Jean 5, 29
alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.
alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.
Pourquoi Nôtre-Seigneur rappelle-t-il continuellement les idées de jugement, de résurrection et de vie ? parce que rien n'est plus propre à conduire à la foi les esprits les plus rebelles. Celui qui est profondément convaincu qu'il ressuscitera, cl qu'il doit payer au Fils de Dieu, la peine des fautes qu'il a commises, sans autre considération, s'empresse de se rendre son juge favorable.
« Parce qu'il est le Fils de l'homme ne vous étonnez pas. » Paul de Samosate dispose ainsi le texte sacré : « Il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme. » Mais cette manière de lire est contraire à toute logique ; le Sauveur en effet n'a pas reçu la puissance de juger parce qu'il est homme, car alors pourquoi tous les hommes ne recevraient-ils pas le même pouvoir ? Mais il est juge parce qu'il est le Fils ineffable de Dieu. Voici donc comment il faut lire : « Ne vous étonnez pas de ce qu'il est le Fils de l'homme. » Un des grands obstacles qui s'opposaient dans l'esprit des Juifs à la parfaite intelligence des enseignements du Sauveur, c'est qu'ils ne voyaient en lui qu'un homme ; tandis que sa doctrine était de beaucoup supérieure à celle des hommes, à celle des anges et semblait ne convenir qu'à un Dieu. Il va donc au-devant de cette difficulté et leur dit : « Ne vous étonnez point, parce qu'il est le Fils de l'homme, » et il en donne la raison : « Car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils. » Et pourquoi leur dit-il : « Ne vous étonnez point parce qu'il est le Fils de l'homme, parce qu'il est en même temps le Fils de Dieu. » Il vient de parler de la résurrection, comme d'une oeuvre qui est l'œuvre de Dieu par excellence, et il laisse à ses auditeurs à tirer la conséquence qu'il était Dieu et Fils de Dieu. En effet ceux qui font usage de raisonnements, lorsque les propositions qu'ils avancent prouvent évidemment la vérité qu'ils établissent, se dispensent de tirer eux-mêmes la conclusion, mais pour rendre la victoire plus éclatante, ils laissent à leurs contradicteurs le soin de tirer cette conséquence contre eux-mêmes. Lorsqu'il a fait allusion précédemment à la résurrection de Lazare, il n'a point parlé du jugement, car Lazare n'est point ressuscité pour le jugement ; mais lorsqu'il parle de la résurrection générale, il y joint le souvenir du jugement : « Et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour une résurrection de vie, et ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de châtiment. » Il avait dit précédemment : « Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé, n'entre point en jugement ; » mais pour ne point laisser croire que la foi suffît pour être sauvé, il y joint ici la nécessité d'une vie pleine de bonnes œuvres : « Et ceux qui ont fait le bien en sortiront pour une résurrection de vie. »
On peut encore expliquer autrement ces paroles : « Dieu lui a donné d'avoir la vie en lui-même en tant qu'il était le Verbe qui était en Dieu dès le commencement ; mais le Verbe s'est fait chair dans le sein de la Vierge Marie, et c'est parce qu'il s'est fait homme qu'il est le Fils de l'homme, » et c'est à ce titre qu'il a reçu le pouvoir de juger, pouvoir qu'il exercera à la fin du monde alors qu'aura lieu la résurrection des corps. Dieu ressuscite donc les âme-par Jésus-Christ Fils de Dieu, et il ressuscite les corps par Jésus-Christ. Fils de l'homme. Et c'est pour cela qu'il ajoute : « Parce qu'il est le Fils de l'homme, » car comme Fils de Dieu, il a toujours eu ce pouvoir. »
C'est sous la forme extérieure du Fils de l'homme que Jésus-Christ doit juger les hommes, il les jugera sous cette forme qu'ils l'ont jugé eux-mêmes, le même qui a comparu devant le tribunal d'un juge de la terre montera sur son tribunal pour juger à son tour, il condamnera les vrais coupables, lui qui a été condamné malgré les fausses accusations dont il a été chargé. Il fallait en effet que ceux qui devaient être jugés vissent leur juge de leurs propres yeux ; mais comme ce jugement devait s’étendre aux bons comme aux méchants, il convenait qu'il se manifestât sous la forme de serviteur aux bons et aux méchants, et qu'il réservât exclusivement aux bons la vue de la nature divine suivant ces paroles. « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. »
Aucun de ceux qui ont essayé d'établir des sectes où l'erreur était substituée à la vérité, n'ont pu nier la résurrection spirituelle qui rend les âmes meilleures, et les fait passer du vice à la vertu ; mais beaucoup d'entre eux ont nié la résurrection de la chair, et que pourrions-nous leur répondre, Seigneur Jésus, si vous n'eussiez affirmé cette vérité. C'est donc pour en établir plus solidement la croyance qu'il ajoute : « Ne vous étonnez pas, » c'est-à-dire ne soyez pas surpris que Dieu ait donné au Fils de l'homme le pouvoir de juger, car « l'heure vient, » etc.
Il n'ajoute pas ici comme précédemment : « Et cette heure est venue, » parce qu'elle ne doit venir qu'à la fin du monde. Ne vous étonnez pas que j'aie dit : « Il faut que les hommes soient jugés par un homme, mais quels sont ces hommes ? Non-seulement ceux qui seront alors en vie ; car voici l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux, » etc.
Quoi de plus évident ? Ce sont les corps et non pas les âmes qui sont dans les tombeaux. Lorsqu'il disait plus haut : « L'heure vient » et qu'il ajoutait : « Et elle est venue, » il continuait en ces termes : « Où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ; » il ne dit pas : Tous les morts, car ces morts dont il parle sont les pécheurs, et tous n'obéissent pas à l'Evangile. Mais à la fin du monde, tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et en sortiront. Notre-Seigneur n'ajoute point : Et ils vivront, comme précédemment, ce qu'il disait de la vie éternelle et bienheureuse, qui ne sera point le partage de tous ceux qui sortiront des tombeaux. Vous avez certainement et sans nul doute reçu le pouvoir de juger, parce que vous êtes le Fils de l'homme, les corps ressusciteront tout d'abord, mais dites-nous quelque chose de ce jugement. Ecoutez sa réponse : Ceux qui auront fait le bien sortiront des tombeaux pour la résurrection de la vie, c'est-à-dire pour vivre avec les anges de Dieu ; et ceux qui auront mal fait, pour la résurrection du jugement, » et ici le mot jugement est synonyme de châtiment.
Le Père a donné à son Fils, non-seulement le pouvoir de donner la vie, mais la puissance pour juger : « Et il lui a donné le pouvoir. »
Tous les hommes
seront ressuscités, mais ils ne partageront pas le même sort. Comme dans le grand discours eschatologique
conservé par S. Matthieu, 25, 32 et ss., nous voyons aussitôt l'humanité divisée en deux groupes distincts,
dont l'un est destiné à la gloire éternelle, l'autre à une éternelle réprobation. - En sortiront. 'Eκπορεύσονται, expression pittoresque ; littéralement : ils sortiront. Comme en des tableaux célèbres, on les voit s'échapper
avec joie de leurs sépulcres. - Ceux qui auront fait le bien. C'est le motif de leur prédestination bienheureuse.
- Pour la résurrection de la vie. C'est leur magnifique récompense. « Résurrection de vie » est une ellipse
pour : résurrection qui conduit à la vie (ζωῆς, au lieu de εἰς τὴν ζωήν). - Ceux qui auront fait le mal. Terrible
contraste. Mais les damnés ne pourront attribuer qu'à eux-mêmes leur triste sort. Pourquoi auront-ils fait le
mal ? Remarquez une petite nuance dans les verbes : ici πράξαντες, « egerunt » ; là ποιήσαντες, « fecerunt ».
Nous avions déjà plus haut, 3, 20 et 21, cette même distinction. Comp. Rom. 1, 32 ; 7, 15,19 ; 13, 4. - La
résurrection du jugement : c'est-à-dire de damnation. Kρίσεως équivaut encore à εἰς τὴν κρίσιν. Voyez
Beelen, Grammat. p.191.
Ainsi donc, unis au Christ dans l’Église et marqués de l’Esprit Saint, « gages de notre héritage» (Ep 1, 14), en toute vérité nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous le sommes (cf. 1 Jn 3, 1) ; mais l’heure n’est pas encore venue où nous paraîtrons avec le Christ dans la gloire (cf. Col 3, 4), devenus semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est (cf. 1 Jn 3, 2). « Tant que nous demeurons dans ce corps, nous sommes en exil loin du Seigneur » (2 Co 5, 6), possédant les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement (cf. Rm 8, 23) et nous aspirons à être avec le Christ (cf. Ph 1, 23). La même charité nous presse du désir de vivre davantage pour lui, qui est mort pour nous et ressuscité (cf. 2 Co 5, 15). Nous avons donc à cœur de plaire au Seigneur en toutes choses (cf. 2 Co 5, 9) et nous endossons l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir contre les embûches du démon et lui résister au jour mauvais (cf. Ep 6, 11-13). Ignorants du jour et de l’heure, il faut que, suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions constamment vigilants pour pouvoir, quand s’achèvera le cours unique de notre vie terrestre (cf. He 9, 27), être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu (cf. Mt 25, 31-46), au lieu d’être, comme les mauvais et les paresseux serviteurs (cf. Mt 25, 26) écartés par l’ordre de Dieu vers le feu éternel (cf. Mt 25, 41), vers ces ténèbres du dehors où « seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 22, 13 ; 25, 30). En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, tous nous devrons être mis un jour « devant le tribunal du Christ, pour que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal » (2 Co 5, 10) ; et à la fin du monde « les hommes sortiront du tombeau, ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de condamnation « (Jn 5, 29 ; cf. Mt 25, 46). « C’est pourquoi, estimant qu’il n’y a pas de proportion entre les peines du présent et la gloire qui doit se manifester en nous » (Rm 8, 18 ; cf. 2 Tm 2, 11-12), « nous attendons, solides dans la foi, la bienheureuse espérance et la manifestation glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus» (Tt 2, 13) « qui transformera notre corps de misère en un corps semblable à son corps de gloire » (Ph 3, 21), et qui viendra « pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru » (2 Th 1, 10).
Qui ressuscitera ? Tous les hommes qui sont morts : " ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la damnation " (Jn 5, 29 ; cf. Dn 12, 2).