Jean 6, 51

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Denys l'Aréopagite
Lorsque Jésus, le Verbe divin, dans sa bonté et son amour pour les hommes, a assumé notre nature humaine, son unité simple et cachée s'est rendue présente en un être composé et visible, sans en subir aucune altération. En unissant étroitement notre bassesse à sa souveraine divinité, il a généreusement établi entre lui et nous une intime communion.

Celle-ci ne peut se réaliser que si nous lui sommes unis harmonieusement, comme les membres au corps, si nous nous conformons à la même vie pure et divine et si nous ne nous livrons pas à la mort en cédant aux passions destructrices, qui nous rendraient incapables de nous adapter et d'adhérer aux membres parfaitement sains de Dieu, et de vivre en union avec eux.

Car si nous désirons être en communion avec lui, il faut que nous contemplions la vie toute divine qu'il a menée dans la chair. Il faut aussi qu'en mettant dans notre vie la sainte innocence qui la rendra semblable à la sienne, nous tendions vers l'état de pureté parfaite et la divinisation. C'est ainsi, en effet, qu'il nous donnera de bénéficier de sa ressemblance selon le mode qui nous convient.

Cela, l'évêque le révèle lorsque, dans la célébration des mystères, il découvre les dons cachés et divise leur unité en de nombreuses parts, et que, par l'union intime des réalités sacramentelles avec ceux qui les reçoivent, il accomplit en ceux qui y participent, la parfaite communion avec elles.

En présentant à notre regard le Christ Jésus, l'évêque montre d'une manière sensible, au moyen des éléments sacramentels, qui en sont comme les figures, ce qui constitue notre vie spirituelle. Il révèle que le Christ, sorti du secret de sa divinité, a pris la forme humaine par amour pour nous en assumant toute notre humanité sans se mélanger à elle; qu'il est descendu de son unité essentielle jusqu'à notre nature divisée sans subir aucun changement; qu'il appelle l'humanité à avoir part à sa divinité et à ses biens propres, en lui offrant les bienfaits de son amour pour les hommes.

Il nous demande seulement de nous unir à sa vie divine en imitant celle-ci autant que nous le pouvons, afin que s'accomplisse en nous la véritable communion avec Dieu et ses divins mystères.
Eutychius de Constantinople
J'ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir (Lc 22,15). Assurément, la Pâque que Jésus a mangée avant de souffrir était, de toute évidence, une Pâque sacramentelle: elle n'aurait pas été appelée Pâque sans sa passion. Il s'est donc immolé sacramentellement lorsque, de ses propres mains, il prit le pain à la fin du repas, il l'éleva et le rompit, en s'unissant lui-même intimement à l'élément sacramentel.

De même, il remplit la coupe du produit de la vigne, il rendit grâce et l'éleva vers Dieu le Père. Il dit: Prenez, mangez et Prenez, buvez. Ceci est mon corps et Ceci est mon sang (Mt 26,26-27). Donc quiconque reçoit une partie de ces éléments, reçoit en entier le saint corps et le précieux sang du Christ. Et en raison de son union intime avec ces éléments, le Christ se partage entre tous ceux qui communient, mais sans se diviser.

Ainsi en va-t-il d'un sceau qui transmet toute son empreinte et toute sa forme aux matières sur lesquelles il est apposé. Il reste unique, sans subir de diminution après avoir été apposé ni d'altération par les objets, si nombreux soient-ils, sur lesquels il a laissé sa marque.

Ainsi un son produit par la bouche humaine se propage-t-il dans l'air en restant tout entier en celui qui l'a émis. Il se répand dans l'air, pénètre tout entier dans les oreilles de tous, et un auditeur n'en perçoit pas une part plus grande ou moins grande qu'un autre. Mais il parvient à tous dans sa totalité, sans être divisé ni altéré, lors même qu'il est entendu par des milliers de personnes. Le son n'est pourtant qu'un phénomène matériel, puisqu'il ne se compose de rien d'autre que d'une vibration de l'air.

Que personne donc ne suppose qu'après le sacrifice sacramentel et la sainte résurrection du Seigneur, son corps et son sang incorruptibles, immortels, saints et vivifiants, présents dans les éléments sacramentels grâce aux rites sacrés, fassent moins sentir leur efficacité propre que les choses que nous venons de prendre comme exemples. Il faut tenir au contraire que son corps et son sang sont présents tout entiers dans tous les éléments sacramentels. Car la plénitude de la divinité du Verbe de Dieu habite corporellement, c'est-à-dire réellement, dans le corps même du Seigneur. Quant à la fraction de ce pain précieux, elle signifie la mort sacramentelle du Seigneur. Aussi a-t-il déclaré qu'il désirait cette Pâque, parce qu'elle nous procure le salut, l'immortalité et la parfaite connaissance.
Louis-Claude Fillion
Je suis. C’est pour la troisième fois que Jésus réitère cette proposition dans un bien court intervalle. Cf. versets 35 et 48. Il veut insister sur des vérités essentielles et de premier ordre. - Le pain vivant (en grec, avec deux articles qui appuient sur l’idée de vie). Le pain « vivant », qui possède en soi la plénitude de la vie ; plus haut, versets 35 et 48, le pain « de vie », qui communique la vie. Là on marquait le résultat produit, ici on indique la nature du pain. - Qui suis descendu du ciel. Encore une nuance à signaler (et nous aimons à relever ces petits détails, qui sont tous significatifs sur les lèvres de Notre-Seigneur, et sous la plume des écrivains sacrés qui racontent sa vie ) : au lieu du temps présent (verset 50, dans le grec), nous avons maintenant le passé. C’est qu’il est question dans notre verset du mystère de l’Incarnation, de la personne même du Verbe ; or le Fils de Dieu ne s’est incarné qu’une fois pour toutes, le fait est depuis longtemps accompli. La « descente du pain céleste », mentionnée au verset 50, est d’un autre genre et a lieu continuellement.

Dans les éditions grecques, tout ce verset de la Vulgate est regardé comme partie intégrante du précédent ; la version latine est ainsi en avance d’un verset jusqu’à la fin du chapitre : elle en compte 72 au lieu de 71. - Si quelqu’un mange… La promesse qui naguère avait été faite en termes négatifs (verset 50) est actuellement renouvelée d’une manière positive, avec une grande vigueur. - Il vivra éternellement dit en effet beaucoup plus que « ne mourra pas ». - Mais quel est-il donc au juste, ce pain qui crée des immortels ? Jésus va le définir avec une grande clarté. C’est un pain qu’il donnera lui-même, c’est sa propre chair, ce sera le salut du monde. Chaque expression mérite un bref commentaire. - Et le pain que je... Je, le Fils de Dieu, et pas seulement Moïse. - Donnerai ; le futur, car Jésus formule une promesse qui ne sera tenue que plus tard. - C’est ma chair : en latin et en grec, inversion qui fait mieux ressortir l’expression « ma chair » ; dans le grec surtout, à cause de l’article. Hier, j’apaisais votre faim avec un pain matériel, quoique miraculeux ; demain je vous nourrirai de ma propre chair. Expression bien humble pour désigner le Christ tout entier, l’Homme-Dieu. Cf. 1, 14. - Pour la vie du monde : fin si aimable pour laquelle N.-S. Jésus-Christ donnera aux hommes sa chair en nourriture. La plupart des auteurs protestants appliquent tout ce passage à la Passion, durant laquelle Jésus donna sa chair, c’est-à-dire, prétendent-ils, sa vie, pour notre salut. Mais ils sont réfutés par le langage même du Sauveur, qui ne fait ici aucune allusion à ses souffrances et à sa mort, mais qui se maintient strictement dans les notions de pain et de viande à manger, de breuvage.
Catéchisme de l'Église catholique
Dans la communion, précédée de la prière du Seigneur et de la fraction du pain, les fidèles reçoivent " le pain du ciel " et " la coupe du salut ", le Corps et le Sang du Christ qui s’est livré " pour la vie du monde " (Jn 6, 51) :

Jésus dit : " Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais... Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle ... il demeure en moi et moi en lui " (Jn 6, 51. 54. 56).

Le Père du ciel nous exhorte à demander comme des enfants du ciel, le Pain du ciel. (cf. Jn 6, 51). Le Christ " lui-même est le pain qui, semé dans la Vierge, levé dans la chair, pétri dans la Passion, cuit dans la fournaise du sépulcre, mis en réserve dans l’Église, apporté aux autels, fournit chaque jour aux fidèles une nourriture céleste " (S. Pierre Chrysologue, serm. 71 : PL 52, 402D).
Pape Saint Jean-Paul II
La Pâque du Christ comprend aussi, avec sa passion et sa mort, sa résurrection, comme le rappelle l'acclamation du peuple après la consécration: « Nous célébrons ta résurrection ». En effet, le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel le sacrifice trouve son couronnement. C'est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l'Eucharistie, se faire « pain de la vie » (Jn 6, 35. 48), « pain vivant » (Jn 6, 51). Saint Ambroise le rappelait aux néophytes, en appliquant à leur vie l'événement de la résurrection: « Si le Christ est à toi aujourd'hui, il ressuscite pour toi chaque jour ». Saint Cyrille d'Alexandrie, quant à lui, soulignait que la participation aux saints Mystères « est vraiment une confession et un rappel que le Seigneur est mort et qu'il est revenu à la vie pour nous et en notre faveur ».