Jean 17, 21

Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.

Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Saint Thomas d'Aquin
Concernant le premier point, il demande comme homme la perfection de l'unité. Puis il montre que lui-même comme Dieu leur a donné le pouvoir de parvenir à cette unité [n° 2244].

Pour ce premier point, il présente ceux pour lesquels il prie, puis dit ce qu'il demande [n° 2237].

2233. Il adresse sa demande pour toute l'assemblée des croyants, et c'est pourquoi il dit : J'ai dit : Garde mes disciples du mal et sanctifie-les dans la venté ; mais CE N'EST PAS SEULEMENT POUR EUX QUE JE PRIE, MAIS AUSSI POUR CEUX QUI (...) CROIRONT EN MOI, c'est-à-dire pour ceux dont la foi sera confirmée, et cela PAR LEURS PAROLES, à savoir celles des Apôtres. Et c'est à juste titre qu'il le demande, parce que nul n'est sauvé si ce n'est par l'intercession du Christ. Or ce n'était pas seulement les Apôtres qui allaient être sauvés, mais aussi les autres ; il devait donc aussi prier pour les autres - II a aimé tes pères et il a élu leur descendance après eux. - Je resterai avec leur descendance, et leur postérité sera un saint héritage.

2234. Mais on pourrait objecter : il semble qu'il n'ait pas prié pour tous ses fidèles. Car ici il prie pour ceux qui devaient être convertis par les paroles des Apôtres, mais les pères anciens et Jean Baptiste n'ont pas été convertis par leurs paroles. À cela il faut répondre qu'ils étaient déjà parvenus à la perfection ; et, bien que ne jouissant pas de la vision de Dieu puisque le prix n'avait pas été payé, cependant ils avaient quitté la terre avec leurs grands mérites, de sorte qu'aussitôt la porte du Paradis ouverte ils devaient être introduits, et c'est pourquoi ils n'avaient pas besoin de la prière.

2235. Mais on peut encore s'interroger : Qu'en est-il de ceux qui ont cru, non pas grâce aux paroles des Apôtres, mais immédiatement grâce au Christ, comme Paul - Je ne l'ai pas reçu ni appris des hommes ou par l'intermédiaire de l'homme mais par la révélation de Jésus Christ -, et le larron en croix ? Il ne semble donc pas que le Christ ait prié pour eux.

Voici ce qu'il faut répondre, selon Augustinon dit que, par la parole des Apôtres, croient non seulement ceux qui l'ont entendue d'eux-mêmes, mais aussi tous ceux qui croient grâce à la parole que les Apôtres ont prêchée, qui est la parole de la foi, appelée parole des Apôtres parce que c'est principalement à eux qu'elle a été confiée et annoncée ; et qui à Paul aussi, comme au larron en croix, a été révélée divinement. Ou bien il faut dire que ceux qui ont été immédiatement convertis par le Christ et grâce au Christ comme Paul et le larron sur la croix, et d'autres s'il y en a, sont comptés dans cette prière que le Seigneur a faite pour ses disciples. C'est pourquoi le Seigneur a dit : ceux que tu m'as donnés, ou que tu me donneras.

2236. On peut encore se poser la question : Et nous, qui ne croyons pas grâce aux Apôtres ? Mais à cela il faut répondre que, bien que nous n'ayons pas cru grâce aux Apôtres, cependant nous croyons grâce à leurs disciples.

2237. Maintenant le Seigneur demande la perfection de l'unité. D'abord il présente l'unité qu'il demande, puis le modèle et la cause de cette unité [n° 2239], et enfin le fruit de cette unité [n° 2241].

2238. Il dit donc : Je demande cela AFIN QUE TOUS SOIENT UN. Car, comme le disent les platoniciens, toute chose tient son unité de ce à partir de quoi elle a sa bonté. En effet le bien est ce qui peut conserver la réalité ; or aucune réalité n'est conservée si ce n'est par le fait qu'elle est une. Et c'est pourquoi le Seigneur, demandant la perfection de ses disciples dans la bonté, demande qu'ils soient un ; ce qui effectivement a été réalisé - Le cœur de la multitude des croyants était un et leur âme une. - Voyez ! qu'il est bon, qu'il est doux, d'habiter en frères dans l'unité /

2239. Le Seigneur donne ensuite le modèle et la cause de l'unité, en disant : COMME TOI, PÈRE, TU ES EN MOI ET MOI EN TOI – En effet certains sont un, mais dans le ma1. Aussi Dieu ne demande-t-il pas cette unité, mais celle par laquelle les hommes sont unis en vue du bien, c'est-à-dire pour Dieu, et c'est pourquoi le Christ dit : COMME TOI, PÈRE, TU ES EN MOI ET MOI EN TOI, c'est-à-dire qu'ils soient unis de manière à croire en moi et en toi - A plusieurs nous sommes un seul corps dans le Christ. - Appelés à garder l'unité de l’Esprit, (...) unité qui est un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême. Et en vérité, dans le Père et le Fils qui sont un, nous sommes un : alors que si nous recherchons des choses diverses en croyant et en désirant, notre affection se disperse vers de multiples choses.

2240. Mais Arius tire de là l'argument que, de la même manière que le Fils est dans le Père et le Père dans le Fils, ainsi nous sommes en Dieu. Or nous ne sommes pas en Dieu par unité d'essence, mais par une conformité de volonté et d'amour ; il conclut donc que, de la même manière aussi, le Père n'est pas dans le Fils selon une unité d'essence.

Mais on doit dire qu'entre le Père et le Fils il y a une double unité, celle de l'essence et celle de l'amour ; et le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père selon l'une et l'autre. Ce qu'il dit ici - COMME TOI, PÈRE, TU ES EN MOI ET MOI EN TOI -peut donc se rapporter en un sens à l'unité d'amour, selon Augustin, et cela signifie alors : COMME TOI, PÈRE, TU ES EN MOI par l'amour ET MOI EN TOI, QU'EUX AUSSI, c'est-à-dire mes disciples, SOIENT UN EN NOUS par l'amour, parce que la charité fait que nous sommes un avec Dieu ; comme s'il disait : Comme le Père aime le Fils et réciproquement, qu'ainsi ceux-ci aiment le Père et le Fils. Et ainsi COMME n'exprime pas une égalité mais une similitude lointaine .

Ou, selon Hilaire, cela peut se rapporter à l'unité de nature : non pas qu'il y ait en nous, quant au nombre, la même nature que le Père et le Fils, comme elle se trouve en eux, mais parce que notre unité existe par le fait que nous sommes assimilés à cette nature divine par laquelle le Père et le Fils sont un. En ce sens aussi, COMME exprime une certaine imitation. Et de là vient que nous sommes invités à une imitation de la dilection divine - Cherchez à imiter Dieu comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l'amour à l'exemple du Christ qui nous a aimés ; et aussi de la perfection ou de la bonté divines - Soyez parfaits comme votre Père est parfait.

2241. Il indique le fruit de l'unité par ces mots. Rien en effet ne manifeste la vérité de l'Évangile comme la charité des croyants - En cela ils connaîtront tous que vous êtes mes disciples, à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. Tel sera donc le fruit de l'unité : parce que du fait qu'ils sont un le monde croira que l'enseignement que je leur ai donné est de toi, et connaîtra QUE C'EST TOI QUI M'AS ENVOYÉ. Dieu, en effet, n'est pas cause de dissension, mais de paix.

2242. Ici se pose une question, parce que nous serons parfaitement un dans la Patrie où il ne sera plus temps de croire ; il ne convient donc pas qu'après avoir demandé l'unité il ajoute : AFIN QUE LE MONDE CROIE QUE C'EST TOI QUI M'AS ENVOYÉ. Mais il faut dire qu'ici il ne parle pas d'une unité pleinement achevée (consummata), mais d'une unité déjà commencée (inchoata).

2243. Il y a encore une autre question parce que lui-même prie pour que soient un ceux qui croient en lui : donc le monde qui croit est un. Comment donc ajoute-t-il, après avoir dit qu'ils sont un, AFIN QUE LE MONDE CROIE ?

À cela on peut répondre, au sens mystique, qu'en un premier sens le Seigneur demande pour tous les croyants qu'ils soient un : cependant tous ne croiraient pas en même temps, mais certains par lesquels les autres devaient être convertis croiraient avant eux. Et donc, AFIN QUE LE MONDE CROIE se comprend de ceux qui n'ont pas cru dès le commencement, et qui quand ils ont cru sont devenus un, et de même les autres qui ont cru après eux, et ainsi jusqu'à la fin du monde.

En un autre sens, selon Hilaire, AFIN QUE LE MONDE CROIE signifie la fin de l'unité et de la perfection. Comme s'il disait : Rends-les parfaits pour qu'ainsi ILS SOIENT UN, c'est-à-dire AFIN QUE LE MONDE CROIE que c'est toi qui m'as envoyé. Alors le AFIN QUE (ut) marque la cause finale.

En un troisième sens, selon Augustin, on peut dire que AFIN QUE LE MONDE CROIE serait une autre demande, et alors il faut que soit répété : « Je te demande », comme s'il disait : Je te demande QU'ILS SOIENT UN et je te demande QUE LE MONDE CROIE.

2244. Ce que le Christ a réalisé en vue de cette unité, il l'ajoute en disant : ET MOI, LA GLOIRE QUE TU M'AS DONNÉE, JE LA LEUR AI DONNÉE, comme si ce qu'il demande en tant qu'homme, il le réalise comme Dieu.

Et d'abord il montre qu'il a lui-même œuvré pour QU'ILS SOIENT UN ; puis il expose le mode de cette unité et son ordre [n° 2247] ; enfin il montre la fin de l'unité [n° 2249].

2245. Il dit donc : Même si en tant qu'homme je demande leur perfection, cependant c'est conjointement avec toi que je fais cela, parce que moi aussi LA GLOIRE, celle de la Résurrection, QUE toi, Père, TU M'AS DONNÉE par une prédestination éternelle et que tu vas me donner bientôt en réalité, JE LA LEUR AI DONNÉE, c'est-à-dire aux disciples. Et cette gloire est l'immortalité que recevront les fidèles à la résurrection, aussi quant à leur corps - Il transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire. - On est semé dans l’ignominie, on ressuscitera dans la gloire.

Et cela AFIN QU'ILS SOIENT UN, parce que du fait qu'ils seront glorieux dans leur corps, ils seront faits un COMME NOUS AUSSI SOMMES UN.

2246. Mais il semble distinguer son œuvre de l'œuvre du Père en disant que le Père lui a donné la gloire et que lui, le Christ, l'a donnée aux croyants. Mais si on le comprend bien, il ne dit pas cela pour distinguer l'opération, mais les personnes. Car le Fils en tant que Fils, conjointement au Père, donne la gloire au Christ homme, et la donne aussi avec lui aux croyants. Cependant c'est spécialement par son humanité qu'il leur accorde cette gloire. C'est pourquoi il attribue à lui-même celle-ci, et celle-là au Père. Et c'est ainsi qu'on comprend ici la gloire, selon Augustin.

Ou bien, selon Chrysostome, LA GLOIRE, la gloire de la grâce, QUE TU M'AS DONNÉE à moi comme homme, c'est-à-dire quant à la connaissance parfaite, la perfection et l'accomplissement des miracles, JE LA LEUR AI DONNÉE en partie et je la leur donnerai encore plus parfaitement - Nous sommes transformés de gloire en gloire. - Il a donné des dons aux hommes. Et cela AFIN QU'ILS SOIENT UN COMME NOUS AUSSI SOMMES UN. En effet, la finalité des dons divins est que nous soyons unis dans cette unité qui est conforme à l'unité du Père et du Fils.

2247. L'ordre de l'unité est donc donné. Car c'est par cet ordre qu'ils parviennent à l'unité, parce qu'ils voient que, par la grâce, moi je suis en eux comme en un temple - Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Cette grâce est comme une certaine similitude de l'essence divine, par laquelle tu es en moi par l'unité de nature - Moi je suis dans le Père et le Père est en moi. Et cela pour qu'ils soient consommés - c'est-à-dire parfaits - dans l'unité.

Mais remarque : alors qu'il avait dit auparavant : AFIN QU'ILS SOIENT UN, ici il ajoute : POUR QU'ILS SOIENT CONSOMMÉS. La première proposition se rapporte à l'unité de la grâce, mais la seconde à l'unité de la gloire ; la première au commencement, la seconde à l'achèvement. Ou encore, selon Hilaire : MOI EN EUX, sous-entendu : je suis en eux par l'unité de la nature humaine que j'ai en commun avec eux, et encore parce que je leur donne mon corps en nourriture sacramentelle, ET TOI EN MOI par l'unité d'essence.

2248. Mais après avoir d'abord exposé que, par la grâce, non seulement le Fils est en eux, mais aussi le Père - Nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure -, pourquoi dit-il : MOI EN EUX sans mentionner le Père ? Réponse : il faut dire, selon Augustin, qu'il ne dit pas cela dans l'intention de montrer que le Fils est en eux sans le Père, mais pour montrer que c'est par le Fils qu'ils ont accès auprès du Père - Ayant reçu de la foi notre justification, nous sommes en paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné d'avoir accès par la foi à cette grâce.

Ou bien, selon Chrysostome, plus haut il a dit nous viendrons à lui pour montrer la pluralité des personnes divines, contre Sabellius ; mais ici il dit MOI EN EUX pour montrer l'égalité du Père et du Fils contre Arius. Par cela en effet, il nous est donné à entendre que le fait que le Fils seul habite en eux suffit aux croyants, puisque du fait qu'il habite en eux, le Père lui-même habite en eux.

2249. Ici est donnée la finalité de l'unité. Et si l'union consommée se rapporte à l'achèvement du chemin, alors QUE LE MONDE CONNAISSE signifie la même chose que ce qu'il a dit auparavant - Que le monde croie. Mais croie, il l'a dit alors parce qu'il s'agit d'un commencement, alors qu'ici il dit : CONNAISSE parce que ce qui suit une connaissance imparfaite, ce n'est pas la foi mais une connaissance plénière.

Et il dit : pour QUE LE MONDE CONNAISSE, non pas ce que le monde est maintenant, mais ce que le monde a été ; le sens est donc : QUE LE MONDE - qui était déjà croyant - CONNAISSE. Ou bien QUE LE MONDE - c'est-à-dire ceux qui aiment le monde - CONNAISSE QUE C'EST TOI QUI M'AS ENVOYÉ ; parce qu'alors les méchants, par des signes manifestes, connaîtront que le Christ est le Fils de Dieu - Tout œil le verra. - Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé. - Ils verront le Fils de l'homme venant avec grande puissance et majesté sur les nuées du ciel.

2250. Et non seulement pour QUE LE MONDE CONNAISSE cela, mais qu'il connaisse aussi la gloire des saints, parce que TU LES AS AIMÉS, les croyants. En effet, à présent nous ne pouvons pas connaître combien est grand l'amour de Dieu pour nous, parce que les biens que Dieu nous donne, excédant notre désir et notre appétit, ne peuvent tomber dans notre cœur - L'œil n'a pas vu3 l'oreille n'a pas entendu, et n'est pas monté au cœur de l'homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. Et c'est pourquoi le monde croyant, c'est-à-dire les saints, connaîtront par expérience combien il nous aime ; mais ceux qui aiment le monde, c'est-à-dire les méchants, le connaîtront en voyant cela et en admirant la gloire des saints - Ceux que, à un moment donné, nous avons tournés en dérision et dont nous avons fait un objet d'outrage (...), comment ont-ils été comptés entre les fils de Dieu, comment partagent-ils le sort des saints ?

2251. Mais il dit : COMME TU M'AS AIMÉ, ce qui n'implique pas l'égalité de l'amour mais sa raison (ratio) et une similitude (similitudo) dans l'amour. Comme s'il disait : l'amour dont tu m'as aimé est la raison (ratio) et la cause (causa) de pourquoi tu les as aimés ; car du fait que tu m'aimes, tu aimes ceux qui m'aiment et mes membres - Le Père lui-même vous aime parce que vous m'avez aimé.

Mais il faut savoir que Dieu aime toutes les réalités qu'il a faites, en leur donnant l'être - Tu ne hais rien de ce que tu as fait, car si tu avais haï quelque chose tu ne l'aurais pas fait. Et plus que tout il aime son Fils unique, à qui il a donné toute sa propre nature par la génération éternelle. Quant aux membres de son Fils unique, ceux qui croient au Christ, c'est selon un mode intermédiaire qu'il les aime en leur donnant la grâce par laquelle le Christ habite en nous - II a aimé les peuples : tous les saints sont dans sa main.
Louis-Claude Fillion
Notre-Seigneur passe au premier objet spécial de sa prière pour l’Église ; il demande qu’elle soit fondée et qu’elle se maintienne dans une parfaite unité, vv. 21-23. - Afin que tous soient un ; L’adjectif grec est accentué : Tous, sans distinction de temps et de lieux. - Comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous. De nouveau (Cf. v. 11), mais avec plus d’insistance, Notre-Seigneur propose son Père et lui comme des modèles de l’union qui doit régner entre les disciples. Sur cette « circuminsessio » divine, voyez 10, 38 et le commentaire. - Afin qu’ils soient eux aussi soient un en nous ; « en nous » est le trait important. L’unité entre chrétiens, pour être durable, doit être appuyée sur Dieu et cimentée par lui. - Pour que (le but final) le monde croie que vous m’avez envoyé. (les deux pronoms sont fortement accentués). Le monde est profondément désuni, car l’égoïsme, qui est à la base de toutes ses démarches, ne peut produire que la division et le schisme. L’admirable unité de l’Église sera pour lui un phénomène saisissant, dont il devra, malgré son incrédulité, faire remonter la cause jusqu’au divin fondateur du Christianisme. Voyez, dès les premiers jours de l’histoire ecclésiastique, la réalisation de cette parole : Act. 2, 46-47 ; 4, 32 ; 5, 11 et ss. ; 21, 20. Comparez aussi 1 Joan. 1, 3. A côté de l’Église romaine toujours une, les sectes s’émiettent chaque jour davantage et se débattent dans l’impuissance.
Concile œcuménique
La vie à mener en commun doit persévérer dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de la doctrine évangélique, de la sainte liturgie et surtout de l’Eucharistie (cf. Ac 2, 42), à l’exemple de la primitive Église dans laquelle la multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme (cf. Ac 4, 32). Membres du Christ, les religieux auront les uns pour les autres des prévenances pleines d’égards dans leurs relations fraternelles (cf. Rm 12, 10), portant les fardeaux les uns des autres (cf. Ga 6, 2). En effet, comme la charité de Dieu est répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5), la communauté, telle une vraie famille, réunie au nom du Seigneur, jouit de sa présence (cf. Mt 18, 20). La charité est la plénitude de la loi (cf. Rm 13, 10) et le lien de la perfection (cf. Col 3, 14), et par elle nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie (cf. 1 Jn 3, 14). En outre, l’unité des frères manifeste que le Christ est venu (cf. Jn 13, 35 ; 17, 21), et il en découle une puissante énergie apostolique.

En ceci est apparu l’amour de Dieu pour nous, que le Fils unique de Dieu a été envoyé au monde par le Père afin que, s’étant fait homme, il régénérât tout le genre humain, en le rachetant, et qu’il le rassemblât pour qu’il devienne un. C’est lui qui, avant de s’offrir sur l’autel de la croix comme offrande immaculée, adressa au Père cette prière pour ceux qui croiraient en lui : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi ; qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Et il a institué dans son Église l’admirable sacrement de l’Eucharistie qui signifie et réalise l’unité de l’Église. À ses disciples il a donné le nouveau commandement de l’amour mutuel et promis l’Esprit Paraclet qui, Seigneur et vivificateur, resterait avec eux à jamais.

C’est un usage cher aux catholiques que de se réunir souvent pour renouveler la prière demandant l’unité de l’Église, celle que le Sauveur lui-même, la veille de sa mort, a élevée de façon suppliante vers son Père : « Qu’ils soient tous un » (Jn 17, 21).
Catéchisme de l'Église catholique
L’unité, " le Christ l’a accordée à son Église dès le commencement. Nous croyons qu’elle subsiste de façon inamissible dans l’Église catholique et nous espérons qu’elle s’accroîtra de jour en jour jusqu’à la consommation des siècles " (UR 4). Le Christ donne toujours à son Église le don de l’unité, mais l’Église doit toujours prier et travailler pour maintenir, renforcer et parfaire l’unité que le Christ veut pour elle. C’est pourquoi Jésus lui-même a prié à l’heure de sa passion, et Il ne cesse de prier le Père pour l’unité de ses disciples : " ... Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie que Tu M’as envoyé " (Jn 17, 21). Le désir de retrouver l’unité de tous les chrétiens est un don du Christ et un appel de l’Esprit Saint (cf. UR 1).

La fin ultime de toute l’économie divine, c’est l’entrée des créatures dans l’unité parfaite de la Bienheureuse Trinité (cf. Jn 17, 21-23). Mais dès maintenant nous sommes appelés à être habités par la Très Sainte Trinité : " Si quelqu’un m’aime, dit le Seigneur, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure " (Jn 14, 23) :

De même, il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il ait un caractère collégial. En effet, dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus institua les Douze, " les germes du Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée " (AG 5). Choisis ensemble, ils sont aussi envoyés ensemble, et leur unité fraternelle sera au service de la communion fraternelle de tous les fidèles ; elle sera comme un reflet et un témoignage de la communion des personnes divines (cf. Jn 17, 21-23). Pour cela, tout évêque exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en communion avec l’évêque de Rome, successeur de S. Pierre et chef du collège ; les prêtres exercent leur ministère au sein du presbyterium du diocèse, sous la direction de leur évêque.
Pape Saint Jean-Paul II
A l'heure de sa Passion, Jésus lui-même a prié « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). L'unité, que le Seigneur a donnée à son Église et dans laquelle il veut que tous soient inclus, n'est pas secondaire, elle est au centre même de son œuvre. Et elle ne représente pas non plus un attribut accessoire de la communauté de ses disciples. Au contraire, elle appartient à l'être même de cette communauté. Dieu veut l'Eglise parce qu'il veut l'unité et que, dans l'unité, s'exprime toute la profondeur de son agapè.

Enfin, la communion de prière amène à porter un nouveau regard sur l'Eglise et sur le christianisme. On ne doit pas oublier, en effet, que le Seigneur a demandé au Père l'unité de ses disciples, afin qu'elle rende témoignage à sa mission et que le monde puisse croire que le Père l'avait envoyé (cf. Jn 17, 21). On peut dire que le mouvement œcuménique s'est mis en marche, en un sens, à partir de l'expérience négative de ceux qui, annonçant l'unique Evangile, se réclamaient chacun de sa propre Eglise ou de sa Communauté ecclésiale; une telle contradiction ne pouvait pas échapper à ceux qui écoutaient le message de salut et qui trouvaient là un obstacle à l'accueil de l'annonce évangélique. Cette grave difficulté n'est malheureusement pas surmontée. Il est vrai que nous ne sommes pas en pleine communion. Et pourtant, malgré nos divisions, nous sommes en train de parcourir la route de la pleine unité, de l'unité qui caractérisait l'Eglise apostolique à ses débuts, et que nous recherchons sincèrement: guidée par la foi, notre prière commune en est la preuve. Dans la prière, nous nous réunissons au nom du Christ qui est Un. Il est notre unité.

C'est une tâche immense que nous ne pouvons refuser et que je ne puis mener à bien tout seul. La communion réelle, même imparfaite, qui existe entre nous tous ne pourrait-elle pas inciter les responsables ecclésiaux et leurs théologiens à instaurer avec moi sur ce sujet un dialogue fraternel et patient, dans lequel nous pourrions nous écouter au-delà des polémiques stériles, n'ayant à l'esprit que la volonté du Christ pour son Eglise, nous laissant saisir par son cri, « que tous soient un... afin que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21)?

Le mouvement œcuménique de notre siècle, plus que les tentatives des siècles passés dont il ne faut pas pour autant sous-évaluer l'importance, a été marqué par une perspective missionnaire. Dans le verset johannique qui lui donne son inspiration et sa devise d'action — « qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21) —, on a souligné pour que le monde croie avec beaucoup de force, au point de courir le risque d'oublier parfois que, dans la pensée de l'Evangéliste, l'unité est surtout pour la gloire du Père. De toute manière, il est évident que la division des chrétiens est en contradiction avec la vérité qu'ils ont la mission de répandre, et qu'elle altère gravement leur témoignage. Mon prédécesseur, le Pape Paul VI, l'avait bien compris, lorsqu'il écrivait dans son exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: « Evangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du Christ, non pas l'image d'hommes divisés et séparés par des litiges qui n'édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de se rencontrer au-delà des tensions réelles grâce à la recherche commune, sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l'évangélisation est certainement lié au témoignage d'unité donné par l'Eglise. Sur ce point, nous voudrions insister sur le signe de l'unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d'évangélisation. La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l'œuvre même du Christ ».

Le deuxième Concile du Vatican a voulu renouveler la vie et l'activité de l'Eglise en fonction des besoins du monde contemporain; il en a souligné le caractère missionnaire en le fondant de manière dynamique sur la mission trinitaire elle-même. L'élan missionnaire appartient donc à la nature intime de la vie chrétienne et il inspire aussi l'œcuménisme: «Que tous soient un ... afin que le monde croie que tu m'as envoyé» (Jn 17, 21).

Les responsables et les agents de la pastorale missionnaire doivent se sentir unis dans la communion qui caractérise le Corps mystique. Le Christ a prié à cette intention à la dernière Cène: « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21). C'est dans cette communion que réside le fondement de la fécondité de la mission.

«L'Esprit suscite en tous les disciples du Christ le désir et l'action qui tendent à l'union paisible de tous, suivant la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l'unique Pasteur». La marche de l'Eglise, particulièrement à notre époque, est marquée par le signe de l'œcuménisme: les chrétiens cherchent les moyens de reconstruire l'unité que le Christ demanda au Père pour ses disciples à la veille de sa passion: «Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé» (Jn 17, 21). L'unité des disciples du Christ est donc un signe marquant pour susciter la foi du monde, alors que leur division constitue un scandale.
Pape Francois
En même temps, nous demandons à Dieu de renforcer à l’intérieur de l’Église l’unité, laquelle s’enrichit des différences qui s’harmonisent par l’action de l’Esprit Saint. En effet, « c’est en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps » (1 Co 12, 13) où chacun apporte sa contribution spécifique. Comme le disait saint Augustin : « L’oreille voit à travers l’œil, et l’œil entend à travers l’oreille ». Il est aussi urgent de continuer à témoigner d’un cheminement de rencontre entre les différentes confessions chrétiennes. Nous ne pouvons pas oublier ce désir exprimé par Jésus-Christ : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Ecoutant son appel, nous reconnaissons avec tristesse que la contribution prophétique et spirituelle de l’unité entre tous les chrétiens manque encore au processus de globalisation. Toutefois, « en faisant ensemble cette route vers la pleine communion, nous avons maintenant le devoir d’offrir le témoignage commun de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de l’humanité ».