Luc 1, 13

L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.

L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.
Louis-Claude Fillion
C'est la parole amie, rassurante, adressée habituellement par les anges en pareil cas. Comp. v. 30 ; 2, 10 ; Apoc. 1, 17. « Comme c’est le propre de la fragilité humaine d’être troublé par la vision d’une créature spirituelle, c’est le propre de la courtoisie angélique de consoler par des gentillesses les mortels qui tremblent à la vue des anges. » Vén. Bède, h. l. La première parole céleste qui retentit dans le Nouveau Testament est ainsi une parole d'encouragement et de consolation. Elle est immédiatement suivie de la grande nouvelle qui était le motif de l'apparition. - Ta prière a été exaucée… Mais quelle était cette prière à laquelle l'ange fait tout d'abord allusion ? Il s'est formé sur ce point deux sentiments contradictoires. Maldonat, Bengel, Olshausen, Meyer, MM. Bisping, Schegg, Godet, etc. pensent que Zacharie, en offrant l'encens au Seigneur, venait de formuler avec une ardeur nouvelle la prière que pendant longtemps il avait adressée à Dieu chaque jour : Donnez-nous un fils ! Et, au premier regard, le contexte paraît favoriser cette opinion, puisque l'ange ajoute aussitôt : « Tu auras un fils », semblant établir ainsi une connexion très étroite entre la prière de Zacharie et la promesse qui va suivre. Néanmoins, en étudiant le texte de plus près, on est frappé de plusieurs difficultés sérieuses qui vont à l'encontre de cette interprétation. L'évangéliste n'a-t-il pas dit , v. 7, que Zacharie et Elisabeth avaient perdu moralement tout espoir d'avoir un fils ? Bien plus, dans un instant, quand l'ange aura achevé son message, Zacharie ne sera-t-il pas saisi d'étonnement, et n'objectera-t-il pas sa vieillesse et celle d'Elisabeth ? Aussi les SS. Pères (notamment S. Augustin, S. Jean Chrysostome, le Vén. Bède), et après eux la plupart des exégètes, ont-ils cru que la prière de Zacharie avait un autre objet, plus relevé, plus général, plus sacerdotal : Il avait prié pour l'avènement du Messie. « Il faut ici un peu de perspicacité. Car il n’est pas vraisemblable que celui qui offre un sacrifice pour les péchés du peuple, pour le salut et la rédemption du genre humain, ait pu prier pour avoir des enfants, après avoir mis de côté les besoins et les aspirations de tous, lui, un homme âgé ayant une épouse décrépite. Surtout qu’aucune personne ne désespère obtenir ce qu’il demandait instamment dans ses prières. En conséquence, ce qui lui a été dit : ta prière a été exaucée, se rapporte à la prière qu’il adressait à Dieu pour le peuple, à savoir que le salut, la rédemption du peuple et l’abolition des péchés se feraient par le Christ. On annonce en plus à Zacharie qu’un fils lui naîtrait, qui serait le précurseur du Christ. » St Augustin, De quaestion. Evangel., l. 2, q. 1. Cette dernière réflexion du saint Docteur montre la liaison qui existe entre les premières paroles de l'ange, ta prière a été exaucée, et les suivantes : Elisabeth t'enfantera un fils. A la joyeuse promesse, l'ange associe un ordre : tu donneras le nom de Jean… Comme Isaac dans l'Ancien Testament, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le Nouveau, S. Jean reçoit son nom directement du ciel ; et quel beau nom ! Joannes signifie « Jéhovah est propice, Jéhovah a fait grâce », et exprime de la façon la plus claire les intentions bienveillantes du Seigneur à l'égard de son peuple. L'idée de la Rédemption y est contenue toute entière. Il est vrai qu'il avait été souvent porté à des époques antérieures (comp. 4 Reg. 25, 23 ; 2 Par. 17, 15 ; 23, 1 ; 28, 23 ; Nehm. 6, 18 ; 12, 13) ; mais alors c'étaient des hommes qui l'avaient imposé, et jamais sa signification n'avait été réalisée.