Jean 6, 30

Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?

Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?
Louis-Claude Fillion
Troisième dialogue, versets 30-33, un peu plus long que les deux précédents. Jésus y expose la nature du don céleste que chacun peut s’approprier par la foi. - Ils lui dirent. Ces fréquentes interruptions de l’auditoire montrent jusqu’à quel point l’entretien présenta de vie et d’intérêt : à peine une réponse a-t-elle été sommairement donnée, que de nouvelles questions se précipitent. - Quel miracle faites-vous donc… « donc », car c’est une conclusion que la foule prétend tirer en ce moment. Elle a compris que Jésus parlait de lui-même et se donnait personnellement comme l’envoyé de Dieu (verset 29) : elle lui demande maintenant ses titres. Le pronom « tu » fut prononcé avec emphase : toi qui as de telles prétentions. - Quel miracle faites-vous ? Comme si ceux de la veille et des jours antérieurs (Cf. verset 2) ne suffisaient pas pour l’accréditer ! On voit à merveille, dans le récit, le va-et-vient perpétuel de ces esprits mobiles, qui auraient voulu de leur Messie des prodiges sans fin, et sans autre raison que leurs désirs de plus en plus exaltés. Hier ils étaient satisfaits ; ils parlent aujourd’hui comme si Jésus n’eût accompli aucun miracle. - Afin que nous voyions et que nous croyions. Ils verront et, bien entendu, ils se réservent d’apprécier le signe, de juger s’il répond à leur attente et à l’idée qu’ils se font de la puissance du Messie. Au verset précédent, Jésus avait employé l’expression plus forte « croire en celui... », avoir foi en la personne et au caractère de quelqu’un ; ils se servent de l’expression plus faible « croire quelqu’un », croire au témoignage d’un individu. Voyez 4, 20 ; 5, 24, 38, 46 ; 14, 11, etc., des changements analogues. - Que faites-vous ? demandent-ils encore en insistant. Il est à noter qu’ils retournent insolemment contre Jésus ce verbe (verset 27). Tu nous as recommandé l’action ; agis toi-même pour te manifester !
Pape Francois
La plénitude où Jésus porte la foi a un autre aspect déterminant. Dans la foi, le Christ n’est pas seulement celui en qui nous croyons — la manifestation la plus grande de l’amour de Dieu — ,mais aussi celui auquel nous nous unissons pour pouvoir croire. La foi non seulement regarde vers Jésus, mais regarde du point de vue de Jésus, avec ses yeux : elle est une participation à sa façon de voir. Dans de nombreux domaines de la vie, nous faisons confiance à d’autres personnes qui ont des meilleures connaissances que nous. Nous avons confiance dans l’architecte qui construit notre maison, dans le pharmacien qui nous présente le médicament pour la guérison, dans l’avocat qui nous défend au tribunal. Nous avons également besoin de quelqu’un qui soit digne de confiance et expert dans les choses de Dieu. Jésus, son Fils, se présente comme celui qui nous explique Dieu (cf. Jn 1, 18). La vie du Christ, sa façon de connaître le Père, de vivre totalement en relation avec lui, ouvre un nouvel espace à l’expérience humaine et nous pouvons y entrer. Saint Jean a exprimé l’importance de la relation personnelle avec Jésus pour notre foi à travers divers usages du verbe croire. Avec le « croire que » ce que Jésus nous dit est vrai (cf. Jn 14, 10 ; 20, 31), Jean utilise aussi les locutions « croire à » Jésus et « croire en » Jésus. « Nous croyons à » Jésus, quand nous acceptons sa Parole, son témoignage, parce qu’il est véridique (cf. Jn 6, 30). « Nous croyons en » Jésus, quand nous l’accueillons personnellement dans notre vie et nous nous en remettons à lui, adhérant à lui dans l’amour et le suivant au long du chemin (cf. Jn 2, 11 ; 6, 47 ; 12, 44).