l'abandon de leur temple et de toutes les cérémonies de l'ancienne loi, vous mettront à mort, croyant en cela faire une chose agréable à Dieu, parce que leur zèle pour la gloire de Dieu, n'est pas un zèle dirigé par la science» ( Rm 10, 2), paroles qu'il faut entendre des Juifs, dont Notre-Seigneur dit: «Ils vous ch asseront de leurs synagogues». En effet, lorsque les Gentils ont mis à mort les témoins, c'est-à-dire, les martyrs de Jésus-Christ, ce n'est pas à Dieu, mais à leurs fausses divinités qu'ils ont cru faire une chose agréable, tandis que ceux qui, parmi les Juifs, mirent à mort les prédicateurs de Jésus-Christ, crurent faire un acte agréable à Dieu, dans la crainte que ceux qui se convertiraient à Jésus-Christ, abandonneraient le culte du vrai Dieu. Voilà pourquoi dans l'ardeur d'un zèle qui n'était pas selon la science, ils mettaient à mort les disciples de Jésus-Christ, croyant en cela faire une oeuvre agréable à Dieu.

Selon les trois autres évangélistes, Notre-Seigneur fit cette prédiction avant la cène, taudis que saint Jean la place après la cène. Ne peut-on pas résoudre cette difficulté, en disant que les trois premiers évangélistes font observer que sa passion était proche, lorsqu'il fit ces prédictions? Il ne les fit donc pas dès le commencement qu'il était avec eux. Cependant saint Matthieu rapporte que le Sauveur prédit ces événements, non-seulement aux approches de sa passion, mais encore dès le commencement. Comment donc expliquer ces paroles: «Je ne vous les ai pas dites dès le commencement», etc., si ce n'est en faisant une exception pour les choses qu'il attribue ici à l'Esprit saint, et qu'il ne leur a pas fait connaître dès le commencement, par exemple qu'il devait leur être envoyé et rendre témoignage, lorsqu'ils seraient persécutés. En effet, il était alors au milieu d'eux, et sa présence seule était pour eux une véritable consolation. Mais lorsque le moment vint de les quitter, il devait leur annoncer la venue de l'Esprit saint, qui, en répandant dans leurs coeurs la charité de Dieu, leur donnerait le courage de prêcher hautement le Verbe de Dieu.
Saint Thomas d'Aquin
2068. Auparavant, en leur en donnant les raisons, le Seigneur a consolé ses disciples de son départ, ainsi que des persécutions et tribulations qui allaient leur advenir ; à présent, il explique d'une manière plus manifeste les raisons propres par lesquelles il console ses disciples.

L'Évangéliste nous rapporte donc l'explication des raisons données précédemment ; puis il expose l'effet de cette explication sur les disciples [n° 2164].

I – LE CHRIST EXPLIQUE LES RAISONS DONNÉES AUX DISCIPLESPOUR LES CONSOLER

Si on considère bien les paroles des deux chapitres précédents, on voit que le Seigneur avait l'intention de consoler ses disciples de deux choses : de son départ et des tribulations qui allaient leur advenir. Les raisons qu'il donnait alors dans ce double but, il les explique maintenant, mais selon l'ordre inverse. En voici la raison : au chapitre 14, comme son départ était tout à fait imminent, et qu'il ne leur annonçait pas encore les tribulations qui allaient leur advenir, il les consola d'abord de son départ. Mais au chapitre 15, parce que des tribulations leur avaient été annoncées, les disciples paraissaient davantage affectés par elles que par le départ du Christ ; aussi, dans ce chapitre 16, les console-t-il d'abord des tribulations qui allaient survenir, puis de son départ [n° 2082].

Le Seigneur manifeste d'abord son intention ; puis il annonce aux disciples une persécution avec des tribulations [n° 2070] ; enfin il ajoute la raison de cette persécution [n° 2075].

a) L'intention du Christ.

2069. Il dit donc : J'ai dit que les Juifs m'ont haï et vous ont haïs aussi, parce qu'ils n'ont pas connu celui qui m'a envoyé. En cela ils sont inexcusables, et l'Esprit Saint et vous-mêmes témoignerez contre eux. Mais toutes CES CHOSES \ JE VOUS LES AI DITES, AFIN QUE VOUS NE SOYEZ PAS SCANDALISÉS, c'est-à-dire pour que vous ne vous scandalisiez pas lorsque viendront les tribulations que je vous annonce.

Et c'est avec raison que le Seigneur, après avoir promis l'Esprit Saint, interdit le scandale, parce que l'Esprit Saint est amour - La chanté de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné -, et qu'il chasse tout scandale - Grande paix pour ceux qui aiment ta loi, pour eux il n'est pas de scandale. Selon les Proverbes, n'est-ce pas le propre des amis que de ne pas faire cas d'un dommage à cause de leur ami ? Pour les amis de Dieu, ce n'est donc pas un scandale de souffrir peines et dommages pour le Christ. Mais parce qu'avant la mort du Christ les disciples n'avaient pas reçu le Saint-Esprit, ils ont été scandalisés de sa Passion - Vous tous, vous serez scandalisés à mon sujet en cette nuit. Tandis qu'après l'avènement de l'Esprit Saint, ils ne furent absolument pas scandalisés.

b) L'annonce de la persécution.

2070. Mais les disciples pourraient dire : Y a-t-il pour nous matière à scandale ? Et comment ! puisque beaucoup de tribulations s'abattront sur nous : l'exclusion, d'abord, puis la mise à mort [n° 2073].

2071. D'abord l'exclusion de la communauté des Juifs ; comme il est dit plus haut : Les Juifs s'étaient déjà entendus pour que, si quelqu'un confessait que Jésus est le Christ, on l'exclût de la synagogue. Et cela fut tel, nous rapporte l'Évangile, que certains chefs des Juifs, qui croyaient dans le Christ, craignaient pour cela de le confesser publiquement. C'est cette exclusion que le Seigneur annonce à ses disciples - Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et lorsqu'ils vous excluront et qu'ils insulteront et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l'homme.

2072. Mais était-ce vraiment un mal pour les Apôtres, d'être exclus de la synagogue des Juifs, puisqu'ils allaient eux-mêmes s'en retirer ?

Répondons avec Augustin que leur tribulation consistait en ce que le Seigneur laissait ainsi entendre que les Juifs ne recevraient pas le Christ. Car, s'ils l'avaient reçu, la synagogue des Juifs aurait été identique à l'Église du Christ ; et ceux qui se convertiraient à l'Église du Christ seraient convertis à la synagogue des Juifs.

2073. Il s'agit là de la mise à mort. On peut assurément recevoir ces paroles comme destinées à consoler les disciples, le MAIS étant pris dans un sens d'opposition, ce qui signifie alors : Vous devez pour ainsi dire vous consoler de ce qu'ils vous feront, parce que L'HEURE Mais quelle consolation pouvait-il y avoir pour eux à ce que quiconque les tue croie RENDRE HOMMAGE À DIEU ?

À cela il faut répondre, selon Augustin, que l'affirmation ILS VOUS EXCLURONT DES SYNAGOGUES donnait à entendre que ceux qui se convertiraient au Christ devraient aussitôt être tués par les Juifs. Aussi, pour les consoler, le Seigneur leur dit qu'expulsés des assemblées des Juifs, ils allaient gagner au Christ un tel nombre de personnes qu'on ne pourrait pas les détruire. Et pour cela on chercherait à les mettre à mort, de peur qu'ils ne convertissent tout le monde au nom du Christ, par leur prédication.

Ou bien on doit répondre qu'en cela le Seigneur leur a annoncé la tribulation de leur mise à mort.

2074. Le Seigneur dit toutefois qu'on CROIRA RENDRE HOMMAGE À DIEU, et non pas « aux dieux » ; pour donner à entendre qu'il s'agit seulement de la persécution venant des Juifs - Voici que moi j'envoie vers vous des prophètes., et des sages, et des scribes. Vous en tuerez et crucifierez . Les martyrs du Christ, en effet, ont été tués par les Gentils, mais ceux-ci cependant n'ont pas cru rendre hommage à Dieu, mais seulement à leurs dieux. Or si les Juifs, en tuant les prédicateurs du Christ, estimaient rendre hommage à Dieu, c'est parce qu'ils avaient pour Dieu un zèle, mais qui n'était pas éclairé par la connaissance ; car ils croyaient que quiconque se convertissait au Christ abandonnait le Dieu d'Israël. Parlant de cette mise à mort, le psaume dit : C'est à cause de toi qu'on nous met à mort tout le jour ; nous sommes considérés comme des brebis d'abattoir.

2075. Ici, le Seigneur précise la raison de ce qui a été dit : d'abord la raison de la persécution qui va survenir, puis la raison de l'annonce qu'il en fait [n° 2077].

2076. Il dit donc : Ils vous persécuteront, ET ILS VOUS FERONT CES CHOSES non pas par zèle de la vérité, mais PARCE QU'ILS NE CONNAISSENT NI LE PÈRE, c'est-à-dire en tant qu'il est Père, NI MOI, son Fils - Si vous me connaissiez, vous connaîtriez peut-être aussi mon Père . - Moi qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur, insolent, j'ai obtenu miséricorde de Dieu parce que j'avais agi par ignorance, dans l'incrédulité.

2077. Mais on pourrait dire aux disciples : Si c'est par ignorance de la foi que les Juifs vont vous persécuter, pourquoi donc le Seigneur vous l'a-t-il prédit ? Aussi le Seigneur explique pourquoi il l'a annoncé, puis pourquoi il a tardé à l'annoncer [n° 2079].

2078. On dit que l'heure de certaines personnes vient lorsqu'elles peuvent accomplir ce qu'elles désirent, et faire ce qu'elles veulent - Ne laissons pas passer la fleur de l'âge, de l'âge qui nous permet de réaliser nos volontés. Elle viendra donc, l'heure des Juifs, lorsqu'ils pourront mettre en œuvre leurs persécutions contre vous. Mais cette heure est une heure nocturne - C'est votre heure et le pouvoir des ténèbres \

Ceci est efficace de deux manières. D'abord, lorsqu'au milieu des tribulations les disciples se souvinrent que le Christ les leur avait prédites, ils reconnurent sa divinité et se confièrent davantage en son secours. Et aussi parce que, lorsqu'on prévoit les tribulations qui vont nous arriver, on en est moins affecté, car les traits [qu'on nous lance], aperçus à l'avance, blessent moins. Cicéron en précise la raison dans Les Tusculanes : plus on connaît les biens et les maux temporels, plus on les estime de peu d'importance. Les hommes, en effet, estiment davantage les richesses quand ils n'en ont pas que lorsqu'elles sont en leur possession. De même pour les tribulations, avant qu'elles surviennent on les redoute et on les croit plus éprouvantes que lorsqu'elles surviennent et sont présentes. Quant au mal, lorsqu'on y pense à l'avance, il en devient comme présent, et du fait de cette présence est tenu pour moindre . C'est pourquoi Cicéron dit que le sage, en se préparant par la réflexion, peut trouver une consolation à une tristesse future, tristesse que les autres reçoivent avec le poids constant d'une tristesse imminente.

Ainsi donc, si le Seigneur annonce aux disciples leurs tribulations, c'est pour une double raison : pour affermir leur espérance en son secours, et pour atténuer leur tristesse .

2079. À présent le Seigneur donne la raison pour laquelle il ne leur a pas prédit cela plus tôt : PARCE QUE J'ÉTAIS AVEC VOUS.

Cela peut se rapporter aux deux raisons précédentes. D'abord pour affermir leur espérance, car « lorsque j'étais avec vous, confiants en mon secours, vous ne doutiez pas ; mais bientôt, quand vous me verrez mourir, vous pourrez douter de ma puissance. Aussi est-il nécessaire que je vous annonce les événements à venir, pour que par eux vous reconnaissiez ma divinité et ma puissance ».

Cela peut se rapporter aussi à la seconde raison ; le sens est alors le suivant : J'ÉTAIS AVEC VOUS, vous protégeant et prenant sur moi tout poids - Père, lorsque j'étais avec eux, moi, je les gardais. Mais parce que je vais m'éloigner de vous, tout le poids de la tribulation vous restera ; aussi faut-il que ces tribulations ne vous arrivent pas à l'improviste.

2080. Toutefois, d'après le récit des trois autres Évangélistes, il semble qu'avant cette heure le Seigneur avait déjà fait une prédiction : avant ce moment-là, il avait prédit aux disciples qu'ils devraient comparaître devant des rois et des gouverneurs, et être flagellés dans les synagogues des Juifs.

On doit répondre que cela ne contredit pas ce que dit le Seigneur : JE NE VOUS L'AI PAS DIT DÈS LE COMMENCEMENT, puisque [selon ces mêmes Évangélistes] le Seigneur a dit cela au mont des Oliviers, ce qui eut lieu alors que sa Passion était imminente, trois jours avant qu'il vînt pour la Cène. Aussi l'expression DÈS LE COMMENCEMENT ne se réfère-t-elle pas au temps de la Passion, mais aux premiers moments où il fut avec ses disciples, comme le dit Augustin.

2081. Mais Matthieu dit autrement : il dit que le Seigneur a annoncé à ses disciples les tribulations qui allaient s'abattre, non seulement alors que sa Passion était imminente, mais dès le commencement, quand il choisit les Douze - Voici, dit-il, que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.

À cela il faut répondre que l'affirmation : JE NE VOUS L'AI PAS DIT DÈS LE COMMENCEMENT, ne doit pas s'entendre seulement des tribulations qui vont survenir, mais également de la venue de l'Esprit Saint, qu'il ne leur avait pas prédit dès le commencement, ainsi que le dit Augustin.

Ou bien disons, selon Chrysostome, que cela doit s'entendre des tribulations. Donc, ce qu'il dit : DÈS LE COMMENCEMENT, il le dit à cause de deux aspects nouveaux qu'il vient de leur prédire : l'un, c'est qu'ils allaient souffrir des tribulations de la part des Juifs, ce qu'il ne leur avait pas dit auparavant - il leur avait seulement dit qu'ils souffriraient de la part des Gentils -, comme il apparaît clairement au même chapitre de Matthieu. L'autre, qu'il leur avait prédit précédemment, c'est qu'ils souffriraient la flagellation ; mais il ajoute ici un aspect qui pouvait les frapper de stupeur : c'est que leur mort serait considérée comme un hommage rendu à Dieu.

B. LA CONSOLATION PAR RAPPORT A SON DEPART

2082. Précédemment, le Seigneur a expliqué les raisons données aux disciples pour les consoler face aux tribulations qui allaient leur advenir. Ici il explique les raisons données pour les consoler de son départ ; or [au chapitre 14], il les en a consolés par trois raisons. Premièrement, parce qu'ils auront accès auprès du Père, accès qu'il avait promis ; il disait alors : Que votre cœur ne se trouble pas (...). Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. Deuxièmement, à cause du Paraclet qu'il allait leur envoyer ; aussi disait-il : Et moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet. Troisièmement, parce qu'à nouveau ils verront le Christ, ce qu'il affirmait en ces termes : Je ne vous laisserai pas orphelins : je viendrai vers vous. Ces trois raisons, il les explique ici, mais selon l'ordre inverse : en premier lieu, la promesse de l'Esprit Paraclet ; puis la promesse de le voir de nouveau [n° 2116] ; enfin, l'introduction auprès du Père [n° 2135].
Louis-Claude Fillion
Dès le commencement : aussitôt après leur vocation à l'apostolat (15, 25). D'assez bonne heure, cependant, et à différentes reprises N.-S. Jésus-Christ avait annoncé aux disciples les souffrances qu'ils auraient à endurer pour lui. Cf. Matth. 5, 10, et ss. ; 10,16, et ss. ; Luc. 6, 22-23, etc. Mais alors il parlait seulement de l'avenir en général, et les apôtres avaient à peine remarqué ces prédictions douloureuses, tant leurs espérances messianiques étaient brillantes soit pour leur Maître, soit pour eux-mêmes : en ce moment la prophétie est nette, catégorique ; il n'y a pas d'erreur possible. De plus, au côté triste se joint ici la consolante promesse du Paraclet. Le Seigneur exprime donc vraiment des choses neuves sous divers aspects, et c'est à tort que les rationalistes ont essayé de mettre ce passage en contradiction avec ceux des synoptiques que nous venons de citer. - Parce que j’étais avec vous. Détail touchant. Aussi longtemps que Jésus était avec ses disciples, ceux-ci n'avaient rien à craindre, car sa douce et divine présence suffisait pour les réconforter : il n'était donc pas nécessaire qu'il insistât d'avance sur les persécutions de l'avenir.

C'est ici que commence, et très justement, le v. 5 dans le texte grec. Il inaugure une nouvelle série de pensées, que S. Thomas appelle « les raisons qui consolaient de l’éloignement du Seigneur », et que nous avons intitulée plus haut : La venue et l’œuvre de l'Esprit saint (vv. 5-15). Nous trouvons en tête une idée générale, vv . 5b-7 ; après quoi, le monde et le collège apostolique sont présentés tour à tour (vv. 8-11, 12-15) comme une double sphère d'activité pour l'Esprit saint. Le v. 7 contient l'idée principale du prélude (vv. 5b-7) ; les vv. 5b-6 sont une transition. - Et maintenant. Expression solennelle. La particule établit une forte antithèse entre le prochain départ de Notre-Seigneur (« je vais ») et les années qu'il avait passées auprès de ses apôtres (« j’étais avec vous »). - A celui qui m’a envoyé. il s'en retourne au ciel, sa mission d'ambassadeur étant achevée sur la terre. - Et (et pourtant) aucun de vous ne me demande : Où allez- vous ? C'est la question si naturelle des enfants, des amis, au père ou à l'ami qui leur fait part d'un projet de voyage. Sans doute, au début du discours, deux apôtres l’avaient coup sur coup posée à Jésus dans le cénacle (S. Pierre, 13, 36, et S. Thomas, 14, 5), mais d'une manière tout extérieure et superficielle, car ils n'avaient désiré connaître que le terme de son voyage mystérieux. Or, le Sauveur aurait voulu qu'ils la réitérassent maintenant (notez l'emploi du présent, « demande ») avec des vues plus hautes, et d'après le sens plus profond qu'ils pouvaient entrevoir à la suite de ses explications. « Comme s'il disait : Vous ne songez point où je vais ; en quel lieu, à quelle gloire, à quelle félicité ; mais sans songer où je vais et ce que je vais y faire, vous vous affligez. En quoi il les reprend secrètement du peu d'attention qu'ils ont à ce qu'il fait, et du peu d'amour qu'ils ont pour lui, puisqu'ils ne songent qu'à eux-mêmes, et ne s'occupent que de leur tristesse ». Bossuet, Médit. sur l’Évangile, 2e partie, 18e jour. Voyez aussi Cornelius a Lapide, h. l. « Jésus aurait aimé trouver en ce moment chez eux le joyeux élan de cœurs qui s'ouvrent aux perspectives d'une époque nouvelle, et qui ne tarissent pas en confiantes questions sur ce qu'il leur promet » (Godet, d'après Hengtenberg).