Luc 1, 17
il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »
il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »
Jean devait en convertir un grand nombre, la mission du Seigneur était de les convertir tous à Dieu son Père.
Il ne dit pas: Avec l'âme d'Élie, mais: «Dans l'esprit et la vertu d'Élie»; car l'esprit qui avait animé Élie vint remplir Jean-Baptiste, aussi bien que sa vertu.
Le mystère, figuré par la prédication de Jean-Baptiste, s'accomplit encore dans le monde; car pour que nous puissions croire en Jésus-Christ, il faut que l'esprit et la vertu de Jean vienne dans notre âme pour préparer au Seigneur un peuple parfait.
Après avoir annoncé que la naissance de Jean serait pour plusieurs un sujet de joie, l'ange prédit la grandeur de sa vertu: «Il sera grand devant le Seigneur», etc. Il n'est point ici question de la grandeur du corps, mais de la grandeur de l'âme. Or, devant Dieu, la grandeur de l'âme n'est autre que la grandeur de la vertu.
Jean n'a point reculé les frontières d'un empire, il n'a point moissonné de lauriers à la suite d'une glorieuse victoire; mais il a fait plus, il a prêché dans le désert, il a foulé aux pieds les délices du monde, et la mollesse des plaisirs des sens par l'étonnante austérité de sa vie. «Il ne boira, dit l'ange, ni vin, ni aucune liqueur enivrante.
Celui qui reçoit ainsi l'abondance de l'Esprit saint, reçoit en même temps la plénitude des plus éminentes vertus. Voyez, en effet, saint Jean-Baptiste; avant de naître, étant encore dans le sein de sa mère, il fait connaître la grâce qu'il a reçue, lorsqu'en tressaillant dans le sein qui le renferme, il annonce l'avènement et la présence du Seigneur. Cette vie de la nature est toute différente de la vie de la grâce, la première commence à notre naissance pour finir à notre mort; la vie de la grâce, au contraire, n'est point limitée par les années, elle ne s'éteint point à la mort, elle n'est pas exclue du sein qui nous porte.
Nous n'avons d'ailleurs nul besoin qu'on nous prouve que saint Jean a converti les coeurs en grand nombre, alors que les écrits des prophètes et le saint Évangile nous l'attestent. La voix de celui qui crie dans le désert: «Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers», ce baptême que le peuple venait recevoir en foule, ne sont-ils pas une preuve des conversions qu'il opérait dans la multitude? Car ce n'était pas lui-même, mais le Seigneur qui était l'objet des prédications de ce précurseur du Christ. C'est pourquoi l'Évangéliste ajoute: «Et il marchera devant lui», etc. Il a marché, en effet, devant lui, puisqu'il a été son précurseur dans sa naissance comme dans sa mort, et ces autres paroles: «Dans l'esprit et la vertu d'Élie», ne sont pas moins justes.
L'esprit, en effet, est inséparable de la vertu, comme la vertu de l'esprit, voilà pourquoi l'ange joint l'esprit à la vertu. Car le saint prophète Élie eut à la fois une grande vertu et une grâce surabondante, une grande vertu pour ramener à la foi le coeur des peuples infidèles, la vertu de pénitence, la vertu de patience, et l'esprit de prophétie. Ces deux grands hommes eurent d'autres traits d'analogie, Élie habitait le désert, Jean y passa toute sa vie. Élie ne rechercha jamais les bonnes grâces d'Achab, Jean dédaigna la faveur d'Hérode; l'un divisa les eaux du Jourdain, l'autre en fit un bain salutaire; Jean fut le précurseur du premier avènement du Seigneur, Élie doit l'être du second.
Le mot cervoise signifie ivresse, et les Hébreux s'en servent pour désigner toute boisson qui peut enivrer, qu'elle soit extraite de pommes, de grains ou d'une autre matière. Or, la loi (Nb 6, 5) prescrivait aux Nazaréens de s'abstenir de vin et de toute liqueur enivrante pendant tout le temps de leur consécration; c'est pourquoi Jean et d'autres, favorisés d'une semblable grâce, se sont interdit pour toujours ces boissons, afin de demeurer toujours nazaréens, c'est-à-dire saints. Il n'est pas convenable, en effet, de s'enivrer de vin, quand on désire être rempli de l'effusion de l'Esprit saint. Aussi celui qui renonce à cette ivresse, mérite que la grâce du Saint-Esprit se répande en abondance dans son âme, «Il sera rempli de l'Esprit saint», ajoute l'Évangéliste.
En disant de Jean-Baptiste qu'il a converti un grand nombre des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu, alors qu'en rendant témoignage à Jésus-Christ, il baptisait les peuples qui croyaient en lui, l'Évangéliste prouve par là même que le Christ était le Dieu d'Israël. Que les ariens cessent donc de nier que Jésus-Christ soit le Seigneur Dieu, que les photiniens rougissent de ne faire remonter son origine qu'au sein de la Vierge Marie, que les manichéens ne viennent plus dire que le Dieu d'Israël est différent du Dieu des chrétiens.
Ce que le prophète Malachie a prédit d'Elie, l'ange l'applique à Jean-Baptiste, lorsqu'il ajoute: «Pour réunir les coeurs des pères avec leurs enfants», en leur communiquant par ses prédications la science spirituelle de leurs saints ancêtres; «et rappeler les incrédules à la prudence des justes», prudence qui n'a point la prétention de trouver la justification dans les oeuvres de la loi, mais qui ne la cherche que dans la foi.
L'ange avait dit précédemment que la prière de Zacharie pour le peuple avait été exaucée, il ajoute: «Pour préparer au Seigneur un peuple parfait», et nous apprend ainsi comment ce même peuple sera sauvé et rendu parfait, c'est-à-dire par la pénitence et par la foi en Jésus-Christ, que doit prêcher Jean-Baptiste.
Mais quelles seront les oeuvres que Jean-Baptiste accomplira sous la conduite de l'Esprit saint, les voici: Il convertira plusieurs des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu.
Ou bien encore, les Juifs étaient parents de Jean et des Apôtres, et cependant par orgueil autant que par incrédulité, ils se déchaînaient contre l'Évangile. Que fit alors Jean-Baptiste, et après lui les Apôtres? comme des enfants pleins de douceur, ils découvraient la vérité à leurs pères, et cherchaient ainsi à les rendre participants de leur propre justice et de leur prudence. C'est ainsi qu'Elie doit convertir les restes des Hébreux à la vérité prêchée par les Apôtres.
Il en est beaucoup à qui l'on donne le nom de grands, mais c'est devant les hommes, et non pas devant Dieu, tels sont les hypocrites. Les parents de Jean, au témoignage de l'Évangéliste, étaient eux-mêmes justes devant Dieu.
Ou encore: Jean a préparé un peuple qui n'était pas incrédule, mais parfait, c'est-à-dire prêt à recevoir le Christ.
3° Au point de vue de sa vocation proprement dite, Jean-Baptiste sera le
Précurseur du Messie. - Et il marchera devant lui… « lui » ne peut se rapporter qu'à Dieu, cf. v. 16, et
pourtant, d'après l'idée, il est certain qu'il s'agit ici du Messie. La conclusion est manifeste : Donc le Messie
est Dieu, le Messie est le Jéhovah de l'ancienne Alliance. Cf. Patrizi, de Evang. Lib. 3, Dissert. 4, 7 et 8. Du
reste, ce n'est pas là une notion nouvelle, puisque les Prophètes décrivaient déjà l'avènement du royaume
messianique sous la figure d'une entrée solennelle de Jéhovah parmi son peuple. Comp. is. 40, 3 ; Mal. 3, 1.
L'ange fait tout à coup un rapprochement des plus élogieux pour Jean-Baptiste, quand il dit qu'il viendra dans
l'esprit et la vertu d’Élie, car Elie est un des plus saints, un des plus grands personnages de l'Ancien
Testament. Le Précurseur héritera donc, plus encore qu’Élisée, de l'esprit de ce réformateur célèbre ; il agira
avec une vigueur et une autorité semblables à la vigueur et à l'autorité d’Élie. Plus tard, Notre -Seigneur
Jésus-Christ fera lui-même un rapprochement identique, et il dira hautement que Jean-Baptiste était une
copie parfaite du prophète Elie. Comp. Matth. 11, 14 et le commentaire ; 17, 10-12. - Pour ramener les
cœurs des pères vers les enfants. Les paroles qui précèdent étaient une allusion évidente de l'oracle de
Malachie, 3, 1, et 4, 5 ; mais voici que l'ange Gabriel cite maintenant d'une manière littérale, pour les
appliquer à Jean-Baptiste, les dernières lignes de cette prophétie, 4, 6 : « Il ramènera le cœur des pères à leurs
enfants, et le cœur des enfants à leurs pères ». Voyez Patrizi, l.c. Dissert. 5. La locution « ramener le cœur »
signifie rendre favorable, bien disposer, concilier. La difficulté porte sur « les pères » et sur « les fils » dont
S. Jean, le nouvel Elie, devait unir et pacifier les cœurs séparés. D'après Théophylacte, les pères
représenteraient la nation juive, les fils seraient au contraire les apôtres de Jésus. Suivant Théodoret,
Wordsworth, etc. les pères sont également la figure des Juifs, mais les fils symbolisent les païens. D'autres
exégètes assez nombreux (Maldonat, Meyer, Bleek, etc.) prennent ces deux expressions à la lettre : l'ange
annoncerait simplement que les liens de famille, alors brisés dans un grand nombre de maisons par les
discordes politiques et religieuses qui avaient envahi la nation théocratique seraient renoués heureusement
par le Christ et par son précurseur. A ces interprétations, nous préférons celle qu'admettent communément les
anciens auteurs et la plupart de modernes. Les « pères » ne sont autres que les Abraham, les Isaac, les Jacob,
et les autres patriarches, glorieux ancêtres du peuple choisi. Les « fils » représentent les Juifs contemporains
de Notre-Seigneur et de S. Jean. Autant ceux-là étaient pleins de foi au Messie, autant ceux-ci étaient
incrédules, malgré leur attente superstitieuse : de là une sorte d'animosité bien naturelle des premiers à
l'égard de leurs descendants dégénérés. Or, en amenant les fils à la vraie croyance messianique, le Précurseur
leur rendra les Patriarches propices ; il réunira ces cœurs longtemps séparés. On trouve une pensée analogue
dans Isaïe, 29, 22 et ss. : « Jacob n'aura plus désormais à rougir, et son front désormais ne pâlira plus. Car,
lorsqu'il verra, lui et ses enfants, l’œuvre de mes mains au milieu d'eux, ils sanctifieront mon nom, ils
sanctifieront le Saint de Jacob, et ils révéreront le Dieu d'Israël. ». comp. Ibid. 63, 16 et ss. - Et les incrédules
à la prudence des justes. Littéralement, il ramènera les rebelles au sentiment des justes. Les justes sont identiques aux pères, les rebelles identiques aux fils. - De manière à préparer au Seigneur… : But final de la
sainte activité du Précurseur : ses exemples et sa prédication prépareront au Messie, parmi les Israélites, un
noyau parfaitement disposé à le recevoir et à profiter des grâces qu'il apportera au monde. Ces paroles de
l'ange, qu'on a trouvées « vagues et décolorées » (Reuss, Hist. Évangél. p. 123), ne pouvaient être au
contraire ni plus nettes, ni plus précises. Elles expriment admirablement le caractère et la vie de
Jean-Baptiste. Elles ouvrent de splendides horizons messianiques, dont nous constaterons bientôt la réalité.
Le feu. Alors que l’eau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie donnée dans l’Esprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante des actes de l’Esprit Saint. Le prophète Elie, qui " se leva comme un feu et dont la parole brûlait comme une torche " (Si 48, 1), par sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel (cf. 1 R 18, 38-39), figure du feu de l’Esprit Saint qui transforme ce qu’il touche. Jean-Baptiste, " qui marche devant le Seigneur avec ‘l’esprit’ et la puissance d’Elie " (Lc 1, 17) annonce le Christ comme celui qui " baptisera dans l’Esprit Saint et le feu " (Lc 3, 16), cet Esprit dont Jésus dira : " Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais qu’il fût déjà allumé " (Lc 12, 49). C’est sous la forme de langues " qu’on eût dites de feu " que l’Esprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme l’un des plus expressifs de l’action de l’Esprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama). " N’éteignez pas l’Esprit " (1 Th 5, 19).
Le Peuple des " pauvres " (cf. So 2, 3 ; Ps 22, 27 ; 34, 3 ; Is 49, 13 ; 61, 1 ; etc.), les humbles et les doux, tout abandonnés aux desseins mystérieux de leur Dieu, ceux qui attendent la justice, non des hommes mais du Messie, est finalement la grande œuvre de la mission cachée de l’Esprit Saint durant le temps des promesses pour préparer la venue du Christ. C’est leur qualité de cœur, purifié et éclairé par l’Esprit, qui s’exprime dans les Psaumes. En ces pauvres, l’Esprit prépare au Seigneur " un peuple bien disposé " (cf. Lc 1, 17).
Jean est " Elie qui doit venir " (Mt 17, 10-13) : Le Feu de l’Esprit l’habite et le fait " courir devant " [en " précurseur "] le Seigneur qui vient. En Jean le Précurseur, l’Esprit Saint achève de " préparer au Seigneur un peuple bien disposé " (Lc 1, 17).
Dans la communion des saints se sont développées tout au long de l’histoire des Églises diverses spiritualités. Le charisme personnel d’un témoin de l’Amour de Dieu pour les hommes a pu être transmis, tel " l’esprit " d’Elie à Elisée (cf. 2 R 2, 9) et à Jean-Baptiste (cf. Lc 1, 17), pour que des disciples aient part à cet esprit (cf. PC 2). Une spiritualité est aussi au confluent d’autres courants, liturgiques et théologiques, et témoigne de l’inculturation de la foi dans un milieu humain et son histoire. Les spiritualités chrétiennes participent à la tradition vivante de la prière et sont des guides indispensables pour les fidèles. Elles réfractent, dans leur riche diversité, la pure et unique Lumière de l’Esprit Saint.