Luc 1, 14
Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance,
Tu seras dans la joie et l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance,
Cette vérité s'applique, non seulement au temps présent, mais au siècle futur; lorsque nous sortirons de ce monde, Dieu et les anges n'apparaîtront pas à tous les hommes, mais seulement à ceux qui auront le coeur pur. Quant au lieu, il ne peut être ni utile ni nuisible à personne.
Une forme nouvelle vient-elle à s'offrir aux regards de l'homme, elle jette le trouble dans son esprit et l'effroi dans son âme; aussi l'ange qui connaît cette disposition de la nature humaine, cherche d'abord à calmer cet effroi: «Mais l'ange lui dit: Ne craignez point», etc.
Il ne se contente pas de calmer son effroi, mais il lui apprend une nouvelle qui le comble de joie: «Votre prière, lui dit-il, a été exaucée, et Elisabeth, votre épouse, enfantera», etc.
En effet, lorsqu'un juste vient au monde, les auteurs de sa naissance se réjouissent, tandis que la naissance d'un enfant qui semble prédestiné à la prison et à l'échafaud, jette ceux qui lui ont donné le jour dans la consternation et l'abattement.
Voici donc un moyen facile de distinguer les bons esprits des mauvais; si la joie succède à la crainte, c'est un indice certain de l'intervention divine; car la paix de l'âme est un signe et comme un fruit de la présence de la majesté divine, mais si la frayeur qu'on a éprouvée persévère, c'est l'ennemi du salut qui en est la cause.
Il dit: «À la droite de l'autel de l'encens», parce qu'il y avait un autre autel réservé pour les holocaustes.
C'est par une raison pleine de mystère que l'ange apparaît dans le temple, il venait annoncer la venue du véritable grand-prêtre, et Dieu préparait déjà le sacrifice céleste dont les anges eux-mêmes sont les ministres, car nous ne devons pas douter de la présence des anges au sacrifice où Jésus-Christ est immolé. Il apparut à droite de l'autel de l'encens, parce qu'il apportait le signe de la miséricorde divine: «Le Seigneur est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé» ( Ps 15).
Ou bien encore, la plénitude et l'abondance sont les caractères des bienfaits de Dieu, ils ne sont point renfermés dans d'étroites limites, mais ils embrassent dans leur abondance tous les biens réunis; ainsi l'ange annonce d'abord à Zacharie l'heureux effet de sa prière, puis il lui prédit que sa femme, jusqu'alors stérile, lui donnerait un fils dont il indique le nom par avance: «Vous lui donnerez le nom de Jean», etc.
Les saints ne sont pas seulement la joie et la consolation de leurs parents, mais encore le salut d'un grand nombre: «Plusieurs, ajoute l'ange, se réjouiront de sa naissance». Apprenons ici à nous réjouir de la naissance des saints; que les parents apprennent à en rendre grâces à Dieu, car c'est une grâce insigne que Dieu leur fait, lorsqu'il leur donne des enfants destinés à perpétuer leur race et à recueillir l'héritage de leurs biens.
Zacharie étant entré dans le temple pour offrir à Dieu les prières de tout le peuple, comme médiateur entre Dieu et les hommes, vit l'ange debout dans le sanctuaire: «Et l'ange du Seigneur lui apparut». L'expression: «Il lui apparut», est très juste, puisque Zacharie l'aperçut tout à coup, et c'est ainsi que l'Écriture s'exprime lorsqu'elle parle de Dieu ou des anges; les choses que l'on voit sans y être préparé, elle dit qu'elles apparaissent. En effet, on ne voit pas de la même manière les choses sensibles et celui dont la nature est invisible, et qui ne se découvre que lorsqu'il le veut.
Cette apparition fut sans obscurité et différente de celles qui ont lieu dans le sommeil; il s'agissait d'un événement extraordinaire, il fallait donc une vision évidente et certaine.
L'homme, quelque juste qu'il soit, ne peut voir apparaître un ange sans éprouver un sentiment de crainte, aussi Zacharie ne pouvant ni supporter l'aspect de l'ange, ni soutenir l'éclat qui l'environne, se trouble: «Et Zacharie fut troublé». Lorsque le conducteur d'un char s'épouvante et abandonne les rênes, les coursiers s'emportent, et le char se renverse; ainsi en est-il de l'âme, toutes les fois qu'elle est sous le poids de la crainte ou de l'inquiétude: «Et la frayeur le saisit», ajoute l'Évangéliste.
Ou bien pour preuve que sa prière est exaucée, il lui prédit la naissance d'un fils qui devait un jour proclamer: «Voici l'Agneau de Dieu», etc.
Remarquons aussi que les hommes qui devaient donner dès leur plus tendre jeunesse des signes d'une vertu éclatante, ont reçu dès lors leur nom du ciel, tandis que ceux dont la vertu ne devait se manifester que dans le cours de leur vie, n'ont reçu ce nom que plus tard.
Remarquons ici tout d'abord, qu'il n'est point vraisemblable qu'au moment où il offrait le sacrifice pour les péchés du peuple ou pour son salut et sa rédemption, Zacharie, ce vieillard, dont la femme était avancée en âge, ait prié Dieu de lui accorder des enfants, car personne ne songe à demander dans ses prières ce qu'il n'a aucune espérance d'obtenir. Or Zacharie avait si peu l'espérance d'avoir des enfants qu'il refuse de croire à la promesse de l'ange. Ces paroles donc: «Votre prière a été exaucée», doivent s'entendre de la prière qu'il faisait pour le peuple. Mais comme le salut, la rédemption de ce peuple et la rémission des péchés devaient avoir lieu par Jésus-Christ; l'ange annonce de plus à Zacharie qu'il lui naîtrait un fils destiné à être le précurseur du Christ.
C'est toujours une preuve de mérite extraordinaire que Dieu lui-même impose un nom aux hommes, ou bien change celui qu'ils portaient.
Or Jean signifie, qui a la grâce, ou grâce du Seigneur. Ce nom présage la grâce que Dieu faisait à ses parents en leur donnant un fils dans leur extrême vieillesse, à Jean lui-même qui devait être grand devant Dieu, enfin aux enfants d'Israël qu'il devait convertir au Seigneur; c'est pour cela qu'il ajoute: «Vous en serez dans la joie et dans le ravissement».
Les anges cependant n'apparaissent pas aux hommes dans leur propre nature, mais ils revêtent pour se rendre visibles, la forme que Dieu lui-même a déterminée.
À cette question secrète de Zacharie: comment serai-je assuré de cette promesse? l'ange répond: En voyant Elisabeth devenir mère d'un fils, vous ne pourrez douter que les péchés du peuple ne soient remis.
Un sujet de joie et d'allégresse. Deux substantifs pour mieux indiquer la vivacité de la joie des
parents du Précurseur. Mais ce n'est pas seulement dans le cercle intime d'une famille juive que cette
merveilleuse naissance répandra le bonheur : elle réjouira un grand nombre d'hommes, pour les motifs qui
seront développés dans les vv. 16 et 17. Et en effet, l'Église entière ne célèbre-t-elle pas chaque année
joyeusement la Nativité de S. Jean Baptiste ? Des païens mêmes, au dire des anciens, n'ont-ils pas fêté
régulièrement cet anniversaire par des réjouissances publiques ? Voyez D. Calmet, Comment. Littér. sur S.
Luc, p. 174.