Jean 4, 35
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
A l'idée qu'il
vient d'énoncer, et, d'une manière générale, à l'ensemble de la situation dans laquelle il se trouvait alors,
Jésus rattache quelques belles réflexions, portant sur l'avenir entier de son œuvre et sur la collaboration de
ses disciples. Il ouvre à ces derniers un vaste et magnifique horizon. - Ne dites-vous pas… Peut-être
avaient-ils réellement tenu ce langage ; plus probablement, Notre-Seigneur le leur prête comme très naturel
dans l'occasion : En voyant ces champs verdoyants, vous dites sans doute… - Encore quatre mois. « Un
temps de quatre mois ». D'après un certain nombre de commentateurs (Maldonat, Grotius, Lücke, Tholuck,
Alford, de Wette, etc.), ces paroles formaient un adage alors usuel en Palestine, pour signifier qu'une fois la
semence confiée à la terre, il fallait attendre pendant quatre mois la récolte. Mais on leur objecte à bon droit
qu'un proverbe de ce genre n'eût pas manqué de mentionner les semailles, et surtout, qu'entre cette opération,
accomplie en octobre, et la moisson qui commence en Palestine vers la mi-août, il existe un intervalle d'au
moins cinq mois. Le mieux est donc, à la suite de S. Augustin et avec la plupart des interprètes, d'appliquer
uniquement ce passage à la circonstance actuelle, et de dire qu'à la lettre quatre mois encore devaient
s'écouler avant la moisson. Nous obtenons ainsi une précieuse donnée pour l'harmonie et la chronologie des
évangiles. Cf. Wieseler, Chronologische Synopse, Hambourg 1843, p. 214 et ss. D'après ce qui a été dit
ci-dessus, c'est vers la seconde moitié de décembre que Jésus aurait séjourné en Samarie. Comme il était allé
Jérusalem pour la Pâque précédente, 2, 13, par conséquent en avril, son séjour en Judée avait duré environ
huit mois. - Je vous dis. Jésus oppose son propre dire à celui des disciples. Non ! Il n'y a pas un aussi
longtemps avant la prochaine récolte ! La particule annonce, selon la coutume, un fait extraordinaire,
surprenant. - Levez vos yeux. Une autre introduction pittoresque à la pensée qui va suivre. Voyez de vos
propres yeux si les choses ne sont pas telles que je les affirme. - Voyez les campagnes. La contrée si belle et
si fertile qui les entourait. Comme alors, « le fond de la vallée est couvert de champs cultivés, et de prairies
de la verdure la plus fraîche et la plus éclatante » Cf. Bovet, Voyage en Terre Sainte, 3ème édit., p. 320. C'est
comme un champ unique, que n'interrompent ni haies, ni murs, une vraie masse verdoyante qui ondule
gracieusement. Voyez Schegg, Pilgerbuch, t. 2, p. 98 ; Stanley, Palestine, p. 233 et ss. - Qui blanchissent
déjà. L'expression est toute classique et d'ailleurs très exacte, car le blé blanchit quand il est sur le point de
mûrir. Déjà contraste avec encore : cet adverbe étant placé à la fin de la phrase dans le texte grec, on l'a
parfois rattaché dès l'antiquité à la proposition suivante (v. 35); mais, en somme, le sens est plus net d'après
l'interprétation de la Vulgate. Naturellement, c'est au figuré qu'il faut prendre cette parole de Jésus (contre
Olshause, Caspari, etc., qui l'interprètent littéralement, et qui infèrent de là qu'on était alors en avril ou en
mai). « Vous autres, vous comptez quatre mois jusqu’à la moisson (la moisson matérielle), moi je vous en
montre une autre (une moisson mystique) qui a déjà blanchi et qui est toute prête », S. Augustin, Traité 15 sur
Jean. « Ils voyaient effectivement alors les Samaritains accourir en foule vers lui; leur volonté ainsi disposée
et soumise, c'est ce qu'il appelle les campagnes blanches », S. Jean Chrysostôme, Hom. 34. Jésus et ses
disciples n'avaient plus qu'à prendre la faucille pour recueillir ces excellents épis. Fertile moisson
assurément, mais elle présageait celle que les apôtres allaient bientôt faire dans le vaste champ du monde
païen.
Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence en Palestine vers le milieu d’avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre.
Le Seigneur pouvait inviter les autres à être attentifs à la beauté qu’il y a dans le monde, parce qu’il était lui-même en contact permanent avec la nature et y prêtait une attention pleine d’affection et de stupéfaction. Quand il parcourait chaque coin de sa terre, il s’arrêtait pour contempler la beauté semée par son Père, et il invitait ses disciples à reconnaître dans les choses un message divin : « Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4, 35). « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est bien la plus petite de toutes les graines, mais quand il a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre » (Mt 13, 31-32).