Jean 5, 21
Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut.
Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut.
De même en effet... annonce de nouveau une explication. Ici et
au v. 22, Jésus mentionne en termes généraux deux des « œuvres plus grandes » que son Père lui a donné
pour mission d'exécuter ; il entrera ensuite sur elles dans des détails plus complets jusqu'à la fin de la
première partie de son discours. - Première œuvre : la résurrection des morts. La manière dont le Père
l'accomplit est décrite au moyen de deux verbes, qui en marquent les deux mouvements successifs. 1° Il
ressuscite, ἐγείρει ; littéralement : « il réveille ». La mort est tout d'abord chassée, 2° Il rend la vie,
ζωοποιεῖ ; une vie nouvelle est donnée, à l'état de mort succède celui de la réviviscence. - Ainsi (en
corrélation avec « de même ») le Fils donne la vie. Par abréviation, le second verbe seul est maintenant cité,
mais c'est le plus important des deux - A qui il lui plaît (scil. « au Fils ») est une note délicate à divers points
de vue. D'abord, ces mots mettent en relief la toute-puissance confiée au Fils par le Père : leurs volontés
étant, du reste, identiques, ce que veut le Fils, le Père le veut aussi. En second lieu, ils montrent que le Fils
n'exerce pas pour ainsi dire en aveugle, arbitrairement, ce sublime pouvoir de vivifier les morts ; car vouloir
c'est choisir, et il ne peut choisir qu’avec une sagesse infinie. Enfin, hélas ! ces mots déclarent que le Fils ne
pourra exécuter envers tous les hommes son action vivificatrice ; car il en est qui « ne voudront pas », qui
mettront obstacle, et c'est alors qu'il ne voudra pas lui-même. Notez que les quatre verbes sont à l'indicatif
présent, ce qui marque une puissance perpétuelle et permanente. Notez encore que la résurrection est, dans
l'Ancien Testament, un attribut réservé exclusivement à Dieu : Deut. 32, 39 ; 1 Reg.2, 6 ; Tob. 13, 2 ; Sap.
16,13, etc. Les Juifs avaient inséré ce dogme dans leur symbole (13e article ; voyez le Précis élémentaire
d'instruction morale et religieuse pour les jeunes Français israélites, 5e leçon). - Avant d'aller plus loin, nous
avons à préciser le sens des expressions « vivifier, ressusciter » dans tout ce passage, en ce qui concerne le
Fils. Il s'est formé en effet à leur sujet différentes opinions, et il n'est pas sans importance, pour la parfaite
intelligence des vv. 21-27, de savoir au juste à quoi s'en tenir sur ce point. De quelle résurrection Jésus a-t-il
donc voulu parler ici ? De la résurrection générale à la fin des temps, d'après S. Cyrille, Maldonat, etc. De la
résurrection de Lazare, de la fille de Jaïre et du fils de la veuve de Naïm, au dire de S. Jean Chrysostome et
de quelques autres interprètes. Enfin, de la résurrection spirituelle et mystique, d'après S. Augustίn, le Ρ.
Patrizi, Olshausen, Α. Maier, le Ρ. Corluy, etc. Nous adoptons sans hésiter ce dernier sentiment, qui paraît
beaucoup mieux s'adapter soit aux expressions, soit à la pensée de Jésus. Dans cette série de versets (21-27),
il parle au présent ; ou bien, au futur il ajoute un qualificatif (v. 25, « l'heure vient » ) pour montrer qu'il a en
vue une action très prochaine ; plus loin (vv. 28 et 29), où tout le monde admet qu'il s'agit de la fin du monde,
il emploie le futur. Ici, il met lui-même des limites à la résurrection, comme nous l'avons insinué plus haut :
« Il donne la vie à qui lui plaît » ; là, pas de limites, car tous les hommes sans exception seront ressuscités.
Ces deux raisonnements, auxquels on ne saurait se soustraire, renversent l'opinion de S. Cyrille : quant à
celle de S. Jean Chrysostome, elle est évidemment beaucoup trop restreinte pour épuiser la signification d'une parole qui est si vaste et si profonde dans ses conséquences.