Jean 4, 7
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
Le calme et la solitude qui régnaient autour de Jésus sont tout à coup troublés. La
Samarie peut désigner la province, comme aux versets 4 et 5 : ces mots sont donc synonymes de la
Samaritaine du v. 9. La ville de Samarie, à laquelle d'anciens exégètes ont songé, était à deux heures de là,
dans la direction du Nord. - Puiser de l’eau. Cette femme s'en venait, la cruche sur la tête ou sur l'épaule
(voyez notre Atlas archéologique de la Bible. Pl. 29, fig. 2. Cf. v. 28), chercher sa provision d'eau à la
fontaine de Jacob. Pourquoi si loin, puisqu'il y avait, à Sichar même, d'excellentes sources? Pourquoi à une
heure si incommode et si inaccoutumée? C'est en effet le matin que les femmes orientales vont d'ordinaire à
la fontaine, comme autrefois Rébecca, Gen. 24, 11. Mais il est évident, d'après le v. 12, qu'elle avait une
dévotion spéciale pour le puits de Jacob; d'un autre côté, sa situation irrégulière (v. 16-20) n'était-elle pas un
motif suffisant pour elle de venir à la fontaine précisément quand elle espérait n'y rencontrer personne ?
Enfin combien de motifs imprévus de renouveler la provision d'eau dans un ménage ? Ce sont les
rationalistes qui nous obligent d'entrer dans ces minutieux détails, car ils les ont signalés pour attaquer
l'authenticité du récit. Les préliminaires ont pris fin : S. Jean les a retracés en véritable artiste. Bien des
peintres ont dessiné après lui Jésus et la Samaritaine tels que nous les avons vus s'aborder; mais il n'a été
égalé ni par Philippe de Champagne, ni par Garofolo, ni par Giorgione, ni par le Titien, etc. Cf. Rohault de
Fleury. L’Évangile, études iconographiq. et archéologiq. t. 1, p. 232 et ss. Voyez dans Goethe, Saemmtiche
Werke, Stuttgart 1868, un délicieux dialogue en vers italiens basé sur cet épisode. M. de Laprade a consacré
un de ses Poèmes évangéliques (Paris, 1852, p. 159 et ss.) à la Samaritaine. - Jésus lui dit. « La femme vint
au puits, dit gracieusement S. Augustin, Serm. 93, et trouva une fontaine qu'elle n'espérait pas ». Mais celui
qui devait lui procurer ces eaux vives et jaillissant pour la vie éternelle (v. 13 et 14), commence par lui demander d'abord à elle-même quelques gouttes de l'eau fraîche et naturelle dont elle avait sans doute déjà
rempli son urne. Faveur fréquemment implorée en Orient auprès des fontaines par les voyageurs altérés, et
bien rarement refusée. Il faut prendre à la lettre les mots : Donne-moi à boire. Jésus était réellement altéré
par suite de sa longue marche. Nous pouvons néanmoins ajouter mystiquement avec S. Augustin : « Celui
qui lui demandait à boire avait soif de la foi de cette femme ». C'est par ces termes d'une extrême simplicité
que s'engage l'un des plus sublimes dialogues évangéliques! Le Maître rattache, suivant sa coutume, une
leçon toute céleste à un vulgaire incident. Plus haut (2, 1-21) nous l'avons vu s'entretenir avec un sage
d'Israël, membre du Sanhédrin juif ; ici, c'est une femme du peuple, une pécheresse qu'il instruit. Quelle
différence dans les interlocuteurs! Il y a aussi une grande différence dans les choses qui leur sont révélées,
dans le fond du sujet ; et pourtant c'est bien la même méthode générale d'enseignement, ce sont des procédés
pédagogiques analogues. De part et d'autre Jésus profite des circonstances immédiates, il passe
admirablement du naturel au surnaturel, il se contente de répéter des paroles incomprises afin d'exciter ainsi
l'attention et la foi, il essaie de toucher après avoir convaincu, etc. Modèle tout divin de la manière dont le
prêtre doit s'adresser aux âmes pour les convertir. Pour d'autres rapports de N.S. Jésus-Christ avec les
femmes, mentionnés çà et là dans les saints Évangiles, voyez Matth. 9, 20 et parall.; 15, 22 et parall.; 27, 55
et parall.; 28, 9-10; Luc. 8, 2-3; 10, 38 et ss.; 11, 27-28; 13, 11 et ss.; Joan. 11; 20, 14 et ss. L'entretien de
Jésus avec la Samaritaine se divise en deux parties, l'une générale, préparatoire, figurée (v. 7b-15); l'autre
plus particulière, allant droit et nettement au but (v. 16-26).
35. Cela est manifeste lorsque nous le voyons à l’œuvre. Il est toujours à la recherche, toujours proche, toujours ouvert à la rencontre. Nous le contemplons s’arrêter pour parler avec la Samaritaine au puits où elle va prendre de l’eau (cf. Jn 4, 5-7). Nous le voyons, au milieu de la nuit, rencontrer Nicodème qui a peur d’être vu avec Lui (cf. Jn 3,1-2). Nous l’admirons se laisser laver les pieds, sans honte, par une prostituée (cf. Lc 7, 36-50) ; dire à la femme adultère les yeux dans les yeux : je ne te condamne pas (cf. Jn 8, 11) ; affronter l’indifférence de ses disciples lorsqu’il dit à l’aveugle sur la route avec tendresse : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10, 51). Le Christ montre que Dieu est proximité, compassion et tendresse.