Jean 4, 30

Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.

Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Origène
Nôtre-Seigneur se sert de cette femme comme d'un apôtre pour évangéliser ses concitoyens, il l'a tellement enflammée par ses paroles du feu sacré du zèle, qu'elle laisse là son urne pour retourner à la ville et raconter tout à ses concitoyens : « La femme alors, laissant là sa cruche, s'en alla dans la ville. » Elle oublie et les soins du corps, et la bassesse apparente de l'office qu'elle remplissait, elle ne voit que l'utilité du plus grand nombre. Ainsi devons-nous oublier et sacrifier nos intérêts corporels, pour nous efforcer de communiquer aux autres les biens que nous avons reçus.

Elle les rappelle à venir voir un homme dont la parole était supérieure à la parole de l'homme. Ce qu'elle avait fait, c'était d'abord d'avoir eu cinq maris, et de vivre ensuite avec un sixième dans un commerce illégitime ; mais elle se sépare de cet homme pour s'attacher à un septième, et au moment où elle laisse son urne, elle a déjà recouvré la pudeur.

Aussitôt qu'elle a ouvert son cœur à la véritable sagesse, elle fait peu de cas de tout ce qu'elle aimait auparavant et se hâte de s'en dépouiller.
Saint Jean Chrysostome
Les disciples de Jésus arrivèrent justement fort à propos, lorsque cet entretien venait de se terminer : « En même temps, ses disciples arrivèrent, et ils s'étonnaient, » etc. Ils admiraient la douceur et l'excessive bonté du Sauveur, qui si grand qu'il était, daignait s'abaisser jusqu'à s'entretenir si familièrement avec une pauvre femme et une Samaritaine.

Cependant, malgré leur étonnement, ils ne lui demandent point la raison de cet entretien. « Néanmoins aucun ne dit : Que lui demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ? » Ils étaient habitués à garder la sage réserve qui convient à des disciples pleins d'une crainte respectueuse pour leur maître. Dans d'autres circonstances, ils l'interrogent avec liberté sur des choses qu'il leur importait de savoir, tandis qu'il n'y avait rien pour eux de personnel dans cet entretien.

A l'exemple des apôtres qui avaient quitté leurs filets, cette femme laisse là son urne et remplit l'office d'un évangéliste, et ce n'est pas une seule personne, mais une ville tout entière qu'elle appelle à la connaissance de la vérité : « Elle alla dans la ville, et dit aux habitants : Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'avais fait. »

Elle n'a point de honte de révéler les désordres de sa vie, car lorsque l'âme est enflammée de l'amour divin, aucune des choses de la terre ne l'arrête plus, elle n'est sensible ni à la gloire, ni à la honte, elle obéit uniquement à la flamme qui la dévore. Cette femme ne prétend pas qu'on la croie sur parole, et elle demande à ses concitoyens de venir se convaincre de leurs yeux et de leurs oreilles de la vérité de la doctrine du Christ. Aussi ne leur dit-elle pas : Venez et croyez, mais : « Venez et voyez, » ce qui était moins décisif ; car elle était persuadée que s'ils approchaient seulement leurs lèvres de cette source divine, ils éprouveraient aussitôt ce qu'elle avait éprouvé elle-même.

Voilà pourquoi elle ne dit point d'un ton affirmatif : Cet homme ne peut-être que le Christ ; elle ne s'en tait pas non plus absolument, mais elle dit d'un ton dubitatif  « Cet homme ne serait-il pas le Christ ? » Aussi se rendent-ils à son témoignage : « Ils sortirent donc de la ville et vinrent à lui. »
Saint Augustin
Ils admiraient la bonté du Sauveur, et se gardaient bien de soupçonner le moindre mal.

Le mot grec ?d??? vient de ?d??, qui veut dire eau, et signifie un vase destiné à porter de l'eau.

Il ne faut point passer légèrement sur cette circonstance que la Samaritaine abandonne sa cruche. Cette cruche signifie la convoitise avec laquelle l'homme puise la volupté charnelle des profondeurs ténébreuses du cœur, comme d'un puits obscur, c'est-à-dire de la vie de la terre et des sens. Mais dès lors qu'elle croit en Jésus-Christ, elle doit renoncer au monde, et en laissant son urne, montrer qu'elle renonce à la convoitise du monde.

Elle s'est dépouillée de sa convoitise pour être plus libre d'annoncer et de prêcher la vérité, et apprend ainsi à tous ceux qui veulent annoncer l'Evangile à laisser d'abord près du puits l'urne de la convoitise.
Alcuin d'York
Remarquez qu'elle n'en vient que par degrés à leur annoncer le Christ ; elle ne leur en parle d'abord que comme d'un homme dans la crainte que le nom de Christ ne vînt à les irriter et à les empêcher de venir.
Louis-Claude Fillion
Toute la ville est bientôt en émoi, et se dirige au plus vite vers le puits de Jacob, pour contempler le mystérieux étranger. Notez de nouveau ce changement de temps, qui met la scène sous nos yeux. L'aoriste indique une action immédiate et rapide ; l'imparfait, au contraire, un acte dont l'exécution demandait un certain temps.