Jean 4, 34
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ils désirent qu'il profite pour manger du temps qui devait s'écouler entre le départ de cette femme et l'arrivée des Samaritains, car ils n'avaient pas l'habitude de lui servir sa nourriture devant des étrangers, c'est pour cela que l'Evangéliste dit expressément : « Pendant ce temps-là. »
La nourriture qui convient au Fils de Dieu c'est d'accomplir la volonté de son Père, en se proposant pour règle de ses actions les décrets de cette volonté divine. Or, le Fils de Dieu peut seul accomplir dans sa perfection la volonté du Père. Les autres saints conforment toutes leurs actions à cette volonté, mais celui-là seul l'accomplit dans toute sa perfection qui a dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé. » C'est la nourriture qui lui est exclusivement propre. Mais quelle est la volonté du Père ? C'est, ajoute Nôtre-Seigneur, d'accomplir son œuvre. En effet, pour parler simplement, dans un ouvrage quelconque, l'œuvre qui est commandée est lu fait de celui qui commande, c'est ainsi que nous disons de ceux qui construisent une maison ou creusent la terre, qu'ils exécutent l'œuvre de celui qui les a pris à son service. Mais si l'œuvre de Dieu est parfaitement accomplie par Jésus-Christ, elle était donc imparfaite auparavant, et comment admettre l'imperfection dans l'œuvre de Dieu ? L'accomplissement parfait de cette œuvre, c'était le perfectionnement de la créature raisonnable, et c'est pour donner toute sa perfection à cette oeuvre imparfaite que le Verbe s'est fait chair et qu'il a habité parmi nous. Nous disons donc que l'homme avait été créé dans un certain état de perfection, il en est déchu par sa faute, et le Seigneur a été envoyé d'abord pour accomplir la volonté de celui qui l'avait envoyé, et en second lieu, pour consommer l'œuvre de Dieu, afin que tout chrétien puisse parvenir à la perfection nécessaire pour participer à une nourriture plus solide.
Dans le sens mystique, après l'entretien que le Sauveur venait d'avoir sur la boisson de l'âme, et ses divins enseignements sur l'eau toute spirituelle qu'il devait lui donner, il était naturel de parler de la nourriture. La Samaritaine à qui Nôtre-Seigneur demandait à boire, ne pouvait lui offrir une boisson digne de lui ; les disciples qui n'avaient trouvé chez ces étrangers que des aliments bien ordinaires, les présentent à Jésus en le pressant de manger. Ne pourrait-on pas dire que les disciples craignent que le Verbe de Dieu n'étant point suffisamment soutenu par la nourriture qui lui est propre ne vienne à tomber en défaillance. Ils proposent donc au Verbe de se nourrir de tous les aliments qu'ils trouvent et qu'ils lui présentent, espérant ainsi le conserver au milieu d'eux en lui donnant la nourriture qui doit il soutenir et le fortifier. Mais les corps qui ne peuvent se soutenir que par la nourriture n'ont pas tous besoin des mêmes aliments, ni de la même quantité d'aliments, il en est de même dans les choses spirituelles. Parmi les âmes, il en est qui demandent une nourriture plus abondante, d'autres ont besoin d'une quantité beaucoup moins considérable, parce que leur capacité est différente, et qu'elles n'ont, pour ainsi parler, ni les mêmes proportions, ni la même mesure. Il faut dire la même chose des discours et des pensées de haute perfection qui ne peuvent convenir indifféremment à toutes les âmes ; les enfants nouvellement nés désirent le lait spirituel et pur qui doit les faire croître pour le salut. (1 P 2) Mais ceux qui sont parfaits demandent une nourriture plus solide. (He 5) Nôtre-Seigneur exprime donc une vérité certaine en disant : « J'ai une nourriture à manger, que vous ne connaissez pas, » et tout homme qui se trouve placé au-dessus des infirmes et qui ne peuvent se nourrir des mêmes considérations que les âmes fortes, peut s'appliquer ces mêmes paroles.
Ils le voyaient fatigué tout à la fois de la route et de la chaleur, et ils le pressent simplement et familièrement de manger, ce n'était point témérité de leur part, mais une preuve de leur affection pour leur maître.
Il parle ici du salut des hommes comme d'une nourriture pour nous faire comprendre le grand désir qu'il a de notre salut. Il le désire aussi vivement qu'il nous est naturel de désirer la nourriture. Mais remarquez qu'il ne révèle pas aussitôt cette vérité, il fait naître le doute dans l'esprit de ses auditeurs, pour qu'ils embrassent avec plus d'ardeur la vérité qui a été de leur part l'objet de sérieuses recherches.
Ils donnent ici une preuve de leur respect habituel pour leur maître, ils se font cette demande entre eux, mais ils n'osent l'interroger lui-même.
Les disciples avaient été acheter des provisions, et ils étaient revenus. Cependant ses disciples le pressaient en disant : « Maître, mangez, »
Quoi d'étonnant que cette femme n'ait pas compris la nature de l'eau que Jésus voulait lui donner, alors que ses disciples eux-mêmes ne comprennent pas quelle est cette nourriture dont il leur veut parler ?
Le Seigneur entendit pour ainsi dire les pensée de ses disciples, et il les instruit en maître directement et ouvertement sans prendre de circuits comme il l'avait fait avec la Samaritaine : « Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé. »
Le Seigneur qui savait que la Samaritaine allait lui amener tous les habitants de la ville, voulut l'apprendre à ses disciples : « Mais il leur dit : J'ai une nourriture à manger que vous ne connaissez pas. »
Il dit : « Que vous ne connaissez pas, » c'est-à-dire vous ne savez pas que le salut des hommes est pour moi une véritable nourriture, ou vous ne savez pas que les Samaritains doivent embrasser la foi et être sauvés. Les disciples étaient encore dans le doute sur le véritable sens de ces paroles : « Et les disciples se disaient l'un à l'autre : Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? »
De ces paroles : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » nous concluons légitimement que Nôtre-Seigneur avait coutume de recevoir les aliments qu'on lui offrait, non sans doute qu'il eût besoin du secours d'autrui, lui qui donne la nourriture à toute chair (Ps 146), mais pour donner à ceux qui lui faisaient cette offrande l'occasion d'une action méritoire. Il nous apprenait en même temps à ne point rougir de la pauvreté, comme aussi à ne point regarder comme une humiliation d'être nourri par les autres, car c'est une nécessité inhérente à la condition des docteurs de se décharger sur les autres du soin de pourvoir à leur nourriture pour s'occuper exclusivement du ministère de la parole.
Le Fils de Dieu donne encore à l’oeuvre de Dieu, c'est-à-dire à l'homme, toute sa perfection en montrant en lui-même notre nature pure de tout péché, parfaite dans toutes ses actions et affranchie de la corruption. Il accomplit aussi dans sa perfection l'œuvre de Dieu, c'est-à-dire la loi, parce que Jésus-Christ est la fin de la loi (Rm 10) ; il fait cesser le règne de la loi, en accomplissant toutes les figures qu'elle contenait, et en substituant aux cérémonies extérieures de la loi un culte vraiment spirituel.
Jésus s'explique, comme il avait fait pour la Samaritaine ; c'est à une
nourriture spirituelle qu'il pensait. Cette image exprime fortement la consolation intime, la pleine satiété que
Notre-Seigneur trouvait dans l'accomplissement de sa mission : il en oubliait ses fatigues et les nécessités les
plus pressantes de la vie. - Faire la volonté… Les critiques hésitent entre les leçons du texte grec, qui sont
appuyées à peu près également par les documents anciens. Le temps présent indiquerait la perpétuité de
l'action : que je fasse et que je fasse encore à tout instant. - De celui qui m'a envoyé. C'est-à-dire : de Dieu, de
mon Père, comme Jésus dit ailleurs. Cette locution est toujours solennelle. Cf. 2, 17, etc. - Pour accomplir
son œuvre. Ici, le verbe grec est sans doute au subjonctif aoriste : l'acte est ainsi regardé d'avance comme
accompli dans l'avenir, comme « la consommation finale de la tâche, qui n'aura lieu qu'au terme de
l'obéissance incessante » (Godet). Jésus ne dit pas quelle est cette œuvre ; c'est, en général, la rédemption du
genre humain ; en particulier, dans la circonstance présente, la conversion des Samaritains. Le divin Maître
avait donc toujours sa vocation à la pensée, pour s'y conformer d'une manière intégrale : la volonté de son
Père était toute chose pour lui. Cette admirable parole revient souvent sur ces lèvres dans le quatrième
évangile. Cf. 5, 30; 6, 38; 7, 18; 8, 50; 9, 4; 12, 49, 50; 14, 31; 15, 10; 17, 4.
Par la profession d’obéissance, les religieux font l’offrande totale de leur propre volonté, comme un sacrifice d’eux-mêmes à Dieu, et par là ils s’unissent plus fermement et plus sûrement à sa volonté de salut. À l’exemple de Jésus Christ qui est venu pour faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34 ; 5, 30 ; He 10, 7 ; Ps 39, 9) et qui « prenant la forme d’esclave » (Ph 2, 7) a appris en souffrant l’obéissance (cf. He 5, 8), les religieux, sous la motion de l’Esprit Saint se soumettent dans la foi à leurs supérieurs, qui sont les représentants de Dieu, et ils sont guidés par eux au service de tous leurs frères dans le Christ comme le Christ lui-même qui, à cause de sa soumission au Père, s’est fait serviteur de ses frères et a donné sa vie en rançon pour la multitude (cf. Mt 20, 28 ; Jn 10, 14-18). Ils sont liés ainsi plus étroitement au service de l’Église et tendent à parvenir à la mesure de la plénitude de l’âge du Christ (cf. Ep 4, 13).
C’est dans le Christ, et par sa volonté humaine, que la Volonté du Père a été parfaitement et une fois pour toutes accomplie. Jésus a dit en entrant dans ce monde : " Voici, je viens faire, ô Dieu, ta volonté " (He 10, 7 ; Ps 40, 7). Jésus seul peut dire : " Je fais toujours ce qui Lui plaît " (Jn 8, 29). Dans la prière de son agonie, il consent totalement à cette Volonté : " Que ne se soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! " (Lc 22, 42 ; cf. Jn 4, 34 ; 5, 30 ; 6, 38). Voilà pourquoi Jésus " s’est livré pour nos péchés selon la volonté de Dieu " (Ga 1, 4). " C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l’oblation du Corps de Jésus Christ " (He 10, 10).