Jean 17, 3
Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Or (en avant d’une manière très solennelle) la vie éternelle :
« Voici en quoi consiste » cette vie. Jésus indique ce qu’il entend par là, afin de montrer par là-même quels
rapports il existe entre elle et la glorification du Père et du Fils. - C’est qu’ils vous connaissent : La tendance,
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le but à réaliser. Il n’est pas question en cet endroit de la vision béatifique ; mais le verbe marque, comme
nous l’avons si souvent répété, une science que l’on acquiert peu à peu, grâce à des efforts permanents ; et
ici, d’une façon plus spéciale, une science basée sur la foi. - Vous le seul vrai Dieu : L’objet de cette
connaissance est double : d’abord Dieu le Père, « l’unique vrai Dieu », le seul en qui se vérifie l’idéal
contenu dans le mot, par opposition aux faux dieux du paganisme. - Et celui que vous avez envoyé : En
second lieu, N.-S. Jésus-Christ lui-même… La vraie connaissance de Dieu « est désormais chrétienne, et
indissolublement unie à la connaissance de Jésus-Christ », Schanz, h. l. Les Ariens n’ont pas manqué de dire
qu’en se distinguant ainsi de « l’unique vrai Dieu », Jésus renonçait par là même à revendiquer la nature
divine. Pour les mieux réfuter, S. Augustin, S. Ambroise, S. Hilaire, S. Thomas, etc., ont eu recours à une
inversion des mots : « L'ordre des paroles est celui-ci : « Que vous et celui que vous avez envoyé,
Jésus-Christ, ils vous connaissent pour le seul vrai Dieu » (S. Augustin, Traité sur S. Jean, 105, 3). Mais il
n’est pas nécessaire d’avoir recours à ce moyen tant soit peu arbitraire, car la seule manière dont le Sauveur
s’associe à Dieu dans tout ce passage démontre qu’il est Dieu lui-même. Cf. 1 Cor. 8, 6. - Jésus-Christ :
C’est le seul endroit où Notre-Seigneur se désigne ainsi lui-même par ce double nom (le nom de la personne
et celui de l’emploi ; voyez l’Evang. selon S. Matthieu, p. 38, 44), qui devait être bientôt universellement
adopté. - Sublime définition de la vie chrétienne : connaître Dieu et Jésus-Christ, et aussi les goûter par
l’amour en même temps que les connaître par la foi, car il ne s’agit pas seulement d’une science théorique et
froide. S. Irénée, Adv. haer. 4, 20.)
L’apostolat se vit dans la foi, l’espérance et la charité que le Saint-Esprit répand dans les cœurs de tous les membres de l’Église. Bien plus, le précepte de la charité, qui est le plus grand commandement du Seigneur, presse tous les chrétiens de travailler à la gloire de Dieu par la venue de son règne et à la communication de la vie éternelle à tous les hommes : « Qu’ils connaissent le seul vrai Dieu et celui qu’il a envoyé, Jésus Christ » (cf. Jn 17, 3).
L’Esprit Saint par sa grâce, est premier dans l’éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est de " connaître le Père et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ " (Jn 17, 3). Cependant il est dernier dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire de Nazianze, " le Théologien ", explique cette progression par la pédagogie de la " condescendance " divine :
Dieu est vrai aussi quand Il se révèle : l’enseignement qui vient de Dieu est " une doctrine de vérité " (Ml 2, 6). Quand Il enverra son Fils dans le monde ce sera " pour rendre témoignage à la Vérité " (Jn 18, 37) : " Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu’Il nous a donné l’intelligence afin que nous connaissions le Véritable " (1 Jn 5, 20 ; cf. Jn 17, 3).
Car Dieu nous a mis au monde pour le connaître, le servir et l’aimer et ainsi parvenir en Paradis. La béatitude nous fait participer à la nature divine (1 P 1, 4) et à la Vie éternelle (cf. Jn 17, 3). Avec elle, l’homme entre dans la gloire du Christ (cf. Rm 8, 18) et dans la jouissance de la vie trinitaire.
Enfin, c’est dans cette prière que Jésus nous révèle et nous donne la " connaissance " indissociable du Père et du Fils (cf. Jn 17, 3. 6-10. 25) qui est le mystère même de la Vie de prière.
En d'autres occasions, Jésus parle de vie éternelle, en utilisant un adjectif qui ne renvoie pas seulement à une perspective supratemporelle. « Eternelle » est la vie promise et donnée par Jésus, parce qu'elle est plénitude de participation à la vie de l'« Eternel ». Quiconque croit en Jésus et entre en communion avec lui a la vie éternelle (cf. Jn 3, 15; 6, 40), car c'est de lui qu'il entend les seules paroles capables de révéler et de communiquer une plénitude de vie pour son existence; ce sont les « paroles de la vie éternelle » que Pierre reconnaît dans sa profession de foi: « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle; nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 68-69). La vie éternelle est définie par Jésus lui-même lorsqu'il s'adresse au Père dans la grande prière sacerdotale: « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3). Connaître Dieu et son Fils, c'est accueillir le mystère de la communion d'amour du Père, du Fils et de l'Esprit Saint dans notre vie qui s'ouvre dès maintenant à la vie éternelle dans la participation à la vie divine.
En ce sens, il est vrai que celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l'existence (cf. Ep 2, 12). La vraie, la grande espérance de l'homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, ce ne peut être que Dieu – le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours « jusqu'au bout », « jusqu'à ce que tout soit accompli » (cf. Jn 13, 1 et 19, 30). Celui qui est touché par l'amour commence à comprendre ce qui serait précisément « vie ». Il commence à comprendre ce que veut dire la parole d'espérance que nous avons rencontrée dans le rite du Baptême: de la foi j'attends la « vie éternelle » – la vie véritable qui, totalement et sans menaces, est, dans toute sa plénitude, simplement la vie. Jésus, qui a dit de lui-même être venu pour que nous ayons la vie et que nous l'ayons en plénitude, en abondance (cf. Jn 10, 10), nous a aussi expliqué ce que signifie « la vie »: « La vie éternelle, c'est de te connaître, toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3). La vie dans le sens véritable, on ne l'a pas en soi, de soi tout seul et pas même seulement par soi: elle est une relation. Et la vie dans sa totalité est relation avec Celui qui est la source de la vie. Si nous sommes en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et l'Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors nous « vivons ».