Jean 20, 3
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
2477. L'Évangéliste rapporte d'abord le zèle de ceux qui cherchent pour arriver à découvrir, et cela en sortant : PIERRE SORTIT DONC, AINSI QUE L'AUTRE DISCIPLE. En effet, celui qui veut scruter les mystères du Christ doit d'une certaine manière sortir de lui-même et des mœurs de la terre - Sortez, filles de Sion, et voyez le roi Salomon.
La course
2478. Ensuite il rapporte l'ordre ou le mode de la recherche. En premier lieu quant à la course, puisqu'ILS COURAIENT TOUS DEUX ENSEMBLE, eux qui aimaient le Christ plus que tout -J'ai couru dans la voie de tes commandements quand tu as dilaté mon cœur. - J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course. - Courez ainsi afin de saisir.
L'arrivée
2479. En second lieu quant à l'arrivée, puisque L'AUTRE DISCIPLE COURUT EN AVANT PLUS VITE QUE PIERRE. On rapporte d'abord comment Jean est arrivé le premier, puis comment Pierre l'a suivi.
2480. Mais note que ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste raconte ces détails avec tant de diligence. En effet, par ces deux disciples sont désignés deux peuples, à savoir celui des Juifs et celui des Gentilspar Pierre, qui était le plus âgé, le peuple des Gentils, et par Jean, qui était le plus jeune, le peuple des Juifs. Car, bien que les Juifs aient reçu en premier lieu la connaissance du Dieu unique et vrai, cependant le peuple des Gentils est le plus ancien dans le monde, car les Juifs eux-mêmes sont sortis des Gentils - Quitte ta terre et ta parenté. Ces deux peuples couraient ensemble la course du monde : les Juifs par la lettre de la Loi, les Gentils par la loi naturelle. Ou encore ils courent ensemble par le désir naturel de la béatitude et de la connaissance de la vérité, que tous les hommes, par nature, désirent connaître. MAIS L'AUTRE DISCIPLE, à savoir le plus jeune, COURUT EN AVANT PLUS VITE QUE PIERRE, parce que les Gentils sont parvenus plus tard que les Juifs à la connaissance de la vérité, car alors Dieu n'était connu qu'en Judée. C'est pourquoi l'Écriture dit : 11 n'a pas fait de telles choses pour toutes les nations et ses jugements, il ne les leur a pas manifestés. ET IL ARRIVA LE PREMIER AU TOMBEAU car il a été le premier à considérer les mystères du Christ, et la promesse au sujet du Christ a été faite en premier lieu aux Juifs, à qui appartiennent l'adoption des fils, la gloire, l'alliance, la législation, le culte, les promesses et aussi les pères de qui est issu le Christ selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen.
ET S'ÉTANT PENCHÉ, à savoir sous le joug de la Loi - Tout ce que le Seigneur prescrira, nous le ferons -, IL VIT LES LINGES POSÉS LÀ, à savoir certaines préfigurations de tous les mystères du Christ -Jusqu'à aujourd'hui, un voile demeure sans être levé quand on lit l'Ancien Testament. CEPENDANT, IL N'ENTRA PAS ; parce qu'il ne parvint pas à la connaissance de la vérité tant qu'il refusa de croire en celui qui était mort. Ceci est dit en Luc du frère aîné qui, entendant la musique et les danses faites pour son frère revenu, refusa d'entrer, alors que cependant l'entrée est promise par David lorsqu'il dit : J'entrerai vers l'autel de Dieu .
2481. Il s'agit ici de l'arrivée de Pierre. Selon le sens littéral, le fait qu'ils couraient ensemble était le signe d'une dévotion fervente ; mais Jean est arrivé plus vite parce qu'il était plus jeune que Pierre, son aîné.
Mais selon le mystère. Pierre suit Jean parce que les Gentils convertis au Christ ne devaient pas être rassemblés dans une Église autre que l'Église des Juifs, mais être greffés sur un olivier et une Église qui existaient déjà. C'est pourquoi l'Apôtre, en faisant leur éloge, dit : Mais vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises qui sont dans le Christ en Judée.
L'entrée
2482. En troisième lieu est rapporté l'ordre de leur entrée, puisqu'il ENTRA DANS LE TOMBEAU. Il est dit d'abord comment Pierre est entré le premier, puis comment Jean est entré [n° 2486].
2483. L'Évangéliste dit donc que Pierre entra dans le tombeau. Certes, selon le sens littéral, si Jean, qui était arrivé le premier, n'entra pas, ce fut par révérence à l'égard de Pierre à qui il réservait d'entrer le premier. Mais selon le mystère, cela indique que le peuple des Juifs, qui entendit le premier les mystères de l'Incarnation, se convertit à la foi plus tard que le peuple des Gentils - Les païens qui ne cherchaient pas la justice ont embrassé la justice, celle qui vient de la foi ; tandis qu’Israël, qui suivait une loi de justice, n'est pas parvenu à la loi de justice.
Et Pierre VIT LES LINGES POSÉS LÀ. Jean ne vit que les linges, que Pierre vit pareillement : en effet, nous ne rejetons pas l'Ancien Testament, puisque le Seigneur ouvrit l'intelligence [des disciples d'Emmaùs] à l'intelligence des Écritures.
Mais Pierre vit en outre LE SUAIRE QUI AVAIT ÉTÉ SUR SA TÊTE - Le chef [en latin caput, qui signifie « tête »] du Christ, c'est Dieu. Donc, voir le suaire qui avait été sur la tête de Jésus, c'est avoir foi en la divinité du Christ, que les Juifs n'ont pas voulu accepter. Ce suaire est décrit comme étant séparé des autres linges, et ENROULÉ, et DANS UN LIEU À PART, car la divinité du Christ est cachée et séparée de toute créature en raison de son excellence – Il est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles, amen. - Vraiment tu es un Dieu caché. Il vit le suaire roulé presque à la manière d'un cercle : en effet, lorsqu'on roule des linges, on ne voit en eux ni début ni fin, [ce qui est un symbole de] la majesté de la divinité qui n'a pas commencé à être ni ne cesse d'être - Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui et pour les siècles . - Mais toi tu es le même et tes années ne cesseront pas. Mais ils le virent DANS UN [UNIQUE] LIEU, car Dieu n'habite pas là où se trouve une division des esprits, mais ceux-là méritent sa grâce qui sont un par la charité - C'est dans la paix qu'a été fait son lieu . - Il n'est pas un Dieu de dissension mais de paix.
2484. Ou bien on peut le comprendre autrement : par le suaire, par lequel la sueur de ceux qui travaillent est habituellement essuyée, on peut entendre le labeur de Dieu parce que, même si en lui-même il demeure toujours en repos, il déclare pourtant qu'il travaille lorsqu'il porte les lourdes perversités des hommes - Elles me sont un fardeau, j'ai travaillé en les supportant. Et c'est principalement ce labeur que le Christ a enduré dans l'humanité qu'il a assumée - II présentera sa mâchoire à celui qui le frappe, il sera rassasié d'opprobres.
Ce suaire, donc, se trouve éloigné à part, car la Passion de notre Rédempteur est loin de la nôtre, qui en est séparée. En effet, par les linges, qui se rapportent aux membres comme le suaire à la tête, on peut entendre les passions des saints ; le suaire, à savoir la Passion du Christ, en est séparé, car le Christ a porté sans faute ce que nous, nous supportons avec des fautes - Le Christ est mort, juste pour les injustes. Il a voulu de lui-même succomber à la mort - Personne ne m'enlève ma vie, mais je la donne de moi-même. - II nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous. Mais les saints vont à la mort malgré eux - Un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas aller.
2485. Mais pourquoi l'Évangéliste raconte-t-il tout cela avec autant de soin ? Selon Chrysostome, il faut répondre qu'il voulait écarter la fausse opinion divulguée par les Juifs, selon laquelle le corps du Christ avait été enlevé en cachette, comme on le voit en Matthieu. En effet, si certains l'avaient emporté de cette manière, ils ne l'auraient certainement pas dénudé, surtout parce qu'ils auraient dû faire cela avec hâte en raison de la présence des gardes. Et ils ne se seraient pas non plus souciés d'enlever le suaire, de le rouler et de le poser dans un lieu à part ; mais si cela était arrivé, ils auraient simplement laissé le suaire après avoir pris le corps. Une autre raison est le fait que la sépulture fut effectuée avec de la myrrhe et de l'aloès qui collent les linges au corps, de telle manière qu'ils n'auraient pas pu être si rapidement séparés du corps.
2486. L'Évangéliste mentionne ensuite l'entrée de Jean. Celui-ci en effet ne resta pas dehors mais il entra après Pierre, car à la fin du monde la Judée aussi sera acquise à la foi en la Rédemption - Une partie d'Israël a été aveuglée jusqu'à ce que soit entrée la plénitude des nations, et ainsi tout Israël sera sauvé. - Un reste sera sauvé.
2487. Ou autrement, selon le mystère : ces deux disciples représentent deux genres d'hommes, à savoir ceux qui s'adonnent à la contemplation de la vérité - ceux-ci sont signifiés par Jean - et ceux qui s'attachent à l'obéissance aux commandements, lesquels sont signifiés par Pierre. De fait, Simon se traduit par « obéissant ».
Il arrive très souvent, en effet, que le contemplatif parvienne le premier à la connaissance des mystères du Christ par son aptitude à apprendre, mais qu'il n'entre pas ; car parfois l'intelligence est première mais l'amour ne suit que tardivement, ou ne suit pas. Mais l'actif, par la véhémence de sa ferveur et son zèle, même s'il comprend plus tardivement - Par tes commandements j'ai acquis l'intelligence -, cependant entre plus vite, si bien que ceux qui furent les derniers à arriver deviennent les premiers à connaître - Les premiers seront derniers et les derniers seront premiers.
2488. Il indique ici l'effet de la recherche. On pourrait d'abord penser que le sens est le suivant : IL VIT cela et IL CRUT que le Christ était ressuscité. Mais, selon Augustin, cela n'a pas de sens, car on a ensuite : ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE. Il faut donc dire qu'IL VIT le tombeau vide et qu'IL CRUT ce que la femme avait dit, à savoir qu'on avait emporté le Seigneur. Alors suit le verset : ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE, car leur intelligence n'avait pas encore été ouverte à l'intelligence des Écritures.
Mais le Christ ne leur a-t-il pas prédit sa Passion et sa Résurrection ? - Et le troisième jour il ressuscitera. Je réponds en disant que, parce qu'ils avaient l'habitude d'entendre de Jésus des paraboles, parmi les choses qu'il leur disait ouvertement il y en avait beaucoup qu'ils ne comprenaient pas, et ils croyaient qu'il voulait signifier quelque chose d'autre.
2489. Ou bien, selon Chrysostome, IL VIT les linges ainsi posés en ordre, ce qui n'aurait pas été fait si le corps avait été enlevé en cachette, et IL CRUT, d'une foi vraie, que le Christ s'était relevé de la mort. Et alors ce qui suit : CAR ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE, se rapporte à ce qu'il dit : IL VIT ET IL CRUT, comme s'il disait : avant de voir, il n'avait pas compris l'Écriture SELON LAQUELLE IL FALLAIT QU'IL RESSUSCITÂT D'ENTRE LES MORTS. Mais quand il vit, il crut qu'il était ressuscité des morts.
Β. L'APPARITION DES ANGES
2490. Après avoir rapporté comment Marie-Madeleine est venue voir le tombeau ouvert, l’Évangéliste montre ici comment elle est parvenue à la vision des anges, et premièrement il montre la dévotion de cette femme, puis la vision des anges [n° 2495] ; enfin il rapporte les paroles que les anges lui adressent [n° 2500].
La course
2478. Ensuite il rapporte l'ordre ou le mode de la recherche. En premier lieu quant à la course, puisqu'ILS COURAIENT TOUS DEUX ENSEMBLE, eux qui aimaient le Christ plus que tout -J'ai couru dans la voie de tes commandements quand tu as dilaté mon cœur. - J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course. - Courez ainsi afin de saisir.
L'arrivée
2479. En second lieu quant à l'arrivée, puisque L'AUTRE DISCIPLE COURUT EN AVANT PLUS VITE QUE PIERRE. On rapporte d'abord comment Jean est arrivé le premier, puis comment Pierre l'a suivi.
2480. Mais note que ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste raconte ces détails avec tant de diligence. En effet, par ces deux disciples sont désignés deux peuples, à savoir celui des Juifs et celui des Gentilspar Pierre, qui était le plus âgé, le peuple des Gentils, et par Jean, qui était le plus jeune, le peuple des Juifs. Car, bien que les Juifs aient reçu en premier lieu la connaissance du Dieu unique et vrai, cependant le peuple des Gentils est le plus ancien dans le monde, car les Juifs eux-mêmes sont sortis des Gentils - Quitte ta terre et ta parenté. Ces deux peuples couraient ensemble la course du monde : les Juifs par la lettre de la Loi, les Gentils par la loi naturelle. Ou encore ils courent ensemble par le désir naturel de la béatitude et de la connaissance de la vérité, que tous les hommes, par nature, désirent connaître. MAIS L'AUTRE DISCIPLE, à savoir le plus jeune, COURUT EN AVANT PLUS VITE QUE PIERRE, parce que les Gentils sont parvenus plus tard que les Juifs à la connaissance de la vérité, car alors Dieu n'était connu qu'en Judée. C'est pourquoi l'Écriture dit : 11 n'a pas fait de telles choses pour toutes les nations et ses jugements, il ne les leur a pas manifestés. ET IL ARRIVA LE PREMIER AU TOMBEAU car il a été le premier à considérer les mystères du Christ, et la promesse au sujet du Christ a été faite en premier lieu aux Juifs, à qui appartiennent l'adoption des fils, la gloire, l'alliance, la législation, le culte, les promesses et aussi les pères de qui est issu le Christ selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen.
ET S'ÉTANT PENCHÉ, à savoir sous le joug de la Loi - Tout ce que le Seigneur prescrira, nous le ferons -, IL VIT LES LINGES POSÉS LÀ, à savoir certaines préfigurations de tous les mystères du Christ -Jusqu'à aujourd'hui, un voile demeure sans être levé quand on lit l'Ancien Testament. CEPENDANT, IL N'ENTRA PAS ; parce qu'il ne parvint pas à la connaissance de la vérité tant qu'il refusa de croire en celui qui était mort. Ceci est dit en Luc du frère aîné qui, entendant la musique et les danses faites pour son frère revenu, refusa d'entrer, alors que cependant l'entrée est promise par David lorsqu'il dit : J'entrerai vers l'autel de Dieu .
2481. Il s'agit ici de l'arrivée de Pierre. Selon le sens littéral, le fait qu'ils couraient ensemble était le signe d'une dévotion fervente ; mais Jean est arrivé plus vite parce qu'il était plus jeune que Pierre, son aîné.
Mais selon le mystère. Pierre suit Jean parce que les Gentils convertis au Christ ne devaient pas être rassemblés dans une Église autre que l'Église des Juifs, mais être greffés sur un olivier et une Église qui existaient déjà. C'est pourquoi l'Apôtre, en faisant leur éloge, dit : Mais vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises qui sont dans le Christ en Judée.
L'entrée
2482. En troisième lieu est rapporté l'ordre de leur entrée, puisqu'il ENTRA DANS LE TOMBEAU. Il est dit d'abord comment Pierre est entré le premier, puis comment Jean est entré [n° 2486].
2483. L'Évangéliste dit donc que Pierre entra dans le tombeau. Certes, selon le sens littéral, si Jean, qui était arrivé le premier, n'entra pas, ce fut par révérence à l'égard de Pierre à qui il réservait d'entrer le premier. Mais selon le mystère, cela indique que le peuple des Juifs, qui entendit le premier les mystères de l'Incarnation, se convertit à la foi plus tard que le peuple des Gentils - Les païens qui ne cherchaient pas la justice ont embrassé la justice, celle qui vient de la foi ; tandis qu’Israël, qui suivait une loi de justice, n'est pas parvenu à la loi de justice.
Et Pierre VIT LES LINGES POSÉS LÀ. Jean ne vit que les linges, que Pierre vit pareillement : en effet, nous ne rejetons pas l'Ancien Testament, puisque le Seigneur ouvrit l'intelligence [des disciples d'Emmaùs] à l'intelligence des Écritures.
Mais Pierre vit en outre LE SUAIRE QUI AVAIT ÉTÉ SUR SA TÊTE - Le chef [en latin caput, qui signifie « tête »] du Christ, c'est Dieu. Donc, voir le suaire qui avait été sur la tête de Jésus, c'est avoir foi en la divinité du Christ, que les Juifs n'ont pas voulu accepter. Ce suaire est décrit comme étant séparé des autres linges, et ENROULÉ, et DANS UN LIEU À PART, car la divinité du Christ est cachée et séparée de toute créature en raison de son excellence – Il est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles, amen. - Vraiment tu es un Dieu caché. Il vit le suaire roulé presque à la manière d'un cercle : en effet, lorsqu'on roule des linges, on ne voit en eux ni début ni fin, [ce qui est un symbole de] la majesté de la divinité qui n'a pas commencé à être ni ne cesse d'être - Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui et pour les siècles . - Mais toi tu es le même et tes années ne cesseront pas. Mais ils le virent DANS UN [UNIQUE] LIEU, car Dieu n'habite pas là où se trouve une division des esprits, mais ceux-là méritent sa grâce qui sont un par la charité - C'est dans la paix qu'a été fait son lieu . - Il n'est pas un Dieu de dissension mais de paix.
2484. Ou bien on peut le comprendre autrement : par le suaire, par lequel la sueur de ceux qui travaillent est habituellement essuyée, on peut entendre le labeur de Dieu parce que, même si en lui-même il demeure toujours en repos, il déclare pourtant qu'il travaille lorsqu'il porte les lourdes perversités des hommes - Elles me sont un fardeau, j'ai travaillé en les supportant. Et c'est principalement ce labeur que le Christ a enduré dans l'humanité qu'il a assumée - II présentera sa mâchoire à celui qui le frappe, il sera rassasié d'opprobres.
Ce suaire, donc, se trouve éloigné à part, car la Passion de notre Rédempteur est loin de la nôtre, qui en est séparée. En effet, par les linges, qui se rapportent aux membres comme le suaire à la tête, on peut entendre les passions des saints ; le suaire, à savoir la Passion du Christ, en est séparé, car le Christ a porté sans faute ce que nous, nous supportons avec des fautes - Le Christ est mort, juste pour les injustes. Il a voulu de lui-même succomber à la mort - Personne ne m'enlève ma vie, mais je la donne de moi-même. - II nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous. Mais les saints vont à la mort malgré eux - Un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas aller.
2485. Mais pourquoi l'Évangéliste raconte-t-il tout cela avec autant de soin ? Selon Chrysostome, il faut répondre qu'il voulait écarter la fausse opinion divulguée par les Juifs, selon laquelle le corps du Christ avait été enlevé en cachette, comme on le voit en Matthieu. En effet, si certains l'avaient emporté de cette manière, ils ne l'auraient certainement pas dénudé, surtout parce qu'ils auraient dû faire cela avec hâte en raison de la présence des gardes. Et ils ne se seraient pas non plus souciés d'enlever le suaire, de le rouler et de le poser dans un lieu à part ; mais si cela était arrivé, ils auraient simplement laissé le suaire après avoir pris le corps. Une autre raison est le fait que la sépulture fut effectuée avec de la myrrhe et de l'aloès qui collent les linges au corps, de telle manière qu'ils n'auraient pas pu être si rapidement séparés du corps.
2486. L'Évangéliste mentionne ensuite l'entrée de Jean. Celui-ci en effet ne resta pas dehors mais il entra après Pierre, car à la fin du monde la Judée aussi sera acquise à la foi en la Rédemption - Une partie d'Israël a été aveuglée jusqu'à ce que soit entrée la plénitude des nations, et ainsi tout Israël sera sauvé. - Un reste sera sauvé.
2487. Ou autrement, selon le mystère : ces deux disciples représentent deux genres d'hommes, à savoir ceux qui s'adonnent à la contemplation de la vérité - ceux-ci sont signifiés par Jean - et ceux qui s'attachent à l'obéissance aux commandements, lesquels sont signifiés par Pierre. De fait, Simon se traduit par « obéissant ».
Il arrive très souvent, en effet, que le contemplatif parvienne le premier à la connaissance des mystères du Christ par son aptitude à apprendre, mais qu'il n'entre pas ; car parfois l'intelligence est première mais l'amour ne suit que tardivement, ou ne suit pas. Mais l'actif, par la véhémence de sa ferveur et son zèle, même s'il comprend plus tardivement - Par tes commandements j'ai acquis l'intelligence -, cependant entre plus vite, si bien que ceux qui furent les derniers à arriver deviennent les premiers à connaître - Les premiers seront derniers et les derniers seront premiers.
2488. Il indique ici l'effet de la recherche. On pourrait d'abord penser que le sens est le suivant : IL VIT cela et IL CRUT que le Christ était ressuscité. Mais, selon Augustin, cela n'a pas de sens, car on a ensuite : ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE. Il faut donc dire qu'IL VIT le tombeau vide et qu'IL CRUT ce que la femme avait dit, à savoir qu'on avait emporté le Seigneur. Alors suit le verset : ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE, car leur intelligence n'avait pas encore été ouverte à l'intelligence des Écritures.
Mais le Christ ne leur a-t-il pas prédit sa Passion et sa Résurrection ? - Et le troisième jour il ressuscitera. Je réponds en disant que, parce qu'ils avaient l'habitude d'entendre de Jésus des paraboles, parmi les choses qu'il leur disait ouvertement il y en avait beaucoup qu'ils ne comprenaient pas, et ils croyaient qu'il voulait signifier quelque chose d'autre.
2489. Ou bien, selon Chrysostome, IL VIT les linges ainsi posés en ordre, ce qui n'aurait pas été fait si le corps avait été enlevé en cachette, et IL CRUT, d'une foi vraie, que le Christ s'était relevé de la mort. Et alors ce qui suit : CAR ILS N'AVAIENT PAS ENCORE COMPRIS L'ÉCRITURE, se rapporte à ce qu'il dit : IL VIT ET IL CRUT, comme s'il disait : avant de voir, il n'avait pas compris l'Écriture SELON LAQUELLE IL FALLAIT QU'IL RESSUSCITÂT D'ENTRE LES MORTS. Mais quand il vit, il crut qu'il était ressuscité des morts.
Β. L'APPARITION DES ANGES
2490. Après avoir rapporté comment Marie-Madeleine est venue voir le tombeau ouvert, l’Évangéliste montre ici comment elle est parvenue à la vision des anges, et premièrement il montre la dévotion de cette femme, puis la vision des anges [n° 2495] ; enfin il rapporte les paroles que les anges lui adressent [n° 2500].
Pierre sortit donc (en conséquence du message de Marie- Madeleine). Première circonstance : le départ des
deux apôtres. - Et ils allèrent... Deuxième circonstance : leur marche dans la direction du tombeau. Dans le
grec, le passé simple se transforme tout à coup en un imparfait très graphique : « ils venaient ».