Jean 18, 24

Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe.

Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe.
Saint Jean Chrysostome
Quelle était la conduite naturelle à tenir? C'était, ou de prouver que Jésus avait tort, ou de se rendre à son observation. Mais ce n'est pas ce qu'ils font, car tout ce qui se passait n'avait aucune apparence de l'égalité, mais tout était l'oeuvre du désordre et de la violence. Ne sachant plus que faire, ils envoient Jésus chargé de chaînes à Caïphe: «Et Anne l'envoya lié à Caïphe le grand-prêtre».
Saint Augustin
Nous avons ici une preuve qu'Anne était grand-prêtre, car Jésus n'avait pas encore été envoyé à Caïphe, lorsque cet homme lui fit cette observation, et saint Luc lui-même rapporte au commencement de son Évangile, qu'Anne et Caïphe étaient tous deux grands-prêtres.

Quoi de plus vrai, de plus doux, de plus juste que cette réponse? Si nous considérons attentivement celui qui a reçu ce soufflet, qui de nous ne voudrait voir celui qui l'a frappé, ou consumé par le feu du ciel, ou englouti par la terre entr'ouverte, ou la proie d'un démon furieux, ou victime d'un châtiment semblable et plus effrayant encore? Quoi de plus facile à celui qui a créé le monde que de mettre sa puissance au service de sa justice, s'il n'avait mieux aimé nous enseigner la patience par laquelle nous triomphons du monde. On nous demandera peut-être: Pourquoi le Sauveur n'a-t-il pas fait ce qu'il a commandé lui-même aux autres? Ne devait-il pas souffrir cet affront en silence et tendre l'autre joue, à celui qui le frappait? Nous dirons que Notre-Seigneur est allé plus loin, en répondant avec douceur et en ne tendant pas seulement l'autre joue à relui qui le frappait, mais en abandonnant son corps tout entier pour être cloué sur la croix. Il nous apprend ainsi que nous devons accomplir les préceptes de patience qu'il nous a donnés, moins par des actes extérieurs où l'ostentation peut avoir part, que par les sentiments du coeur. Il peut arriver, en effet, qu'un homme présente l'autre joue avec la colère dans le coeur. Notre-Seigneur a donc beaucoup mieux agi en répondant la vérité sans la moindre aigreur, et on se montrant paisiblement disposé à supporter patiemment des outrages plus sanglants encore.

D'après saint Matthieu, c'était chez Caïphe qu'on le conduisit dès le commencement, parce qu'il était grand-prêtre de cette année. En effet, Anne et Caïphe remplissaient alternativement chaque année la charge de grand-prêtre, et il est probable que c'est sur la volonté de Caïphe, que Jésus fut d'abord conduit chez Anne, ou que leurs maisons étaient situées de manière qu'on ne pouvait passer devant la maison d'Anne sans y entrer.
Saint Bède le Vénérable
De ce que l'Évangéliste dit qu'il l'envoya lié, il ne faut pas conclure qu'il le fût seulement alors pour la première fois. Jésus fut enchaîné lorsqu'on se saisit de lui. Anne l'envoya donc, chargé de chaînes à Caïphe, comme on le lui avait amené. Il put se faire aussi qu'on le débarrassât un instant de ses liens pendant qu'on l'interrogeait, et qu'après cet interrogatoire, on l'enchaîna de nouveau pour l'envoyer ainsi à Caïphe.
Alcuin d'York
Ici s'accomplit cette prophétie: «J'ai abandonné mes joues à ceux qui me frappaient» ( Is 1, 6). Or, Jésus frappé injustement, répond avec douceur: «Si j'ai mal parlé, montrez ce que j'ai dit de mal; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ?»
Saint Théophylacte d'Ohrid
Après que Jésus eut ainsi invoqué le témoignage des assistants, un serviteur du grand-prêtre voulant se mettre à couvert du soupçon qu'il était un des admirateurs de Jésus, le frappa au visage: «Après qu'il eut dit cela, un des satellites, là présent, donna un soufflet à Jésus, disant: Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ?»

Ils s'imaginèrent qu'étant plus rusé que son beau-père, il pourrait trouver contre Jésus un chef d'accusation qui mériterait la mort.

C'est-à-dire, si vous trouvez quelque chose à reprendre dans ce que je viens de dire, prouvez que j'ai mal parlé; si vous ne le pouvez pas, pourquoi cet acte de cruauté? Ou bien encore, si l'enseignement que j'ai donné dans les synagogues est blâmable, faites-le connaître au prince des prêtres; si au contraire cet enseignement est irrépréhensible à ce point que vous en étiez dans l'admiration, pourquoi me frappez-vous maintenant, puisque vous ne pouviez vous empêcher d'admirer auparavant ?
Louis-Claude Fillion
Voir plus haut (note du v.14) l’explication de ce passage. D’après notre opinion, la vraie place de ce verset serait après le 14ième. - Anne l’envoya lié… Jésus avait été garrotté au moment même de son arrestation, v.12. Peut-être lui avait-on enlevé ses liens durant l’interrogatoire qu’Anne lui fit subir ; dans ce cas, on les lui remit pour le conduire au tribunal de Caïphe.