Jean 4, 23
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Jésus revient maintenant
à sa première réponse (v. 21), c'est-à-dire au magnifique idéal religieux qui était sur le point de devenir une
réalité historique. Il exprime en termes positifs ce qu'il avait d'abord proposé négativement; de plus, il
développe davantage sa pensée (v. 23 et 24). - Mais : Par contraste avec ce qui a été dit soit du culte juif, soit
du culte samaritain. - L'heure vient… Ces derniers mots sont empreints d'une touchante solennité. Voici que
le nouvel état de choses commence, le Messie ayant inauguré son ministère. L'heure du vrai culte a sonné.
Déjà Notre-Seigneur avait autour de lui, dans la personne de ses disciples, un petit groupe de vrais
adorateurs. Les vrais adorateurs sont ceux qui honorent Dieu conformément à son œuvre, à ses attributs, à sa
volonté ; ceux qui réalisent pour le mieux la notion du culte véritable. Cf. Cramer, Bibl. Theolog.
Woerterbuch der neutestam. Graecitaet, 3è éd., p. 100-102. Les Juifs étaient, certes, de vrais adorateurs, mais
d'une manière imparfaite encore, leur religion devant être portée beaucoup plus haut par le Messie : des
adorateurs plus « vrais » qu'eux étaient donc possibles. - Adoreront le Père. Jésus va signaler les deux
principaux caractères de la religion nouvelle, qui sont la spiritualité, la vérité. - 1° Ce culte de l'avenir aura
lieu en esprit, par apposition à « dans la chair ». Ce qu'il ne faut pas entendre du Saint-Esprit, mais de la
partie la plus relevée de l'être humain, de ces régions supérieures de notre âme par lesquelles S. Paul dit avoir
été surtout en communication avec Dieu, Rom. 1, 9. Cf. 1 Thess. 5, 23 ; Joan. 6, 64. Jusqu'alors le culte avait
été extérieur, attaché à des localités spéciales ; il faut qu'il devienne intérieur avant tout, les restrictions
locales cessant d'exister. « Nous étions allés au dehors, et nous avons été renvoyés à l’intérieur.... c’est dans
ton cœur que tout doit se passer. S’il te faut quelque lieu élevé, quelque lieu saint, fais de toi-même et
intérieurement un temple au Seigneur. Car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple. Veux -tu prier
dans un temple? Prie en toi-même ; mais auparavant, sois le temple de Dieu ; car c’est dans son temple qu’il
écoute ceux qui le prient », S. Augustin, Traité 15 sur S. Jean, 25. La préposition en marque fort bien
l'atmosphère dans laquelle devra se mouvoir le culte perfectionné par Jésus. - 2° En vérité, par opposition à en apparence, symboliquement : ce qui veut dire que l'on n'offrira pas seulement au Seigneur des sacrifices
figuratifs, à la façon des Juifs, mais la réalité, la victime par antonomase dont ils n'étaient que l'ombre. M.
Reuss a bien raison de dire que « la déchéance de la Loi » est proclamée hautement dans ce verset. Motif
pour lequel la religion sera désormais ainsi transformée : Dieu ne veut plus d'autres adorateurs.
Devenus créatures nouvelles, en renaissant de l’eau et de l’Esprit Saint, appelés enfants de Dieu et l’étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine, mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu’ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23) avant tout dans l’action liturgique, soient transformés de façon à mener leur vie personnelle selon l’homme nouveau dans la justice et la sainteté de la vérité (Ep 4, 22- 24) et qu’ainsi constituant cet homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ (cf. Ep 4, 13), ils apportent leur contribution à la croissance du Corps mystique. Qu’en outre, conscients de leur vocation, ils prennent l’habitude aussi bien de rendre témoignage à l’espérance qui est en eux (cf. 1 P 3, 15) que d’aider à la transformation chrétienne du monde, par quoi les valeurs naturelles, reprises et intégrées dans la perspective totale de l’homme racheté par le Christ, contribuent au bien de toute la société. C’est pourquoi, le Concile rappelle aux pasteurs des âmes le grave devoir qui est le leur de tout faire pour que tous les fidèles bénéficient de cette éducation chrétienne, surtout les jeunes qui sont l’espérance de l’Église.
L’activité missionnaire n’est rien d’autre et rien de moins que la manifestation du dessein de Dieu, son épiphanie et sa réalisation dans le monde et son histoire, dans laquelle Dieu conduit clairement à son terme, par la mission, l’histoire du salut. Par la parole de la prédication et par la célébration des sacrements, dont la sainte Eucharistie est le centre et le sommet, elle rend présent le Christ, auteur du salut. Tout ce qui se trouvait déjà de vérité et de grâce chez les nations comme par une secrète présence de Dieu, elle le libère des influences mauvaises et le rend au Christ son auteur, qui détruit l’empire du diable et arrête la malice infiniment diverse du crime. Aussi tout ce qu’on découvre de bon semé dans le cœur et l’esprit des hommes ou dans les rites particuliers et les cultures particulières des peuples, non seulement ne périt pas, mais est purifié, élevé et porté à son achèvement pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme. Ainsi l’activité missionnaire tend à la plénitude eschatologique: c’est par elle en effet que jusqu’à la mesure et à l’époque que le Père a fixées dans sa puissance (cf. Ac 1, 7), se développe le Peuple de Dieu, auquel s’adresse la parole prophétique : « Élargis l’espace de la tente, déploie les tentures sans contrainte » (Is 54, 2); c’est par elle que s’accroît le Corps mystique jusqu’à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ (cf. Ep 4, 13), et que le temple spirituel où Dieu est adoré en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23), grandit et s’édifie sur le fondement des Apôtres et des prophètes, le Christ Jésus étant lui-même la pierre d’angle (Ep 2, 20).
Le Christ nous révèle avant tout que la condition de la liberté authentique est de reconnaître la vérité honnêtement et avec ouverture d'esprit : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera » (Jn 8, 32) C'est la vérité qui rend libre face au pouvoir et qui donne la force du martyre. Il en est ainsi pour Jésus devant Pilate : « Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). De même, les vrais adorateurs de Dieu doivent l'adorer « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23) : ils deviennent libres par cette adoration. En Jésus Christ, l'attachement à la vérité et l'adoration de Dieu se présentent comme les racines les plus intimes de la liberté.