Jean 5, 17

Jésus leur déclara : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. »

Jésus leur déclara : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. »
Louis-Claude Fillion
N.-S. Jésus-Christ, devant ces mêmes adversaires, s'était proclamé le maître du temple, 2, 17 ; il se présente maintenant devant eux comme le roi et le maître du sabbat. Et de quelle manière profonde il le fait ! Comparez Matth. 12, 11; Luc. 13, 15; 16, 5, où il alléguait simplement comme excuse les nécessités de la vie quotidienne, et Marc.2 25, où s'élevant plus haut, il était loin d'atteindre la région supérieure dans laquelle nous allons le contempler. - Leur répondit. Sur cet emploi tout hébraïque du verbe « répondre »,voyez l'Evang. selon S. Matthieu, p. 231. En fait, Jésus répondait ici aux accusations des Juifs, v. 16. Quelques commentateurs nous transportent de nouveau, mais sans raison suffisante, à une époque distincte de celle qui a été marquée aux versets 1 et ss. - Mon Père. C'est-à-dire : Dieu, le Créateur souverain, ainsi qu'il sera nettement affirmé au verset suivant. Toute la réponse de Jésus est contenue en abrégé dans ces deux mots : Mon Père. Il va droit au cœur de la question, afin de trancher l'erreur des Juifs à la racine. On le regarde comme un homme ordinaire, mais il montrera qu'il a des droits supérieurs, inattaquables, en tant que Fils de Dieu. - Agit jusqu'à présent (ἕως ἄρτι) : Notez le temps présent, ici et à la fin du verset. C'est un fait toujours vrai : il n'y a pas de sabbat absolu pour Dieu. Depuis l'instant où il s'est mis à l'œuvre pour appeler le monde à la vie, il n'a pas cessé de travailler, d'agir, car il faut son action perpétuelle pour conserver et gouverner ses créatures physiquement et moralement. Bien des Juifs refusaient d'y croire, prenant à la lettre des passages tels que Gen. 2, 1-2 ; Ex. 20, 8, desquels ils concluaient que Dieu était, depuis le septième jour, un spectateur inerte de la création. D'autres Juifs croyaient à cette activité, mais ils osaient en être scandalisés. Pourquoi Dieu n'observe-t-il pas le sabbat ? demandaient-ils d'une manière insensée. Et on parvenait à peine à les calmer par cette réponse non moins triviale : Est-ce qu'un homme n'a pas le droit de se promener dans sa maison le jour du sabbat ? Or, la maison de Dieu, c'est tout le royaume d'en haut (le ciel) et tout le royaume d'en bas (la terre). Voyez le traité Schemoth Rabba, 30. D’autres enfin disaient noblement, comme Philon, Legis Allegor, 1, 3 : « Dieu ne cesse jamais d'agir ; mais, de même que le feu a la propriété de brûler, et que la neige a celle d'être froide, de même, agir est la propriété de Dieu, et cela d’autant mieux qu’il est à l’origine de l’activité pour tous les autres ». - Et moi aussi. Moi, son Fils; moi aussi, ϰαὶ étant en cet endroit une particule de comparaison. - J'agis. Comme mon Père céleste je suis perpétuellement actif, sans avoir à m'inquiéter des jours, ni d'une loi qui a été faite par moi, non pour moi. - L'argument est court, à la façon d'un oracle ; mais il est si riche, et si fort, et si « incommensurablement profond! » (Godet). Aussi cette ligne est-elle, pour ainsi dire, le texte qui sera développé dans le sermon de Jésus (vv. 19-47). Remarquez en outre le sentiment tout filial, tout dévoué, que le Sauveur manifeste ici pour son Père. Lui, travaillant, pourrais-je demeurer en repos ? Non, car je me dois entièrement à son œuvre.