Jean 18, 1

Ayant ainsi parlé, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.

Ayant ainsi parlé, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.
Louis-Claude Fillion
Après avoir dit ces choses. Aussitôt après avoir achevé sa divine prière, 17, 1-26. - Jésus alla. Il sortit du cénacle, selon les uns ; plus probablement de la ville, d’après l’interprétation que nous avons admise (voyez 24, 31 et l’explication), et qui a le contexte en sa faveur. La nuit devait être assez avancée ; mais tout porte à croire qu’il n’était pas encore minuit, d’après les règles qui prescrivent de ne pas prolonger le festin pascal jusqu’à cette heure. - Avec ses disciples. Moins le traître, qui était alors à ses occupations sinistres. Cf. 13, 27-30. - Au-delà du torrent du Cédron. Cette note topographique est propre à S. Jean ; elle fixe très nettement la situation de Gethsémani. Du reste, le Cédron n’est mentionné en aucun autre endroit du Nouveau Testament. C’est à bon droit que le texte grec le caractérise par l’épithète « torrent d’hiver » ; car, s’il roule des eaux assez abondantes à la saison des pluies, son lit est à peu près entièrement à sec durant le reste de l’année. Josèphe aussi emploie cette expression, Ant. 8 1, 5, et de même les Septante dans leur traduction de 2 Reg. 15, 23 ; 4 Reg. 23, 6 ; 1 Mach. 12, 37, etc. Son nom Kidrôn dérive de la racine kadar, être noir, et équivaut par conséquent à « Niger » des Latins ; il provient sans doute des eaux troubles et bourbeuses charriées pendant l’hiver (cf. Job 6, 16). La vallée du Cédron prend son origine à quelques pas au-dessous du tombeau des Juges, à une demi-heure environ de la porte de Damas. D’abord large et peu profonde, et dirigée vers l’Est, elle incline brusquement au Sud pour longer à droite le mur oriental de Jérusalem, et à gauche le pied du mont des Oliviers. Peu à peu son talus devient très escarpé du côté de la ville ; elle s’enfonce et se rétrécit graduellement, présentant ça et là un aspect très pittoresque, et garnie de tombeaux sur les deux rives. Deux ponts la traversent : le premier auprès de la porte de S. Étienne et de Gethsémani, le second en face du tombeau d’Absalom. Rejointe au S.-E. de Jérusalem par une autre vallée célèbre, celle d’Hinnom, elle continue de descendre jusqu’au puits de Rogel. De là elle se dirige vers la mer Morte à travers un dédale inextricable de rochers. Voyez R. Riess, Atlas de la Bible, pl. 4 et 6 ; Zimmermann und Socin, Plan des heutigen Jérusalem’s ; l’article Kidron dans les Dictionnaires bibliques de Riehm et de Schenkel ; surtout, Robinson, Palaestina und die angrenzenden Laender, t. 1, p. 387 et ss. - Dans certains textes grecs (B, C, E, G, H, K, L, M, V, X...), le nom propre Kédron est, sans doute à tort, traduit par le nom commun « des cèdres ». - Il y avait un jardin. Un clos, le « praedium Gethsémani » (domaine de Gethsémani) des synoptiques. De nombreux jardins et vergers ornaient autrefois la déclivité occidentale de la montagne des Oliviers. Les pères aiment à voir dans ce jardin la contrepartie du « Gan Eden » (Gen. 2, 8) qui avait été témoin de la chute des premiers hommes. « Il était juste que le sang du médecin soit répandu (allusion à Luc. 22, 44), à l’endroit même où avait débuté la maladie du malade », S. Augustin. - Dans lequel il entra… Sur l’agonie et ses détails, que S. Jean passe totalement sous silence, voyez les autres narrations. D’après Strauss et Keim, notre évangéliste aurait laissé à bon escient ce mystère dans l’ombre, parce qu’il le croyait incompatible avec la grandeur et l’impassibilité avec la grandeur et l’impassibilité qu’il attribue à son héros. Comme si le Christ du quatrième évangile différait de celui dont les trois premiers retracent le portrait !
Fulcran Vigouroux
Au-delà du torrent de Cédron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement franchir le Cédron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l’est, au bas du mont des Oliviers. Le mot Cédron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge profonde à l’époque des pluies de l’hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d’orage ou de pluie, il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu’une journée ou une demi-journée, mais elles sont quelquefois très abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines et des troncs d’arbres. Le lit du Cédron est parsemé de silex-agathes tombés des hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés par les eaux sont suffisants pour qu’on puisse ensemencer le fond du torrent. Comme la gorge aux pieds du Temple est très encaissée et que sa pente est très considérable, elle forme en quelques endroits un fossé très profond et rend la ville inexpugnable de ce côté. La vallée du Cédron porte aussi le nom de vallée de Josaphat.