Luc 1, 34
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
D'après les idées juives de cette époque, être mère du Messie et devenir mère de Dieu n'était
pas nécessairement une seule et même chose, car la divinité du Messie était à peine pressentie d'un petit
nombre : la masse du peuple était dans le vague et l'incertitude touchant l'origine du Libérateur promis.
Voyez Langen, Iudenthum in Palaestina zur Zeit Christi, pp. 433 et ss. Assurément Marie, si versée dans les
Saintes Écritures, connaissait ce mystère, et elle avait compris, d'après les paroles de l'ange, que c'était la
dignité de mère de Dieu qui lui était offerte. Pourquoi donc demande-t-elle : Comment cela se fera-t-il ?
Hâtons nous de dire que cette question différait bien de celle de Zacharie (v. 18 ; voyez S. Ambroise, Expos.
in Luc. 2, 15), et qu'elle n'était nullement le résultat d'un doute. « la Vierge Marie n’entra en aucune défiance
de ce que l’ange lui annonçait, quand elle dit: « Comment cela se fera-t-il, car je ne connais pas d’homme ? »
Elle ne doutait pas de la chose, mais elle s’informait de la manière », dit S.Augustin, De civit. Dei, lib. 16, c.
24. Et Marie avait une raison spéciale d'interroger l'ange sur ce point, comme elle l'indique en ajoutant : car
je ne connais pas d'homme. Au premier regard, ces paroles peuvent sembler étonnantes, puisque S. Luc vient
de dire, v. 27, que Marie était alors fiancée à S. Joseph. Mais il ne faut pas beaucoup de temps pour découvrir
leur signification véritable. Pour quiconque les étudie sans idées préconçues, elles supposent de la manière la
plus évidente qu'à une époque antérieure de sa vie Marie avait consacré à Dieu sa virginité par un
engagement irrévocable. Autrement, elles n'auraient aucun sens. « Pourquoi demander avec étonnement
comment elle deviendra mère, si elle entrait dans le mariage comme les autres, pour avoir des enfants ? » D.
Calmet. in h. l. Ainsi donc, de concert avec S. Joseph, Marie avait promis au Seigneur de rester vierge. Dans
cet état de choses, c'était pour elle plus qu'un droit de demander à l'envoyé du ciel des éclaircissements sur le
« comment » de sa maternité. Ainsi l'a compris la tradition toute entière (S. Aug. Lib. de Virg. c. 4 ; S. Greg.
Nyss. Orat de Christi nativ. ; S. Anselm. Lib de excell. Virgin ; S. Bernard. Serm. 4 de Assumpt. ; voir
Petavius, Dogm. Theol. t. 6 de Incarnat. 14, c. 3, § 9 et ss.) ; ainsi l'admettent à l'envi tous les théologiens du
moyen âge et tous les exégètes catholiques des temps modernes. Cette interprétation est même si naturelle et
si obvie, que plusieurs écrivains protestants ne peuvent s'empêcher de la trouver acceptable. Le temps
présent « connais » désigne aussi par sa généralité le passé et l'avenir. Sur le sens donné ici par Marie au
verbe « connaître » voyez Bretschneider, Lex. Man., et Gesenius, Thesaurus. Cet emploi, très fréquent dans
les langues arabe et syriaque, n'était pas inconnu des classiques grecs et latins.
Marie avait fait vœu de garder sa virginité, ou elle en avait au moins formé le propos, la résolution.
L’Annonciation à Marie inaugure la " plénitude des temps " (Ga 4, 4), c’est-à-dire l’accomplissement des promesses et des préparations. Marie est invitée à concevoir Celui en qui habitera " corporellement la plénitude de la divinité " (Col 2, 9). La réponse divine à son " comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? " (Lc 1, 34) est donnée par la puissance de l’Esprit : " L’Esprit Saint viendra sur toi " (Lc 1, 35).
Jésus, le Nouvel Adam, inaugure par sa conception virginale la nouvelle naissance des enfants d’adoption dans l’Esprit Saint par la foi. " Comment cela se fera-t-il ? " (Lc 1, 34 ; cf. Jn 3, 9). La participation à la vie divine ne vient pas " du sang, ni du vouloir de chair, ni du vouloir d’homme, mais de Dieu " (Jn 1, 13). L’accueil de cette vie est virginal car celle-ci est entièrement donnée par l’Esprit à l’homme. Le sens sponsal de la vocation humaine par rapport à Dieu (cf. 2 Co 11, 2) est accompli parfaitement dans la maternité virginale de Marie.