Jean 6, 71

Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.

Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.
Saint Jean Chrysostome
Et remarquez que ce n'est point après leurs murmures et le scandale qu'ils ont pris des paroles du Sauveur, qu'il a connu les dispositions de leur cœur, car l'Evangéliste prend soin d'ajouter : « Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient point. »

C'est-à-dire qu'elles étaient difficiles à comprendre, et dépassaient la portée de leur intelligence. Ils s'imaginaient que le Sauveur tenait un langage bien supérieur à sa puissance, et ils se disaient : « Qui peut l'écouter ? » cherchant par là à justifier leur conduite inexcusable.

C'est-à-dire je ne suis ni troublé ni surpris de ce que quelques-uns ne croient point, car je connais ceux à qui mon Père a fait cette grâce. Il s'exprime ainsi pour leur prouver qu'il ne cherchait en aucune façon la gloire qu'ils pouvaient lui donner, et pour les bien convaincre que son Père n'était pas Joseph, mais Dieu lui-même.

L'Evangéliste ne dit pas précisément qu'ils l'abandonnèrent, mais qu'ils marchèrent en arrière, c'est-à-dire, qu'ils cessèrent de suivre les enseignements du Sauveur avec de bonnes dispositions et qu'ils perdirent la foi qu'ils avaient pu avoir auparavant. 

C'est-à-dire elles sont toute spirituelles, elles n'ont rien de charnel, elles ne sont point soumises aux effets naturels, et sont eu dehors de toute nécessité terrestre et de toutes les lois d'ici bas.

Après avoir signalé cette interprétation charnelle et grossière, Nôtre-Seigneur ajoute : « Mais il y en a parmi vous quelques-uns qui ne croient point. » En disant : « Quelques-uns, il excepte ses disciples, en même temps qu'il prouve sa puissance divine en révélant le secret des cœurs.

Une des preuves de sa divinité, c'était de révéler publiquement le secret des cœurs. Il ajoute : « Donc, quand vous verrez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? » Suppléez : Que direz-vous ? C'est la réflexion qu'il avait déjà faite à Nathanaël : « Parce que je vous ai dit : Je vous ai vu sous le figuier, vous croyez ; vous serez témoin de plus grandes choses. » Nôtre-Seigneur n'ajoute pas ici difficultés sur difficultés, mais il veut les attirer par la grandeur et le nombre des vérités sublimes qu'il leur enseigne. S'il leur avait dit simplement tout d'abord qu'il était descendu du ciel, sans rien ajouter de plus, il aurait augmenté le scandale de ceux qui l'écoutaient ; il suit donc une marche toute différente, il déclare que sa chair est la vie du monde, que de même qu'il a été envoyé par son Père vivant, il vit aussi par son Père, et c'est alors qu'il ajoute qu'il est descendu du ciel pour faire disparaître toute espèce, de doute. Ce n'est donc point pour scandaliser ses disciples, c'est au contraire pour détruire le scandale que ses paroles avaient fait naître qu'il s'exprime de la sorte. Tant qu'ils ne voyaient en lui que le Fils de Joseph, ses paroles n’avaient pour eux aucune autorité ; ceux au contraire qui croiraient qu’il était descendu du ciel, et qu'il devait y remonter, prêteraient une attention plus grande à ses enseignements.

Nôtre-Seigneur donne encore une autre solution : « C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. » Voici le véritable sens de ces paroles : Il faut entendre spirituellement ce que je viens de dire de moi, si vous prenez mes paroles dans un sens charnel, vous n'en retirerez aucune utilité. Or entendre ces paroles dans un sens charnel, c'est ne voir que ce qui frappe les yeux sans aller au delà. Ce n'est pas ainsi qu'il en faut juger, il faut considérer les mystères avec les yeux intérieurs et les entendre toujours spirituellement. C'était au contraire les entendre dans un sens charnel, que de formuler ce doute. Comment pourra-t-il nous donner sa chair à manger ? Quoi donc, est-ce qu'il ne nous donne pas sa véritable chair ? Sans aucun doute, il nous la donne ; si donc il déclare que la chair ne sert de rien, il ne veut point parler de sa chair, mais de ceux qui donnaient à ses paroles une interprétation toute charnelle.

On demandera peut-être quelle utilité pouvaient avoir ces discours, puisqu'ils étaient bien plutôt un sujet de scandale que d'édification. Nous répondons qu'ils avaient une immense utilité. Les Juifs recherchaient avec empressement la nourriture du corps, ils rappelaient le souvenir de la manne donnée à leurs pères, Notre-Seigneur leur apprend donc que ce n'étaient là que des figures, et il leur suggère l'idée de la nourriture spirituelle. Il n'y avait là aucune raison pour eux de se scandaliser, et ils devaient se contenter de l'interroger. La cause de leur scandale doit donc être tout entière attribuée à leurs mauvaises dispositions plutôt qu'à l'obscurité de la doctrine du Sauveur.

C'est en effet le moyen le plus convenable pour les attirer à lui. S'il leur avait prodigué les éloges, ils y eussent été par trop sensibles, et se seraient persuadés qu'en restant fidèles à Jésus-Christ, ils lui rendaient un grand service. Il se les attache donc bien plus fortement, en leur montrant qu'il n'a que faire de leur obéissance et de les voir marcher à sa suite. Toutefois il ne leur dit pas : Allez-vous en, (ce qui eût été les renvoyer,) mais il leur demande s'ils veulent s'en aller, il leur donne toute liberté, il ne veut pas qu'un certain sentiment de pudeur les retienne à sa suite, le suivre par nécessité est pour lui comme s'ils l'abandonnaient. Or, Pierre qui aimait ses frères et professait un ardent amour pour le Sauveur, répond pour tout le collège apostolique : « Mais Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? »

Ces paroles montrent le grand amour des vrais disciples de Jésus pour leur divin Maître ; ils le mettaient dans leur esprit et dans leur cœur bien au-dessus de leurs pères et de leurs mères. Et s'il parlait ainsi, ce n'est point dans la crainte que personne ne voulût les recevoir, après qu'ils auraient quitté Jésus, c'est pourquoi il ajoute : « Vous avez les paroles de la vie éternelle. » Il montre ainsi qu'il se rappelle les paroles du Seigneur : « Je le ressusciterai au dernier jour; » et encore : « Il aura la vie éternelle. » Les Juifs disaient : « C'est le fils de Joseph, » Pierre, au contraire, s'écrie : « Nous avons cru et nous avons connu que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant.

Pierre venait de dire : « Et nous avons cru. » Nôtre-Seigneur excepte Judas du nombre des croyants : « Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisis tous les douze ? Et cependant parmi vous il y a un démon, » c'est-à-dire, ne croyez point, parce que vous vous êtes rangés à ma suite, que je m'abstienne de reprendre ceux qui sont mauvais. Mais pourquoi les disciples restent-ils ici dans le silence, eux qui plus tard diront en tremblant : « Est-ce moi, Seigneur ? » Jésus n'avait pas encore dit à Pierre : « Retire-toi de moi, Satan. » (Mt 16) Ces paroles ne lui inspirent donc aucune crainte. D'ailleurs Nôtre-Seigneur ne dit pas : Un de vous me trahira, mais : « Un de vous est un démon. » Ils ne comprenaient donc pas la portée de cette expression et n'y voyaient qu'une parole de blâme tombant sur les mauvaises dispositions de l'un d'eux. Les incrédules font ici à Jésus-Christ un reproche insensé, car le choix qu'il fait d'un homme ne lui impose aucune violence, aucune nécessité, et notre salut comme notre perte sont subordonnés à notre volonté.

Admirez la sagesse de Jésus-Christ, il ne fait point connaître ce disciple infidèle, de peur que perdant toute retenue, il ne lui fît une guerre ouverte ; il ne veut point non plus que ses dispositions restent entièrement cachées, ce qui, en l'affranchissant de toute crainte, l'aurait rendu plus audacieux dans l'exécution de son crime.
Saint Augustin
Mais si les disciples de Jésus trouvèrent ces paroles dures, que durent en penser ses ennemis ? Et cependant il fallait leur enseigner cette vérité bien que tons ne dussent pas la comprendre ; le secret de Dieu doit exciter l'attention et ne point soulever d'opposition. 

Après avoir fait la distinction de ceux qui croient d'avec les incrédules, Nôtre-Seigneur remonte à la cause pour laquelle ils ne croient point : « C'est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s'il ne lui est donné par mon Père. »

La foi est donc un don de Dieu, et un don d'une grande importance. Or, si ce don est aussi grand et aussi précieux, réjouissez-vous d'avoir la foi, mais n'en concevez pas d'orgueil, « car qu'avez-vous que vous n'ayez reçu ? » (l Co 4)

Ils faisaient cette réflexion entre eux, de manière à ne pas être entendus, mais Jésus qui connaissait les pensées les pins intimes de leur cœur les entendait en lui-même : « Or Jésus connaissant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : Cela vous scandalise ? »

Les Juifs ne crurent pas que ces paroles de Jésus renfermaient de sublimes vérités, et recouvraient un grand mystère de grâce, ils les entendirent à leur manière, dans un sens tout naturel, et comme si Jésus devait leur partager et leur distribuer par morceaux la chair dont le Verbe s'était revêtu : « Plusieurs donc, non point de ses ennemis, mais de ses disciples, l'entendant, dirent : Ces paroles sont dures. »

Ou bien encore, il résout la difficulté qui les troublait ; ils s'imaginaient qu’il donnerait son corps par morceaux, et il leur dit qu'il remontera tout entier dans le ciel : « Que sera-ce donc lorsque vous verrez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? » Certes vous comprendrez alors qu'il ne donne pas son corps de la manière que vous pensez et qu'on ne peut consumer par la bouche le mystère de sa grâce. Le Christ n'a commencé à être le Fils de l'homme que sur la terre par sa naissance de la Vierge Marie, lorsqu'il se fut revêtu d'une chair mortelle ; pourquoi donc s'exprime-t-il de la sorte : « Lorsque vous verrez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? » C'est qu'il voulait nous faire comprendre que le Christ Dieu et homme tout à la fois, ne forme qu'une seule personne et non pas deux, et que l'objet de notre Foi doit être non pas la quaternité, mais la Trinité. Le Fils de l'homme était donc dans le ciel, comme le Fils de Dieu était sur la terre. Il était sur la terre le Fils de Dieu dans la chair qu'il s'était unie, il était le Fils de l'homme dans le ciel par suite de l'unité de personne. 

Ou bien encore, la chair ne sert de rien, dans le sens des Capharnaïtes qui s'imaginaient que cette chair serait comme la chair d'un cadavre qu'on démembre ou qu'on vend au marché, et ne comprenaient pas que cette chair était remplie de l'esprit de Dieu et de la vie delà grâce. Quel esprit s'unisse à la chair, alors la chair est d'une grande utilité. Car si la chair ne servait de rien, le Verbe ne se serait pas fait chair pour habiter parmi nous. C'est donc à l'esprit qu'il faut rapporter ce qui a été opéré par la chair pour notre salut.

Ce n'est point évidemment par elle-même que la chair purifie noire âme, mais parle Verbe qui s'en est revêtu, et qui étant le principe de toutes choses, s'est uni à la fois à une âme et à un corps pour purifier l'âme et la chair de ceux qui croiraient en lui. C'est donc l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien, de la manière qu'ils l'entendaient, ce n'est pas ainsi que je la donne à manger, et ce n'est pas dans ce sens tout charnel que nous devons goûter cette chair. Aussi Nôtre-Seigneur ajoute : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. »

Si vous entendez ces paroles spirituellement, elles sont esprit et vie pour vous, si vous les entendez dans un sens charnel, elles sont encore esprit et vie, mais non point pour vous. Nous avons dit précédemment que la fin que s'est proposée Nôtre-Seigneur en nous donnant sa chair à manger et son sang à boire c'est que nous, demeurions en lui et qu'il demeure en nous ; or, la charité seule peut produire cet effet, et la charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l'Esprit saint qui nous a été donné. (Rm 5) C'est donc l'esprit qui vivifie.

Il ne dit pas : Il en est parmi vous qui ne comprennent pas, mais il indique la cause de leur défaut d'intelligence, car le prophète a dit : « Si vous ne commencez par croire, vous ne comprendrez point. » Comment celui qui résiste peut-il être vivifié ? Il est l'ennemi du rayon de lumière qui veut le pénétrer, il en détourne les yeux, il lui ferme son âme. « Qu'ils croient donc et qu'ils ouvrent leur âme, et ils seront comblés de lumière.

Que ce don de la foi soit accordé aux uns et refusé aux autres, c'est ce qu'on ne peut nier sans se mettre en opposition avec les témoignages les plus incontestables de la sainte Ecriture. Le chrétien ne doit pas s'étonner que ce don ne soit pas accordé à tous, dès lors qu'il croit que le péché d'un seul a été le juste sujet de la condamnation de tous les hommes, à ce point qu'on ne pourrait adresser à Dieu aucun juste reproche quand même un seul homme n'échapperait pas à cette sentence de mort. C'est donc par l'effet d'une grâce tout à fait extraordinaire qu'un grand nombre sont arrachés à la damnation. Mais pourquoi l'un est-il plutôt sauvé que l'autre ? c'est là un effet des jugements incompréhensibles de Dieu et de ses voies impénétrables. (Rm 11, 33.)

Ils perdirent la vie en se séparant du corps, parce que peut-être ils n'en firent jamais partie, et ils doivent être rangés parmi les incrédules, bien qu'ils parussent être du nombre des disciples de Jésus. Ce fut en grand nombre qu'ils se retirèrent de Jésus-Christ pour marcher à la suite de Satan, comme l'Apôtre le dit de certaines femmes de son temps : « Déjà quelques-unes se sont égarées pour suivre Satan. » Quant à Pierre, Nôtre-Seigneur ne le repousse point en le renvoyant à la suite de Satan, mais il lui commande seulement d'aller derrière lui.

Peut-être aussi Dieu permit-il ce scandale pour notre consolation ; il arrive en effet quelquefois qu'un homme dit la vérité sans parvenir à se faire comprendre, ceux qui l'entendent se scandalisent et se retirent ; cet homme regrette alors d'avoir fait connaître la vérité, et il se dit : Je n'aurais pas dû parler de la sorte. C'est ce qui arrive ici à notre Sauveur, il fait connaître la vérité, et il perd un grand nombre de disciples ; cependant il ne s'en trouble point, parce qu'il savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croiraient point. Si donc nous sommes soumis à la même épreuve, n'en soyons point troublés, cherchons notre consolation en Nôtre-Seigneur, cependant que la prudence dirige toutes nos paroles.

Il semble dire : Est-ce que vous nous renvoyez ? Donnez-nous donc un autre à qui nous puissions aller, si nous venons à vous quitter.

Nous avons cru pour connaître, car si nous avions voulu connaître avant de croire, nous n'aurions été capables ni de connaître, ni de croire. Nous avons cru et nous avons connu que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire, que vous êtes la vie éternelle, et que c'est vous-même que vous nous donnez dans votre chair et dans votre sang.

Judas a été choisi pour devenir l'instrument d'un grand bien qu'il ne voulait pas et qu'il ne connaissait même pas ; car de même que les impies font servir au mal les œuvres bonnes de Dieu, Dieu au contraire sait faire servir au bien les actions coupables des hommes. Quoi de pire que Judas ? et cependant le Seigneur a su tirer le bien du crime qu'il a commis, et il a souffert d'être trahi par lui pour nous racheter. On peut encore entendre autrement ces paroles : « Je Vous ai choisis au nombre de douze, » dans ce sens que c'est le nombre consacré de ceux qui devaient annoncer aux quatre points du monde le mystère de la Trinité ; or, ce nombre n'a perdu ni sa gloire ni son caractère sacré, parce que l'un d'entre eux s'est perdu, puisqu'un autre lui a succédé.
Saint Grégoire le Grand
Lorsque Notre-Seigneur dit d'un de ses disciples livré au mal : « L'un de vous est un démon, » il donne le nom du chef à un de ses membres, comme l'Evangéliste l'explique en ajoutant : « Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon, car c'était lui qui devait le trahir, quoiqu'il fût un des douze. »
Saint Bède le Vénérable
Notre-Seigneur savait parfaitement si les autres disciples avaient l'intention de s'en aller; cependant il les interroge pour faire ressortir leur foi et la proposer comme modèle aux autres : « Jésus dit donc aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » 

On peut dire encore que le Sauveur s'est proposé des fins différentes dans la vocation de Judas et dans celle des onze autres Apôtres. Il a choisi les onze pour les faire persévérer dans la dignité d'Apôtres ; il a choisi Judas pour que sa trahison fût l'occasion du salut du genre humain.
Alcuin d'York
C'est-à-dire ce que je viens de vous enseigner, la nécessité de manger ma chair et de boire mon sang.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il nous apprend ainsi qu'avant même la création du monde, il connaissait toutes choses, ce qui était une preuve évidente de sa divinité.

N'allez pas croire pour cela que le corps de Jésus-Christ soit descendu du ciel comme l'enseigne l'hérésie de Marcion et d'Apollinaire, le Fils de Dieu et le Fils de l'homme ne sont qu'une seule et même personne.

Par ces disciples qui murmuraient, il ne faut point comprendre ceux qui étaient réellement et véritablement ses disciples, mais ceux qui paraissaient extérieurement prendre part à ses enseignements, car parmi ses véritables disciples, il se trouvait un certain nombre d'hommes qui passaient pour ses disciples, uniquement parce qu'on les voyait depuis longtemps avec eux.
Louis-Claude Fillion
Il parlait (en grec, avoir quelqu’un en vue, le désigner intérieurement. Cf. 8, 54 ; 9, 19, etc.). Notre-Seigneur ne cita pas le nom du traître, car il aurait dû alors l’expulser immédiatement, ce qui n’entrait pas dans les plans providentiels. Mais aucune réserve de ce genre n’était imposée au narrateur, et S. Jean se hâte de dénoncer Judas, comme s'il eût craint que le soupçon d'un crime si abominable atteignît pour un instant un autre apôtre. - Judas de Simon Iscariote. Sur ce surnom, voyez l’Évangile selon S. Matth., note de 10, 4. S. Jean aurait pu s'arrêter après la proposition qui précède ; mais il veut stigmatiser encore l'infâme action de Judas. « Il devait trahir », marque une prévision certaine et infaillible ; au v. 65, nous lisions avec une nuance « celui qui le trahirait ». Cf. 12, 4 ; Matth. 11, 14 ; Luc 24, 21. Voyez cette formule infamante pareillement ajoutée au nom du traître dans Matth. 26, 14, 47; Marc 14, 10, 43 ; Luc 22, 3, 47. Dès cet instant, sans doute, Judas se sépara intérieurement de Jésus (v. 71, est un démon) ; mais il sut si bien cacher son jeu que les autres apôtres le regardèrent comme un ami jusqu'à ce qu'il consommât son crime. Cf. 13, 21-28.