Jean 16, 6
Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur.
Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur.
En ce qui concerne cette promesse, le Seigneur montre d'abord la nécessité d'une consolation, puis il présente cette consolation [n° 2086].
La nécessité d'une consolation.
Ici, le Seigneur annonce son départ ; puis il montre l'effet de cette annonce [n° 2085].
2083. Il se retire donc, en allant vers son Père, et c'est pourquoi il dit : J'étais avec vous, jusqu'à présent, mais MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ, c'est-à-dire le Père : ce qui est en vérité la perfection. Chaque réalité, en effet, trouve sa perfection lorsqu'elle retourne à son principe - Le temps est venu pour moi de retourner auprès de celui qui m'a envoyé*. - Vers le lieu d'où ils sortent, les fleuves retournent pour de nouveau couler. C'est dans son humanité qu'il allait vers Celui auprès de qui, de toute éternité, il était dans sa divinité. Cela, on l'a expliqué d'une manière plus étendue dans ce qui précède.
2084. Mais il ajoute : AUCUN D'ENTRE VOUS NE M'INTERROGE : OÙ VAS-TU ? Mais pourquoi dit-il cela ? Pierre ne l'a-t-il pas interrogé précédemment : Seigneur, où vas-tu ?, ainsi que Thomas : Nous ne savons pas où tu vas ?
À cette question, Chrysostome et Augustin répondent, mais de manières différentes. Chrysostome dit en effet que les disciples, en entendant qu'ils devaient être mis à mort et exclus des synagogues, furent tellement attristés et frappés de stupeur que, ayant comme oublié le départ du Christ et perdant presque la parole, ils ne l'interrogeaient pas à propos de son départ. Aussi le Christ enchaîne-t-il : MAIS PARCE QUE JE VOUS AI DIT CES CHOSES, LA TRISTESSE A REMPLI VOTRE CŒUR. Et Chrysostome affirme qu'en disant ainsi : ET MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ, le Seigneur leur fait davantage un reproche. Et c'est pourquoi ils ne l'interrogeaient pas - Interroge ton père, et il te l'annoncera. — [La sagesse], recherche-la, et elle te sera manifestée.
Augustin, lui, veut que l'affirmation : MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ ne soit pas pour l'instant même où le Seigneur parlait, mais pour le temps où il allait monter au cie1. Comme s'il disait : Précédemment vous m'avez demandé où j'allais, mais maintenant je m'en vais de telle manière qu'il n'est pas nécessaire que l'un de vous m'interroge : OÙ VAS-TU ? Car selon les Actes, sous leurs regards il fut élevé .
2085. Par ces mots le Seigneur montre la tristesse qui est, selon Chrysostome, l'effet de cette annonce. Selon Augustin, c'est de son départ qu'ils s'attristent ; car ils trouvaient leur joie dans la présence du Christ, étant d'une certaine manière attachés d'une affection terrestre à son aspect (species) humain, comme l'homme trouve sa joie dans la présence de l'ami ; c'est pour cela qu'ils s'attristaient de son départ - Au soir de la Passion, seront réservés les pleurs chez les Apôtres, et au matin de la Résurrection la joie.
Cependant, s'il est humain que la tristesse touche le cœur, il est vicieux qu'elle le remplisse parce qu'alors la raison en est troublée ; aussi dit-il, comme pour les reprendre : LA TRISTESSE A REMPLI VOTRE CŒUR - Ne livre pas ton âme à la tristesse. - Que votre cœur ne se trouble pas .
La consolation par la promesse de l'Esprit Saint.
2086. Ici, le Seigneur donne la raison de la consolation qui est la promesse de l'Esprit Saint. D'abord il promet l'Esprit Saint, puis il annonce son effet [n° 2091].
2087. Au sujet de la promesse de l'Esprit Saint, le Seigneur montre en premier lieu la nécessité de son départ, puis l'utilité de ce départ.
Il dit donc : LA TRISTESSE - sous-entendu : de mon départ - A REMPLI VOTRE CŒUR ; mais vous devez plutôt vous réjouir, parce qu'IL EST BON POUR VOUS QUE MOI JE M'EN AILLE, c'est-à-dire : cela vous est grandement nécessaire, CAR SI JE NE PARS PAS, LE PARACLET NE VIENDRA PAS VERS VOUS. De même, c'est pour vous fécond et Utile, car SI JE PARS, JE VOUS L'ENVERRAI, à savoir l'Esprit Saint.
2088. Mais le Christ n'aurait-il pas pu donner l'Esprit Saint lorsqu'il vivait dans la chair ? Il faut répondre que si, puisque l'Esprit Saint est même descendu sur lui lors de son baptême sous la forme d'une colombe et ne l'a jamais quitté, puisqu'il l'a reçu sans mesure dès l'instant de sa conception. Mais il n'a pas voulu le donner aux disciples lorsqu'il était avec eux, pour quatre raisons.
Premièrement parce qu'ils n'étaient pas disposés à cela ; car l'Esprit Saint étant amour spirituel, l'amour terrestre (carnalis) lui est contraire. Or les disciples étaient attachés à l'humanité du Christ d'un amour terrestre (carnalis), et n'avaient pas encore été élevés jusqu'à sa divinité par un amour spirituel ; et c'est pourquoi ils n'étaient pas encore capables de l'Esprit Saint : Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair - c'est-à-dire selon l'affection terrestre - et si nous avons connu le Christ selon la chair - à savoir le Christ avant sa Passion - maintenant ce n'est plus ainsi que nous le connaissons.
Deuxièmement à cause de la condition du secours divin : c'est dans les nécessités qu'il est le plus présent - Le Seigneur s'est fait refuge pour le pauvre, son aide aux moments opportuns, dans la tribulation ; et encore : Puisque mon père et ma mère m'ont abandonné, le Seigneur, lui, m'a pris avec lui. Or tant que le Christ était avec eux, il était pour eux une aide suffisante ; mais avec son départ ils se trouvaient exposés à de nombreuses tribulations, et c'est pour cela qu'il leur a été donné aussitôt un autre Consolateur pour les aider. Aussi le Seigneur dit-il expressément : Et il vous donnera un autre Paraclet. - A qui enseignera-t-il la science ? A qui fera-t-il comprendre ce qui aura été entendu ? A des enfants à peine sevrés, qui viennent de quitter le sein .
Troisièmement, en considération de la dignité du Christ : car selon Augustin dans son traité sur La Trinité, le Christ en tant qu'homme n'a pas à donner l'Esprit Saint, c'est en tant que Dieu qu'il le donne . Or quand il était avec les Apôtres, il semblait être comme un homme, l'un d'entre eux. Il ne l'a donc pas donné avant son Ascension, pour qu'on ne puisse pas penser qu'un homme donnerait l'Esprit Saint- L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. - Du trône de ta grandeur, envoie-la [la Sagesse].
Quatrièmement, pour sauvegarder l'unité de l'Église. Car, comme il a été dit plus haut, Jean n'a fait aucun signe, pour que le peuple ne se divise pas à l'égard du Christ, et pour qu'apparaisse avec plus d'évidence l'éminence du Christ par rapport à Jean. Les disciples, quant à eux, devaient être remplis de l'Esprit lui-même pour faire des œuvres plus grandes que celles que le Christ a faites - Celui qui croit en moi fera lui-même aussi les œuvres que moi je fais ; et il en fera de plus grandes ; c'est pourquoi, si l'Esprit leur avait été donné avant la Passion, le peuple aurait pu mettre en doute qui était le Christ, et il y aurait eu ainsi division au sein du peuple - Montant dans les hauteurs (...), il a donné des dons aux hommes.
2089. Selon Chrysostome, on peut tirer de là un argument contre les macédoniens, qui disent que l'Esprit Saint est une créature, et ministre du Père et du Fils. Car s'il en était ainsi, l'avènement de l'Esprit Saint ne serait pas une consolation à l'égard du départ du Christ, de même que ce ne serait pas une consolation suffisante au départ d'un roi si on mettait à sa place l'un de ses ministres. C'est donc parce que l'Esprit Saint est égal au Fils que le Seigneur les console par la promesse de l'Esprit Saint.
2090. Mais si le Fils et l'Esprit Saint sont égaux, pourquoi est-il bon que le Fils s'en aille pour que vienne l'Esprit Saint ? C'est parce qu'il s'en allait corporellement, et qu'en même temps que l'Esprit Saint il venait invisiblement. Car si le Fils avait habité invisiblement et disait : « II est bon que je m'en aille, parce que l'Esprit Saint viendra », l'Esprit Saint serait considéré comme plus grand que lui.
2091. Précédemment, le Seigneur a consolé les Apôtres en leur promettant l'Esprit Saint ; à présent il montre l'utilité de la venue de l'Esprit Saint pour eux. Et il montre trois aspects de cette utilité : pour le monde, pour les disciples et pour le Christ.
Pour le monde parce que l'Esprit Saint, en venant, convaincra le monde ; pour les disciples, parce qu'il les instruira [n° 2099] ; pour le Christ, parce qu'il le glorifiera [n° 2105].
L'Esprit Saint convaincra le monde
Le Christ expose donc d'abord l'utilité de la venue de l'Esprit Saint pour le monde ; puis il l'explique [n° 2095].
2092. Il dit donc : IL EST BON POUR VOUS QUE MOI JE M'EN AILLE, parce que je vous enverrai l'Esprit Saint, ET QUAND IL SERA VENU, IL CONVAINCRA LE MONDE AU SUJET DU PÉCHÉ, ET DE LA JUSTICE, ET DU JUGEMENT. Il y a deux manières de lire cela : celle d'Augustin et celle de Chrysostome [n° 2098].
2093. Selon Augustin, de cette manière : QUAND IL, c'est-à-dire l'Esprit Saint, SERA VENU, IL CONVAINCRA (arguet), c'est-à-dire reprendra (reprehendet) LE MONDE - Reprends le sage, et il t'aimera.
Mais le Christ n'a-t-il pas lui aussi convaincu le monde ? Certes, il l'a convaincu auparavant : Vous êtes issus du diable, votre père ; et, selon Matthieu, lorsqu'il a dit beaucoup de choses contre les pharisiens et les scribes. Pourquoi donc dit-il : IL CONVAINCRA, comme si lui-même n'avait pas convaincu ? On pourrait peut-être dire que le Christ a convaincu seulement les Juifs, tandis que l'Esprit Saint, dans les disciples et par eux, a convaincu le monde entier. Mais à cela s'oppose le fait que le Christ parle dans les Apôtres et par eux, comme l'Esprit Saint : Vous cherchez à tester celui qui parle en moi, le Christ ?
À cela il faut répondre que si le Seigneur a dit : IL CONVAINCRA LE MONDE, c'est parce que l'Esprit, en pénétrant invisiblement vos cœurs, répandra en eux la charité par laquelle, toute crainte chassée, vous aurez autorité pour convaincre. En effet, tant que les disciples étaient attachés au Christ d'une manière terrestre (carnalis), l'Esprit Saint n'était pas en eux, comme nous l'avons dit, de la manière dont il y fut par la suite ; et c'est pourquoi ils n'étaient pas aussi audacieux qu'ils le furent après sa venue - Par le souffle de sa bouche, toute force des deux, c'est-à-dire des Apôtres, a été affermie. - L'Esprit de Dieu revêtit Zacharie.
Également, IL CONVAINCRA LE MONDE parce qu'en emplissant les cœurs qui avaient été autrefois mondains, il les a fait se reprendre - J'examinerai mes voies en sa présence. Et cela, c'est l'Esprit Saint qui le fait : Renouvelle en mon sein un esprit droit.
2094. Mais de quoi convaincra-t-il ? De trois choses. Au sujet DU PÉCHÉ qu'ils ont commis - Dénonce à mon peuple ses forfaits, à la maison de Jacob ses péchés . Et cela, les Apôtres l'ont fait - Par toute la terre a retenu leur voix. De même, au sujet DE LA JUSTICE, qu'ils ont négligée - IL· n'ont pas accompli la justice. Et cela aussi les Apôtres l'ont fait - II n'y a pas de juste, pas un seul, dit saint Pau1. Enfin au sujet DU JUGEMENT, qu'ils ont méprisé ; car comme le disent les Proverbes, l'impie, une fois arrivé à un abîme de péchés, méprisera. - II a méprisé mes jugements, au point d'être plus impie que les païens .
2095. À présent le Seigneur explique ce qu'il a dit, d'abord AU SUJET DU PÉCHÉ, et cela PARCE QU'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI – L'Esprit Saint convainc seulement du péché d'incroyance, car par la foi tous les autres péchés sont remis. Selon Matthieu, au jugement dernier le Seigneur n'impute aux damnés que le manque de miséricorde, parce que par la miséricorde tous les péchés sont purifiés. Il en va de même ici, parce que lorsque l'incroyance demeure, tous les autres péchés sont retenus, et lorsqu'elle disparaît ils sont remis .
Il dit bien : PARCE QU'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, et non pas : « Ils n'ont pas cru à moi » ni : « Ils ne m'ont pas cru », parce que les démons croient que le Christ existe, et ils se mettent à trembler. Mais ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, avec une foi formée par l'espérance et l'amour.
2096. En second lieu, l'Esprit Saint convainc le monde AU SUJET DE LA JUSTICE, et cela PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE ET VOUS NE ME VERREZ PLUS. On peut expliquer cela de deux manières, selon qu'il s'agit de la justice du Christ ou de celle des Apôtres.
En ce qui concerne la justice des Apôtres, AU SUJET DE LA JUSTICE est à comprendre ainsi : au sujet de notre justice, qu'ils [ceux du monde] n'ont pas imitée - je veux dire : la justice provenant non pas de la Loi, mais de la foi - Maintenant a été manifestée (...) la justice de Dieu, par la foi en Jésus Christ. La foi porte sur les réalités invisibles, selon l'Épître aux Hébreux ; or il y avait quelque chose que les disciples voyaient, son humanité, et quelque chose qu'ils ne voyaient pas, sa divinité, mais cela il le leur promet en récompense - Celui qui m'aime (...), je me manifesterai moi-même à lui. Au sujet du Christ, les disciples avaient donc la foi quant à sa divinité seulement ; mais quand l'humanité du Christ leur fut retirée, leur foi porta alors sur les deux. Voilà pourquoi, selon le commentaire d'Augustin , le Seigneur dit : PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE, ET VOUS NE ME VERREZ PLUS, autrement dit : Vous, vous croyez en moi selon ma divinité, mais PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE VOUS croirez en moi aussi quant à mon humanité. Et cette justice de la foi, le monde, assurément, ne l'imite pas.
Mais le Seigneur dit : ET VOUS NE ME VERREZ PLUS : non pas qu'ils ne puissent plus jamais le voir, mais parce qu'ils ne le verraient plus dans cette chair mortelle. Ils l'ont vu après sa Résurrection, mais vivant d'une existence immortelle ; ils le verront aussi lors du jugement, mais venant dans sa majesté.
En ce qui concerne la justice du Christ, voici comment [l'ouvrage d'Augustin] Les Paroles du Seigneur explique cette parole. Les Juifs n'ayant pas voulu reconnaître que le Christ était juste - Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur -, il les convaincra de cette justice en disant : PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE. En effet, le fait même que j'aille vers le Père relève de ma justice. Car si la venue du Christ relevait de la miséricorde, son Ascension lui était due selon la justice - Il s'est abaissé (...). C'est pourquoi Dieu l'a exalté.
2097. En troisième lieu, l'Esprit Saint convainc le monde au sujet DU JUGEMENT ; et cela PARCE QUE LE PRINCE DE CE MONDE, à savoir le diable, qui est prince du monde, c'est-à-dire de ceux qui sont du monde non pas selon la création mais en se laissant séduire et en l'imitant - Ils l'imitent, ceux qui sont de son parti. - C'est lui qui est le roi de tous les fils de l'orgueil^ -, parce que ce prince, disions-nous, A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ, c'est-à-dire expulsé au-dehors - C'est maintenant le jugement du monde, c'est-à-dire, en faveur du monde, c'est maintenant que le prince de ce monde sera jeté dehors . Et il parle ainsi pour éliminer l'excuse de ceux qui se disculpent de leur péché en raison de la tentation du diable, comme s'il disaitOn ne peut pas les excuser, parce que le diable a été chassé du cœur des croyants par la grâce, par la foi au Christ et par l'Esprit Saint, si bien qu'il ne tente plus de l'intérieur comme avant, mais seulement de l'extérieur par les tentations que Dieu lui permet d'exercer, et c'est pourquoi ceux qui veulent adhérer au Christ peuvent lui résister. C'est ainsi que de faibles femmes ont vaincu le diable alors que des hommes très forts se sont laissé dominer par lui. Le monde est donc convaincu au sujet de ce JUGEMENT parce qu'il est vaincu par le diable lorsqu'il ne veut pas résister, et qu'en consentant au péché il fait revenir celui qui avait été expulsé loin de lui - Que le péché ne règne pas dans votre corps mortel.
Selon une autre interprétation, Augustin, dans le même ouvrage, dit que : A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ s'entend du jugement de condamnation ; autrement dit, le diable a déjà été condamné, et donc aussi tous ceux qui adhèrent à lui - Allez, maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges. Le monde lui aussi est convaincu au sujet du jugement car, sachant que le prince de ce monde a été condamné, il n'échappe pas non plus à ce jugement, mais il est jugé avec son prince puisqu'il imite son orgueil et son impiété.
2098. Selon Chrysostome le texte, depuis le début, s'explique autrement : QUAND l'Esprit Saint SERA VENU, IL CONVAINCRA (arguet), c'est-à-dire confondra (convincet) LE MONDE AU SUJET DU PÉCHÉ, autrement dit l'Esprit Saint lui-même sera comme l'accusateur du monde - Dieu y joignant son témoignage par des signes et prodiges, et par des miracles divers et des communications d'Esprit Saint selon sa volonté*. Et au sujet de ce PÉCHÉ, il montrera qu'ils ont péché gravement du fait qu'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, lorsqu'ils verront que l'Esprit Saint sera donné en mon nom aux fidèles - Nous en sommes témoins, nous et l'Esprit Saint, que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent.
L'Esprit Saint convaincra aussi au sujet DE LA JUSTICE, c'est-à-dire de celle que moi je possède, mais que le monde ne m'a pas reconnue ; et cela PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE et que je vous enverrai l'Esprit, c'est-à-dire celui qui montrera que je suis juste et que j'ai mené une vie irréprochable - Le Paraclet que moi je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, c'est lui qui rendra témoignage à mon sujet. C'est bien ce qui est dit dans le psaume : le Christ, une fois monté dans les hauteurs, a donné des dons aux hommes .
L'Esprit Saint convaincra enfin au sujet DU JUGEMENT, PARCE QUE LE PRINCE DE CE MONDE A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ, du fait même qu'il est jugé par l'Esprit Saint, c'est-à-dire expulsé du cœur des fidèles - Les prophètes et l'esprit d'impureté, je les expulserai du pays .- Nous, nous n'avons pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'esprit qui vient de Dieu . Et au sujet de ce jugement il convaincra le monde, parce qu'ils ont jugé à tort que le Christ avait un démon et qu'il chassait les démons par Béelzéboul ; de cela ils seront convaincus parce que l'Esprit Saint, que moi j'enverrai, condamnera le démon lui-même et le jettera dehors.
°
L'Esprit Saint instruira les disciples
2099. Par ces mots le Seigneur expose l'utilité de l'avènement de l'Esprit Saint pour les disciples, à savoir leur instruction. En premier lieu, il met en avant la nécessité de leur instruction, puis il promet cette instruction [n° 2102] ; enfin il écarte un doute [n° 2103].
2100. Il dit donc : L'avènement de l'Esprit Saint sera utile au monde, puisqu'il le convaincra, mais à vous aussi il sera utile pour votre instruction. Et vous avez besoin de cette instruction, parce que J'AI ENCORE BEAUCOUP DE CHOSES À VOUS DIRE, MAIS VOUS NE POUVEZ PAS LES PORTER MAINTENANT. Autrement dit : Moi, je vous ai instruits, mais vous n'êtes pas encore comblés - Voici ce qui a été dit d'une partie de ses paroles ; et si c'est avec peine que nous avons entendu une petite goutte de ses paroles, qui pourra contempler l'éclat du tonnerre de sa grandeur ? Mais qu'est ce BEAUCOUP qu'ils ne peuvent pas porter ? Il est stupide de s'en enquérir, comme le dit Augustin, car si eux-mêmes ne pouvaient pas le porter, nous le pouvons encore bien moins !
2101. Mais divers hérétiques se servent de cette affirmation : VOUS NE POUVEZ PAS LES PORTER MAINTENANT pour voiler leur erreur, en disant dans l'ombre à leurs partisans des choses tout à fait honteuses qu'ils n'oseraient pas dire au grand jour ; comme si c'était là ce que les disciples ne pouvaient pas alors porter, et que l'Esprit Saint avait enseigné ce que l'esprit de l'homme a honte d'enseigner et de prêcher ouvertement.
Il ne faut donc pas comprendre ici que l'on taise aux plus petits des croyants certains secrets de doctrine qu'on devrait dire en privé aux plus grands : c'est à tous les croyants qu'on expose ce qui relève de la foi - Ce que vous entendez à l'oreille, proclamez-le sur les toits. Toutefois il y a une manière d'exposer aux gens incultes, et une autre aux gens cultivés. Ainsi, ce qu'il y a de subtilités dans le mystère de l'Incarnation ou d'autres mystères ne doit pas être exposé aux gens incultes car, ne pouvant pas comprendre, ils seraient scandalisés. Le Seigneur exposa donc aux disciples tout ce qui relevait de la foi, mais pas de la manière dont il le révéla ensuite, surtout dans la vie éternelle.
Ainsi, donc, les choses qu'ils ne pouvaient pas porter sont remplies de la connaissance des réalités divines, qu'ils n'avaient pas alors : par exemple, l'égalité du Fils avec le Père et autres choses de cette sorte. Aussi Paul dit-il : Il entendit des paroles secrètes, qu'il n'est pas permis à l'homme de dire ; ces paroles ne se rapportaient pas à une vérité autre que celle de la foi, mais elles s'y rapportaient d'une manière plus profonde. Ce qu'ils ne pouvaient pas encore porter, c'est aussi l'intelligence spirituelle de toutes les Écritures, qu'ils n'avaient pas à ce moment-là mais qu'ils eurent quand le Christ leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. Et c'était encore les souffrances et les dangers qu'ils allaient endurer, ce dont ils n'étaient alors pas capables parce que leur esprit était faible - Courbe ton épaule, et porte-la [la sagesse, comme ton joug]. L'instruction leur était donc nécessaire.
2102. Ici le Seigneur leur promet l'instruction qu'ils recevront par la venue de l'Esprit Saint, qui leur ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE. En effet, puisqu'il est de la Vérité, il lui appartient d'enseigner la vérité et de rendre [les autres] semblables à son principe [la Vérité]. Et le Christ dit : LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, c'est-à-dire la vérité de la foi, que l'Esprit nous enseignera par une certaine élévation de notre intelligence en cette vie, et enfin de manière plénière dans la vie éternelle où nous connaîtrons comme nous sommes connus- L'onction vous enseignera tout. On pourrait aussi comprendre LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE des figures de la Loi, vérité que les disciples ont acquise grâce à l'Esprit Saint. C'est ainsi que Daniel dit que le Seigneur a donné sagesse et intelligence aux quatre jeunes gens.
2103. Ici, le Seigneur écarte un doute qui pouvait exister. Si l'Esprit Saint doit instruire les disciples, il semble qu'il soit plus grand que le Christ. Mais il n'en est pas ainsi, puisqu'il les instruira par le pouvoir (virtus) du Père et du Fils ; CAR IL NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME, mais de moi (a me), puisque c'est de moi qu'il sera. En effet, de même que le Fils n'opère pas de lui-même parce qu'il n'est pas de lui-même mais du Père, de même l'Esprit Saint, parce qu'il est d'un autre (ab alio), c'est-à-dire du Père et du Fils, NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME ; MAIS TOUT CE QU'IL ENTENDRA en recevant la science comme il reçoit l'essence de toute éternité, IL LE DIRA, non pas de manière sensible, mais intérieurement, en illuminant intérieurement l'esprit - Je la conduirai dans la solitude et je parlerai à son cœur. -J'écouterai ce que dit en moi le Seigneur Dieu .
2104. Mais puisque l'Esprit Saint a entendu de toute éternité, pourquoi le Christ dit-il : IL ENTENDRA, au futur ? Là il faut dire que l'éternité inclut tout le temps, et c'est pourquoi on peut dire de l'Esprit Saint, qui entend de toute éternité, qu'il entend, ou a entendu, ou entendra .
Cependant, si parfois on emploie le futur (il entendra), c'est parce que ces réalités dont il a connaissance sont des réalités à venir. Donc TOUT CE QU'IL ENTENDRA, IL LE DIRA en ce sens qu'il enseignera non seulement les réalités éternelles, mais aussi les réalités futures ; aussi le Seigneur ajoute-t-il : ET CE QUI VA VENIR, IL VOUS L'ANNONCERA, ce qui est le propre de la divinité - Les signes et les prodiges, elle [la Sagesse] les sait avant qu'ils ne se réalisent. - Annoncez-nous ce qui viendra plus tard ; et nous saurons que vous êtes des dieux. Et cela est propre à l'Esprit Saint - Je répandrai de mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront ; or les Apôtres eurent l'esprit de prophétie.
Ou bien l'Esprit ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, c'est-à-dire celle des préfigurations . Mais afin qu'ils ne doutent pas de la manière dont ils vont connaître les tribulations futures qu'il leur a annoncées, il ajoute : ET CE QUI VA VENIR, sous-entendu sur VOUS, IL VOUS L'ANNONCERA.
L'Esprit Saint glorifiera le Christ
2105. Précédemment, on a montré un double fruit de la venue de l'Esprit Saint : le fait de convaincre le monde et l'instruction des disciples ; l'Évangéliste nous donne à présent le troisième fruit : la glorification du Christ. Le Seigneur commence donc par mettre en avant ce finit qu'est la glorification, puis il donne la raison de cette glorification [n° 2107] ; enfin, il explicite cette raison [n° 2109].
2106. Il dit donc de l'Esprit Saint : IL VOUS ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, parce que LUI, IL ME GLORIFIERA, moi en qui existe toute la vérité - Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. - Le Christ, en qui se trouvent tous les trésors de la sagesse et de la science (...) .
IL ME GLORIFIERA, c'est-à-dire il rendra claire la connaissance qu'on a de moi. Premièrement en illuminant les disciples ; car ils étaient encore soumis à la chair et attachés au Christ selon la chair, c'est-à-dire selon la faiblesse de la chair, eux qui ne connaissaient pas la majesté de sa divinité mais qui en furent rendus capables plus tard par l'Esprit Saint - C'est à nous que Dieu l’α révélé par son Esprit.
Deuxièmement, en leur donnant la hardiesse de l'annoncer clairement. Car auparavant les disciples étaient craintifs au point de ne pas oser confesser publiquement le Christ ; mais une fois remplis de l'Esprit Saint, la crainte étant chassée, ils annoncèrent le Christ aux hommes, poussés en quelque sorte par l'Esprit Saint lui-même - Lorsqu'il viendra comme un fleuve impétueux que le souffle du Seigneur agite. Aussi l'Apôtre disait-il : La charité du Christ nous presse.
Troisièmement, en réalisant dans les Apôtres, et par eux, des œuvres étonnantes - Tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, répartissant ses dons à chacun en particulier comme il le veut.
2107. Le Seigneur donne ici la raison de la glorification : c'est que le Fils est principe de l'Esprit Saint. Car tout ce qui est d'un autre manifeste ce à partir de quoi il est : le Fils en effet manifeste le Père, parce qu'il est de lui. Donc, puisque l'Esprit Saint est du Fils, il lui appartient en propre de le glorifier.
Le Seigneur dit donc : Et il me glorifiera PARCE QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI – Mais comprenons que ce n'est pas recevoir à la manière des créatures. Car dans la manière dont les créatures reçoivent il y a trois aspects, dont deux n'existent pas dans les réalités divines. D'abord, chez les créatures, autre est ce qui reçoit, autre ce qui est reçu ; et il n'en est pas ainsi dans les réalités divines, puisque les personnes divines sont simples et qu'en elles il n'y a pas telle chose et telle autre. Au contraire l'Esprit Saint, quel que soit celui dont il reçoit, reçoit toute sa substance, et de même aussi le Fils.
L'autre différence, c'est que dans les créatures, ce qui reçoit a été, à un certain moment, dépourvu de ce qu'il reçoit, comme lorsque la matière reçoit la forme, ou le sujet l'accident. Car à un moment, la matière a été dépourvue de telle forme, et le sujet de tel accident. Or il n'en est certes pas ainsi dans les réalités divines, parce que le Fils possède de toute éternité ce qu'il reçoit du Père, et l'Esprit Saint ce qu'il reçoit du Père et du Fils. Et donc l'Esprit Saint reçoit du Fils comme le Fils reçoit du Père - Ce que m'a donné le Père est plus grand que tout. Ainsi donc, dans les réalités divines, recevoir du Père exprime un ordre.
2108. Mais remarque que lorsqu'il dit : IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, le DE n'implique pas participation, mais consubstantialité, parce que l'Esprit reçoit tout ce que le Fils a. En effet, de même que l'on dit : « Le Fils est de la substance du Père » parce qu'il reçoit toute la substance du Père, de même dit-on que « l'Esprit Saint est de la substance du Fils » parce qu'il reçoit toute sa substance. Et donc, puisqu'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, et que moi je suis le Verbe de Dieu, IL VOUS L'ANNONCERA. En effet l'esprit d'un être vivant ne peut exister qu'en procédant d'un verbe conçu intérieurement.
2109. Le Christ va maintenant expliciter la raison de sa glorification, en prouvant que l'Esprit Saint recevait de ce qui est à lui en raison de l'unité et la consubstantialité du Père et du Fils. Il commence par montrer la consubstantialité du Père et du Fils ; puis il met en avant la conclusion qu'il avait en vue [n° 2114].
2110. Il dit donc : L'Esprit recevra de ce qui est à moi, parce que TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI, autrement dit : Quoique l'Esprit de vérité procède du Père, cependant, comme TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI, et que cet Esprit est l'Esprit du Père, il recevra aussi de ce qui est à moi.
Mais remarquons que lorsque nous disons que nous « avons » quelque chose, cela peut être de deux manières : soit comme une possession, soit comme ce qui est en nous, par exemple à la manière d'une forme ou d'une partie. Le Père « a » donc, comme une possession et comme une réalité soumise à lui, toute créature - Au Seigneur est la terre et sa plénitude ; il « a » aussi quelque chose qui est en lui, ou plutôt qui est lui-même, car il est lui-même tout ce qui est en lui, puisqu'il est lui-même son essence, sa bonté, sa vérité et son éternité. C'est donc de cette deuxième manière d'avoir que nous parlons ici. Et ainsi, tout ce qu'a le Père appartient au Fils, parce que la sagesse, l'essence, la bonté qu'a le Fils sont celles-là mêmes qu'a le Père - Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. - Toutes choses m'ont été remises par mon Père.
2111. Mais, au dire de Didyme, certains objectent : Si tout ce qu'a le Père, le Fils l'a aussi, alors, puisque le Père a la paternité, il s'ensuit que le Fils l'a aussi.
Didyme répond que ce raisonnement aurait bien une apparence [de vérité] si le Seigneur disait : Tout ce qu'a Dieu est à moi. Mais en disant : TOUT CE QU'A LE PÈRE, il sauve la distinction du Père et du Fils, en donnant à entendre que tout ce qu'a le Père est à lui, hormis ce en quoi le Père se distingue du Fils. En effet, c'est au nom du Père qu'il s'est déclaré Fils ; et la paternité, il ne l'a pas usurpée, lui qui était Fils.
2112. Précisons toutefois que nous concédons purement et simplement l'affirmation : « Tout ce qu'a le Père, le Fils l'a », mais non pas cependant que le Fils l'ait selon l'ordre par lequel le Père l'a. Car le Fils l'a comme celui qui reçoit d'un autre, alors que le Père l'a comme celui qui donne à un autre. La distinction n'est donc pas dans ce qui est possédé, mais dans l'ordre selon lequel cela est possédé. Or les relations de cette sorte, c'est-à-dire la paternité et la filiation, impliquent la distinction de cet ordre ; car la paternité implique de donner à un autre, tandis que la filiation implique de recevoir d'un autre.
2113. Mais on peut se demander si, dans les réalités divines, la relation est réellement quelque chose. Il semble que oui : autrement, puisque les personnes divines se distinguent par les relations, leur distinction ne serait pas réelle.
Il faut donc dire que dans les réalités divines, il y a deux façons de considérer la relation. La première, par rapport à l'essence du Père ou à sa personne ; et ainsi [la relation de paternité] n'est pas une réalité autre que l'essence ou la personne du Père. L'autre manière de considérer la relation est par rapport à la relation opposée, en l'occurrence à la filiation ; et ainsi la paternité est une relation réelle, parce que selon cela elle implique un ordre de nature que le Père donne au Fils par génération éternelle ; et cet ordre existe bien en Dieu selon la vérité de la réalité.
Ainsi donc, si la paternité se rapporte à l'essence du Père, tout ce qu'a le Père, le Fils l'a, la paternité n'étant pas autre chose que l'essence du Père ; cependant le Fils ne l'a pas selon le même ordre, comme nous l'avons dit.
2114. En disant : VOILÀ POURQUOI J'AI DIT QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, ET VOUS L'ANNONCERA, le Seigneur met en avant la conclusion qu'il avait en vue, à savoir que l'Esprit Saint reçoit du Fils. En effet, si tout ce qu'a le Père appartient au Fils, et que le Fils est consubstantiel au Père, il faut nécessairement que l'Esprit Saint procède du Fils comme il procède du Père, comme le montrent Hilaire et Didyme.
À ce sujet, il faut savoir qu'en toute procession ou origine d'une réalité créée, nous disons que ce par quoi l'agent agit ou donne ce qu'il a, et ce que la réalité réceptrice reçoit, est une seule et même chose. Ainsi, le feu généré reçoit la forme de feu, que le feu générateur donne par sa propre forme. Or dans l'origine des personnes divines il y a d'une certaine manière quelque chose de semblable, car ce par quoi le Père donne, et ce que le Fils reçoit, c'est la même chose. Le Père donne en effet sa nature au Fils, non par volonté, mais par nature, c'est-à-dire par sa propre nature. Mais il y a une dissemblance : pour les créatures, ce qui est communiqué et ce par quoi cela est communiqué n'est pas la même chose numériquement, mais seulement spécifiquement ; tandis que dans les réalités divines, la nature que le Père donne au Fils est numériquement la même que celle par laquelle il la donne ou communique.
2115. Mais remarque que nous disons : le Fils reçoit de (de) la substance du Père, c'est-à-dire reçoit la substance du Père ; et l'Esprit Saint reçoit de la substance du Père et du Fils ; et nous disons aussi que le Père, par le pouvoir de sa nature, donne sa propre substance au Fils, et le Père et le Fils à l'Esprit Saint. Et cependant nous ne disons pas que le Père est de la substance du Fils, ni que le Père et le Fils sont de la substance de l'Esprit Saint, parce que la préposition de implique la consubstantialité avec un ordre d'origine. Ainsi donc, à l'Esprit Saint est communiqué ce qui est commun au Père et au Fils. Or dans les réalités divines, le principe de communication doit être la même réalité que ce qui est communiqué. Si donc l'essence est communiquée à l'Esprit Saint, ce qui communique doit être l'essence. Mais l'essence est commune au Père et au Fils ; il faut donc que si le Père donne l'essence à l'Esprit Saint, le Fils aussi la donne de manière semblable. Et c'est pourquoi il dit : TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI – Et l'Esprit Saint reçoit du Père ; VOILÀ POURQUOI J'AI DIT QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, ET VOUS L'ANNONCERA, car c'est en tant qu'il reçoit de moi, qu'il vous l'annoncera.
La nécessité d'une consolation.
Ici, le Seigneur annonce son départ ; puis il montre l'effet de cette annonce [n° 2085].
2083. Il se retire donc, en allant vers son Père, et c'est pourquoi il dit : J'étais avec vous, jusqu'à présent, mais MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ, c'est-à-dire le Père : ce qui est en vérité la perfection. Chaque réalité, en effet, trouve sa perfection lorsqu'elle retourne à son principe - Le temps est venu pour moi de retourner auprès de celui qui m'a envoyé*. - Vers le lieu d'où ils sortent, les fleuves retournent pour de nouveau couler. C'est dans son humanité qu'il allait vers Celui auprès de qui, de toute éternité, il était dans sa divinité. Cela, on l'a expliqué d'une manière plus étendue dans ce qui précède.
2084. Mais il ajoute : AUCUN D'ENTRE VOUS NE M'INTERROGE : OÙ VAS-TU ? Mais pourquoi dit-il cela ? Pierre ne l'a-t-il pas interrogé précédemment : Seigneur, où vas-tu ?, ainsi que Thomas : Nous ne savons pas où tu vas ?
À cette question, Chrysostome et Augustin répondent, mais de manières différentes. Chrysostome dit en effet que les disciples, en entendant qu'ils devaient être mis à mort et exclus des synagogues, furent tellement attristés et frappés de stupeur que, ayant comme oublié le départ du Christ et perdant presque la parole, ils ne l'interrogeaient pas à propos de son départ. Aussi le Christ enchaîne-t-il : MAIS PARCE QUE JE VOUS AI DIT CES CHOSES, LA TRISTESSE A REMPLI VOTRE CŒUR. Et Chrysostome affirme qu'en disant ainsi : ET MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ, le Seigneur leur fait davantage un reproche. Et c'est pourquoi ils ne l'interrogeaient pas - Interroge ton père, et il te l'annoncera. — [La sagesse], recherche-la, et elle te sera manifestée.
Augustin, lui, veut que l'affirmation : MAINTENANT JE VAIS VERS CELUI QUI M'A ENVOYÉ ne soit pas pour l'instant même où le Seigneur parlait, mais pour le temps où il allait monter au cie1. Comme s'il disait : Précédemment vous m'avez demandé où j'allais, mais maintenant je m'en vais de telle manière qu'il n'est pas nécessaire que l'un de vous m'interroge : OÙ VAS-TU ? Car selon les Actes, sous leurs regards il fut élevé .
2085. Par ces mots le Seigneur montre la tristesse qui est, selon Chrysostome, l'effet de cette annonce. Selon Augustin, c'est de son départ qu'ils s'attristent ; car ils trouvaient leur joie dans la présence du Christ, étant d'une certaine manière attachés d'une affection terrestre à son aspect (species) humain, comme l'homme trouve sa joie dans la présence de l'ami ; c'est pour cela qu'ils s'attristaient de son départ - Au soir de la Passion, seront réservés les pleurs chez les Apôtres, et au matin de la Résurrection la joie.
Cependant, s'il est humain que la tristesse touche le cœur, il est vicieux qu'elle le remplisse parce qu'alors la raison en est troublée ; aussi dit-il, comme pour les reprendre : LA TRISTESSE A REMPLI VOTRE CŒUR - Ne livre pas ton âme à la tristesse. - Que votre cœur ne se trouble pas .
La consolation par la promesse de l'Esprit Saint.
2086. Ici, le Seigneur donne la raison de la consolation qui est la promesse de l'Esprit Saint. D'abord il promet l'Esprit Saint, puis il annonce son effet [n° 2091].
2087. Au sujet de la promesse de l'Esprit Saint, le Seigneur montre en premier lieu la nécessité de son départ, puis l'utilité de ce départ.
Il dit donc : LA TRISTESSE - sous-entendu : de mon départ - A REMPLI VOTRE CŒUR ; mais vous devez plutôt vous réjouir, parce qu'IL EST BON POUR VOUS QUE MOI JE M'EN AILLE, c'est-à-dire : cela vous est grandement nécessaire, CAR SI JE NE PARS PAS, LE PARACLET NE VIENDRA PAS VERS VOUS. De même, c'est pour vous fécond et Utile, car SI JE PARS, JE VOUS L'ENVERRAI, à savoir l'Esprit Saint.
2088. Mais le Christ n'aurait-il pas pu donner l'Esprit Saint lorsqu'il vivait dans la chair ? Il faut répondre que si, puisque l'Esprit Saint est même descendu sur lui lors de son baptême sous la forme d'une colombe et ne l'a jamais quitté, puisqu'il l'a reçu sans mesure dès l'instant de sa conception. Mais il n'a pas voulu le donner aux disciples lorsqu'il était avec eux, pour quatre raisons.
Premièrement parce qu'ils n'étaient pas disposés à cela ; car l'Esprit Saint étant amour spirituel, l'amour terrestre (carnalis) lui est contraire. Or les disciples étaient attachés à l'humanité du Christ d'un amour terrestre (carnalis), et n'avaient pas encore été élevés jusqu'à sa divinité par un amour spirituel ; et c'est pourquoi ils n'étaient pas encore capables de l'Esprit Saint : Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair - c'est-à-dire selon l'affection terrestre - et si nous avons connu le Christ selon la chair - à savoir le Christ avant sa Passion - maintenant ce n'est plus ainsi que nous le connaissons.
Deuxièmement à cause de la condition du secours divin : c'est dans les nécessités qu'il est le plus présent - Le Seigneur s'est fait refuge pour le pauvre, son aide aux moments opportuns, dans la tribulation ; et encore : Puisque mon père et ma mère m'ont abandonné, le Seigneur, lui, m'a pris avec lui. Or tant que le Christ était avec eux, il était pour eux une aide suffisante ; mais avec son départ ils se trouvaient exposés à de nombreuses tribulations, et c'est pour cela qu'il leur a été donné aussitôt un autre Consolateur pour les aider. Aussi le Seigneur dit-il expressément : Et il vous donnera un autre Paraclet. - A qui enseignera-t-il la science ? A qui fera-t-il comprendre ce qui aura été entendu ? A des enfants à peine sevrés, qui viennent de quitter le sein .
Troisièmement, en considération de la dignité du Christ : car selon Augustin dans son traité sur La Trinité, le Christ en tant qu'homme n'a pas à donner l'Esprit Saint, c'est en tant que Dieu qu'il le donne . Or quand il était avec les Apôtres, il semblait être comme un homme, l'un d'entre eux. Il ne l'a donc pas donné avant son Ascension, pour qu'on ne puisse pas penser qu'un homme donnerait l'Esprit Saint- L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. - Du trône de ta grandeur, envoie-la [la Sagesse].
Quatrièmement, pour sauvegarder l'unité de l'Église. Car, comme il a été dit plus haut, Jean n'a fait aucun signe, pour que le peuple ne se divise pas à l'égard du Christ, et pour qu'apparaisse avec plus d'évidence l'éminence du Christ par rapport à Jean. Les disciples, quant à eux, devaient être remplis de l'Esprit lui-même pour faire des œuvres plus grandes que celles que le Christ a faites - Celui qui croit en moi fera lui-même aussi les œuvres que moi je fais ; et il en fera de plus grandes ; c'est pourquoi, si l'Esprit leur avait été donné avant la Passion, le peuple aurait pu mettre en doute qui était le Christ, et il y aurait eu ainsi division au sein du peuple - Montant dans les hauteurs (...), il a donné des dons aux hommes.
2089. Selon Chrysostome, on peut tirer de là un argument contre les macédoniens, qui disent que l'Esprit Saint est une créature, et ministre du Père et du Fils. Car s'il en était ainsi, l'avènement de l'Esprit Saint ne serait pas une consolation à l'égard du départ du Christ, de même que ce ne serait pas une consolation suffisante au départ d'un roi si on mettait à sa place l'un de ses ministres. C'est donc parce que l'Esprit Saint est égal au Fils que le Seigneur les console par la promesse de l'Esprit Saint.
2090. Mais si le Fils et l'Esprit Saint sont égaux, pourquoi est-il bon que le Fils s'en aille pour que vienne l'Esprit Saint ? C'est parce qu'il s'en allait corporellement, et qu'en même temps que l'Esprit Saint il venait invisiblement. Car si le Fils avait habité invisiblement et disait : « II est bon que je m'en aille, parce que l'Esprit Saint viendra », l'Esprit Saint serait considéré comme plus grand que lui.
2091. Précédemment, le Seigneur a consolé les Apôtres en leur promettant l'Esprit Saint ; à présent il montre l'utilité de la venue de l'Esprit Saint pour eux. Et il montre trois aspects de cette utilité : pour le monde, pour les disciples et pour le Christ.
Pour le monde parce que l'Esprit Saint, en venant, convaincra le monde ; pour les disciples, parce qu'il les instruira [n° 2099] ; pour le Christ, parce qu'il le glorifiera [n° 2105].
L'Esprit Saint convaincra le monde
Le Christ expose donc d'abord l'utilité de la venue de l'Esprit Saint pour le monde ; puis il l'explique [n° 2095].
2092. Il dit donc : IL EST BON POUR VOUS QUE MOI JE M'EN AILLE, parce que je vous enverrai l'Esprit Saint, ET QUAND IL SERA VENU, IL CONVAINCRA LE MONDE AU SUJET DU PÉCHÉ, ET DE LA JUSTICE, ET DU JUGEMENT. Il y a deux manières de lire cela : celle d'Augustin et celle de Chrysostome [n° 2098].
2093. Selon Augustin, de cette manière : QUAND IL, c'est-à-dire l'Esprit Saint, SERA VENU, IL CONVAINCRA (arguet), c'est-à-dire reprendra (reprehendet) LE MONDE - Reprends le sage, et il t'aimera.
Mais le Christ n'a-t-il pas lui aussi convaincu le monde ? Certes, il l'a convaincu auparavant : Vous êtes issus du diable, votre père ; et, selon Matthieu, lorsqu'il a dit beaucoup de choses contre les pharisiens et les scribes. Pourquoi donc dit-il : IL CONVAINCRA, comme si lui-même n'avait pas convaincu ? On pourrait peut-être dire que le Christ a convaincu seulement les Juifs, tandis que l'Esprit Saint, dans les disciples et par eux, a convaincu le monde entier. Mais à cela s'oppose le fait que le Christ parle dans les Apôtres et par eux, comme l'Esprit Saint : Vous cherchez à tester celui qui parle en moi, le Christ ?
À cela il faut répondre que si le Seigneur a dit : IL CONVAINCRA LE MONDE, c'est parce que l'Esprit, en pénétrant invisiblement vos cœurs, répandra en eux la charité par laquelle, toute crainte chassée, vous aurez autorité pour convaincre. En effet, tant que les disciples étaient attachés au Christ d'une manière terrestre (carnalis), l'Esprit Saint n'était pas en eux, comme nous l'avons dit, de la manière dont il y fut par la suite ; et c'est pourquoi ils n'étaient pas aussi audacieux qu'ils le furent après sa venue - Par le souffle de sa bouche, toute force des deux, c'est-à-dire des Apôtres, a été affermie. - L'Esprit de Dieu revêtit Zacharie.
Également, IL CONVAINCRA LE MONDE parce qu'en emplissant les cœurs qui avaient été autrefois mondains, il les a fait se reprendre - J'examinerai mes voies en sa présence. Et cela, c'est l'Esprit Saint qui le fait : Renouvelle en mon sein un esprit droit.
2094. Mais de quoi convaincra-t-il ? De trois choses. Au sujet DU PÉCHÉ qu'ils ont commis - Dénonce à mon peuple ses forfaits, à la maison de Jacob ses péchés . Et cela, les Apôtres l'ont fait - Par toute la terre a retenu leur voix. De même, au sujet DE LA JUSTICE, qu'ils ont négligée - IL· n'ont pas accompli la justice. Et cela aussi les Apôtres l'ont fait - II n'y a pas de juste, pas un seul, dit saint Pau1. Enfin au sujet DU JUGEMENT, qu'ils ont méprisé ; car comme le disent les Proverbes, l'impie, une fois arrivé à un abîme de péchés, méprisera. - II a méprisé mes jugements, au point d'être plus impie que les païens .
2095. À présent le Seigneur explique ce qu'il a dit, d'abord AU SUJET DU PÉCHÉ, et cela PARCE QU'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI – L'Esprit Saint convainc seulement du péché d'incroyance, car par la foi tous les autres péchés sont remis. Selon Matthieu, au jugement dernier le Seigneur n'impute aux damnés que le manque de miséricorde, parce que par la miséricorde tous les péchés sont purifiés. Il en va de même ici, parce que lorsque l'incroyance demeure, tous les autres péchés sont retenus, et lorsqu'elle disparaît ils sont remis .
Il dit bien : PARCE QU'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, et non pas : « Ils n'ont pas cru à moi » ni : « Ils ne m'ont pas cru », parce que les démons croient que le Christ existe, et ils se mettent à trembler. Mais ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, avec une foi formée par l'espérance et l'amour.
2096. En second lieu, l'Esprit Saint convainc le monde AU SUJET DE LA JUSTICE, et cela PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE ET VOUS NE ME VERREZ PLUS. On peut expliquer cela de deux manières, selon qu'il s'agit de la justice du Christ ou de celle des Apôtres.
En ce qui concerne la justice des Apôtres, AU SUJET DE LA JUSTICE est à comprendre ainsi : au sujet de notre justice, qu'ils [ceux du monde] n'ont pas imitée - je veux dire : la justice provenant non pas de la Loi, mais de la foi - Maintenant a été manifestée (...) la justice de Dieu, par la foi en Jésus Christ. La foi porte sur les réalités invisibles, selon l'Épître aux Hébreux ; or il y avait quelque chose que les disciples voyaient, son humanité, et quelque chose qu'ils ne voyaient pas, sa divinité, mais cela il le leur promet en récompense - Celui qui m'aime (...), je me manifesterai moi-même à lui. Au sujet du Christ, les disciples avaient donc la foi quant à sa divinité seulement ; mais quand l'humanité du Christ leur fut retirée, leur foi porta alors sur les deux. Voilà pourquoi, selon le commentaire d'Augustin , le Seigneur dit : PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE, ET VOUS NE ME VERREZ PLUS, autrement dit : Vous, vous croyez en moi selon ma divinité, mais PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE VOUS croirez en moi aussi quant à mon humanité. Et cette justice de la foi, le monde, assurément, ne l'imite pas.
Mais le Seigneur dit : ET VOUS NE ME VERREZ PLUS : non pas qu'ils ne puissent plus jamais le voir, mais parce qu'ils ne le verraient plus dans cette chair mortelle. Ils l'ont vu après sa Résurrection, mais vivant d'une existence immortelle ; ils le verront aussi lors du jugement, mais venant dans sa majesté.
En ce qui concerne la justice du Christ, voici comment [l'ouvrage d'Augustin] Les Paroles du Seigneur explique cette parole. Les Juifs n'ayant pas voulu reconnaître que le Christ était juste - Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur -, il les convaincra de cette justice en disant : PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE. En effet, le fait même que j'aille vers le Père relève de ma justice. Car si la venue du Christ relevait de la miséricorde, son Ascension lui était due selon la justice - Il s'est abaissé (...). C'est pourquoi Dieu l'a exalté.
2097. En troisième lieu, l'Esprit Saint convainc le monde au sujet DU JUGEMENT ; et cela PARCE QUE LE PRINCE DE CE MONDE, à savoir le diable, qui est prince du monde, c'est-à-dire de ceux qui sont du monde non pas selon la création mais en se laissant séduire et en l'imitant - Ils l'imitent, ceux qui sont de son parti. - C'est lui qui est le roi de tous les fils de l'orgueil^ -, parce que ce prince, disions-nous, A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ, c'est-à-dire expulsé au-dehors - C'est maintenant le jugement du monde, c'est-à-dire, en faveur du monde, c'est maintenant que le prince de ce monde sera jeté dehors . Et il parle ainsi pour éliminer l'excuse de ceux qui se disculpent de leur péché en raison de la tentation du diable, comme s'il disaitOn ne peut pas les excuser, parce que le diable a été chassé du cœur des croyants par la grâce, par la foi au Christ et par l'Esprit Saint, si bien qu'il ne tente plus de l'intérieur comme avant, mais seulement de l'extérieur par les tentations que Dieu lui permet d'exercer, et c'est pourquoi ceux qui veulent adhérer au Christ peuvent lui résister. C'est ainsi que de faibles femmes ont vaincu le diable alors que des hommes très forts se sont laissé dominer par lui. Le monde est donc convaincu au sujet de ce JUGEMENT parce qu'il est vaincu par le diable lorsqu'il ne veut pas résister, et qu'en consentant au péché il fait revenir celui qui avait été expulsé loin de lui - Que le péché ne règne pas dans votre corps mortel.
Selon une autre interprétation, Augustin, dans le même ouvrage, dit que : A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ s'entend du jugement de condamnation ; autrement dit, le diable a déjà été condamné, et donc aussi tous ceux qui adhèrent à lui - Allez, maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges. Le monde lui aussi est convaincu au sujet du jugement car, sachant que le prince de ce monde a été condamné, il n'échappe pas non plus à ce jugement, mais il est jugé avec son prince puisqu'il imite son orgueil et son impiété.
2098. Selon Chrysostome le texte, depuis le début, s'explique autrement : QUAND l'Esprit Saint SERA VENU, IL CONVAINCRA (arguet), c'est-à-dire confondra (convincet) LE MONDE AU SUJET DU PÉCHÉ, autrement dit l'Esprit Saint lui-même sera comme l'accusateur du monde - Dieu y joignant son témoignage par des signes et prodiges, et par des miracles divers et des communications d'Esprit Saint selon sa volonté*. Et au sujet de ce PÉCHÉ, il montrera qu'ils ont péché gravement du fait qu'ILS N'ONT PAS CRU EN MOI, lorsqu'ils verront que l'Esprit Saint sera donné en mon nom aux fidèles - Nous en sommes témoins, nous et l'Esprit Saint, que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent.
L'Esprit Saint convaincra aussi au sujet DE LA JUSTICE, c'est-à-dire de celle que moi je possède, mais que le monde ne m'a pas reconnue ; et cela PARCE QUE JE VAIS VERS LE PÈRE et que je vous enverrai l'Esprit, c'est-à-dire celui qui montrera que je suis juste et que j'ai mené une vie irréprochable - Le Paraclet que moi je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, c'est lui qui rendra témoignage à mon sujet. C'est bien ce qui est dit dans le psaume : le Christ, une fois monté dans les hauteurs, a donné des dons aux hommes .
L'Esprit Saint convaincra enfin au sujet DU JUGEMENT, PARCE QUE LE PRINCE DE CE MONDE A DÉJÀ ÉTÉ JUGÉ, du fait même qu'il est jugé par l'Esprit Saint, c'est-à-dire expulsé du cœur des fidèles - Les prophètes et l'esprit d'impureté, je les expulserai du pays .- Nous, nous n'avons pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'esprit qui vient de Dieu . Et au sujet de ce jugement il convaincra le monde, parce qu'ils ont jugé à tort que le Christ avait un démon et qu'il chassait les démons par Béelzéboul ; de cela ils seront convaincus parce que l'Esprit Saint, que moi j'enverrai, condamnera le démon lui-même et le jettera dehors.
°
L'Esprit Saint instruira les disciples
2099. Par ces mots le Seigneur expose l'utilité de l'avènement de l'Esprit Saint pour les disciples, à savoir leur instruction. En premier lieu, il met en avant la nécessité de leur instruction, puis il promet cette instruction [n° 2102] ; enfin il écarte un doute [n° 2103].
2100. Il dit donc : L'avènement de l'Esprit Saint sera utile au monde, puisqu'il le convaincra, mais à vous aussi il sera utile pour votre instruction. Et vous avez besoin de cette instruction, parce que J'AI ENCORE BEAUCOUP DE CHOSES À VOUS DIRE, MAIS VOUS NE POUVEZ PAS LES PORTER MAINTENANT. Autrement dit : Moi, je vous ai instruits, mais vous n'êtes pas encore comblés - Voici ce qui a été dit d'une partie de ses paroles ; et si c'est avec peine que nous avons entendu une petite goutte de ses paroles, qui pourra contempler l'éclat du tonnerre de sa grandeur ? Mais qu'est ce BEAUCOUP qu'ils ne peuvent pas porter ? Il est stupide de s'en enquérir, comme le dit Augustin, car si eux-mêmes ne pouvaient pas le porter, nous le pouvons encore bien moins !
2101. Mais divers hérétiques se servent de cette affirmation : VOUS NE POUVEZ PAS LES PORTER MAINTENANT pour voiler leur erreur, en disant dans l'ombre à leurs partisans des choses tout à fait honteuses qu'ils n'oseraient pas dire au grand jour ; comme si c'était là ce que les disciples ne pouvaient pas alors porter, et que l'Esprit Saint avait enseigné ce que l'esprit de l'homme a honte d'enseigner et de prêcher ouvertement.
Il ne faut donc pas comprendre ici que l'on taise aux plus petits des croyants certains secrets de doctrine qu'on devrait dire en privé aux plus grands : c'est à tous les croyants qu'on expose ce qui relève de la foi - Ce que vous entendez à l'oreille, proclamez-le sur les toits. Toutefois il y a une manière d'exposer aux gens incultes, et une autre aux gens cultivés. Ainsi, ce qu'il y a de subtilités dans le mystère de l'Incarnation ou d'autres mystères ne doit pas être exposé aux gens incultes car, ne pouvant pas comprendre, ils seraient scandalisés. Le Seigneur exposa donc aux disciples tout ce qui relevait de la foi, mais pas de la manière dont il le révéla ensuite, surtout dans la vie éternelle.
Ainsi, donc, les choses qu'ils ne pouvaient pas porter sont remplies de la connaissance des réalités divines, qu'ils n'avaient pas alors : par exemple, l'égalité du Fils avec le Père et autres choses de cette sorte. Aussi Paul dit-il : Il entendit des paroles secrètes, qu'il n'est pas permis à l'homme de dire ; ces paroles ne se rapportaient pas à une vérité autre que celle de la foi, mais elles s'y rapportaient d'une manière plus profonde. Ce qu'ils ne pouvaient pas encore porter, c'est aussi l'intelligence spirituelle de toutes les Écritures, qu'ils n'avaient pas à ce moment-là mais qu'ils eurent quand le Christ leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. Et c'était encore les souffrances et les dangers qu'ils allaient endurer, ce dont ils n'étaient alors pas capables parce que leur esprit était faible - Courbe ton épaule, et porte-la [la sagesse, comme ton joug]. L'instruction leur était donc nécessaire.
2102. Ici le Seigneur leur promet l'instruction qu'ils recevront par la venue de l'Esprit Saint, qui leur ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE. En effet, puisqu'il est de la Vérité, il lui appartient d'enseigner la vérité et de rendre [les autres] semblables à son principe [la Vérité]. Et le Christ dit : LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, c'est-à-dire la vérité de la foi, que l'Esprit nous enseignera par une certaine élévation de notre intelligence en cette vie, et enfin de manière plénière dans la vie éternelle où nous connaîtrons comme nous sommes connus- L'onction vous enseignera tout. On pourrait aussi comprendre LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE des figures de la Loi, vérité que les disciples ont acquise grâce à l'Esprit Saint. C'est ainsi que Daniel dit que le Seigneur a donné sagesse et intelligence aux quatre jeunes gens.
2103. Ici, le Seigneur écarte un doute qui pouvait exister. Si l'Esprit Saint doit instruire les disciples, il semble qu'il soit plus grand que le Christ. Mais il n'en est pas ainsi, puisqu'il les instruira par le pouvoir (virtus) du Père et du Fils ; CAR IL NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME, mais de moi (a me), puisque c'est de moi qu'il sera. En effet, de même que le Fils n'opère pas de lui-même parce qu'il n'est pas de lui-même mais du Père, de même l'Esprit Saint, parce qu'il est d'un autre (ab alio), c'est-à-dire du Père et du Fils, NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME ; MAIS TOUT CE QU'IL ENTENDRA en recevant la science comme il reçoit l'essence de toute éternité, IL LE DIRA, non pas de manière sensible, mais intérieurement, en illuminant intérieurement l'esprit - Je la conduirai dans la solitude et je parlerai à son cœur. -J'écouterai ce que dit en moi le Seigneur Dieu .
2104. Mais puisque l'Esprit Saint a entendu de toute éternité, pourquoi le Christ dit-il : IL ENTENDRA, au futur ? Là il faut dire que l'éternité inclut tout le temps, et c'est pourquoi on peut dire de l'Esprit Saint, qui entend de toute éternité, qu'il entend, ou a entendu, ou entendra .
Cependant, si parfois on emploie le futur (il entendra), c'est parce que ces réalités dont il a connaissance sont des réalités à venir. Donc TOUT CE QU'IL ENTENDRA, IL LE DIRA en ce sens qu'il enseignera non seulement les réalités éternelles, mais aussi les réalités futures ; aussi le Seigneur ajoute-t-il : ET CE QUI VA VENIR, IL VOUS L'ANNONCERA, ce qui est le propre de la divinité - Les signes et les prodiges, elle [la Sagesse] les sait avant qu'ils ne se réalisent. - Annoncez-nous ce qui viendra plus tard ; et nous saurons que vous êtes des dieux. Et cela est propre à l'Esprit Saint - Je répandrai de mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront ; or les Apôtres eurent l'esprit de prophétie.
Ou bien l'Esprit ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, c'est-à-dire celle des préfigurations . Mais afin qu'ils ne doutent pas de la manière dont ils vont connaître les tribulations futures qu'il leur a annoncées, il ajoute : ET CE QUI VA VENIR, sous-entendu sur VOUS, IL VOUS L'ANNONCERA.
L'Esprit Saint glorifiera le Christ
2105. Précédemment, on a montré un double fruit de la venue de l'Esprit Saint : le fait de convaincre le monde et l'instruction des disciples ; l'Évangéliste nous donne à présent le troisième fruit : la glorification du Christ. Le Seigneur commence donc par mettre en avant ce finit qu'est la glorification, puis il donne la raison de cette glorification [n° 2107] ; enfin, il explicite cette raison [n° 2109].
2106. Il dit donc de l'Esprit Saint : IL VOUS ENSEIGNERA LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE, parce que LUI, IL ME GLORIFIERA, moi en qui existe toute la vérité - Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. - Le Christ, en qui se trouvent tous les trésors de la sagesse et de la science (...) .
IL ME GLORIFIERA, c'est-à-dire il rendra claire la connaissance qu'on a de moi. Premièrement en illuminant les disciples ; car ils étaient encore soumis à la chair et attachés au Christ selon la chair, c'est-à-dire selon la faiblesse de la chair, eux qui ne connaissaient pas la majesté de sa divinité mais qui en furent rendus capables plus tard par l'Esprit Saint - C'est à nous que Dieu l’α révélé par son Esprit.
Deuxièmement, en leur donnant la hardiesse de l'annoncer clairement. Car auparavant les disciples étaient craintifs au point de ne pas oser confesser publiquement le Christ ; mais une fois remplis de l'Esprit Saint, la crainte étant chassée, ils annoncèrent le Christ aux hommes, poussés en quelque sorte par l'Esprit Saint lui-même - Lorsqu'il viendra comme un fleuve impétueux que le souffle du Seigneur agite. Aussi l'Apôtre disait-il : La charité du Christ nous presse.
Troisièmement, en réalisant dans les Apôtres, et par eux, des œuvres étonnantes - Tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, répartissant ses dons à chacun en particulier comme il le veut.
2107. Le Seigneur donne ici la raison de la glorification : c'est que le Fils est principe de l'Esprit Saint. Car tout ce qui est d'un autre manifeste ce à partir de quoi il est : le Fils en effet manifeste le Père, parce qu'il est de lui. Donc, puisque l'Esprit Saint est du Fils, il lui appartient en propre de le glorifier.
Le Seigneur dit donc : Et il me glorifiera PARCE QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI – Mais comprenons que ce n'est pas recevoir à la manière des créatures. Car dans la manière dont les créatures reçoivent il y a trois aspects, dont deux n'existent pas dans les réalités divines. D'abord, chez les créatures, autre est ce qui reçoit, autre ce qui est reçu ; et il n'en est pas ainsi dans les réalités divines, puisque les personnes divines sont simples et qu'en elles il n'y a pas telle chose et telle autre. Au contraire l'Esprit Saint, quel que soit celui dont il reçoit, reçoit toute sa substance, et de même aussi le Fils.
L'autre différence, c'est que dans les créatures, ce qui reçoit a été, à un certain moment, dépourvu de ce qu'il reçoit, comme lorsque la matière reçoit la forme, ou le sujet l'accident. Car à un moment, la matière a été dépourvue de telle forme, et le sujet de tel accident. Or il n'en est certes pas ainsi dans les réalités divines, parce que le Fils possède de toute éternité ce qu'il reçoit du Père, et l'Esprit Saint ce qu'il reçoit du Père et du Fils. Et donc l'Esprit Saint reçoit du Fils comme le Fils reçoit du Père - Ce que m'a donné le Père est plus grand que tout. Ainsi donc, dans les réalités divines, recevoir du Père exprime un ordre.
2108. Mais remarque que lorsqu'il dit : IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, le DE n'implique pas participation, mais consubstantialité, parce que l'Esprit reçoit tout ce que le Fils a. En effet, de même que l'on dit : « Le Fils est de la substance du Père » parce qu'il reçoit toute la substance du Père, de même dit-on que « l'Esprit Saint est de la substance du Fils » parce qu'il reçoit toute sa substance. Et donc, puisqu'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, et que moi je suis le Verbe de Dieu, IL VOUS L'ANNONCERA. En effet l'esprit d'un être vivant ne peut exister qu'en procédant d'un verbe conçu intérieurement.
2109. Le Christ va maintenant expliciter la raison de sa glorification, en prouvant que l'Esprit Saint recevait de ce qui est à lui en raison de l'unité et la consubstantialité du Père et du Fils. Il commence par montrer la consubstantialité du Père et du Fils ; puis il met en avant la conclusion qu'il avait en vue [n° 2114].
2110. Il dit donc : L'Esprit recevra de ce qui est à moi, parce que TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI, autrement dit : Quoique l'Esprit de vérité procède du Père, cependant, comme TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI, et que cet Esprit est l'Esprit du Père, il recevra aussi de ce qui est à moi.
Mais remarquons que lorsque nous disons que nous « avons » quelque chose, cela peut être de deux manières : soit comme une possession, soit comme ce qui est en nous, par exemple à la manière d'une forme ou d'une partie. Le Père « a » donc, comme une possession et comme une réalité soumise à lui, toute créature - Au Seigneur est la terre et sa plénitude ; il « a » aussi quelque chose qui est en lui, ou plutôt qui est lui-même, car il est lui-même tout ce qui est en lui, puisqu'il est lui-même son essence, sa bonté, sa vérité et son éternité. C'est donc de cette deuxième manière d'avoir que nous parlons ici. Et ainsi, tout ce qu'a le Père appartient au Fils, parce que la sagesse, l'essence, la bonté qu'a le Fils sont celles-là mêmes qu'a le Père - Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. - Toutes choses m'ont été remises par mon Père.
2111. Mais, au dire de Didyme, certains objectent : Si tout ce qu'a le Père, le Fils l'a aussi, alors, puisque le Père a la paternité, il s'ensuit que le Fils l'a aussi.
Didyme répond que ce raisonnement aurait bien une apparence [de vérité] si le Seigneur disait : Tout ce qu'a Dieu est à moi. Mais en disant : TOUT CE QU'A LE PÈRE, il sauve la distinction du Père et du Fils, en donnant à entendre que tout ce qu'a le Père est à lui, hormis ce en quoi le Père se distingue du Fils. En effet, c'est au nom du Père qu'il s'est déclaré Fils ; et la paternité, il ne l'a pas usurpée, lui qui était Fils.
2112. Précisons toutefois que nous concédons purement et simplement l'affirmation : « Tout ce qu'a le Père, le Fils l'a », mais non pas cependant que le Fils l'ait selon l'ordre par lequel le Père l'a. Car le Fils l'a comme celui qui reçoit d'un autre, alors que le Père l'a comme celui qui donne à un autre. La distinction n'est donc pas dans ce qui est possédé, mais dans l'ordre selon lequel cela est possédé. Or les relations de cette sorte, c'est-à-dire la paternité et la filiation, impliquent la distinction de cet ordre ; car la paternité implique de donner à un autre, tandis que la filiation implique de recevoir d'un autre.
2113. Mais on peut se demander si, dans les réalités divines, la relation est réellement quelque chose. Il semble que oui : autrement, puisque les personnes divines se distinguent par les relations, leur distinction ne serait pas réelle.
Il faut donc dire que dans les réalités divines, il y a deux façons de considérer la relation. La première, par rapport à l'essence du Père ou à sa personne ; et ainsi [la relation de paternité] n'est pas une réalité autre que l'essence ou la personne du Père. L'autre manière de considérer la relation est par rapport à la relation opposée, en l'occurrence à la filiation ; et ainsi la paternité est une relation réelle, parce que selon cela elle implique un ordre de nature que le Père donne au Fils par génération éternelle ; et cet ordre existe bien en Dieu selon la vérité de la réalité.
Ainsi donc, si la paternité se rapporte à l'essence du Père, tout ce qu'a le Père, le Fils l'a, la paternité n'étant pas autre chose que l'essence du Père ; cependant le Fils ne l'a pas selon le même ordre, comme nous l'avons dit.
2114. En disant : VOILÀ POURQUOI J'AI DIT QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, ET VOUS L'ANNONCERA, le Seigneur met en avant la conclusion qu'il avait en vue, à savoir que l'Esprit Saint reçoit du Fils. En effet, si tout ce qu'a le Père appartient au Fils, et que le Fils est consubstantiel au Père, il faut nécessairement que l'Esprit Saint procède du Fils comme il procède du Père, comme le montrent Hilaire et Didyme.
À ce sujet, il faut savoir qu'en toute procession ou origine d'une réalité créée, nous disons que ce par quoi l'agent agit ou donne ce qu'il a, et ce que la réalité réceptrice reçoit, est une seule et même chose. Ainsi, le feu généré reçoit la forme de feu, que le feu générateur donne par sa propre forme. Or dans l'origine des personnes divines il y a d'une certaine manière quelque chose de semblable, car ce par quoi le Père donne, et ce que le Fils reçoit, c'est la même chose. Le Père donne en effet sa nature au Fils, non par volonté, mais par nature, c'est-à-dire par sa propre nature. Mais il y a une dissemblance : pour les créatures, ce qui est communiqué et ce par quoi cela est communiqué n'est pas la même chose numériquement, mais seulement spécifiquement ; tandis que dans les réalités divines, la nature que le Père donne au Fils est numériquement la même que celle par laquelle il la donne ou communique.
2115. Mais remarque que nous disons : le Fils reçoit de (de) la substance du Père, c'est-à-dire reçoit la substance du Père ; et l'Esprit Saint reçoit de la substance du Père et du Fils ; et nous disons aussi que le Père, par le pouvoir de sa nature, donne sa propre substance au Fils, et le Père et le Fils à l'Esprit Saint. Et cependant nous ne disons pas que le Père est de la substance du Fils, ni que le Père et le Fils sont de la substance de l'Esprit Saint, parce que la préposition de implique la consubstantialité avec un ordre d'origine. Ainsi donc, à l'Esprit Saint est communiqué ce qui est commun au Père et au Fils. Or dans les réalités divines, le principe de communication doit être la même réalité que ce qui est communiqué. Si donc l'essence est communiquée à l'Esprit Saint, ce qui communique doit être l'essence. Mais l'essence est commune au Père et au Fils ; il faut donc que si le Père donne l'essence à l'Esprit Saint, le Fils aussi la donne de manière semblable. Et c'est pourquoi il dit : TOUT CE QU'A LE PÈRE EST À MOI – Et l'Esprit Saint reçoit du Père ; VOILÀ POURQUOI J'AI DIT QU'IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI, ET VOUS L'ANNONCERA, car c'est en tant qu'il reçoit de moi, qu'il vous l'annoncera.
Ces choses : les désolantes paroles des versets 1-5, relatives soit aux persécutions dont les disciples étaient
menacés, soit au propre départ du Maître. - La tristesse a rempli votre cœur. Le langage est très énergique,
comme l'était d'ailleurs la réalité.