Jean 5, 19

Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.

Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.
Louis-Claude Fillion
Première partie du discours, vv. 19-30. C'est aussi la plus importante des deux sous le rapport théologique. Elle commente les paroles du v. 17, qui lui servent de thème et de texte. La nature et les prérogatives du Fils sont expliquées dans une série d’affirmations solennelles, que la particule car, quatre fois répétée, unit ensemble comme les anneaux d'une chaîne. Les attributs du Fils sont envisagés d'abord relativement à Dieu, vv. 19-23, puis relativement aux hommes, vv. 24-29 ; le v. 30 est une récapitulation. Ou encore, les vv. 19 et 20 nous montrent la communauté d’opérations qui existe entre le Père et le Fils ; nous voyons ensuite, vv. 21-27, le Fils chargé par le Père de vivifier moralement ou de condamner les hommes (d'abord générale, vv. 21-23, l’idée se particularise aux vv. 24-27) ; enfin le Fils nous apparaît comme souverain Juge à la fin des temps, vv. 28 et29 ; après quoi, le v. 30 nous ramène au point de départ, l'identité d'action du Père et du Fils. Résumé: le Fils est égal au Père, le Fils est Dieu : voilà sa nature ; ses prérogatives sont d'agir en union avec Dieu, d'être aimé de Dieu, d'avoir droit aux honneurs divins, de procurer aux hommes la vraie vie, de juger et de condamner les pervers. - En vérité... A trois reprises nous entendrons cette majestueuse formule dans la première partie du discours (comp. les versets 24 et 25). Voyez 1, 50 et le commentaire. Ayant à proclamer des vérités si importantes, Jésus en appelle au témoignage de Dieu ; il donne pour garantie à sa parole l'infaillibilité absolue du Père. Remarquons-le bien : Jésus ne conteste pas le moins du monde le sens que les Juifs ont donné à son assertion du v.17 (comp. le v. 18) ; il y revient au contraire pour l'accepter, le confirmer pleinement. - Le Fils ne peut rien faire. La pensée est énoncée négativement dans la première moitié du verset, et réitérée dans la seconde en termes positifs. « Il ne peut pas » : c'est une impossibilité radicale et absolue ; non assurément à cause des limites qui seraient imposées à l'activité du Fils, car elle n'en connaît d'aucune sorte, mais par suite de ses relations intimes avec le Père. Cf. Hebr. 1, 3. Un homme ordinaire pourrait séparer sa volonté et ses opérations de la volonté et des opérations de Dieu ; le Fils jamais, vu qu'il n'est avec le Père qu'un seul et même Dieu. - Le Fils. Nuances intéressantes à signaler : plus haut, v. 17, Jésus avait parlé à la première personne, et il reprendra d'une manière habituelle le pronom je à partir du v. 30 ; au v. 25, il emploie l'expression complète, « Fils de Dieu » ; au v. 27 il se désigne comme le « Fils de l'homme ». On conçoit qu'au début du discours il ait évité de se mettre directement en scène, de crainte de soulever aussitôt les passions déjà si vives de ses auditeurs. - De lui-même, άφ' έαυτοῦ. Mots très importants dans ce passage : « de lui-même et contre la volonté du Père » (Klofutar). C'est une expression propre à S. Jean. Voyez le verset 30 ; 7, 17, 28 ; 8, 28, 42 ; 9, 51 ; 14, 10 ; 15, 4 ; 16, 3. Sur l'objection que les Ariens tiraient autrefois de tout ce passage contre la divinité de N. S. Jésus-Christ, voyez D. Calmet, Maldonat et les théologiens. Les « Unitariens », qui n'admettent qu'une seule personne divine, l'ont renouvelée de nos jours : il suffit de leur opposer les arguments par lesquels les Pères ont renversé l'arianisme. - Si ce n'est ce qu'il voit faire au Père (βλεπη, « videat »). L'accent est ici sur Père, comme auparavant sur Fils. Ce que fait mon Père céleste, moi, son Fils, comment pourrais-je ne pas l'opérer aussi ? Cette manière de parler ne désigne donc pas une imitation pure et simple, analogue à la conduite que les enfants tiennent souvent à l'égard de leurs pères ; c'est un anthropomorphisme, une métaphore, pour marquer une parfaite et intime connaissance des décrets de Dieu. - Tout ce que le Père fait, ᾃ γὰρ ἅν, toutes choses, quelles qu'elles soient. C'est la même pensée, exprimée d'une manière positive : non seulement l'amour filial met obstacle à ce que le Fils agisse par lui-même, il le fait entrer directement dans l'œuvre de son Père (ίlle, ἐϰεῖνος) ; non seulement son action coïncide avec celle du Père, qu'elle imite, mais elle a en outre la même extension. - Le Fils aussi le fait pareillement. S. Cyrille d'Alexandrie. in h. l., lib. 2, c. 6, tire à merveille la conclusion théologique qui ressort de ces lignes si profondes : « Il peut accomplir tout ce que Dieu le Père peut accomplir, et il l'accomplit comme le Père lui-même l'accomplit : Cela montre qu'ils sont de même nature... Donc, comme vrai Dieu engendré de Dieu le Père, Il dit qu'il peut accomplir toutes choses comme Lui ; qu'il jouit d'une puissance égale à celle du Père, en ayant en toutes choses la même Volonté que Lui ; et donc qu'il ne peut rien faire de lui-même, si ce n'est ce qu'il voit faire au Père ». Cf. S. Aug. In evang. Joan., h. l. Il y a donc une nécessité intrinsèque à ce que le Fils agisse en même temps et de la même manière que le Père, et cette nécessité s'appelle l'identité de nature. Ce verset 19 contient la clé de tout ce qui va suivre.
Catéchisme de l'Église catholique
Jésus les unit à sa mission reçue du Père : comme " le Fils ne peut rien faire de Lui-même " (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme " ministres d’une alliance nouvelle " (2 Co 3, 6), " ministres de Dieu " (2 Co 6, 4), " en ambassade pour le Christ " (2 Co 5, 20), " serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu " (1 Co 4, 1).

Dans le prophète Isaïe on trouve l’expression " Dieu de vérité ", littéralement " Dieu de l’Amen ", c’est-à-dire le Dieu fidèle à ses promesses : " Quiconque voudra être béni sur terre voudra être béni par le Dieu de l’Amen " (Is 65, 16). Notre Seigneur emploie souvent le terme " Amen " (cf. Mt 6, 2. 5. 16), parfois sous forme redoublée (cf. Jn 5, 19), pour souligner la fiabilité de son enseignement, son Autorité fondée sur la Vérité de Dieu.