Luc 1, 27
à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
Supposez-la, au contraire, non mariée, aussitôt cette pensée secrète fût venue au démon: Comment celle qui n'a point d'époux, est-elle devenue mère? Cette conception doit être divine, il y a ici quelque chose de supérieur à la nature humaine.
Les esprits célestes ne viennent pas à nous de leur propre mouvement, c'est Dieu qui les envoie lorsque notre utilité l'exige; car leur occupation est de contempler l'éclat de la divine sagesse. «L'ange Gabriel fut envoyé», etc.
L'Écriture établit clairement ces deux choses, qu'elle était épouse et vierge. «Elle était mariée», etc. Vierge, ce qui la sépare de tout commerce avec un homme; épouse, pour que sa virginité fût à l'abri de tout déshonneur, alors que sa grossesse aurait été pour tous un indice de corruption. Le Seigneur aima mieux en voir quelques-uns douter de sa naissance immaculée, que de la pureté de sa mère. Il savait combien l'honneur d'une vierge est délicat, combien sa réputation fragile, et il ne voulut pas que la foi à sa naissance miraculeuse s'élevât sur le déshonneur de sa mère. La virginité de Marie a donc été inviolable, dans l'opinion des hommes, comme elle l'était en elle-même. Il ne fallait pas laisser pour excuse aux vierges, dont la réputation est malheureusement douteuse, que la mère du Sauveur elle-même n'avait pas été à l'abri du soupçon et du déshonneur. Que pourrait-on reprocher aux Juifs aussi bien qu'à Hérode, s'ils n'avaient persécuté que le fruit de l'adultère? Comment Jésus lui-même aurait-il pu dire: «Je ne suis point venu détruire la loi, mais l'accomplir, s'il eût commencé par une violation de la loi, la loi condamnant l'enfantement de toute personne non mariée. Rien, d'ailleurs, ne donne plus de créance aux paroles de Marie que ce mariage, et n'éloigne davantage tout soupçon de mensonge. Qu'elle fût devenue mère sans être mariée, elle eût paru vouloir couvrir sa faute sous le voile du mensonge; étant mariée, au contraire, elle n'avait aucune raison de mentir, puisque la fécondité des épouses est tout à la fois la récompense et le privilège du mariage. Une raison non moins importante, c'est que la virginité de Marie mettait en défaut le prince du monde; en la voyant engagée dans les liens du mariage, il ne pouvait avoir aucun soupçon de son enfantement virginal.
Mais ce mariage déjoua bien plus encore toutes les pensées des princes de la terre; car la malice des démons pénètre facilement dans le secret des choses cachées; mais ceux qui sont plongés dans les préoccupations du monde sont incapables de comprendre les choses divines. Disons encore que nous avons ainsi un témoin plus fidèle et plus sûr de la virginité de Marie dans la personne de son époux, qui pouvait, et se plaindre de l'outrage qui lui était fait, et en poursuivre le châtiment, s'il n'eût connu le mystère de cet enfantement. «Il s'appelait Joseph, dit l'Évangéliste, et il était de la maison de David».
L'ange n'attend pas que l'enfantement ait eu lieu pour en faire connaître le mystère à la Vierge, cet événement l'eût jetée dans le plus grand trouble. C'est avant la conception qu'il accomplit son message, et ce n'est point en songe, mais dans une apparition visible et solennelle, telle que l'exigeait avant l'accomplissement, l'importance de l'évènement qu'il venait lui annoncer.
C'est avec raison qu'un ange est envoyé à une vierge; car la virginité a toujours été unie par des liens étroits avec les anges. En effet, vivre dans la chair, sans obéir aux inspirations de la chair, ce n'est pas la vie de la terre, c'est la vie du ciel.
La virginité seule était digne d'enfanter celui qui, dans sa naissance, n'a pu avoir d'égal. Notre chef, par un miracle éclatant, devait naître d'une vierge selon la chair, et figurer ainsi que l'Église vierge donnerait à ses membres une naissance toute spirituelle.
Ce n'est point un ange quelconque, mais l'archange Gabriel qui est envoyé à la Vierge Marie. Il n'appartenait, en effet, qu'au plus grand des anges de venir annoncer le plus grand des événements. L'Écriture lui donne un nom spécial et significatif, il se nomme Gabriel, qui veut dire force de Dieu. C'était donc à la force de Dieu qu'il était réservé d'annoncer la naissance du Dieu des armées, du fort dans les combats qui venait triompher des puissances de l'air.
Comme l'incarnation du Christ devait avoir lieu dans le sixième âge du monde, ou bien devait être l'accomplissement de la loi, c'est avec raison que le sixième mois de la conception de Jean-Baptiste, un ange est envoyé à Marie pour lui annoncer la naissance du Sauveur du monde: «Au sixième mois», etc., dit l'Évangéliste. Par ce sixième mois, il faut entendre le mois de mars, et c'est le vingt-cinq de ce mois que, selon la tradition, Notre-Seigneur a été conçu et a souffert sa passion, comme aussi c'est le vingt-cinq du mois de décembre qu'il est né. Si nous admettons avec quelques auteurs que l'équinoxe du printemps a lieu le vingt-cinq mars, et le solstice d'hiver le vingt-cinq décembre, nous pouvons dire qu'il était convenable que l'accroissement du jour coïncidât avec la conception et la naissance de celui qui éclaire tout homme venant en ce monde. Si l'on prétend au contraire que même avant l'époque de la naissance et de la conception du Sauveur les jours commencent à croître, ou qu'ils sont plus longs que les nuits, nous dirons alors que Jean-Baptiste précédait l'avènement du Seigneur, et qu'il évangélisait déjà le royaume des cieux.
Ces paroles sont vraies à la fois et de Joseph, et de Marie; car aux termes de la loi, chacun devait prendre femme dans sa tribu, ou dans sa famille. «Et cette vierge s'appelait Marie». Marie, en hébreu, signifie étoile de la mer, et en syriaque, maîtresse, noms qui conviennent parfaitement à Marie qui a enfanté le Maître du monde, et la lumière éternelle des siècles.
La Glose
L'Évangéliste désigne également le lieu où il est envoyé. «Dans la ville de Nazareth»; car c'est le Nazaréen, c'est-à-dire le Saint des Saints, dont la naissance est annoncée. - Béde. Dieu commence admirablement l'oeuvre de notre réparation, en envoyant un ange à une vierge qu'un enfantement divin devait consacrer, parce que le démon aussi avait commencé l'oeuvre de notre perte en envoyant le serpent à la femme peur la séduire par l'esprit d'orgueil. «Il fut envoyé à une vierge».
L'évangéliste commence par donner quelques précieuses
indications de temps, de lieu et de personnes. - 1° Le temps : au sixième mois. Non pas le sixième mois d'une
manière absolue, c'est-à-dire le sixième mois de l'année juive, mais, comme il ressort clairement de tout le
contexte, et spécialement du v. 24, le sixième mois de la grossesse d'Elisabeth. Comparez le v. 36. S.
Jean-Baptiste aura donc six mois de plus que Notre-Seigneur Jésus-Christ. - 2° Le lieu : Une ville de Galilée
appelée Nazareth. Sur cette ville privilégiée et sur la province de Galilée, voyez l'Évangile selon S. Matthieu,
pp. 63 et 94. Comparez aussi Schubert, Reise in das Morgenland, t. 3, p. 170 et ss.; Baedeker, Palaestina und
Syrien, pp. 373 et ss. - 3° Les personnes sont Gabriel, Marie et Joseph. Les semaines prédites à Daniel sont
maintenant écoulées, et Gabriel, après avoir préludé, vers la fin de l'Ancien Testament et sur le seuil du
Nouveau, à sa belle mission d'aujourd'hui, est enfin d'une manière complète l'ange de la Rédemption. Cfr.
Honor. Niquetus, S. J. , de Angelo Gabriele, Lyon 1653, et Faber Bethlehem, Londr. 1860, p. 73. Marie est
l'héroïne du récit. Sans donner aucun détail sur la vie antérieure de celle qui va devenir bientôt la mère du Christ, S. Luc se borne à dire qu'au moment où elle reçut le message de l'ange elle était vierge, bien qu'elle
eût été fiancée quelque temps auparavant à S. Joseph. Sur cette signification du participe fiancée, voyez notre
commentaire sur s. Matthieu, 1, 18 et ss. De l'homme qui devait jouer un rôle si important durant les
premières années du Verbe incarné, notre évangéliste dit simplement qu'il était de la maison de David, par
conséquent de race royale. S. Matthieu complète cet éloge en ajoutant au nom de Joseph l'épithète
significative de « juste ». Les mots « de la maison de David » ne retombent pas sur Marie (S. Jean Chrysost.,
Wieseler, etc.), ni tout à la fois sur Marie et Joseph (Théophylacte, Euthymius, Bengel, Patrizi, etc), mais
seulement sur S. Joseph, comme l'admettent la plupart des interprètes d'après la construction même de la
phrase. Il est certain néanmoins que Marie appartenait aussi à la famille de David. Comparez les vv. 32 et 69.