Jean 4, 22
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Après avoir ouvert cet horizon grandiose, Jésus résout
directement, d'après l'histoire sainte, la question de la Samaritaine. Il revendique franchement le droit des
Juifs et de leur sanctuaire. M- Vous adorez… nous adorons. Même antithèse qu'au v. 20. Il est touchant de
voir Notre-Seigneur se ranger parmi les Juifs : c'était en effet son peuple de toutes manières. Cf. Gal. 4, 4. -
Ce que vous ne connaissez pas. Quoique étrange à première vue, la leçon (au neutre) est bien la vraie. Dieu
est ici envisagé dans sa nature, et non dans sa personne. Voyez, Act. 17, 23, une formule analogue. Les
Samaritains ignoraient Jéhova d'une manière relative, car en réalité ils étaient séparés de la théocratie.
N'acceptant pas d'autres livres sacrés que le Pentateuque (sur le fameux exemplaire que leurs descendants
conservent à Naplouse, voyez Tristram, Land of Israël, 3è édit. p. 354 et s. ; Murrays's handbook for
Palestine, p. 328 ; Sepp, Jerusalem u. das h. Land, t. 2, p. 41), ils avaient totalement négligé les révélations
ultérieures, c'est-à-dire le développement de la connaissance divine : l'arbitraire avait pris chez eux la place
des célestes volontés ; leur religion était mutilée, tronquée et imparfaite. - Ce que nous connaissons. Les
Juifs, au contraire, connaissaient le Seigneur tel qu'il s'était révélé, par conséquent d'une manière aussi
intégrale que possible. Ses manifestations avaient été multiples à travers les âges, et, consignées dans les
écrits inspirés, elles étaient toujours une vivante école où l'on apprenait à le connaître. - Le salut vient des
Juifs. Le salut par excellence, le salut messianique. Cf. Luc 1, 77; Act. 4, 12; Rom. 11, 11. Par cette parole
Jésus motive le second jugement qu'il vient de porter ; dans sa vie nous le voyons toujours fidèle à mettre en
relief les prérogatives de son peuple ; or celle-ci était assurément la pus noble. Elle s'est réalisée sous deux
formes distinctes : d'abord, en tant que les Juifs avaient seuls le dépôt complet de la révélation et qu'ils ont
formé, durant toute leur histoire, comme une chaîne par laquelle a été transmis le salut promis jadis à
Abraham, Gen. 12, 1 et ss. ; puis en tant que le Sauveur lui-même devait être un Israélite selon la chair. Cf.
Is. 2, 1-3; Rom. 3, 1, 2; 9, 4, 6, etc. - Donc les Samaritains ont tort sur la question pratique qui a été proposée
à Notre-Seigneur ; leur culte n'est pas celui que Dieu désire ; le Garizim n'est point le lieu du véritable
sanctuaire. Avec quelle force et aussi avec quelle délicatesse cela est insinué !
L’Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. Avec le Baptême de Jésus au Jourdain et les noces de Cana (cf. LH, antienne du Magnificat des secondes vêpres de l’Épiphanie), elle célèbre l’adoration de Jésus par des " mages " venus d’Orient (Mt 2, 1). Dans ces " mages ", représentants des religions païennes environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour " rendre hommage au roi des Juifs " (Mt 2, 2) montre qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David (cf. Nb 24, 17 ; Ap 22, 16), celui qui sera le roi des nations (cf. Nb 24, 17-19). Leur venue signifie que les païens ne peuvent découvrir Jésus et l’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se tournant vers les juifs (cf. Jn 4, 22) et en recevant d’eux leur promesse messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament (cf. Mt 2, 4-6). L’Épiphanie manifeste que " la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches " (S. Léon le Grand, serm. 33, 3 : PL 54, 242) et acquiert la Israelitica dignitas (MR, Vigile Pascale 26 : prière après la troisième lecture).