Luc 1, 24

Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :

Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :
Louis-Claude Fillion
L'accomplissement des divines promesses ne se fit pas longtemps attendre : « quelque temps après » ne peut indiquer ici qu'un intervalle de temps assez court. - Elle se tenait cachée… Dans la pensée d'Elisabeth, cet isolement devait durer jusqu'au jour de la naissance de son enfant ; mais, comme l'écrivain sacré le dira bientôt (comp. Les vv. 26 et 39), Marie vint y mettre un terme au sixième mois. De là ce « cinq mois » mentionné d'une façon expresse : c'est une date qui en prépare une autre. Mais pourquoi Elisabeth se cachait-elle ainsi ? On a expliqué sa conduite par les raisons les plus variées, parfois même les plus invraisemblables. « Parce qu'elle n'était pas assez certaine, aux premiers mois, d'être enceinte », dit Rosenmüller (Scholia in Luc. p. 21) à la suite de Paulus. C'était, suivant de Wette, une simple précaution hygiénique, destinée à écarter d'Elisabeth et du fruit de son sein tout accident fâcheux. Plusieurs Pères et divers exégètes (Origène, S. Ambroise, Théophylacte, Euthymius, etc.) pensent que cette retraite avait pour mobile la délicatesse de la pudeur : « Son enfantement faisait rougir l’âge », écrit S. Ambroise. Bleek croit qu'elle était dictée par un besoin profondément senti de reconnaissance, de recueillement et de prière. Nous préférons admettre, avec un assez grand nombre d'auteurs contemporains (entre autres MM. Von Burger, Bisping, van Oosterzee), qu'Elisabeth, de même que la Très Sainte Vierge d'après le premier Évangile (Matth. 1, 18-20 ; voyez le commentaire), se cachait par respect pour le secret du ciel. Le Seigneur lui avait tout à coup accordé une grâce inespérée ; mais elle ne croyait pas qu'il lui appartînt à elle-même de la révéler aux hommes. Elle voulut donc attendre dans la solitude qu'il manifestât par le cours ordinaire des événements l'immense faveur qu'il avait daigné lui faire.