Jean 5, 40

et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
Saint Hilaire de Poitiers
Ce n'est pas seulement par le témoignage du nom qu'il porte, que le Fils unique de Dieu prouve sa filiation divine, mais par les œuvres de sa puissance, qui attestent qu'il est vraiment l'envoyé du Père, en qui nous voyons éclater tout à la fois l'obéissance du Fils et l'autorité du Père. Mais comme les œuvres ne sont point un témoignage suffisant pour les incrédules, il ajoute : « Et mon Père qui m'a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. » Parcourez toutes les pages de l'Evangile, et examinez sérieusement ce qu'elles renferment, et vous n'y trouverez aucun témoignage du Père qui ne proclame que Jésus-Christ est son Fils. Quelle est donc cette erreur calomnieuse (et quel en est le motif), qui ne voit dans la filiation divine qu'une simple adoption, accuse Dieu de mensonge, et réduit à rien les noms qui sont donnés au Fils ?
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur Jésus-Christ venait de s'attribuer de grands privilèges, mais sans en donner encore de démonstration évidente. Pour première preuve, il apporte l'objection qu'on pouvait lui faire : « Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai. » Mais qui ne serait troublé en entendant ces paroles du Sauveur ? car en mille endroits, nous le voyons se rendre témoignage à lui-même. Si donc tous ces témoignages sont dépourvus de vérité, quelle espérance de salut nous reste-t-il ? Où pourrons-nous trouver la vérité, alors que la vérité elle-même nous dit : » Mon témoignage n'est pas vrai ? » Nôtre-Seigneur en parlant ainsi n'exprime pas sa pensée propre comme Fils de Dieu, mais celle des juifs qui pouvaient lui objecter : Nous ne croyons pas en vous, parce que nul bomme qui se rend témoignage à lui-même, n'est digne de foi. Après avoir reproduit cette objection des Juifs, il apporte trois preuves évidentes et irréfragables, en produisant trois témoins de la vérité de ses paroles, les œuvres qu'il a faites, le témoignage du Père et la prédication de Jean-Baptiste, et il commence par le témoignage le moins fort, celui de Jean-Baptiste : « Il en est un autre qui rend témoignage de moi, » etc. 

Mais d'après la première interprétation, les Juifs pouvaient faire au Sauveur cette nouvelle objection : « Si votre témoignage n'est pas vrai, comment pouvez-vous dire que vous savez que le témoignage de Jean-Baptiste est véritable ? » Nôtre-Seigneur répond à cette pensée en ajoutant : « Vous avez envoyé à Jean, » etc., ce qui veut dire : Vous n'auriez pas député des envoyés à Jean, si vous ne l'aviez pas cru digne de foi. Et ce qu'il y a de plus fort, ces envoyés ne devaient pas lui demander ce qu'il pensait du Christ, mais ce qu'il pensait de lui-même. Ils ne lui disent pas, en effet : Que dites-vous du Christ ? mais : « Qui êtes-vous ? » Que dites-vous de vous-même ? tant était grande l'admiration qu'ils professaient pour lui.

Le témoignage de Jean-Baptiste n'était autre que le témoignage de Dieu, car c'est Dieu lui-même qui le lui avait dicté. Mais Nôtre-Seigneur va au-devant d'une objection, que les Juifs pouvaient lui faire : Où est la preuve que c'est Dieu lui-même qui a dicté ce témoignage à Jean-Baptiste, en ajoutant : « Je vous dis ces choses, afin que vous soyez sauvés, » c'est-à-dire , moi qui suis Dieu, je n'avais pas besoin d'un témoignage humain, mais je vous rappelle ce témoignage, parce qu'il a eu le privilège d'attirer votre attention, et que vous l'avez jugé digne de confiance à l'exclusion de tout autre, tandis que vous n'avez pas voulu croire en moi malgré les miracles que j'ai opérés. Ils pouvaient encore lui dire : Qu'importé le témoignage de Jean, si nous ne l'avons pas reçu ? Jésus leur prouve qu'ils ont cru aux paroles du Précurseur : « Il était la lampe ardente et luisante, et un moment vous avez voulu vous réjouir à sa lumière. » Cette expression : «  un moment » prouve la facilité avec laquelle ils ont cru, et le peu de durée de leur foi ; si cette foi avait persévéré, Jean les aurait conduits comme par la main à Jésus-Christ. Il appelle le saint Précurseur une lampe, parce que sa lumière ne venait pas de lui-même, mais de la grâce de l'Esprit saint.

Si donc je vous rappelle le souvenir de Jean, ce n'est pas que j'aie besoin de son témoignage, c'est dans l'intérêt de votre salut ; car pour moi, j'ai un témoignage plus grand que celui de Jean, c'est le témoignage de mes œuvres : « Car ces œuvres que mon Père m'a données à faire, ces œuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi. »

omment donc Moïse a-t-il pu dire : « S'est-il jamais fait une chose semblable, et jamais a-t-on ouï dire qu'un peuple ait entendu la voix du Seigneur parlant du milieu du feu, comme vous l'avez entendue, sans être frappé de mort ? (Dt 4, 33-34.) Isaïe et plusieurs autres encore attestent qu'ils ont vu Dieu. Que signifient donc ces paroles du Sauveur ? Il veut donner aux Juifs des idées plus saines et plus exactes sur Dieu, en leur enseignant peu à peu que Dieu n'a ni voix, ni figure ; mais qu'il est supérieur à toutes les figures et à tous les langages possibles. En effet, ces paroles : « Vous n'avez jamais entendu sa voix, » ne signifient pas que Dieu ait une voix, bien qu'inintelligible pour l'homme ; de même que ces autres paroles : « Et vous n'avez jamais vu sa figure, » ne veulent pas dire que Dieu ait une forme sensible, quoique invisible pour l'homme ; mais il veut établir qu'il n'y a en Dieu ni voix ni figure.

Les Juifs ne pouvaient même se flatter d'avoir reçu les commandements de Dieu, et de les observer, aussi le Sauveur ne craint pas de leur dire : « Et vous n'avez point sa parole demeurant en vous, » c'est-à-dire les préceptes divins, la loi, les prophètes, dont Dieu est l'auteur, et que vous ne recevez pas comme vous devriez le faire. En effet, les Ecritures vous enseignent en mille endroits à croire en moi, et vous refusez de croire, n'est-ce pas une preuve évidente que vous n'avez point en vous la parole de Dieu, et il ajoute : « Parce que vous ne croyez pas en celui qu'il a envoyé. »

On peut encore enchaîner autrement les différentes parties de ce discours de Nôtre-Seigneur. Les Juifs pouvaient lui dire : Comment nous assurer que Dieu vous ait rendu témoignage, si nous n'avons pas entendu sa voix ? Jésus leur répond : « Approfondissez les Ecritures, » preuve évidente qu'elles contiennent le témoignage que Dieu a rendu en sa faveur. Dieu, en effet, ne lui a-t-il pas rendu témoignage sur les bords du Jourdain et sur la montagne ? cependant Nôtre-Seigneur ne leur rappelle pas textuellement ces deux témoignages, qui eussent peut-être été pour eux l'occasion d'un nouvel acte d'incrédulité, car ils n'avaient pas été témoins de la voix qui se lit entendre sur la montagne, et quant à celle qui se fit entendre au baptême de Nôtre-Seigneur, ils l'avaient bien entendue, mais sans y faire aucune attention. Il les renvoie donc aux Ecritures, leur enseignant ainsi qu'elles renferment le témoignage que le Père lui a rendu. (hom. 41.) Remarquez qu'il ne les renvoie pas à une simple lecture, mais à un sérieux examen des Ecritures, parce que les témoignages dont il était l'objet dans les Ecritures, étaient couverts d'un voile et cachés comme un trésor sous l'écorce de la lettre. Il ne dit pas : Dans lesquelles vous avez la vie éternelle, mais : « Dans lesquelles vous pensez trouver la vie éternelle, » et il leur démontre ainsi le fruit médiocre qu'ils tiraient des Ecritures, en s'imaginant qu'il leur suffisait de les lire pour être sauvés, alors même qu'ils étaient dépourvus de la foi ; c'est pour cela qu'il leur dit : « Et vous ne voulez pas venir à moi, » parce qu'ils refusaient de croire en lui.
Saint Augustin
Jésus savait bien que son témoignage était vrai ; mais le soleil cherchait des flambeaux par ménagement pour les infirmes et pour les incrédules, car leurs yeux malades ne pouvaient supporter l'éclat du soleil, Jean-Baptiste fut donc choisi pour rendre témoignage à la vérité. Est-ce que les martyrs ne sont pas les témoins de Jésus-Christ, pour rendre témoignage à la vérité ? Mais en y réfléchissant de plus près, lorsque les martyrs lui rendent témoignage, c'est lui qui se rend témoignage à lui-même, car c'est lui qui habite dans les martyrs, et leur inspire le témoignage qu'ils rendent à la vérité.
Saint Bède le Vénérable
Parce que je n'en ai pas besoin. Si Jean, d'ailleurs, rendit témoignage à Jésus-Christ, c'était moins pour le grandir dans l'esprit des juifs, que pour leur en donner la connaissance.

La mission du Fils n'est autre que son incarnation. Notre-Seigneur prouve ensuite que Dieu est incorporel et ne peut par conséquent être vu des yeux du corps : « Mais vous n'avez jamais entendu sa voix, ni vu sa figure. »

Le Psalmiste nous apprend que le mot venir est ici synonyme du mot croire, lorsqu'il dit : « Approchez de lui et soyez sauvés. » (Ps 33, 6.) Nôtre-Seigneur ajoute : « Pour avoir la vie. » Si l'âme, en effet, qui commet le péché est frappée de mort, ils étaient morts d'esprit et de cœur. Il leur promettait donc la vie de l'âme ou de la félicité éternelle.
Alcuin d'York
On peut dire encore que Jésus-Christ étant Dieu et homme, manifeste tour à tour les propriétés de ces deux natures ; tantôt il parle le langage qui convient à l'humanité qu'il s'est unie, tantôt celui qui n'appartient qu'à la divinité. C'est donc en tant qu'homme qu'il dit. « Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai, » paroles dont voici le sens : « Si je rends témoignage de moi-même en tant que je suis homme (c'est-à-dire en séparant ce témoignage de celui de Dieu), mon témoignage n'est pas vrai. » C'est pour cela qu'il ajoute : « C'est un autre qui rend témoignage de moi. » En effet, le Père a rendu témoignage de Jésus-Christ, et sa voix s'est fait entendre au baptême du Sauveur, et sur la montagne où il fut transfiguré : « Et je sais que son témoignage est vrai. » Car Dieu est vérité et le témoignage de la vérité ne peut être que véritable.

Jean-Baptiste a rendu témoignage non pas à lui-même, mais à la vérité; comme un ami de la vérité, il a rendu témoignage à Jésus-Christ qui est la vérité. Or, Nôtre-Seigneur ne rejette pas précisément le témoignage de Jean, comme un témoignage qui ne lui fut pas nécessaire, mais il leur apprend que leurs regards ne doivent pas se fixer sur Jean, au point de les empêcher d'admettre que Jésus-Christ seul leur est nécessaire. C'est pour cela qu'il ajoute : « Pour moi, ce n'est pas d'un homme que je reçois témoignage. »

Jean était donc comme une lampe éclairée par Jésus-Christ qui est la vraie lumière, brûlant de foi et de charité, brillant par la parole et par les oeuvres, envoyé devant le Christ pour confondre ses ennemis, selon ces paroles du psaume 131 : « J'ai préparé une lampe à mon Christ, je couvrirai de confusion ses ennemis. »

Jésus rend la vie aux aveugles, l'ouïe aux sourds, il délie la langue des muets, il met les démons en fuite, il ressuscite les morts, ce sont là les œuvres qui rendent témoignage de lui.

 Les Juifs auraient pu lui dire : « Nos pères ont entendu la voix de Dieu sur le Sinaï, et ils l'ont vu sous la forme de feu ; si donc Dieu consentait à rendre témoignage de vous, nous pourrions entendre sa voix, Jésus les prévient et leur dit : « J'ai le témoignage que me rend mon Père, bien que vous ne le compreniez pas, parce que vous n'avez jamais entendu sa voix, et vous n'avez jamais vu sa figure. »

Ce n'est donc point avec les oreilles du corps, mais avec l'intelligence du cœur, que Dieu peut être entendu par la grâce de l'Esprit saint. Or, les Juifs n'avaient pas entendu cette voix toute spirituelle, parce qu'ils refusaient de l'aimer et d'obéir à ses commandements ; et ils ne pouvaient voir sa face, parce que ce n'est point des yeux du corps, mais des yeux de la foi et de l'amour qu'elle peut être vue.

Ou bien encore, ils n'ont pas le Verbe qui était au commencement demeurant en eux, parce qu'ils négligent de conserver le souvenir de la parole de Dieu qu'ils ont entendue, et encore plus de la mettre en pratique. Nôtre-Seigneur avait déclaré qu'il avait pour lui le témoignage de Jean, de ses œuvres, de son Père ; il y ajoute le témoignage de la loi qui leur avait été donnée par Moïse : « Approfondissez les Ecritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles qui rendent témoignage de moi, » c'est-à-dire, vous qui pensez trouver dans les Ecritures la vie éternelle, et qui me rejetez comme contraire à Moïse, vous arriveriez à comprendre par le témoignage de Moïse lui-même, que je suis Dieu ; si vous vouliez étudier sérieusement ces Ecritures, car toutes les Ecritures rendent témoignage de Jésus-Christ, ou par les figures, ou par les prophéties, ou par le ministère des anges. Mais les Juifs n'ont point voulu appliquer au Christ ces différents témoignages, et c'est pourquoi ils ne peuvent avoir la vie éternelle : « Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie, » c'est-à-dire, les Ecritures rendent témoignage de moi, et malgré tant de témoignages, vous ne voulez pas venir à moi, vous ne voulez pas croire en moi, vous ne voulez pas chercher en moi votre véritable Sauveur.
Saint Thomas d'Aquin
799. Après avoir donné son enseignement sur la puissance qu’a le Fils de donner la vie, le Christ confirme maintenant cet enseignement. Il commence par confirmer, en faisant appel à plusieurs témoignages, ce qu’Il avait dit de l’éminence de sa puissance , puis Il reproche aux Juifs leur lenteur à croire .

Pour confirmer son enseignement, Il montre d’abord la nécessité de faire intervenir un témoignage , puis Il produit les témoignages eux-mêmes .

800. Si le Christ montre ainsi la nécessité de produi re un témoignage, c’est à cause des Juifs, qui ne croyaient pas en Lui. Mais ce qu’Il dit ici a quelque chose de sur prenant. En effet, puisque le Seigneur dit plus loin qu’Il est Lui-même la vérité , comment donc son témoignage ne serait-il pas vrai, s’Il est la vérité? Ou à qui croira-t on, si on ne croit pas à la vérité? C’est pourquoi il faut répondre, selon Chrysostome, que le Seigneur parle ici de Lui en fonction de l’opinion des autres, de sorte que ses paroles signifient SI C’EST MOI QUI RENDS TEMOIGNAGE DE MOI-MEME, MON TEMOIGNAGE N’EST PAS VRAI de votre point de vue, puisque vous n’acceptez ce que je dis de moi-même que si cela est confirmé par un autre témoignage : C’est toi qui te rends témoignage; ton témoignage n’est pas vrai .

801. Le Christ produit maintenant les témoignages eux-mêmes : un témoignage humain et un témoignage divin . En ce qui concerne le témoignage de Jean, dont II dira plus loin pourquoi Il l’invoque , le Christ présente d’abord le témoin , puis attire l’attention des Juifs sur la valeur de son témoignage .

802. Le Christ présente donc ici le témoin. Cet autre, selon Chrysostome , c’est Jean-Baptiste, dont il est dit plus haut : il y eut un homme envoyé de Dieu; son nom était Jean. Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui .

803. Le Christ attire maintenant l’attention des Juifs sur la valeur du témoignage de Jean; d’abord en soulignant la vérité de ce témoignage , puis en rappelant l’autorité de Jean : les Juifs, en effet, avaient fait appel à lui .

804. Le Christ souligne la vérité du témoignage de Jean en disant : ET JE SAIS, c’est-à-dire je tiens pour certain, QU’IL EST VRAI LE TEMOIGNAGE que me rend Jean. Son père Zacharie avait en effet prophétisé ainsi à son sujet : Tu marcheras devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut Or il est manifeste qu’un témoignage menteur n’est pas porteur de salut, mais de mort; car le mensonge est une cause de mort : La bouche qui ment tue l’âme . Si donc le témoignage de Jean doit donner la connaissance du salut, son témoignage est vrai.

805. La Glose explique ces paroles autrement. Plus haut, le Christ a parlé de Lui en tant que Dieu, mais ici Il parle en tant qu’homme; le sens de ses paroles est alors : SI MOI, en tant qu’homme, JE ME RENDS TE MOIGNAGE sans Dieu, c’est-à-dire si Dieu le Père ne témoigne pas, alors MON TEMOIGNAGE N’EST PAS VRAI; en effet, la parole humaine, si elle n’est pas sou tenue par Dieu, n’a aucune vérité, car Dieu est vrai, mais tout homme est menteur . C’est pourquoi, si nous concevons le Christ comme un homme séparé de la divinité et non conforme à elle, alors il y a mensonge à la fois dans son essence et dans ses paroles . Même si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai ; parce que je ne suis pas seul, mais il y a moi et le Père qui m’a envoyé Ainsi, parce qu’Il n’était pas seul, mais avec le Père, son témoignage est vrai.

C’est pourquoi, afin de montrer que son témoignage tient sa vérité, non de son humanité comme telle, mais de son humanité en tant qu’elle est conjointe à la divinité et au Verbe de Dieu, Il dit : IL Y EN A UN AUTRE QUI REND TEMOIGNAGE DE MOI – Et cet autre, selon cette interprétation, n’est pas Jean; car si le témoignage que le Christ homme se rend à Lui-même n’est ni vrai ni efficace, le témoignage de Jean le sera encore bien moins. Ce n’est donc pas le témoignage de Jean qui attes te la vérité de ce que dit le Christ, mais celui du Père. Il faut donc entendre que cet AUTRE qui rend témoignage au Christ est le Père. ET JE SAIS QU’IL EST VRAI, LE TEMOIGNAGE QU’IL REND DE MOI, car Il est Lui-même la Vérité; Dieu est lumière, c’est-à-dire vérité, et il n’y a pas en Lui de ténèbres , c’est-à-dire de mensonges. Cependant la première interprétation; celle de Chrysostome, est plus littérale.

806. Le Christ attire maintenant l’attention des Juifs sur la valeur du témoignage de Jean en rappelant son autorité ils avaient fait eux-mêmes appel à lui. VO US, dit-Il, VOUS AVEZ ENVOYE VERS JEAN — comme pour dire : Moi, JE SAIS QU’IL EST VRAI, son témoignage, mais vous non plus ne devez pas le rejeter, car c’est à cause de la grande autorité dont il jouissait par mi vous que vous êtes allés chercher auprès de Jean un témoignage sur moi, ce que vous n’auriez pas fait si vous ne l’aviez pas jugé digne de foi — De Jérusalem, les Juifs lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour l’interroger Et Jean A RENDU alors TEMOIGNAGE non à lui-même, mais A LA VERITE, c’est-à-dire à moi. Comme un ami de la vérité, il a rendu témoignage à la vérité qui est le Christ. Il confessa, il ne nia pas, il confessa : "Je ne suis pas le Christ"

807. Le Christ donne ici la vraie raison pour la quelle Il invoque le témoignage de Jean. Il exclut d’abord une raison que l’on pourrait conjecturer , puis Il donne la vraie raison .

808. On pourrait croire en effet qu’en invoquant le témoignage de Jean, le Christ cherchait une garantie à son propre témoignage en raison de son insuffisance. Aussi exclut-Il cette conjecture en disant : POUR MOI, CE N’EST PAS D’UN HOMME QUE JE REÇOIS LE TEMOIGNAGE.

Notons ici que, dans les sciences, on prouve une chose tantôt par quelque chose qui est moins intelligible en soi mais plus intelligible pour nous, tantôt par quel que chose qui est plus intelligible en soi et absolument. Dans le cas présent, il fallait prouver que le Christ était Dieu. Et bien que la vérité du Christ soit, en elle-même et absolument, plus intelligible, elle est néanmoins prouvée par le témoignage de Jean qui, pour les Juifs, était plus intelligible. Le Christ, en Lui-même, n’avait donc pas besoin du témoignage de Jean. Voilà pourquoi Il dit : POUR MOI, CE N’EST PAS D’UN HOMME QUE JE REÇOIS LE TEMOIGNAGE.

809. Mais cette parole du Christ semble être contre dite par ce que dit l’Ecriture : Vous êtes mes témoins, dit le Seigneur ; et : Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre Comment donc dit-Il ici : POUR MOI, CE N’EST PAS D’UN HOMME QUE JE REÇOIS LE TEMOIGNAGE?

Il faut répondre que ces paroles peuvent s’entendre de plusieurs manières. On peut d’abord les comprendre de la manière suivante : CE N’EST PAS D’UN HOMME QUE JE REÇOIS LE TEMOIGNAGE, comme si je me contentais de lui seul, mais j’ai un témoignage plus grand, qui est divin — Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous , dit Paul; et Jérémie : Seigneur, Tu le saisi je n’ai pas désiré le jour de l’homme , c’est-à-dire être glorifié par les hommes. Ou encore : Je ne reçois pas le témoignage D’UN HOMME, c’est-à-dire : en tant que celui qui témoigne est un homme, mais en tant qu’il est éclairé par Dieu pour témoigner — Il y eut un homme envoyé de Dieu; son nom était Jean. Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière . Nous n’avons pas, dit Paul, cherché la gloire qui vient des hommes . Et plus loin le Christ dira : Pour moi, je ne cherche pas ma gloire . Ainsi, dit-Il ici, je reçois le témoignage de Jean, non en tant qu’il fut un homme, mais en tant qu’il fut envoyé de Dieu et éclairé par Lui pour témoigner .

Enfin, et c’est la meilleure interprétation : POUR MOI, CE N’EST PAS D’UN HOMME, c’est-à-dire d’un témoignage humain, QUE JE REÇOIS LE TEMOIGNAGE; car je n’admets aucune autorité si ce n’est celle de Dieu, qui manifeste ma gloire .

810. Le Christ donne maintenant aux Juifs la vraie raison pour laquelle Il se réfère au témoignage de Jean leur salut. Il commence par donner la raison , puis Il l’explicite .

Cette vraie raison de faire appel au témoignage de Jean était que, grâce à ce témoignage, les Juifs seraient sauvés en croyant au Christ. C’est pourquoi Il dit : Je ne reçois pas le témoignage de Jean pour moi, MAIS JE DIS CELA POUR QUE VOUS SOYEZ SAUVES. — Dieu (...) veut que tous les hommes soient sauvés et le Christ Jésus est venu en ce monde pour sauver les pécheurs

811. Le Seigneur explique ici les paroles POUR QUE VOUS SOYEZ SAUVES : Vous serez sauvés parce que je fais intervenir un témoignage que vous avez accepté. En disant : CELUI-LA ETAIT LA LAMPE QUI BRULE ET QUI BRILLE, Il souligne que Jean jouissait de la considération des Juifs . Il montre d’abord que Jean fut un témoin digne en lui-même de confiance , et montre ensuite comment il fut jugé tel par les Juifs .

812. Que Jean ait été un témoin digne en lui-même de confiance, le Christ le montre en mentionnant trois qualités qui faisaient de lui un témoin accompli. La première relève de la condition de sa nature : Il ETAIT LA LAMPE; la seconde concerne la perfection de son amour : QUI BRULE; et la troisième, la perfection de son intelligence ET QUI BRILLE.

Jean était parfait dans sa nature parce qu’il ETAIT LA LAMPE, c’est-à-dire qu’il était illuminé de la vraie lumière du Verbe de Dieu. La lampe, en effet, diffère de la lumière, car la lumière est ce qui éclaire par soi-même, tandis que la lampe n’éclaire pas par elle-même, mais par participation à la lumière . Or la vraie lumière est le Christ, comme il est dit plus haut Il était la lumière, la vraie . Jean, lui, n’était pas la lumière mais une LAMPE, car il était éclairé pour rendre témoignage à la lumière en conduisant au Christ. C’est de cette lampe qu’il est dit : J’ai préparé une lampe pour mon Christ .

Jean était aussi brûlant et fervent dans son amour, et c’est pourquoi le Seigneur dit QUI BRULE. Certains, en effet, sont lampes seulement quant à leur fonction, et sont des lampes éteintes quant à leur amour. Car de même qu’une lampe ne peut éclairer si elle ne brûle, de même une lampe spirituelle n’éclaire que si d’abord elle est ardente et enflammée du feu de la charité. Aussi l’ardeur est-elle mentionnée ici avant l’illumination, car c’est par l’ardeur de la charité qu’est donnée la connaissance de la vérité : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure . Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître . Vous qui craignez le Seigneur, aimez-Le, et vos cœurs seront illuminés .

Le feu a en effet deux propriétés : il brûle et il brille; et l’ardeur du feu signifie l’amour pour trois raisons. D’abord parce que, de tous les corps, le feu est le plus actif, et que telle est aussi l’ardeur de la charité, au point que rien ne peut arrêter son élan, comme le dit l’Apôtre La charité du Christ nous presse . Ensuite parce que, comme le feu, étant ce qui affecte le plus nos sens, est cause d’un très grand échauffement, ainsi la charité est cause d’ardeur en l’homme jusqu’à ce qu’il obtienne ce vers quoi il tend. Les lampes de l’amour sont des lampes de feu et de flammes . Enfin, comme le feu s’élève, de même la charité, au point qu’elle nous unit à Dieu : Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu, et Dieu en lui .

Jean, enfin, BRILLE dans son intelligence. Il brille intérieurement par la connaissance de la vérité Le Seigneur (...) remplira ton âme d’une lumière éclatante , c’est-à-dire qu’Il illuminera intérieurement ton âme. Et il brille intérieurement par la prédication — Au milieu d’une nation dépravée et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des astres dans le monde, gardant la parole de vie — et par la manifestation des œuvres bonnes : Que votre lumière brille devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos œuvres bonnes et glorifient votre Père qui est dans les cieux .

813. Ainsi, parce que Jean était en lui-même digne d’estime, car il E TAIT LA LAMPE non éteinte, mais QUI BRULE, non obscure, mais QUI BRILLE, il est juste qu’il soit aussi estimé de vous. Et il en fut certes ainsi, puisque VOUS AVEZ VOULU EXULTER UN MOMENT A SA LUMIERE. C’est très justement que le Christ unit ici l’exultation à la lumière, car ce qui fait exulter l’homme, c’est ce en quoi il trouve le plus de joie; or rien, dans les réalités physiques, n’est plus agréable que la lumière : Douce est la lumière, et il est agréable aux yeux de voir le soleil .

Et le Seigneur dit : VOUS AVEZ VOULU EXULTER en vous reposant en lui et en mettant en lui votre fin, croyant qu’il était le Christ; mais seulement UN MOMENT, car vous avez été instables voyant Jean conduire les hommes à un autre et non à lui-même, vous vous êtes détournés de lui. C’est pourquoi Lui-même dit ailleurs que les Juifs n’ont pas cru en Jean . Ils sont en effet de ceux dont il est dit qu’ils croient pour un temps

814. Le Christ apporte maintenant le témoignage divin , en commençant par montrer sa grandeur

815. Il dit donc d’abord ceci : Ce n’est pas pour moi que je reçois LE TEMOIGNAGE D’UN HOMME, mais pour vous. En effet, POUR MOI J’AI UN TEMOIGNAGE PLUS GRAND QUE JEAN, c’est-à-dire plus grand que le témoignage de Jean : celui de Dieu — Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand —, plus grand, dis-je, à cause de sa plus grande autorité, de sa connaissance plus élevée et de sa vérité plus infaillible, car Dieu ne peut mentir : Dieu n’est pas comme un homme, pour qu’Il mente .

816. Le Christ expose ensuite le témoignage de Dieu : CAR LES ŒUVRES QUE LE PERE M’A DONNEES POUR QUE JE LES ACCOMPLISSE, CES ŒUVRES MEMES QUE JE FAIS, RENDENT TEMOIGNAGE DE MOI, QUE C’EST LE PERE QUI M’A ENVOYE.

Dieu a rendu témoignage au Christ de trois manières : par les œuvres, par Lui-même et par les Ecritures. C’est pourquoi le Christ expose successivement comment Dieu Lui rend témoignage par les œuvres miraculeuses , puis par Lui-même , enfin par les Ecritures .

817. Il dit donc d’abord : POUR MOI, J’AI UN TEMOIGNAGE PLUS GRAND QUE JEAN quant aux œuvres, car ce sont des œuvres miraculeuses QUE LE PERE M’A DONNEES POUR QUE JE LES ACCOMPLISSE.

Notons ici qu’il est naturel à l’homme de connaître la puissance et la nature des réalités par leurs opérations; c’est donc à juste titre que le Seigneur dit qu’Il peut être connu tel qu’Il est par les œuvres qu’Il accomplit. Ainsi, puisqu’Il accomplissait par sa propre puissance des œuvres divines, on devait croire qu’il y avait en Lui une puissance divine — Si je n’avais fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché , qui est ici le refus de croire. Ainsi le Christ nous amène à la connaissance de Lui-même par les œuvres dont Il dit LES ŒUVRES QUE LE PERE M’A DONNEES, à moi le Verbe, en me donnant par la génération éternelle une puissance égale à la sienne; ou bien QUE LE PERE M’A DONNEES, dans la conception de mon humanité, en me donnant d’être une unique personne divine et humaine, POUR QUE JE LES ACCOMPLISSE, c’est-à-dire pour que je les réalise par ma propre puissance Et s’Il dit cela, c’est pour se distinguer de ceux qui font des miracles non par leur propre puissance, mais en les obtenant de Dieu par la prière — Au nom de Jésus-Christ le Nazaréen, disait Pierre, lève-toi et marche . Ce ne sont pas eux qui les accomplis sent, mais Dieu; le Christ, au contraire, les accomplis sait par sa propre puissance : Lazare, sors ! C’est pour quoi Il dit : CES ŒUVRES MEMES QUE JE FAIS RENDENT TEMOIGNAGE DE MOI; et plus loin : Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand vous ne voudriez pas me croire, croyez aux œuvres . Que les œuvres miraculeuses soient des témoignages de Dieu, l’Ecriture le dit : les Apôtres prêchèrent partout, le Seigneur œuvrant avec eux et confirmant leur parole par les signes qui l’accompagnaient .

818. Le Christ montre maintenant comment Dieu Lui-même Lui a rendu témoignage; et Il expose d’abord le mode de ce témoignage , puis Il montre que les Juifs ne sont pas capables de recevoir un tel témoignage .

819. Le Seigneur dit donc : non seulement LES ŒU VRES QUE LE PERE M’A DONNEES RENDENT TE MOIGNAGE DE MOI, mais le PERE QUI M’A ENVOYE A RENDU LUI-MEME TEMOIGNAGE DE MOI – au Jourdain quand le Christ fut baptisé, et sur la montagne lors qu’Il fut transfiguré. En ces deux circonstances, en effet, la voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance . Voilà pourquoi il faut croire en Lui, comme au vrai Fils de Dieu par nature Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand; car tel est le témoignage de Dieu, qui est plus grand : Il a témoigné au sujet de son Fils. Ainsi, celui qui ne croit pas qu’Il est le Fils de Dieu ne croit pas au témoignage de Dieu.

820. Mais on pourrait dire qu’à d’autres aussi Dieu a rendu Lui-même témoignage : par exemple à Moïse sur la montagne. Là, cependant, tous L’entendaient; tan dis que nous, nous n’avons pas entendu son témoignage, et c’est pourquoi le Seigneur dit : VOUS N’AVEZ JAMAIS ENTENDU SA VOIX, NI VU SON VISAGE.

Il est dit cependant : Y a-t-il jamais eu chose semblable, ou a-t-il jamais été connu qu’un peuple ait entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l’as entendue, et soit resté vivant? Pourquoi donc le Christ dit-Il maintenant : VOUS N’AVEZ JAMAIS ENTENDU SA VOIX? Je réponds, avec Chrysostome, que le Seigneur, les amenant à une considération philosophique, veut leur montrer que Dieu peut témoigner en faveur de quelqu’un de deux manières : d’une manière sensible et d’une manière spirituelle .

D’une manière sensible, comme par une voix seulement sensible; c’est ainsi qu’Il a témoigné par Moïse au mont Sinaï : Le Seigneur vous parla du milieu du f eu. Vous avez entendu la voix de ses paroles, mais de forme, vous n’en avez vu aucune ou par une forme sensible, comme lorsqu’Il apparut à Abraham et à Isaïe : Je vis le Seigneur siégeant sur un trône sublime et élevé . Toutefois, dans ces visions, ni la voix corporelle, ni la figure de Dieu n’existent comme celles d’un vivant, mais elles agissent en tant que formées par Dieu; en effet, puisqu’Il est esprit, Dieu n’émet pas de voix sensible et Il ne peut être représenté.

D’une manière spirituelle, Il témoigne en inspirant au cœur de certains ce qu’ils doivent croire et à quoi ils doivent s’attacher : J’écouterai ce que dit en moi le Seigneur Dieu . — Je la conduirai au désert, et là je parlerai à son cœur .

Vous avez donc été capables de recevoir le premier mode de témoignage, et ce n’est pas étonnant, car ces voix et ces formes ne furent de Dieu que selon l’ordre de l’efficience, comme on l’a dit. Mais vous n’avez pas reçu le témoignage de sa voix spirituelle : VOUS N’AVEZ JAMAIS ENTENDU SA VOIX, c’est-à-dire : vous n’y avez pas eu part. Quiconque écoute le Père et se laisse instruire vient à moi , mais vous, vous n’êtes pas venus à moi, vous n’avez donc JAMAIS ENTENDU SA VOIX, NI VU SON VISAGE, c’est-à-dire : vous n’avez pas reçu ce témoignage spirituel. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : VOUS N’AVEZ PAS SA PAROLE DEMEURANT EN VOUS, c’est-à-dire : vous n’avez pas en vous cette parole inspirée intérieurement. Et la raison en est que VOUS NE CROYEZ PAS au Fils que le Père A ENVOYE. En effet, la parole (verbum) de Dieu conduit au Christ, car le Christ Lui-même est par nature la Parole, le Verbe de Dieu. Or toute parole inspirée par Dieu est une certaine similitude participée du Verbe de Dieu. Donc, puisque toute similitude participée conduit à son principe, il est manifeste que toute parole inspirée par Dieu conduit au Christ. Ainsi, puisque vous n’êtes pas conduits à moi, VOUS N’AVEZ PAS LA PAROLE de Dieu, inspirée par Lui, DEMEURANT EN VOUS. Quiconque ne croit pas en le Fils de Dieu n’a pas la vie demeurant en lui . S’Il dit DEMEURANT, c’est parce que, bien qu’il n’y ait personne qui ne possède quelque vérité venant de Dieu, seuls ont la vérité et la parole de Dieu DEMEURANT en eux ceux en qui la connaissance progresse au point de les conduire à la connaissance du Verbe véritable et substantiel .

821. Ou bien, en disant qu’ils n’ont JAMAIS ENTENDU SA VOIX, le Christ fait allusion aux trois manières dont Dieu révèle quelque chose à quelqu’un. Ce peut être par une voix sensible : ainsi le Père a rendu témoignage au Christ au Jourdain et sur la montagne, comme le dit Pierre : nous avons été témoins oculaires de sa grandeur. Car Il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque de la gloire majestueuse Lui parvint cette voix : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma complaisance : écoutez-Le" . Et cette voix, les Juifs ne l’ont pas entendue. Ou bien par la vision de son essence qu’Il révèle aux bienheureux; et cette vision, les Juifs ne l’ont pas; en effet, tant que nous sommes dans ce corps, nous pérégrinons loin du Seigneur; car c’est par la foi que nous marchons, et non par une claire vision Ou bien le Seigneur se révèle en inspirant intérieurement une parole; et même cela, ils ne l’avaient pas.

822. Le Christ expose ici la troisième manière dont Dieu Lui a rendu témoignage par les Ecritures. Il introduit d’abord le témoignage des Ecritures , pour montrer ensuite que les Juifs sont incapables de recevoir le fruit de ce témoignage .

823. Il leur dit donc : VOUS SCRUTEZ LES ECRI TURES, comme pour dire : c’est dans les Ecritures et non pas dans votre cœur que vous avez la parole de Dieu, et c’est pourquoi il vous faut chercher ailleurs : VOUS SCRUTEZ donc LES ECRITURES, c’est-à-dire l’Ancien Testament. En effet, la foi au Christ était contenue dans l’Ancien Testament, mais elle n’y était pas en surface : elle était dans ses profondeurs, cachée sous le voile des figures Jusqu’à ce jour, lorsqu’ils lisent Moise, un voile est posé sur leur cœur. C’est pourquoi le Seigneur emploie l’expression VOUS SCRUTEZ, qui signifie "vous cherchez en profondeur" — Si tu cherches la Sagesse comme l’argent, et que tu creuses pour la trouver, comme les trésors, alors tu comprendras la crainte du Seigneur et tu trouveras la science de Dieu Donne-moi l’intelligence et je scruterai ta loi, et je la garderai de tout mon cœur .

Et pour quelle raison scrutez-vous les Ecritures? A cause de cette opinion que vous avez : VOUS PENSEZ AVOIR EN ELLES LA VIE ETERNELLE, d’après ce que dit Ezéchiel Parce qu’il a gardé tous mes préceptes et les a pratiqués, il vivra Mais vous avez été trompés; car, bien qu’ils donnent la vie, les préceptes de l’ancien ne Loi n’ont cependant pas la vie en eux-mêmes on ne dit qu’ils donnent la vie que dans la mesure où ils conduisent à moi, le Christ. Vous, pourtant, vous en usez comme s’ils avaient la vie en eux-mêmes, et c’est ce qui vous a trompés. En effet, ces Ecritures, CE SONT ELLES QUI RENDENT TEMOIGNAGE DE MOI, c’est-à-dire qu’elles donnent la vie dans la mesure où elles conduisent à me connaître. Soit par des prophéties manifestes, comme celles-ci : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils, et on lui donnera pour nom Emmanuel ; et Le Seigneur ton Dieu te suscitera, de ta nation et d’entre tes frères, un prophète comme moi c’est lui que tu écouteras Et c’est pourquoi il est dit que c’est à Lui que tous les prophètes rendent témoignage . Soit par les actions mystérieuses des prophètes, et c’est pourquoi il est dit Par la main des prophètes j’ai été représenté . Soit par des sacrements et des figures, comme l’immolation de l’agneau et les autres sacrifices figuratifs de l’ancienne Loi : La Loi a l’ombre des biens à venir, non l’image même des réalités Les Ecritures de l’Ancien Testament rendent donc témoignage au Christ de multiples manières, et c’est pourquoi l’Apôtre dit : Dieu avait promis auparavant [l’Evangile] par ses prophètes dans les saintes Ecritures, au sujet de son Fils, issu de la race de David selon la chair

824. Mais ce fruit que vous pensez trouver dans les Ecritures, c’est-à-dire LA VIE ETERNELLE, vous ne pourrez l’obtenir; parce que, ne croyant pas aux témoignages de l’Ecriture à mon sujet, VOUS NE VOULEZ PAS VENIR A MOI, c’est-à-dire : vous ne voulez pas croire en moi, en qui se trouve le fruit de ces Ecritures, POUR AVOIR en moi LA VIE que moi je donne à ceux qui croient en moi : Mes brebis écoutent ma voix (...) et elles me suivent; et moi je leur donne la vie éternelle . La Sagesse insuffle la vie à ses fils . Celui qui m’aura trouvée trouvera la vie et puisera le salut dans le Seigneur .
Louis-Claude Fillion
Et (et pourtant ! malgré une attestation si céleste) vous ne voulez pas. Expression énergique et significative, qui rattache l’incrédulité des Juifs à leur volonté comme à sa cause morale. Ils comprenaient, mais ils ne voulaient pas se rendre à la vérité comprise : ils n'en étaient ainsi que plus coupables. - Venir à moi (à moi en tant que Messie) pour avoir la vie... Allusion à Is. 55, 3, et antithèse douloureuse avec l'idée qui précède (v. 39). Vous pensez à bon droit trouver la vie dans les Écritures ; or, elles vous disent de venir à moi qui vous donnerais cette vie, et vous refusez de venir.