Jean 6, 26
Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés.
Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés.
Ce verset et le suivant contiennent l’exorde et le thème général de tout le discours.
Jésus nous y apparaît déjà avec sa majesté accoutumée, comme un noble prince qui renverse les préjugés de
ses admirateurs, dut-il ainsi perdre tous les suffrages. Mais en même temps, et c’est son but principal durant
tout l’entretien, avec quelle bonté il éclaire cette pauvre foule ignorante, lui montrant dans sa personne et
dans ses institutions célestes un sûr moyen d’arriver au salut ! Selon sa coutume, il va rattacher à un très
simple incident les instructions les plus élevées. Cf. 4, 10 ; Matth. 11, 7 ; 16, 6 ; Luc. 13, 1 ; 14, 7. - Jésus
leur répondit. Il ne répond pas directement à la question qu’on lui posait, n’ayant point à satisfaire une vaine
curiosité ; mais il entre à fond dans la pensée qui avait inspiré cette question. Cf. 4, 16, etc. - En vérité, en
vérité, je vous le dis. Sa formule solennelle, bien digne d’inaugurer ce beau discours. Nous la retrouverons
trois fois encore : versets 32, 47, 54. - Vous me cherchez. Ce profond scrutateur des esprits et des cœurs va
montrer aux Galiléens combien il les connaît : il leur révélera tout ce qu’il y a de charnel, d’extérieur dans
l’enthousiasme qui les fait courir à sa suite. - Non parce que vous avez vu des miracles. « Miracles » est un
pluriel de catégorie, si ce mot retombe seulement sur le miracle de la veille ; sinon, il désigne tous les
prodiges antérieurement opérés en Galilée par Notre-Seigneur d’après S. Jean , IV, 47-54, et les synoptiques.
Le substantif grec σημειᾶ est très significatif à cet endroit, et il serait mal traduit par « miracles ». Jésus, en
effet, reproche à ses auditeurs d’avoir vu ses prodiges, mais de ne les avoir pas regardés comme des
« signes » de sa mission. Ces hommes superficiels s’en étaient tenus aux dehors, aux apparences ; ils
n’avaient pas pénétré au fond des choses : c’est pourquoi ils ignoraient la signification supérieure des
pouvoirs surnaturels de Jésus. - Mais parce que vous avez mangé et que avez été rassasiés. Ils le cherchaient
donc « poussés par la chair, et non par l’esprit », dit excellemment S. Augustin. Ils couraient moins après sa
personne qu’après ses dons, espérant encore de lui d’autres bienfaits temporels. Et combien de chrétiens leur
ressemblent ! « Combien cherchent Jésus seulement en raison du bien qu’ils désirent recevoir de lui suivant
les circonstances!... C’est à peine si quelqu’un cherche Jésus pour lui-même », S. Augustin, Traité 25 sur S.
Jean, 10. - Des pains. Dans le texte grec, l’article souligne l’allusion aux pains miraculeux du désert. - Et
avez été rassasiés. Expression d’une grande énergie, qui se dit habituellement des animaux gorgés de
nourriture. Cf. Luc. 15, 16 ; 16, 21 ; Apoc. 19, 21. Toutefois, S. Matthieu , 14, 20, et les récits parallèles
l’emploient sans y attacher aucune idée de blâme.
Cette demande, et la responsabilité qu’elle engage, valent encore pour une autre faim dont les hommes dépérissent : " L’homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu " (Dt 8, 3 ; Mt 4, 4), c’est-à-dire sa Parole et son Souffle. Les chrétiens doivent mobiliser tout leurs efforts pour " annoncer l’Evangile aux pauvres ". Il y a une faim sur la terre, " non pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais d’entendre la Parole de Dieu " (Am 8, 11). C’est pourquoi le sens spécifiquement chrétien de cette quatrième demande concerne le Pain de Vie : la Parole de Dieu à accueillir dans la foi, le Corps du Christ reçu dans l’Eucharistie (cf. Jn 6, 26-58).