Jean 5, 38

et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.

et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.
Louis-Claude Fillion
Ces deux versets ne sont pas sans difficulté au point de vue de l'enchaînement des idées ; aussi les commentateurs en ont-ils interprété les détails en sens très divers, selon la connexion qu'ils adoptaient. Pour les uns, il s'agit d'un nouveau témoignage rendu par Dieu à N.-S. Jésus-Christ, notamment de la voix qui se fit entendre au baptême du Sauveur : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je me suis complu », Luc. 3, 22. Cf. Joan. 1, 32-34. C'est l'opinion de S. Jean Chrysostome, de Jansénius, du P. Patrizi, etc. ; mais elle semble peu fondée. Selon d'autres (S. Cyrille, Théophylacte, Euthymius, le Vén. Bède, etc.), dès maintenant Jésus aborderait le troisième témoignage, celui des Écritures. Nous préférons, avec S.Augustin, Maldonat, Hengstenberg, Bisping, etc., rattacher ces deux versets au 36e et les regarder comme un complément du second témoignage ; le contexte en effet nous y invite, puisque N.-S. Jésus-Christ réitère ses dernières paroles, en disant : Le Père qui m'a envoyé... (comparez la fin du v.36). Remarquez les changements de temps: « rendent témoignage ; rendu témoignage » ; les attestations du Père en faveur de son Fils avaient eu lieu dans le passé, et elles avaient encore lieu dans le présent. - Jésus s'interrompt pour reprocher rapidement aux Juifs leur incrédulité, en attendant qu'il en montre bientôt plus en détail, la culpabilité, les dangers (vv. 41 et ss.). Ces hommes pervers ne se sont laissé impressionner et convertir par aucun des moyens dont Dieu s'était servi pour faire pénétrer sa révélation jusqu'à eux. Le Sauveur va signaler trois de ces moyens, qui s'adressaient au sens de l'ouïe, au sens de la vue, au cœur ; qui sollicitaient par conséquent la conscience humaine de toutes manières, et par le dehors et par le dedans.—1° Vous n'avez jamais entendu sa voix. Dieu leur avait parlé, il leur parlait encore par les œuvres de son Christ ; ils refusaient d'entendre ou de comprendre cette voix. - 2° Ni contemplé sa face ( εῖδος ). Dieu s'était en quelque sorte manifesté visiblement à leurs regards, en leur montrant non plus les vagues et mystérieuses théophanies de l'Ancien Testament, mais la douce et auguste face de son Fils (Cf. 1, 14) ; ils fermaient volontairement les yeux pour ne pas voir. - 3° Enfin, vous n'avez pas sa parole... Dieu leur avait accordé de nombreuses révélations intérieures, frappant à la porte de leur cœur pour se faire ouvrir ; mais le divin langage n'avait atteint que la surface, il n'avait pas pris possession de ces âmes endurcies ; ou, comme le dit si fortement Jésus, il n'était pas demeuré en eux. Cette expression est propre à S. Jean dans ce sens. Cf. 15, 7 ; 1 Joan. 2, 14, 24 ; 3, 9, 12. - Parce que... Motif de ces trois refus impies : vous ne croyez pas à celui qu'il a envoyé (et ce celui était Dieu). Jésus ramène ainsi ses auditeurs à la parole du v. 36, au témoignage que Dieu lui rend par ses œuvres personnelles.