Luc 1, 2

d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.

d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.
Louis-Claude Fillion
Dans le verset qui précède, l'évangéliste a signalé un fait : « plusieurs ayant entrepris... » ; il indique dans celui-ci la source à laquelle avaient puisé les nombreux écrivains qu'il se propose d'imiter en les perfectionnant. Transmis désigne la tradition orale, dont le rôle était si considérable dans l'Église naissante. - Ceux qui les ont vues.. et qui ont été ministres... S. Luc avait-il en vue deux catégories distinctes d'individus, ou tout à fait les mêmes, désignés sous un double caractère ? La première opinion serait plus favorisée par le texte latin, qui semble ranger les « témoins » dans une classe, et les « ministres » dans une autre. Elle est adoptée par Fr. Luc, Maldonat, Salmeron, Grotius, Olshausen, etc. La seconde est certainement plus conforme à la construction du texte grec primitif, qui place les deux substantifs sur une même ligne, rattachés aux mêmes mots, et paraît ainsi représenter une catégorie unique de personnages, ceux qui furent tout ensemble témoins et auxiliaires, c'est-à-dire les disciples de Jésus dans le sens strict. D'après cela, l'expression « dès le commencement » ne désignerait pas les premières années du Sauveur (Kuinoel, Olshausen, Bisping, etc.) mais seulement le début de sa Vie publique ; elle aurait une signification relative et non absolue. Cette interprétation nous est suggérée par Jésus-Christ lui-même , qui disait un jour à ses apôtres : « vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi DÈS LE COMMENCEMENT » , Joan. 15, 27 ; Comparez Act. 1, 21 et 22 et Luc. 3, 23. Il nous reste à préciser le sens de la parole. D'anciens exégètes, tels qu'Origène, S. Irénée, S. Athanase, Euthymius, auxquels s'est associé le Dr Wordsworth, voient sous ce terme le Logos personnel ou Verbe divin ; mais il est difficile de croire qu'ils aient voulu donner ici une interprétation stricte, attendu que le substantif parole n'est employé de la sorte que dans le quatrième Évangile. Aussi la Vulgate ne l'a-t-il pas traduit par « parole », mais par « sermo » (dialogue, discussion), montrant ainsi que S. Luc a voulu parler seulement de la prédication évangélique, qui est le langage, le discours par excellence ; ou, mieux encore, des actions de Jésus en général, ce qui correspondrait aux « choses » du v.1. - La tradition apostolique, voilà donc la base sur laquelle s'étaient appuyés les écrivains mentionnés par S. Luc : base excellente, qui sera également la sienne. Il suit de là que S. Matthieu n'est pas compris dans les « plusieurs », puisqu'il avait été personnellement témoin et ministre de la parole. S. Marc en faisait-il partie d'après la pensée de S. Luc ? C'est possible en soi mais si peu vraisemblable, que la plupart des exégètes se décident pour la négative, à quelque école du reste qu'ils appartiennent.