Jean 4, 36
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
664. Après la conversion des nations par la voie de l’enseignement du Christ , l’Evangéliste montre ici leur conversion par la voie du miracle, en en rapportant un accompli par le Christ. Pour cela, il indique d’abord le lieu du miracle , puis le décrit et enfin en montre l’effet .
Le lieu du miracle est désigné d’abord d’une manière générale , puis d’une manière précise .
En indiquant d’une manière générale le lieu du miracle , l’Evangéliste donne aussi la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu , et il montre comment Il y fut reçu .
665. L’Evangéliste dit donc que Jésus demeura deux jours chez les Samaritains, et qu’après deux jours IL PARTIT DE LA, c’est-à-dire quitta la Samarie après avoir confirmé les Samaritains dans leur foi, ET S’EN ALLA EN GALILEE, où Il avait été élevé . Par là il est signifié qu’à la fin du monde, une fois les nations confirmées dans la foi et la vérité, Il reviendra pour convertir les Juifs — Une partie d’Isra est tombée dans l’aveugle nent jus qu’à ce que soit entrée la plénitude des nations; et ainsi tout Israël sera sauvé .
666. Voilà la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu; mais ces paroles suscitent une double perplexité : l’une concernant le sens littéral, l’autre l’enchaînement du texte .
On peut en effet hésiter sur le sens littéral, car ce que le Christ dit ici, à savoir qu’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semble pas vrai, puisqu’on lit que certains prophètes furent honorés dans leur patrie.
Selon Chrysostome , il faut répondre à cela que le Seigneur parle ici de ce qui arrive dans la plupart des cas. Par conséquent, bien que les paroles du Seigneur ne se vérifient pas dans tel ou tel cas particulier, on ne doit pas pour autant les considérer comme fausses; car, dans le domaine des réalités naturelles et morales, une règle qui s’applique à la majorité des cas est vraie; et s’il en va autrement dans un cas particulier, on n’estime pas pour autant que la règle est fausse. Or ce que dit le Seigneur est vrai pour la plupart des prophètes, car, dans l’Ancien Testament, c’est à peine si l’on en trouve un qui n’ait pas souffert la persécution de la part de ses compatriotes — Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? . Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés... . Cette parole du Seigneur n’est pas seulement vraie des prophètes chez les Juifs, mais aussi, comme le notre Origène , de la plupart des prophètes chez les Gentils, qui furent méprisés par leurs concitoyens et conduits à la mort. En effet, le commerce habituel avec les hommes et une familiarité excessive diminuent le respect de l’amour et engendrent le mépris; si bien que, généralement, ceux que nous traitons plus familièrement, nous les respectons moins, et nous avons plus de considération pour ceux avec qui l’intimité n’est pas possible. Mais quand il s’agit de Dieu, c’est le contraire qui arrive. Plus on entre dans son intimité par l’amour et la contemplation, plus, reconnaissant son excellence, on Le respecte avec amour et plus on s’estime petit — Je t’avais entendu de mon oreille mais maintenant mon œil te voit; c’est pourquoi je m’accuse moi-même, et je fais pénitence dans la poussière et la cendre . La raison en est que, la nature de l’homme étant faible et fragile, quand on fréquente longtemps quelqu’un on trouve en lui des faiblesses, et le respect affectueux qu’on a pour lui en est diminué. Au contraire, la perfection de Dieu étant sans mesure, plus l’homme progresse dans la connaissance de Dieu, plus il admire l’excellence de sa perfection et plus augmente le respect aimant qu’il a pour Lui.
667. Mais le Christ a-t-Il été prophète? Il semble que non, puisque la prophétie comporte une connaissance énigmatique — Si quelqu’un parmi vous est prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai en songe — et que le Christ, Lui, n’eut pas de connaissance énigmatique.
Cependant, que le Christ ait été prophète, ce passage de l’Ecriture qui s’applique à Lui le montre manifestement : Le Seigneur ton Dieu te suscitera, de ta nation et d’entre tes frères, un prophète comme moi : c’est lui que tu écouteras .
A l’objection je réponds que le prophète exerce une double fonction il voit — Celui qu’on appelle mainte nant prophète, on l’appelait autrefois voyant — et il annonce. A cet égard le Christ fut prophète, parce qu’Il annonça la vérité sur Dieu — Moi, ce pour quoi je suis né et ce pour quoi je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la Vérité . En ce qui concerne l’office de voyant, il faut savoir que le Christ à la fois était pèlerin sur la terre et possédait la vision béatifique; il était pèlerin selon la passibilité de sa nature humaine et tout ce qui en relève, mais Il possédait la vision béatifique dans son union à la divinité , par laquelle Il jouis sait de Dieu de la manière la plus parfaite.
Mais la vision de la prophétie comporte deux choses la lumière intellectuelle de l’esprit et l’image. En ce qui concerne la première, le Christ n’eut pas la prophétie, parce qu’Il n’eut pas de lumière imparfaite, mais la lumière de celui qui voit Dieu. En ce qui concerne la vision imaginaire, Il eut une ressemblance avec les prophètes, du fait que, pèlerin sur la terre, Il pouvait former dans son imagination des images diverses.
668. On peut hésiter aussi sur l’enchaînement du texte. En effet, les paroles de l’Evangéliste APRES DEUX JOURS, IL PARTIT DE LA ET S’EN ALLA EN GALILEE, et les suivantes JESUS A LUI-MEME REN DU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semblent pas s’enchaîner de manière cohérente. Il semble que l’Evangéliste aurait dû plutôt dire que Jésus ne s’en alla pas en Galilée, puisqu’il A LUI-MEME RENDU CE TEMOI GNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE. Car s’Il n’y était pas honoré, c’était une raison, semble-t-il, pour ne pas y aller.
Augustin résout cette difficulté en disant que l’Evangéliste répond ici à une question que l’on pourrait poser : "Pourquoi allait-Il là puisqu’Il avait demeuré longtemps en Galilée et que les Galiléens ne s’étaient pas convertis, alors que les Samaritains se convertirent en deux jours?" Ce qui revient à dire bien qu’ils ne se fussent pas convertis, néanmoins Il y alla . Il avait LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.
Chrysostome résout la difficulté autrement, en comprenant le texte de la manière suivante APRES DEUX JOURS IL PARTIT DE LA, mais pas pour Capharnaüm qui était sa patrie en ce sens qu’Il y fit des séjours prolongés, ni pour Bethléem qui était sa patrie puisque c’était le lieu de sa naissance, ni pour Nazareth qui était encore sa patrie car c’était la ville où Il avait été élevé. Il n’alla donc pas à Capharnaüm, à qui II adresse ce reproche : Et toi, Capharnaüm, t’élèveras-tu jusqu’au ciel? (...) Jusqu’aux enfers tu descendras , mais A CA NA DE GALILEE. Et l’Evangéliste en donne ici la rai son c’est qu’ils étaient mal disposés envers Lui , ce qu’il exprime ainsi : JESUS EN EFFET A LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.
669. Mais alors, le Christ recherchait-Il la gloire qui vient des hommes ? Il semble que non, puisque plus tard II dira Pour moi, je ne cherche pas ma gloire .
A cela je réponds que Dieu seul peut, sans péché, chercher sa propre gloire; tandis que l’homme ne doit pas chercher auprès des hommes sa propre gloire, mais doit chercher la gloire de Dieu . Quant au Christ, en tant que Dieu il convenait qu’Il cherchât sa gloire, et, en tant qu’homme, qu’Il cherchât la gloire de Dieu en Lui-même.
670. L’Evangéliste montre ici que le Christ fut reçu par les Galiléens avec plus d’honneur que précédemment LES GALILEENS, dit-il, L’ACCUEILLIRENT AVEC HONNEUR. La raison en est qu’ils avaient vu TOUT CE QU’IL AVAIT FAIT A JERUSALEM PENDANT LA FETE; CAR EUX AUSSI ETAlENT VENUS A LA FETE, conformément à ce qui était prescrit par la Loi. Pourtant, nous n’avons pas lu plus haut que le Christ ait fait un miracle à Jérusalem. A cela je réponds, avec Origène que les Juifs considérèrent comme un très grand miracle que le Christ ait avec une si grande autorité chassé du Temple acheteurs et vendeurs. On peut également dire que peut-être Il fit à Jérusalem plusieurs miracles qui ne furent pas écrits, selon ce qui est dit plus loin : Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres signes qui n’ont pas été écrits dans ce livre
671. Mystiquement, il nous est donné par là un exemple à suivre : si nous voulons recevoir en nous le Christ Jésus, il nous faut monter A JERUSALEM PENDANT LA FETE, c’est-à-dire chercher le repos de l’esprit et voir une par une les choses que Jésus y accomplit — Regarde Sion, la cité de nos fêtes . J’ai médité sur toutes tes œuvres .
672. Remarquons encore ceci : autant les hommes étaient inférieurs aux autres dans l’ordre de la dignité, autant ils étaient meilleurs qu’eux au regard de Dieu. Or les Juifs l’emportaient en dignité sur les Galiléens — Scrute les Ecritures, et tu verras que de Galilée il ne se lève pas de prophète — et les Galiléens l’emportaient en dignité sur les Samaritains — Les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains — ; mais, inversement, les Samaritains étaient meilleurs que les Galiléens, puis qu’en deux jours et sans avoir vu de miracle ils crurent dans le Christ en plus grand nombre que les Galiléens ne le firent en bien des jours, et encore, avec le miracle du vin; en effet ceux-ci ne crurent pas en Lui, à l’exception de ses disciples . Quant aux Juifs, ils étaient pires que les Galiléens eux-mêmes, puisqu’aucun d’eux n’avait cru, si ce n’est peut-être Nicodème.
673. Selon Chrysostome, ces paroles de l’Evangéliste se présentent comme une conclusion de ce qu’il vient de dire . Autrement dit parce qu’Il n’était pas honoré à Capharnaüm, le Christ n’alla pas là où on Le déshonorait; mais Il devait aller A CANA DE GALILEE, où Il avait une première fois été invité à des noces, et où cette fois Il revint sans avoir été invité. Ainsi, c’est pour montrer leur dureté que l’Evangéliste fait mention de la double venue à Cana; puisque lors du premier miracle, celui du vin, seuls ses disciples crurent en Lui, et qu’au second ne crurent en Lui que l’officier royal et toute sa maison , alors que les Samaritains crurent sur sa seule parole.
674. Au sens mystique, la double venue à Cana signifie le double effet de la parole de Dieu sur l’esprit. En effet, elle réjouit d’abord — ils reçoivent la parole avec joie —, et c’est ce qui est signifié dans le miracle du vin, qui réjouit le cœur de l’homme . Puis elle guérit — Ce n’est ni une herbe, ni un émollient qui les a guéris, mais ta parole, Seigneur, qui guérit tout —, et c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.
Cette double venue signifie encore le double avènement du Fils de Dieu. Le premier fut un avènement de douceur, pour donner la joie — Exulte et loue, demeure de Sion, car Il est grand au milieu de toi, le Saint d’Isaïe . C’est pourquoi l’ange dit aux bergers : Voici que je vous annonce une grande joie (...) : il vous est né aujourd’hui un Sauveur . C’est ce que signifie le miracle du vin. Le second avènement du Fils de Dieu en ce mon de sera un avènement de majesté, quand Il viendra enlever toutes nos infirmités et nos peines, et nous con former à son Corps de gloire c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.
Le lieu du miracle est désigné d’abord d’une manière générale , puis d’une manière précise .
En indiquant d’une manière générale le lieu du miracle , l’Evangéliste donne aussi la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu , et il montre comment Il y fut reçu .
665. L’Evangéliste dit donc que Jésus demeura deux jours chez les Samaritains, et qu’après deux jours IL PARTIT DE LA, c’est-à-dire quitta la Samarie après avoir confirmé les Samaritains dans leur foi, ET S’EN ALLA EN GALILEE, où Il avait été élevé . Par là il est signifié qu’à la fin du monde, une fois les nations confirmées dans la foi et la vérité, Il reviendra pour convertir les Juifs — Une partie d’Isra est tombée dans l’aveugle nent jus qu’à ce que soit entrée la plénitude des nations; et ainsi tout Israël sera sauvé .
666. Voilà la raison pour laquelle le Christ a choisi ce lieu; mais ces paroles suscitent une double perplexité : l’une concernant le sens littéral, l’autre l’enchaînement du texte .
On peut en effet hésiter sur le sens littéral, car ce que le Christ dit ici, à savoir qu’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semble pas vrai, puisqu’on lit que certains prophètes furent honorés dans leur patrie.
Selon Chrysostome , il faut répondre à cela que le Seigneur parle ici de ce qui arrive dans la plupart des cas. Par conséquent, bien que les paroles du Seigneur ne se vérifient pas dans tel ou tel cas particulier, on ne doit pas pour autant les considérer comme fausses; car, dans le domaine des réalités naturelles et morales, une règle qui s’applique à la majorité des cas est vraie; et s’il en va autrement dans un cas particulier, on n’estime pas pour autant que la règle est fausse. Or ce que dit le Seigneur est vrai pour la plupart des prophètes, car, dans l’Ancien Testament, c’est à peine si l’on en trouve un qui n’ait pas souffert la persécution de la part de ses compatriotes — Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? . Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés... . Cette parole du Seigneur n’est pas seulement vraie des prophètes chez les Juifs, mais aussi, comme le notre Origène , de la plupart des prophètes chez les Gentils, qui furent méprisés par leurs concitoyens et conduits à la mort. En effet, le commerce habituel avec les hommes et une familiarité excessive diminuent le respect de l’amour et engendrent le mépris; si bien que, généralement, ceux que nous traitons plus familièrement, nous les respectons moins, et nous avons plus de considération pour ceux avec qui l’intimité n’est pas possible. Mais quand il s’agit de Dieu, c’est le contraire qui arrive. Plus on entre dans son intimité par l’amour et la contemplation, plus, reconnaissant son excellence, on Le respecte avec amour et plus on s’estime petit — Je t’avais entendu de mon oreille mais maintenant mon œil te voit; c’est pourquoi je m’accuse moi-même, et je fais pénitence dans la poussière et la cendre . La raison en est que, la nature de l’homme étant faible et fragile, quand on fréquente longtemps quelqu’un on trouve en lui des faiblesses, et le respect affectueux qu’on a pour lui en est diminué. Au contraire, la perfection de Dieu étant sans mesure, plus l’homme progresse dans la connaissance de Dieu, plus il admire l’excellence de sa perfection et plus augmente le respect aimant qu’il a pour Lui.
667. Mais le Christ a-t-Il été prophète? Il semble que non, puisque la prophétie comporte une connaissance énigmatique — Si quelqu’un parmi vous est prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai en songe — et que le Christ, Lui, n’eut pas de connaissance énigmatique.
Cependant, que le Christ ait été prophète, ce passage de l’Ecriture qui s’applique à Lui le montre manifestement : Le Seigneur ton Dieu te suscitera, de ta nation et d’entre tes frères, un prophète comme moi : c’est lui que tu écouteras .
A l’objection je réponds que le prophète exerce une double fonction il voit — Celui qu’on appelle mainte nant prophète, on l’appelait autrefois voyant — et il annonce. A cet égard le Christ fut prophète, parce qu’Il annonça la vérité sur Dieu — Moi, ce pour quoi je suis né et ce pour quoi je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la Vérité . En ce qui concerne l’office de voyant, il faut savoir que le Christ à la fois était pèlerin sur la terre et possédait la vision béatifique; il était pèlerin selon la passibilité de sa nature humaine et tout ce qui en relève, mais Il possédait la vision béatifique dans son union à la divinité , par laquelle Il jouis sait de Dieu de la manière la plus parfaite.
Mais la vision de la prophétie comporte deux choses la lumière intellectuelle de l’esprit et l’image. En ce qui concerne la première, le Christ n’eut pas la prophétie, parce qu’Il n’eut pas de lumière imparfaite, mais la lumière de celui qui voit Dieu. En ce qui concerne la vision imaginaire, Il eut une ressemblance avec les prophètes, du fait que, pèlerin sur la terre, Il pouvait former dans son imagination des images diverses.
668. On peut hésiter aussi sur l’enchaînement du texte. En effet, les paroles de l’Evangéliste APRES DEUX JOURS, IL PARTIT DE LA ET S’EN ALLA EN GALILEE, et les suivantes JESUS A LUI-MEME REN DU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE, ne semblent pas s’enchaîner de manière cohérente. Il semble que l’Evangéliste aurait dû plutôt dire que Jésus ne s’en alla pas en Galilée, puisqu’il A LUI-MEME RENDU CE TEMOI GNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE. Car s’Il n’y était pas honoré, c’était une raison, semble-t-il, pour ne pas y aller.
Augustin résout cette difficulté en disant que l’Evangéliste répond ici à une question que l’on pourrait poser : "Pourquoi allait-Il là puisqu’Il avait demeuré longtemps en Galilée et que les Galiléens ne s’étaient pas convertis, alors que les Samaritains se convertirent en deux jours?" Ce qui revient à dire bien qu’ils ne se fussent pas convertis, néanmoins Il y alla . Il avait LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.
Chrysostome résout la difficulté autrement, en comprenant le texte de la manière suivante APRES DEUX JOURS IL PARTIT DE LA, mais pas pour Capharnaüm qui était sa patrie en ce sens qu’Il y fit des séjours prolongés, ni pour Bethléem qui était sa patrie puisque c’était le lieu de sa naissance, ni pour Nazareth qui était encore sa patrie car c’était la ville où Il avait été élevé. Il n’alla donc pas à Capharnaüm, à qui II adresse ce reproche : Et toi, Capharnaüm, t’élèveras-tu jusqu’au ciel? (...) Jusqu’aux enfers tu descendras , mais A CA NA DE GALILEE. Et l’Evangéliste en donne ici la rai son c’est qu’ils étaient mal disposés envers Lui , ce qu’il exprime ainsi : JESUS EN EFFET A LUI-MEME RENDU CE TEMOIGNAGE, QU’UN PROPHETE N’EST PAS HONORE DANS SA PROPRE PATRIE.
669. Mais alors, le Christ recherchait-Il la gloire qui vient des hommes ? Il semble que non, puisque plus tard II dira Pour moi, je ne cherche pas ma gloire .
A cela je réponds que Dieu seul peut, sans péché, chercher sa propre gloire; tandis que l’homme ne doit pas chercher auprès des hommes sa propre gloire, mais doit chercher la gloire de Dieu . Quant au Christ, en tant que Dieu il convenait qu’Il cherchât sa gloire, et, en tant qu’homme, qu’Il cherchât la gloire de Dieu en Lui-même.
670. L’Evangéliste montre ici que le Christ fut reçu par les Galiléens avec plus d’honneur que précédemment LES GALILEENS, dit-il, L’ACCUEILLIRENT AVEC HONNEUR. La raison en est qu’ils avaient vu TOUT CE QU’IL AVAIT FAIT A JERUSALEM PENDANT LA FETE; CAR EUX AUSSI ETAlENT VENUS A LA FETE, conformément à ce qui était prescrit par la Loi. Pourtant, nous n’avons pas lu plus haut que le Christ ait fait un miracle à Jérusalem. A cela je réponds, avec Origène que les Juifs considérèrent comme un très grand miracle que le Christ ait avec une si grande autorité chassé du Temple acheteurs et vendeurs. On peut également dire que peut-être Il fit à Jérusalem plusieurs miracles qui ne furent pas écrits, selon ce qui est dit plus loin : Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres signes qui n’ont pas été écrits dans ce livre
671. Mystiquement, il nous est donné par là un exemple à suivre : si nous voulons recevoir en nous le Christ Jésus, il nous faut monter A JERUSALEM PENDANT LA FETE, c’est-à-dire chercher le repos de l’esprit et voir une par une les choses que Jésus y accomplit — Regarde Sion, la cité de nos fêtes . J’ai médité sur toutes tes œuvres .
672. Remarquons encore ceci : autant les hommes étaient inférieurs aux autres dans l’ordre de la dignité, autant ils étaient meilleurs qu’eux au regard de Dieu. Or les Juifs l’emportaient en dignité sur les Galiléens — Scrute les Ecritures, et tu verras que de Galilée il ne se lève pas de prophète — et les Galiléens l’emportaient en dignité sur les Samaritains — Les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains — ; mais, inversement, les Samaritains étaient meilleurs que les Galiléens, puis qu’en deux jours et sans avoir vu de miracle ils crurent dans le Christ en plus grand nombre que les Galiléens ne le firent en bien des jours, et encore, avec le miracle du vin; en effet ceux-ci ne crurent pas en Lui, à l’exception de ses disciples . Quant aux Juifs, ils étaient pires que les Galiléens eux-mêmes, puisqu’aucun d’eux n’avait cru, si ce n’est peut-être Nicodème.
673. Selon Chrysostome, ces paroles de l’Evangéliste se présentent comme une conclusion de ce qu’il vient de dire . Autrement dit parce qu’Il n’était pas honoré à Capharnaüm, le Christ n’alla pas là où on Le déshonorait; mais Il devait aller A CANA DE GALILEE, où Il avait une première fois été invité à des noces, et où cette fois Il revint sans avoir été invité. Ainsi, c’est pour montrer leur dureté que l’Evangéliste fait mention de la double venue à Cana; puisque lors du premier miracle, celui du vin, seuls ses disciples crurent en Lui, et qu’au second ne crurent en Lui que l’officier royal et toute sa maison , alors que les Samaritains crurent sur sa seule parole.
674. Au sens mystique, la double venue à Cana signifie le double effet de la parole de Dieu sur l’esprit. En effet, elle réjouit d’abord — ils reçoivent la parole avec joie —, et c’est ce qui est signifié dans le miracle du vin, qui réjouit le cœur de l’homme . Puis elle guérit — Ce n’est ni une herbe, ni un émollient qui les a guéris, mais ta parole, Seigneur, qui guérit tout —, et c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.
Cette double venue signifie encore le double avènement du Fils de Dieu. Le premier fut un avènement de douceur, pour donner la joie — Exulte et loue, demeure de Sion, car Il est grand au milieu de toi, le Saint d’Isaïe . C’est pourquoi l’ange dit aux bergers : Voici que je vous annonce une grande joie (...) : il vous est né aujourd’hui un Sauveur . C’est ce que signifie le miracle du vin. Le second avènement du Fils de Dieu en ce mon de sera un avènement de majesté, quand Il viendra enlever toutes nos infirmités et nos peines, et nous con former à son Corps de gloire c’est ce qui est signifié dans la guérison du malade.
Jésus continue sa
belle allégorie. La suite générale des pensées est aisée à indiquer : Le champ est mûr pour la moisson (v. 35);
soyez de zélés moissonneurs (Cf. Joël, 4, 13), car vous trouverez dans ce rôle de très grands avantages. « Le
Sauveur brûlait du désir d'accomplir son œuvre, et avait hâte d'envoyer des ouvriers recueillir cette
moisson », S. Augustin. - Celui qui moissonne… Ce fait est vrai de ceux qui travaillent à la moisson des
âmes, aussi bien que des moissonneurs vulgaires. Seulement, quelle récompense magnifique Dieu ne
donnera-t-il point aux hommes qui l'auront aidé à rentrer sa récolte spirituelle! - Et amasse du fruit. Ce n'est
pas dans des greniers temporels, où le grain se corrompt que les moissonneurs de Jésus placent les glorieuses
gerbes recueillies péniblement, mais dans les magasins invisibles du ciel. Leur salaire consistera par
conséquent en des biens éternels. Voyez Cornelius a Lapide et Maldonat. - Afin que celui qui sème. Dans le
domaine matériel, l'action de semer et celle de moissonner sont souvent accompagnées de sentiments très
divers. « On sème dans les larmes », à cause des risques redoutables que l'on encourt; « on moissonne dans la
joie », (Ps. 125, 5, 6), quand tout a réussi. Lorsqu'il s'agit du champ des âmes, la joie est commune et au
semeur et au moissonneur, puisqu'ils se retrouvent dans le ciel pour posséder, ainsi qu'il vient d'être dit, une
récompense qui n'aura pas de fin.
Les prophètes et les justes répandirent la semence et les apôtres moissonneront (saint Chrysostome).