Jean 4, 10
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Jésus ne répond pas directement à la Samaritaine, et pourtant sa réponse est pleine d'à-propos.
Dans cette première partie du dialogue, il s'adresse davantage à l'intelligence de son interlocutrice, tâchant
d'exciter en elle un pressentiment de la dignité de celui avec qui elle s'entretenait ; plus loin (v. 16 et ss.) c'est
à son cœur et à sa conscience qu'il fera surtout appel. - Si tu connaissais le don de Dieu. Le substantif grec
correspondant à don ne se rencontre qu'en cet endroit des Évangiles ; il est tout à fait noble, et représente
ailleurs, tantôt le don de l'Esprit saint (Act. 2, 38; 8, 20; 10, 45; 11, 7), tantôt le bienfait de la Rédemption
(Rom. 5, 15; 2 Cor. 9, 15, etc.). Il est difficile de déterminer ici sa signification spéciale, des opinions
multiples s'étant formées à ce sujet depuis les premiers jours de l'exégèse (l'Esprit Saint, le don que Dieu a
fait aux hommes en la personne de son Fils, le don par excellence, etc.). Peut-être est -il mieux, d'après le
contexte, de ne l'envisager que par rapport à la Samaritaine : « la faveur insigne que Dieu t'accorde
présentement par cette conversation » (Maldonat, Fr. Luc, etc.). Jésus dut appuyer sur ces mots si graves et si
solennels. Prends garde! ce n'est pas un Juif ordinaire qui te parle. - Peut-être lui aurais-tu fait toi même…
Dans le texte grec, peut-être aurait dû être traduit par en tout cas, exprimant la certitude et non le doute. Les
deux pronoms sont emphatiques. Si tu savais qui je suis, c'est toi qui, au lieu de t'arrêter à des mesquines
considérations de races, te hâterais de demander rafraîchissement et vigueur au voyageur fatigué, altéré ; car,
au spirituel, nos situations sont complètement renversées. - Il t'aurait donné de l'eau vive. Métaphore d'autant
plus belle qu'elle convient à merveille à la situation. Mais à quelle hauteur nous sommes déjà transportés par
cette gracieuse et forte image ! L'eau vive, c'est à proprement parler l'eau courante, par opposition à celle qui
demeure stagnante dans les citernes et dans les puits. (Cf. Gen. 26, 19; Lev. 14, 5; Jer. 2, 13; Bar. 3, 12, etc.);
elle est d'autant plus précieuse en Palestine qu'elle y est plus rare. Au moral, et dans le sens le plus relevé, il
s'agit de la connaissance de Jésus, de la foi en Jésus, qui donneront la vraie vie à cette pauvre femme. -
L'épître de S. Ignace aux Romains, chapitre 7, contient une allusion manifeste à ce verset : c'est donc un
témoignage qui remonte jusque vers l'an 115.
" Si tu savais le don de Dieu ! " (Jn 4, 10). La merveille de la prière se révèle justement là, au bord des puits où nous venons chercher notre eau : là, le Christ vient à la rencontre de tout être humain, il est le premier à nous chercher et c’est lui qui demande à boire. Jésus a soif, sa demande vient des profondeurs de Dieu qui nous désire. La prière, que nous le sachions ou non, est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de Lui (cf. S. Augustin, quæst. 64, 4 : PL 40, 56).
" C’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive " (Jn 4, 10). Notre prière de demande est paradoxalement une réponse. Réponse à la plainte du Dieu vivant : " Ils m’ont abandonné, moi la Source d’eau vive, pour se creuser des citernes lézardées ! " (Jr 2, 13), réponse de foi à la promesse gratuite du salut (cf. Jn 7, 37-39 ; Is 12, 3 ; 51, 1), réponse d’amour à la soif du Fils unique (cf. Jn 19, 28 ; Za 12, 10 ; 13, 1).
Aujourd'hui, l'appel à la conversion que les missionnaires adressent aux non-chrétiens est mis en question ou passé sous silence. On y voit un acte de «prosélytisme»; on dit qu'il suffit d'aider les hommes à être davantage hommes ou plus fidèles à leur religion, qu'il suffit d'édifier des communautés capables d'œuvrer pour la justice, la liberté, la paix, la solidarité. Mais on oublie que toute personne a le droit d'entendre la Bonne Nouvelle de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation. La grandeur de cet événement est mise en relief par les paroles de Jésus à la Samaritaine: «Si tu savais le don de Dieu», comme aussi par le désir inconscient mais ardent de la femme: « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif » (Jn 4, 15).